L'auteur : doune
La course : Trail des Allobroges
Date : 23/5/2010
Lieu : Bellevaux (Haute-Savoie)
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Distance : 58km
Objectif : Terminer
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L'avant course
Lorsque j'apprends qu'un trail se déroule régulièrement autour de Bellevaux, je décide presque immédiatement qu'un jour, j'y participerai... et je finirai cette course. Il faut savoir que ma famille côté paternel est presque issue à 100 % de Bellevaux et des alentours. Pour moi, l"expatrié à Paris, c'est ainsi une sorte de retour aux sources... D'ailleurs, j'avoue ne pas trop connaitre les environs, le Trail sera un bon moyen de remettre les pendules à l'heure.
Par la suite, je n’ai pas trop hésité à m'inscrire... et à me lancer un nouveau défi... Venir à bout de ce 58 km & 4000 m de dénivelé positif dans le temps imparti. Pour seulement mon 3e trail, après le trail du Brevon (15 km, en 2008 ) et le trail de la vallée de Chevreuse (23 km, en 2010), le challenge s'annonçait, comme dire, intéressant !
Motivé par le soutien des copains, me voilà presque sur la ligne de départ... D'ailleurs, Camille me dira par SMS la veille « Héhé, trail demain mec ! fais-nous rêver ! ».
Arrivé comme d'habitude quelques minutes seulement avant le coup d'envoi de la course (je tairai le chiffre exact ), j'arrive à retrouver Benoit et sa copine, et puis Cyril, Nico et quelques kikoureurs (Manu, Vincent entre autres) que je rencontrerai la première fois.
10 minutes de retard, le temps de me faire charrier un peu par Cyril sur mon bâton et le départ est lancé... 6 h 10, c'est parti !
Le départ est assez roulant, un faux plat montant direction les pistes de ski d'hirmentaz. Tout le monde trottine, puis la pente augmente peu à peu... le rythme ralenti légèrement, chacun prend son rythme de croisière en montée. J'accroche Cyril et Manu... en restant dans la roue. Le soleil se lève au-dessus des montagnes et pas un nuage à l'horizon. Le spectacle est juste grandiose. Au loin, toutes les montagnes visibles, le mont-blanc, les dents du midi et puis le lac, avec toujours le soleil levant...
Arrivé au sommet d'Hirmentaz, il est temps de basculé sur le col de Terramont, là, je perds Cyril et Manu, mon lacet gauche s'étant défait, je prends le temps de le remettre correctement en place. Je reste donc à quelques dizaines de mètres derrière. Dans la descente, l'écart augmente, à croire que je ne suis vraiment pas bon dans ce domaine Je me fixe un petit rythme tout de même et profiterai du plat par la suite pour trottiner un peu et refaire une partie de mon retard.
On remonte ensuite une petite bosse de 178 m D+, avalée sans trop la voir passer, sur mon rythme de croisière. Je me sens bien, extrêmement content d'être là, avec les jambes qui vont bien. Le public par ailleurs présent au bord de la piste, équipé de grosses cloches à vache, et toujours avec un petit mot d'encouragement : Tout simplement extraordinaire pour un dimanche matin si tôt ! Je rencontre ici un coureur Suisse, sortant de sa poche le profil de l'étape du jour, sans doute copier depuis mon blog, ça me fait bien plaisir, on papote quelques minutes puis je lui annonce de faire particulièrement attention aux 2 montées (celle du Mont-Forchat et celle jusqu'à Perthuis-Buchille). Il me remercie, on fait une partie du parcours ensemble en discutant trail... surtout de son expérience, la mienne étant très (trop ?) faible.
Ensuite, une petite descente sans soucis au col des Arces où l'on attaque une montée correcte, mais très raide sur le Mont-Forchat. Effectivement, Cyril m'avait prévenu, les 200 derniers mètres de dénivelé seraient costauds. J'ai des jambes, le public est là (on l'entend depuis très loin), j'avance sur un bon petit rythme, doublant pas mal de concurrents dans la montée. En haut, j'en profite pour demander à un bénévole de piocher dans mon sac un bout de ravito portable, sans que j'ai besoin de retirer le sac et compagnie. Le public est ici en nombre, les cloches sont bien agitées, l'ambiance est juste énorme !
Une petite descente sur Très-le-Mont, j'entends un bruit rauque et très particulier... j'ai du mal à l'identifier... Ça m'occupera l'esprit quelques minutes puis j'arrive au premier ravitaillement et là, surprise ! Le fameux bruit vient d'un corps des Alpes... j'en avais jamais vu/entendu en vrai ! (honte à moi )
Dans la descente après le ravitaillement, j'en profite pour admirer une nième fois la vue sur le lac et les environs... je ne m'en lasserai jamais ! J'en profite aussi pour passer un coup de téléphone à mes parents, pour les avertir que je serai surement en avance sur l'horaire prévu à Buchille... lieu où ils avaient décidé de venir me voir sur le bord du parcours.
Peu de temps après avoir quitté le ravitaillement, on croise des campeurs en plein petit-déjeuner, avant de descendre directement à travers champs vers le col du feu. D'ailleurs, heureusement qu'il ne pleuvait pas, et que la rosée n'était pas présente, sinon cette descente, comme d'autres auraient fait des dégâts ! Je profite encore du plat pour trottiner un peu et faire tourner les jambes, j'ai déjà rattrapé Manu, que je n'arriverai pas à motiver à me suivre. Pour lui, les jambes sont lourdes, ce n'est pas le bon jour... Il m'annonce que Cyril n'est pas très loin devant. Je me dis que je suis bien parti. Le parcours propose de faire une boucle et de passer à la chapelle des Hermones. Au croisement, une petite tentative de corruption des organisateurs, ça ne passe pas faudra donc faire le tour... La montée me rappelle mes premières randonnées en montagne avec mes parents, par contre, je ne me rappelais pas que ça montait autant. Tout est OK, le passage à la chapelle est validé, une petite pause histoire de repérer la maison de mes parents, et c'est reparti. Dans la descente... je croise 2 personnes qui montent, j'allais leur dire qu'ils s'étaient trompés de sens, mais à ma grande surprise, c'était la famille Fontanel, un petit mot d'encouragement qui fait bien plaisir et hop, la course continue. À partir de là, ça sera une descente directe direction Lullin. Un petit passage en single-trace à travers les bois, le long d'un cours d'eau sera juste monstrueux, j'en redemande encore... J'en profite pour lâcher la bête et me faire plaisir. Dernier petit virage en S, et hop, c'est la sortie de piste... je fini dans le ruisseau, sous les yeux d'une demoiselle qui n'osera pas se moquer de moi, elle aurait pu
Arrivé sur le plat, j'ai les cuisses qui ont un peu chauffé, je me suis un peu emballé dans la descente... je décide alors de marcher jusqu'au ravitaillement 500m plus loin.
Départ de Lullin après avoir pris le temps de bien me ravitailler et de bien m'étirer. C'est parti pour presque 5 km de plat avant d'attaquer LA difficulté de l'épreuve. Je trottine, tranquillou, sans forcer, histoire d'arriver en pleine possession de mes moyens physiques au moment M. C'est sympa de repasser par les endroits où notre reconnaissance était déjà passée, voir les variantes de trajet où l'on avait hésité, etc. Je repasse à l'endroit où j'avais plié mon bâton, cette fois-ci, j'ai pas joué au con, et j'ai fait sans dans cette partie, d'ailleurs, il n'y en avait vraiment pas besoin. Je me cale sur le rythme du concurrent que j'aperçois au loin, histoire de ne pas tomber dans un faux rythme. J'arrive ainsi frais et en totale possession de mes moyens avant THE difficulté ! C'est donc parti pour 1000 m de dénivelé positif directs presque tout droit dans la montagne, avec une pente affichant à près de 30 % par endroits.
Surprise !! Merci aux organisateurs, au bout de 250 m D+, on redescend de 100 m... à flanc de pente. Va falloir les remonter directement après la fameuse sapinière. Un petit pit-stop au lavoir au Linage histoire de faire le presque plein d'eau et c'est parti... rebelote. On réattaque la difficulté. Au début, je me cale sur un faux rythme, avec les concurrents devant moi. Puis, peu à peu, je trouve mon rythme. All is OK. Cependant, on sort du tracé vu à la reconnaissance et peu à peu, je sens un peu tout me lâcher, les jambes ne tournent plus, le moral tombe au plus bas.... je découvre ce que l'expression « porter sa croix » signifie... littéralement parlant. J'essaie de m'aider au maximum de mes bâtons, au point d'en avoir mal aux épaules un peu plus tard, et surtout de faire abstraction de tous ces concurrents qui me déposent littéralement dans la montée. Arrivée à Outannaz, petit pit-stop ravitaillement en compagnie d'André Bugnet, des foulées Chablaisiennes. Je repars rapidement, pas question de m'arrêter trop longtemps, je ne redécollerai pas sinon. Faire un pas puis un autre et ainsi de suite tout en buvant de l'eau régulièrement sera ma seule obsession à partir de ce moment-là... histoire de rallier Buchille et de voir sur place ce que je fais. L'idée de l'abandon commence à trotter dans ma petite tête... À chaque fois que le parcours change de la trace suivie à la reconnaissance, je prends un coup au moral, la difficulté de la petite montée ou de la petite descente laisse vraiment des traces.
Perthuis, mes réserves d'eau sont à plat. La potentialité de croiser mes parents et d'arriver au ravitaillement me redonne un peu de baume au coeur. Je ferai cependant la descente entre Perthuis et Buchille en marchant, incapable de me mettre à trottiner dans cette partie de la course.
Arrivée à Buchille, je me fais doublé par un petit groupe de coureurs, qui rigolent bien ensemble... se tirant la bourre et tout. Je me dis que j'aurai donné beaucoup pour avoir un sparing-partner dans cette montée. Au ravitaillement, de jolies demoiselles, des gens souriants, et surtout, de la tomme, du saucisson, du jambon... il est temps de se faire plaisir et de prendre son temps pour repartir. Les bénévoles seront aux petits soins avec moi en remplissant mes bidons d'eau, sans avoir à m'en occuper. Un pit-stop digne de la F1 !
Oui, oui.... 3 heures pour faire environ 10 km ! :s La F1 n'est plus vraiment vaillante, l'embrayage patine, le pilote ne maitrise plus trop et la vitesse plafonne en fond de première...
Bon, j'étais parti du ravitaillement avec d'autres intentions. Celle de reprendre un rythme proche de celui de ma première partie de parcours, moyennant l'état de fatigue supplémentaire. Déjà, une bonne chose, la montée à Ireuse se passe nickel, comme sur des roulettes, j'ai retrouvé mon rythme de croisière. En haut, un petit tour à 360 ° pour la vue panoramique, juste magnifique... Dommage que je ne maitrise pas encore tous les noms des sommets visibles à cet endroit.
La descente s'annonce beaucoup plus compliquée pour moi, des pierres un peu partout sur le parcours, je n’ai jamais eu à trottiner dans ce genre de sentier, le placement des pieds est donc assez aléatoire et je manque de me blesser par une ou deux fois. Je décide alors d'avancer en marchant... Décision qui me fera définitivement perdre le rythme de la course jusqu'à Vallon.
Arrivé au moment où l'on doit descendre sur le col après Niflon d'en Haut, je m'arrête, comme si je cherchais mon chemin... Je demande si on est bien au col (débile comme question, faut descendre là !) et l'on me dit « ah non c'est juste en bas par là ! »... À ce moment là, mes yeux s'illuminent, — on doit donc descendre par là, bon, ben... euh d'accord et c'est comment dans la descente ? Ahhh, plein de pierres encore ? Ils ne se foutraient pas de moi les organisateurs là ? — Fin de la réflexion intérieure, le médecin présent à cet endroit venait en courant me voir, me demandant si cela allait... je réponds « bien sûr ! faut juste que je me mette en condition de batailler avec cette descente et ces pierres ! ça prend du temps »
Arrivé au col, une remontée imprévue qui passera bien en tentant de relancer la machine puis, en plein milieu du bois, un bénévole m'annonce : vallon 5 km, arrivée 15 km ! Pan le coup de bambou bis-répétita... À partir de ce moment-là, j'arrive à presque me perdre alors que le sentier est unique et le balisage bien précis. Merci aux passants qui me rattraperont avant que je parte dans la mauvaise direction. Dans la descente sur Vallon, je suis bêtement la route qui descend en « S » et je vois 2 concurrents arrivés derrière moi au loin, puis je les vois coupé à travers champs, je râle donc... et ils me disent un truc du genre "hé ho coco, c'est toi qui te plante là !". Je décide alors de me coller à leurs baskets et à les suivre jusqu'à Vallon, quelques centaines de mètres plus bas. C'est 2 concurrents venant de Besançon, super sympas... merci les mecs !
Au ravitaillement, je me fais encore péter le bidon avec du saucisson et de la tomme... je ne m'en lasserais pas Arrivera ensuite Vincent, que j'avais aperçu au départ, il devait faire la course avec Nico... Je ne suis pas sur à 100 % que ce soit lui, mais après avoir discuté un peu, le rapprochement est fait, on décide alors de finir tranquillement ensemble. Il me mettra des coups de pieds au cul pour trottiner, je ferai le lièvre dans la montée
De la discussion avec les organisateurs, le parcours a bien changé, fini le tour du lac et direction Bellevaux directement, avec la Speciale du chef, une montée de 200 m de dénivelé positif directs dans la montagne, montée qui se voudra interminable, vu qu'en haut, on fera le yoyo, montant, descendant, puis remontant, etc. Une flèche sur la gauche annonçant le début de la possible descente vers Bellevaux ne sera qu'un nième leurre casse-moral. Le GPS de Vincent annonce bientôt 58 km, l'arrivée est proche, la descente, jonchée de pierre comme la descente d'Ireuse passera très (trop ?) facilement, je suis à l'aise, etc. bizarre ce truc !
11 h 23 min 6 s, je passe la ligne en même temps que Vincent, bien content d'en avoir fini... et surtout, bien content d'être arrivé juste avant la fin de la remise des prix des premiers, ça me fait bien plaisir, c'était un objectif non affiché. L'objectif de finir entre 11 h et 12 h est lui aussi validé.
Je retrouve Benoit, qui me félicite et m'annonce sa 10e place !!! :s je reste sans voix, c'est juste surhumain pour moi ! Je retrouve aussi les nouveaux amis de Besançon, et j'en profite pour trinquer une petite bière au bar. Ça fait bien plaisir. J'en ai chié, sur la fin du parcours, mais le jeu en valait le coup... vraiment ! Vivement l'année prochaine...
Ensuite, direction le repas, des crozets à la crème, de la charcuterie, du reblochon... que du bon !
Les autres concurrents diront de ce trail :
Tercan (aka Cyril) : "Effectivement, parcours top !!!
Un vrai truc de furieux comme je les aime (on est très loin des sentiers plus 'habituel » en trail)
La montée à Pertuis puis Hirmentaz a, comme prévu, fait énormément de casse !!!Au même titre que la Montagn'Hard, c'est vraiment le genre de parcours que j'apprécie beaucoup !!!Technique, 'musculaire', point de vue de folie, ravito 'pas trop, pas trop peu' !!! "
djadjej (aka un mec bien de Besançon) : " trail magnifique un des plus beau de france et un des plus difficile egalement
ma course s est bien passé avec mon pote on est parti a 7h pour le 35km et on a decidé de bifurquer sur le 58km .du pure plaisir
le soleil a bien cogné c etait pas facil "
Au final :
- 2, comme le nombre de points UTMB engrangé grâce à ce trail
- 3 comme le 3e trail fini pour ma part
- 7, comme le nombre de rencontres faites que je n'oublierai pas d'aussitôt.
- 14, comme le nombre d'heures de sommeil à la suite du trail.
- 57, comme ma place dans la catégorie « Sénior » (sur 75 classés)
- 60 km, comme la distance totale du trail (dixit pas mal de GPS)
- 123, comme ma place au classement scratch
- 3600 m, comme le dénivelé positif total du trail (dixit pas mal d'altimètre)
Cette fois-ci, pas de photos, bien que j'avais mon appareil avec moi... j'ai pas trouvé le moyen de l'avoir à porter de mains quand j'en avais besoin sans trop m'embêter pendant la course...
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