L'auteur : seapen
La course : Le Lion - 21.1 km
Date : 26/9/2010
Lieu : Montbeliard (Doubs)
Affichage : 991 vues
Distance : 21.1km
Objectif : Pas d'objectif
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Le semi du Lion. J'ai décidé de le courir 2 jours avant le départ et y ai pensé seulement la semaine précédente. En fait j'étais contraint à ne plus envisager de courses pour un bon bout de temps. La faute au syndrome de Morton.
Ces légères brûlures lors de sorties qui me handicapaient sérieusement et à partir desquelles le pied gauche pouvait devenir douloureux m'empêchait véritablement de courir normalement.
Et quand ça ne va pas, ça ne va pas.
Jusqu'ici j' avais limiter les dégâts en fermant les yeux et en serrant les poings ou les dents (tout dépend du caractère) lors des participations aux différentes compétitons mais maintenant il était temps de remédier à cette affaire en commençant par regarder en face ce qui s'imposait et d'abord l'accepter.
Donc les spécialistes sont sollicités et diagnostiquent unanimement ce fameux syndrome. Parfaitement encadré et bien cerné, la Chose devrait pouvoir être contrôlée avec un bon espoir de règler le problème qui est un inconfort de course qui ne me permet plus de courir et même de m'entraîner. L'affaire est sérieuse et source d'inquiètudes qui me perturbent ; les idées pas tout à fait noires viennent rôder dans mon esprit et c'est comme si je me voyais fini. Côté mental, la dose d'expérience, le bon contrôle relatif, la lucidité qui me permet d'apprécier au mieux le problème et le côté fataliste qui aide à accepter me permettent d'envisager que tout ce qui a été pourrait ne plus être comme avant avec parallèlement cette idée que la vie continuera après tout.
Ces effets induits aux conséquences néfastes vues et corrigées masquent alors ou l' atténuent ce que je peux imaginer de pire. PLus de course à pied. C'est assez terrible lorsque cette pensée vient à vous effleurer l'esprit. Alors premier réflexe, on ne veut pas voir et on voit quand même un peu, juste assez pour ne pas rentrer dans l'imaginaire négatif car le but est celui-ci, toujours rester positif, bien sûr dans la mesure du possible.
La période estivale s'annonce et correspond à une pause. Celà tombe bien. Le résultat des courses (eh oui ça m'arrive de jouer quelquefois au quinté) (je sais c'est parfaitement immoral mais c'est pour corriger cette image de moi-parfait) est, qu'après avoir subi une infiltration aux niveaux des métatarsiens à l'aide d'une aiguille qui s'enfonce doucement comme si elle voulait vous le faire savoir au cas où vous ne vous en étiez pas rendu compte suivi par la fabrication d'une paire de semelle thermoformée qui est censée rectifier par une pression sour le pied la position des orteils (le deuxième et troisième) en les écartant légèrement et permettre ainsi le décoincement du nerf qui veut absolement trouver sa place à cet endroit, tout est censé être rentré dans l'ordre. Je fais exactement comme si.
En attendant, l'été des mois de juillet et aôut est passé, mine de rien et là je n'ai pas beaucoup pratiqué d'activités physiques d'où un désordre qui relève du fonctionnement de l'organisme humain dans toute ses composantes. Résultat, c'est comme une cocotte minute qui se réchauffe doucement, doucement. Là on y fait pas gaffe mais à la longue, la température augmente et le psitt psitt de la soupape finit pas se faire entendre. Un trop plein d'énergie se remarque et ne sait pas trop où s'investir. Surtout que l'inactivité amène à y parer mais de la plus mauvaise manière qui soit, la bouffe. Oh pas la Grande mais celle dont on ne fait pas attention, la non réduction des doses journalières qui lorsqu'elle n'est pas accompagnée par une, disons, intense activité physique les voit correspondre à de doubles portions. Le résultat (l'ordre d'arrivée si vous préférez) est : deux mois, deux kilogs (et encore, on voit toujours l'aiguille un peu plus à gauche. Pour ça il suffit de pencher légérement mais brusquement la tête à droite lorsque l'on vient de constater ce que l'on ne voulait pas constater en regardant le cadran de la balance).
Mais pas d'affolement, je laisse courir. je sais qu'au bout de l'été finissant, ma véritable pause annuelle commencera et me verra observer un régime strict côté alimentaire et surtout côté sportaire (c'est pour la rime). La cause étant posée, il ne suffit plus que de constater 3 semaines plus tard la conséquence.
(Joli travail mon gars !) ( l'éditeur qui tend l'oreille depuis un certain temps, toujours à l'affût)
(Je ne te le fait pas dire).
Trois semaines, deux kilogs. mais en moins cette fois et de surcroit, une pêche d'enfer due aux entraînements natation et course à pied (pratiquement tous les jours, je dirais même plus tous le jours. Ah ! quand on aime). La natation , voilà ce qui pourrait remplacer la CàP.
J'ai repris véritablement du poil de la bête comme n'a pas certainement dit le dernier des néandertaliens puisqu'il a fini par disparaître lui et ses compagnons.
Mais à ce stade du jour d'aujourd'hui, je n'ai pas retrouvé l'état mental adéquat. Je reste dans l'expectative rapport à ce mal qui me marque et dont je continue à sentir l'empreinte. C'est véritablement dommage et en même temps cette pause forcée correspond relativement bien à ce que j'ai profondément besoin. Le concentré de course qui a précédé ces dernières années a besoin de se dissoudre dans ma tête afin de pouvoir envisager une nouvelle ère que je commence à peine à dessiner et qui correspond à un désir et une volonté de voir les choses d'une certaine façon dans un certain sens (lumineux ! n'est-ce pas ?). Je vois que celà reste vague mais c'est toujours comme ça quand celà commence. En fait j'ai une véritable vision sur mon avenir en ce domaine mais ce serait totalement décalé et certainement inexact de l'éclairer pas de vains propos car totalement virtuels, or là on est dans la réalité, la preuve, ce n'est pas un hasard si mon cerveau m'interdit d'en parler. C'est comme du domaine du projet, si on commence à en parler c'est pour n'en rien dire. Celà correspond à une naissance, bien plus, à une gestation. Celà part de rien, en tous cas rien de palpable, de disable (diable ! quel barbarisme) de dicible (contraire d'indicible, ce qui ne peut se dire, parce que c'est impossible) d'où la difficulté d'imposer un projet (En fait les ceux qui les acceptent le font, bien qu'ils n'y comprennent rien parce que ce serait d'autres qui le feraient à leur place. On accepte une présentation de celui-ci infondée pour un résultat totalement aléatoire dont on est pas sûr qu'il sera et dont on ne peut parler au présent puisqu'il sera seulement dans le futur qui n'est pas encore là. En gros pour pouvoir présenter un projet, il faudrait qu'il soit déjà réalisé d'où l'invention du mot virtuel. Les ceux à qui on présente le projet s'imaginent qu'il est déjà réalisé alors qu'il n'est même pas encore conçu dans la tête du présentant de projet. Il n'y a pas d'autre choix que de se faire du cinéma sinon on ne réalise rien. (l'éditeur : c'est d'ailleurs pour ça qu'on dit, au festival de cannes, par ex., "le cinéma c'est la vie") (Et non pas "la vie c'est du cinéma" qu'on ne peut pas dire parce que la vie on la prend en pleine poire, vraiment. Là encore pas le choix mais pour éviter ça, le virtuel) (l'éditeur : En fait pour vivre, il faut rêver ) (t'as tout compris mon kiki !)
Pourtant ces vues n'ont rien de faramineuses si ce n'est l'extraordinarité que l'on accorde aux choses ordinaires (l'éditeur : vu comme ça, c'est la fiesta assurée en permanence) (exact mon coco).
En fait, la situation n'offre pas une fondation solide, stabilité sur laquelle je pourrais construire sûrement mon prochain parcours CAPestre. J'avoue que je pédale un peu dans la semoule, mais j'ai l'habitude et je devrais m'en sortir. Tout est à revoir, un autre concept, en somme ... mais dans la continuté comme si un palier était franchi mais avec en plus une projection provoquée par un tremplin.
C'est simplement la suite à donner à ce qui a été et qui s'annonce différent dans l'esprit et la façon de l'aborder.
(l'éditeur : tout ça pour dire ça) (Oui mais ce qu'il faut voir c'est ce qu'il y a derrière, le pourquoi du comment. En toile de fond et c'est peut-être le plus important ; il faut y voir un moyen d'accrocher le lecteur à sa lecture, vois-tu ?) (non) ( les paragraphes de ce genre coupe la monotonie du récit de la course elle-même, monotonie qui peut amener le lecteur à déccrocher. Par ce biais tu le détournes, il peut enfin respirer, mais c'est un piège car s'enfoncer dans un tel paragraphe aux propos qui se prennent pour ce qu'ils ne sont pas, il faut bien dire que celà reste vaseux et à la limite celà ne tient pas debout, le lecteur se passionnant au début et se laissant prendre par le côté facétie qui aborde un sujet qui n'a rien de sérieux ou peut-être l'est, mais immanquablement il finira par perdre la tête et c'est à ce moment là où il est encore sous le charme et juste avant qu'il ne viennne à craquer et envoyer tout balader compris le récit de la course que tu y met un terme par une pirouette et que d'un coup d'un seul tu reviens sur la piste avec le coureur, ainsi le lecteur reprend de plus belle sa lecture qui est ainsi régénérée. Génial non ?) (là, j'avoue, je suis sur le cul ).
C'est dans les pré-conditions de cet état à venir que je me prépare à affronter le Lion. Et je ne me présente pas devant lui avec seulement pour arme une lance très affûtée mais avec une nouvelle paire de baskets toute neuve que j'ai essayé deux fois sur petits parcours. Je crois que j'ai fait le bon choix.
Renseignement pris sur l'organisation, je fais plutôt confiance à mes souvenirs quand à la gestion de l'avant course et notamment l'accès au départ en passant par le lieu d'arrivée et l'utilisation des navettes. Je prend mon temps et pour celà arrive suffisamment tôt. celà me permet de faire tout cool et de conserver mon influx nerveux. Dans la navette, des coureurs passionnés dont une qui cause de course à pied bien sûr et de certains problèmes techniques que celle-ci peut présenter qu'il faut absolument gérer pour continuer la course entamée. La conversation analytique l'est de façon très clinique mais je suis comme l'infirmier invité à la conversation de deux grands médecins chefs sur un sujet peu courante (non , ce n'est pas une faute d'orthographe... c'est pour vous donner à deviner le sujet de la convers. peu courant... La Courante. Ben oui quoi, il parait que celà arrive parfois) Aussi je me distrait régulièrement en n'hésitant pas aussi à converser avec ma voisine d'à côté qui elle se prépare pour l'épreuve de roller. Nos commentaires mettent en valeur la glisse, cette sensation que l'on éprouve quand on commence à être bon (on est bon quand on se sent bon et pour ça il n'y a pas de règles. Personne n'est là pour vérifier.Vous pouvez même vous sentir bon quand vous ne l'êtes pas et aussi ressentir des sensations de glisse extra alors même que vous êtres en train de "pédaler dans la semoule" (l'éditeur : deux fois) (deux fois quoi ?) (ça fait deux fois pour l'emploi de cette expression) (oui et alors ?) (ben... rien.) (c'est une expression que je ne déteste pas. ce n'est pas comme les deux autres...) (oui, les deux autres...à chercher dans les récits) dans quelques disciplines comme le ski de fond, la natation, en crowl notamment et même en course à pied quand on l'évite, euh... non quand on lévite. J'ai déjà parler de la lévitation en course à pied. hé ! oui.
Le temps passe ainsi vite et rapidement nous sommes sur les lieux très en avance mais tout est fait pour l'accueil du coureur et dans un espace agréable très centre ville je peux patienter sereinement. Beaucoup d'animations crées par les mouvements du regroupement des coureurs qui s'apprêtent à en découdre sur les différents parcours ouverts aux diverses disciplines. Il y a en a pour tout le monde et pour tous les goûts.
Le temps sera très couvert et rarement le soleil fera son apparition. Pas de problème pour l'équipement choisi, le temps est quasiment idéal pour courir à ce rythme. J'ai juste prévu, 2 topettes de boisson énergétique et 3 ou 4 comprimés sporténine.
Et lors de l'échauffement il n'y a plus qu'à entreposer le sac dans les camions prévus pour la récupération à l'arrivée. vraiment chouchouté par les organisateurs.
Au bon moment je charge le sac. Quoi de plus banal ? Je me remets à courir doucement. Et tout à coup une pensée en étirant légérement l'élastique de mon short. Ma ceinture ? Mince (j'ai décidé d'abandonner les jurons, à cause des jeunes lecteurs dans l'hypothèse qu'il y en ait, on ne sait jamais et d'inventer des noms d'oiseaux) "pinouille d'andouille" "rastagouin" "filandrouille" (un peu comme le célèbre capitaine), ma ceinture ???!!! je l'ai oublié dans le sac. Le con, oh ! pardon (c'est dur de se refaire) Zut , zut et zut ! (voilà, je me suis rattrapé.)
Mais pas de panique. cette ceinture je ne peux la récupérer au fond du camion. je m'en passerai. C'était "comme qui dirait" programmé. Celà fait un "bon bout de temps" que j'ai envie de m'allèger et de moins m'alimenter. Eh bien c'est fait. Le temps s'y prête et suffisamment de ravitos sont prévus.
Le problème est réglé.
Et vite l'ammoncellement de tous au niveau du départ. Pas trop d'attente. Pas la sensation d'être pris dans une nasse qui lorsque entrouverte nous libérera.
Je suis un peu comprimé. ma respiration n'est pas profonde et naturelle. je crois qu'il me manque un jour de repos. Ces derniers jours, j'ai bien travaillé à l'entraînement et surtout je continue la natation que j'ai reprise il y a quelques semaines.
Donc j'ai le souci de bien respirer et reste concentré sur ce point.
C'est parti. 35 secondes pour passer l'arche et je déclenche le chrono.
Il est clair que cette course va être un test. Depuis début Juin je vis sur un drôle de fil et tente tant bien que mal de rester au niveau. A l'arrivée je saurai où j'en suis vraiment. Tout est possible. Un chrono médiocre ou très bon en passant par les intermédiaires. A mon avantage, ma forme, mes entraînements qui m'ont vu au niveau qui reste à confirmer. Au passif Ces "modigliani" euh... excusez moi. plutôt ces "modimodepié".
Pas d'affolement. Je ne suis pas spécialement nerveux. C'est celà qui peut m'inquiéter. Le manque de nerf. Pour assurer un bon chrono aux 1er kms qui restent déterminants pour la suite, il faut vraiment se projeter en avant, se dépasser car on n'est plus à l'entraînement. Celà reste asssez facile du fait qu'il suffit de se laisser entraîner par les grand fleuve des coureurs. Au contraire il faut même se retenir d'aller trop vite. Mais je contrôle bien tout celà maintenant et ce que je remarque reste une relative nonchalence compensée par un niveau qui s'est élevé.
Au 1er km, 4mn 20s. Ce n'est pas ultra rapide mais j'ai de la marge et finalement c'est bien pour la suite.
Mes chaussures me portent bien et l'amorti est super agréable d'autant que je ressens bien la relance. Je n'ai plus qu'à me concentrer sur mes foulées qui trouvent leur chemin tout naturellement. Je suis bien dans ma tête et totalement débarrassé de stress.
Celui qui nous prend bien avant la course les jours précédents. Il n'était pas fondé sur l'idée de la course elle-même mais sur celle d'aborder les derniers moments qui m'améneraient à cette épreuve avec toute la gestion de départ, trouver le lieu d'arrivée à travers les rond-points et les rues inconnues de la ville dans sa banlieue, ne pas s'égarer car alors les minutes perdues semblent irrattrapables, prendre la navette au bon endroit sans oublier ses affaires après un tri désordonné, arriver sur les lieux du départ, gérer son sac, son confort pour un bon échauffement, etc, etc... C'est tout ça qui me prenait un peu la tête, ce stress de l'autour de la course puis vient s'ajouter et plus fort celui de l'inconnue de la course elle-même, la peur de ne pas la courir comme on a prévu de l'effectuer. l'appréhension à l'idée même de la faire. Et bien ce stress là était complétement absent. J'avais hâte de prendre le départ, tout simplement car à ce moment là l'avant course serait terminée. Mais même le stress de l'avant course n'a aussi pas été à supporter, seulement son idée dans la période d'avant-avant course jusqu'au moment où je me suis garé sur le parking et où tout commençait finalement. Et encore à bien y penser seule la pensée qui aurait pu tout "foutre en l'air", de me planter aux abords du centre-ville dans la proche banlieue à tourner en rond sans savoir où je suis, où je vais et ne plus trouver la bonne voie qui m'amènera au parking m'habitait et me titillait l'esprit pour le contrarier provoquant la seule véritable cause de stress. C'est dingue après coup j'avais uniquement peur de me perdre dans la ville et de chercher encore ma route tandis que le starter donnerait le départ. Un vrai cauchemar. Ensuite une fois la sensation d'être bien dirigé avec en vue la voie d'accès au parking tout a été très cool. (j'ai quand même pris des voies rendues sens unique pour l'occasion du Lion pour y accéder, mais quand il n'y plus qu'à tendre la main, que voulez-vous ? Pas de voiture en face et bonne visibilité).
Et là j'attaque mon deuxième km et je suis dans cet état. Cool ! non ?.
Il faut dire qu'après avoir usé mes baskets sur les sentiers des courses nature je retrouve avec un vrai plaisir la course sur route. Cette envie et ce plaisir a remplacé l'autre.
Donc en ce moment où je constate mon chrono au 3ème km qui m'indique une vitesse régulière mon seul petit souci est d'essayer de ne pas m'en faire vu qu'il n'y a aucune raison que je m'en fasse.
Au 5iè km je constate le temps constant si ce n'est quelques variations vite corrigées par un léger ralentissement ou son contraire.
Mes sensations sont bonnes et d'être au milieu des coureurs est assez exaltant. Je cours seul dans le sens où je ne répère personne à côtoyer ou en point de mire. Seul au milieu de la foule je trace ma route. Qu'importe ceux qui me dépasse ou me double. Dans cette partie de course je commence à dépasser vraiment et celà va durer pendant au moins 12 kms. C'est ainsi que je constate que je suis parti sagement. Le turbo ne s'est pas mis en marche mais une bonne réserve d'énergie se fait sentir. Il n'y a qu'à contrôler.
Maintenant je suis bien parti et ne me soucie pas de diviser en quatres parties la distance comme des objectifs à atteindre; Je fais juste attention aux kms qui défilent sans la sensation qu'ils sont longs à parcourir lorsque je passe la borne qui les indique et je repère mon chrono. Comme ça jusqu'à la fin. Aux ravitos un p'tit verre volé en passant ... pour la route comme on dit.
La seule chose à gérer sera donc l'augmentation de la dureté de la course en endurance et résistance, surtout sur la fin. Trois coureurs sont cependant répérés par mézigue. Facile, ils portent le même maillot avec inscrit au dos MBA. Certainement des gars du coin. Lorsque je les dépasse je sens qu'il ne vont pas me laisser partir car depuis un moment je les suivais quasiment à la même vitesse. Pendant les 12 prochains kms je ne les verrai plus.
Au dixième km. 43 mn. Correct, très correct. Une pensée que celà est trop rapide. Non, je la balaye. Tout va bien.
Maintenant j'approche l'heure de course et la borne des Quatorze. Suspense.
Top chrono au passage de celle-ci. 01h 00mn 35s. Là je prend conscience que c'est quasiment une première de pointer aussi vite à ce niveau de la course. En tout cas je n'en ai pas d'autres souvenir. A ce moment les commentaires du speaker sortent du haut parleur et mettent l'accent sur le premier coureur qui vient ou qui va passer l'arrivée. Je suis toute ouie et toutes jambes dehors.
Les deux kms suivants passés, je constate 01h 09mn. Une moyenne de moins de 04mn 20 au mile. Y'à pas à dire je turbine. Pas de sensations musculaires négatives, mes jambes sont comme au départ et le souffle ne se fait pas sentir (1000 à 1500m de crawl tous les 2 jours pendant 1 mois, ça a du bon).
C'est à partir de là que les choses vont un peu différer, pas de beaucoup mais quand même, il y a eu une coupure. Je vous explique.
Pas besoin de dire qu'à ce niveau de distance il faut commencer à se sortir les tripes. Le but étant de conserver la vitesse. Pour l'endurance visiblement pas de problème, il va falloir mettre le paquet au niveau de la résistance. Résiste, résiste comme a chanté, chante et chantera la chanteuse.
C'est peut-être à ce moment qu'il s'est mis à pleuvoir. Pour moi un pluie bienfaisante, pas forte ni froide et rassasiante quant à l'hydratation.
Bientôt le 16ième bouclé et je pense alors qu'il me restera 5kms. Pensée simple, banale, sans importance. Pas tant que ça. Elle permet de bien me préparer pour le final de 5kms. 5kms, simple constat, pas tant que ça, celà représente 5kms mais il faut y voir une distance empruntée de toutes les façons sur tous circuits. On sait à quoi s'attendre en pesant bien ce qu'on vient d'effectuer.
En attendant les centaines de mètres se grignotent avec toutefois une légère baisse de rythme, tempo, vitesse. Mais ce n'est peut-être qu'impression car dans ces instants durs à l'effort on apprécie de plus en plus difficilement la performance en vitesse. Mais un élement cependant me conforte dans l'impression que je vais de l'avant est de constater que je tiens bien ma place. Je ne sens pas la masse des coureurs dans son ensemble partir en avant.
Cependant une chose a changé. Certains coureurs arrivent maintenant de l'arrière et me doublent. Ils finiront par se compter au bout du compte par dizaines. Et bien sûr parmi eux d'un pas aérien aux grandes foulées le premier du trio MBA. Une vision réflexe me voit lui emboîter le pas. Mais celà s'arrête là. Il faudrait pour le faire enclencher le turbo pour me permettre d'alonger la foulée. Je n'essaye même pas, il me manque bien une journée de repos.Quelques centaines de mètres plus loin son compère aux foulées plus véloces. Le troisième, je ne sais plus.
Aussi je double un de ma catégorie ou de la supérieure qui me reconnait avec lequel j'ai échangé quelques propos dans la navette . Il me félicite et je pense alors qu'il apprécie ma performance. C'est sympa.
Il reste bientôt 2 kms et je pense que je tiens le bon bout dans le sens que rien ne m'arrêtra plus mais c'est au prix d'un effort redoublé pour ne pas céder un pouce de terrain. C'est la routine, quelques coureurs continuent à passer mais je ne décale par du grand mouvement global qui nous emmènent vers l'arrivée. C'est stimulant et celà permet de se surpasser du fait qu'on n'est pas dépassé par les évènements. On reste dans le coup.
La pluie est incessante mais ne me gêne pas. Je n'ai pas la ressource pour porter ma concentration à calculer quelques temps que ce soit. Preuve que l'intensité de l'effort est rude. Je sens les gens, spectateurs de part et d'autre sur les côtés et les devine mais les voit à peine, c'est dire que mon mental est à cet instant celui d'un "pit" qui ne veut à aucun prix lâcher sa proie malgré qu'on emploie tous les moyens pour la lui faire dégueuler.
Bon sang, c'est la borne du dernier km qui se présente. Les 4 précédents se sont passés d'égale manière, pas d'états d'âme, pas de fléchissement après celui léger du 16iè qui m'a installé dans un autre rythme de résistance et je crois maintenant que je vais le maintenir jusqu'au bout.
500 mètres que j'estime qu'il me reste. Je suis toujours dans la course où je ne perds plus une seconde.
200m, 100m et l'accélération finale, comme tous les autres, avec pour finir un sprint forcé et désordonné et aussi grimaçant. Top. J'actionne mon chrono pour l'arrêter.
Et là pendant 2 minutes, je vacille, mon cerveau se voile presque, je sens un haut le coeur qui ne se précise pas. mon souffle est coupé par des contres provoqués par les muscles qui font fonctionner le respiratoire. Je me force à reprendre les choses en main. Je laisse les choses se passer en les contrôlant puis tout se passe et je vais mieux. J'ai vraiment forcé et maintenu l'effort plus que ce que j'avais l'habitude de faire mais je l'ai pu et l'organisme a tenu.
Bon dious de bon dious. (non ce n'est pas un juron, en patois franc-comtois celà veut dire bisou de bisounours.)
Quelle course. La fin, dure de dure. Parce qu'elle le valait bien. Au passage sur l'écran géant 01h 32mn 35s. Sur mon chrono le temps réel confirmé par l'officiel 01h 32mn 06s.
Sur les cinq derniers kms, j'aurai céder 10 s seulement par km. Je crois que je n'ai pas à me plaindre.
Je suis vraiment satisfait de ce peut-être troisième meilleur temps sur semi depuis que je cours (l'éditeur transfiguré d'avoir vécu un tel suspense, tiendra-t'il ?, tiendra-t'il pas ? : Bravo, je ne dirai qu'un chose, Bravo) (Merci, c'est sympa).
Merci aux coureurs qui ont bien voulu se déplacer pour m'accompagner sur ce parcours, aux organisateurs et aux bénévoles qui n'étaient pas obligés d'organiser cette course pour moi et aussi aux centaines de spectateurs qui se sont spécialement déranger pour me voir courir et m'encourager. (note de l'éditeur : Le voilà qui se prend pour Kilian Jornet. ça devrait passer, on dira que c'est le contre coup de l'effort fourni).
A bientôt sur le bitume car je suis un peu macadan ces temps-ci, vous l'avez compris.
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