L'auteur : aymeric
La course : Half Ironman de Candia
Date : 16/5/2010
Lieu : Candia (Italie)
Affichage : 894 vues
Distance : 0km
Objectif : Terminer
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Pas d'autre récit pour cette course.
Préambule
Juillet 2009. Enfin! Après 3 ans de galère à Paris pour lancer ma carrière professionnelle, où le sport a dû être relégué un peu au second plan par manque de temps, l'opportunité se présente de repartir en Province. En bon normand, mon prochain lieu de résidence sera la Haute-Savoie, et la région Annécienne... il y a quand même une similitude : les vaches :o)
La question de se mettre au triathlon me taraudait depuis quelques temps : un bon moyen de réduire les blessures inhérentes à une pratique intensive de la course à pied, de diversifier son activité et ainsi limiter les risques de lassitude, et voguer vers de nouveaux objectifs après 3 marathons en 3 ans.
Tout naturellement, je souhaite me diriger vers le long, car malgré mon jeune âge relatif (27 ans), je ne prends du plaisir sur les courses qu'à partir du semi marathon.
Avec mon passé sportif très orienté course à pied, je ne me fais pas (trop) de souci pour la troisième épreuve. Je n'ai commencé réellement le vélo qu'en mars 2009, période où je ne supportais plus les transports en commun et où j'ai décidé de faire les trajets quotidiens domicile-bureau avec ce nouveau moyen de locomotion. Force est de constater que j'y ai pris goût : En 2009, j'aurai finalement parcouru presque 8000 kms. Il faut dire que les trajets de 30 kms, matin et soir, et 5 jours par semaine, m'auront bien aidé...
Le gros hic : la natation. Je ne sais pas nager le crawl, et ma séance de natation hebdomadaire se résumait en région parisienne se résumait à 1500 ou 2000m en brasse à la vitesse d'un escargot.
C'est donc peu confiant que je me présente aux premières séances natation du club, les lundi-mercredi et vendredi matin, à partir du mois d'octobre. Que dire à part que les premières séances furent un calvaire, impossible de faire 10m en crawl sans s'étouffer, les énigmes du battement, de la respiration en 2-3-4 temps, et consorts. Je ne remercierai jamais assez le coach pous ses trésors de patience et de persuasion, car j'ai bien conscience que ce n'est pas son job d'apprendre à nager surtout quand il y a des fusées dans les autres lignes d'eau...Bref, après quasiment 2 mois de galère, de nombreux entrainements aquatiques (jusqu'à 5 par semaine), et de persévérance, ce n'est qu'au mois de décembre que je commence enfin à prendre un peu de plaisir dans l'eau. Et à pouvoir suivre pratiquement les mêmes entrainements que tous les autres.
L'hiver s'est installé en Haute-Savoie, et, rassuré par ma capacité à nager aux environs de 2kms en crawl sans m'arrêter, certes très lentement mais ça n'a pas d'importance, je peux enfin fixer les objectifs 2010. Ce sera donc le triathlon longue distance de l'Alpe d'Huez, fin juillet, parce que ça avait pour moi un petit côté mythique, parce que je souhaite me diriger vers des triathlons montagnards, et parce que c'est une rampe de lancement idéale pour un objectif embrun à moyen ou long terme. Reste maintenant à se fixer quelques courses de préparation
Avec la neige et le froid, omniprésent en janvier et février, difficile de rouler! Je décide donc de me lancer dans la préparation du semi marathon d'Annecy, avec un objectif de moins d'1h25. Côté triathlon, l'option première était d'effectuer 2 ou 3 courte distance, dont le premier fin mai avec Bourg en Bresse, mais finalement, la proposition d'une sortie club pour aller courir le half ironman de Candia, en Italie, a retenu toute mon attention. C'est donc sur cette distance que je ferai mes débuts en triathlon, même si j'ai bien conscience du côté un peu dingue de l'opération...La préparation a été presque idéale jusqu'à fin mars, où durant les 3 premiers mois de l'année, j'ai nagé 93 kms, roulé 950 kms, et couru 726 kms. Les -d'1h25 au semi d'Annecy le 18 avril paraissent envisageables au vu des entrainements, et le retard en vélo ne parait pas rédhibitoire.
Malheureusement, un déplacement professionnel de 8 jours en Inde va faire voler en éclats tous ces objectifs. Retour prévu 3 jours avant le semi, et surtout un séjour aux urgences à Delhi pour une grosse intoxication alimentaire. Je rentre vidé (au sens propre comme au figuré..) et sans forces.
Je décide malgré tout de courir le semi le dimanche, très fatigué, et après 8 jours de coupure totale, en me disant que ça me rappellera ce que j'aurai à endurer un mois plus tard à Candia. Finalement, ce sera un temps final d'1h35 tout rond, avec une pause technique de 3 minutes à mi parcours et des douleurs à l'estomac sur toute la seconde partie de course. Temps honorable, mais qui laisse beaucoup de regrets. le sub 1h25 sera je l'espère pour le mois de septembre lors d'un futur essai.Au final, cette intoxication ne m'a pas permis de m'entrainer normalement durant 3 semaines, et ce n'est que fin avril que je peux reprendre un entrainement structuré (autour de 15h par semaine). Et c'est avec finalement 120 kms de natation, 2400 kms de vélo, et 920 kms de cap que je pars avec les 12 autres membres de mon club en Italie ce samedi 15 mai.
La fraicheur qui s'est abattue sur la France au mois de mai ne m'a pas permis de tester la combi en eau libre, et ce n'est qu'avec 2 entrainements combi en piscine, et sans jamais avoir nagé dans un lac, que je vais prendre le départ. Au final, je me dis que si je parviens à sortir de l'eau, il n'y a pas de raison que je n'arrive pas au bout. Après quelques enchainements vélo-cap (60kms-10kms ), mes jambes paraissent bien supporter la transition.
Half ironman de Candia, J-1
Les 20 premiers kilomètres sont très roulants avec vent de dos, et je remercie mon partenaire du club qui m'a prêté un prolongateur et sur lequel je m'entraine depuis 1 semaine. C'est ensuite un parcours beaucoup plus vallonné, avec quelques côtes dont les pourcentages restent tout de même raisonnables en comparaison de ce que je peux connaître dans les cols de Haute Savoie.
Finalement, le tour de chauffe sera parcouru à 28 de moyenne, sans jamais forcer et en tournant les jambes, de très bon augure donc pour le lendemain.Le soir, super pasta party, avec assiette de charcuterie, plat de pâtes, purée avec filet de dinde, et enfin des tartelettes. Impressionnant!
Dimanche 16 mai 2010, half ironman de Candia
Après une bonne nuit de sommeil, un réveil à 5h30 (départ prévu à 9h), c'est naturellement un peu stressé que je rassemble mes affaires pour aller déposer mon vélo dans le parc. J'ai finalement décidé de me changer complètement entre chaque épreuve, quitte à perdre un peu de temps (sans importance!) pour ne pas avoir en plus à gérer la découverte d'une trifonction.
Je passe les traditionnels oublis du débutant qui m'ont valu de retourner plusieurs fois au bungalow où nous avons dormi (la crème anti frottement, la puce...) et j'enfile la combinaison. J'écoute les derniers conseils de mon compagnons, prends la résolution de partir de derrière car je ne veux pas prendre trop de coups, et surtout je n'ai pas du tout le niveau pour aller me frotter aux dauphins aquatiques.Les filles se placent devant (départ avancé de 2 minutes pour elles), et nous franchissons le portique en compagnie des autres triathlètes du club pour rejoindre les berges du lac. Là, stupeur!!! Je m'aperçois rapidement que les organisateurs ont finalement décidé de faire 2 vagues (j'apprendrai à l'arrivée que nous nous sommes finalement retrouvés dans la vague élites...) espacées de 2 minutes. Et c'est dans la panique la plus totale que je me jette à l'eau (autour de 16 degrés je pense), avec l'appréhension d'avoir 200 gus qui vont me rattraper à vitesse grand V.
Très vite le départ est donné, ce qui me permet de ne pas trop tergiverser. Et très vite, la panique totale. Plus aucun repère, une sensation d'étouffement, impossible de mettre la tête sous l'eau, n'y voyant rien. Je fais donc les premières mètres en crawl polo, puis en brasse, car je n'arrive bientôt plus à respirer, et j'ai le coeur qui bat à "mille" à l'heure. Je sens la deuxième vague qui se rapproche, et commence à me faire piétiner et à prendre des coups. Je songe déjà à l'abandon.
J'ai finalement la présence d'esprit de me décaler sur le côté, et de laisser passer la meute, tout en me dirigeant doucement en brasse et très excentré, et avec des pauses régulières, vers la première bouée. Après 15 bonnes minutes, je m'aperçois qu'il n'y a plus grand monde derrière, et j'atteins la première bouée.
Je commence à retrouver quelques sensations de l'eau, et à me sentir mieux. Je décide donc de tenter un crawl en 2 temps, car je me sens incapable de rester plus longtemps la tête sous l'eau. Ca me réussit, et je finis le premier tour ainsi, dans un petit paquet qui m'aide à me diriger. Sortie à l'australienne, et c'est reparti pour un tour! Avant de replonger, j'aperçois déjà les premières féminines qui en finissent avec les 1900m...
Là, c'est le choc. Vent de face. En revanche les jambes sont bonnes. Je parcours les premiers kilomètres tranquillement, autour de 30 à l'heure, afin de boire et de m'alimenter un peu. Je commence aussi à doubler quelques cyclistes.
Première montée en danseuse, tranquille, et c'est au bout de 18 kms que je remonte l'un de mes camarades du club, meilleur nageur. Brefs encouragements, et me voici reparti. Peu à peu, les positions semblent se figer, et les places de s'établir.
Je passe les quelques côtes, et finis le premier tour en 1h31. Dès le début du second tour, je me dis que j'ai eu raison de ne pas trop "envoyer", car je ressens cette fois ci beaucoup plus fortement le vent de face. Non pas qu'il ait forci, mais sous l'effet de la fatigue, une petite côte peut vite devenir un mur...
Dernière bosse, je ne me mets pas dans le rouge et entame enfin la descente pour atteindre le parc à vélos. Celui-ci sera finalement atteint en 3h02, régulier donc.
Je me change, puis m'élance sur le parcours pédestre. La chaleur est persistante, autour de 20-25 degrés, ce qui rendra l'épreuve difficile car nous ne sommes pas encore habitués à ces températures. Je m'arrête au premier ravitaillement pour boire de l'eau, et du coca (qui se révèlera malheureusement chaud tout le long) et m'élance enfin.
Je me suis fixé 5 minutes au km, une allure où je me sens normalement très facile et à laquelle je parcours tous mes footings de récup. Je m'aperçois vite que le parcours vélo m'a bien entamé, mais que ça reste supportable. Une des féminines de notre club, que j'avais doublé sur le parcours vélo, me double rapidement. Je décide de ne pas la suivre.
Je croise régulièrement certains camarades du club, qui au début ont 5 ou 6 kms d'avance. Je continue à mon rythme, sans me mettre dans le rouge, et en m'arrêtant systématiquement à tous les ravitos (environ tous les 2 kms) pour boire de l'eau et me rafraichir avec une éponge que nous tendent généreusement les bénévoles.
j'ai l'impression de remonter régulièrement mes camarades, doublent quelques coureurs, quelques uns marchent également. je double également le président du club qui semble avoir quelques difficultés.
Fin du premier tour, puis du deuxième et je m'élance enfin sur le dernier tour. Je conserve un rythme régulier, même si je vois l'allure baisser légèrement. Ca n'a pas d'importance, je sais de toute façon que j'irai maintenant au bout.
Au bout d'un peu plus de 5h51 d'effort, et un semi en 1h51, que je pense avoir bien géré, je franchis enfin la ligne d'arrivée. Je suis un half ironman et je suis parvenu au bout de ce premier triathlon.
Petite visite à mes camarades du club, en train de déjeuner en plein soleil. Sentant le malaise proche et au bord de l'insolation si je reste en pleine chaleur, je préfère m'isoler à l'ombre durant une demi heure en buvant de l'eau. Une demi heure après, je me sens mieux, et je rejoins tout le monde.
Il est alors temps de tout ranger, et de repartir vers Annecy que nous atteindrons vers 22h le dimanche soir, après 1h30 d'attente au tunnel du Mont Blanc.
Avec ce peu de recul, je sais déjà que j'ai pris goût au triple effort et au long. Et je n'ai envie que d'une chose, m'élancer à l'assaut d'autres si belles épreuves. Il va falloir en revanche travailler la nage en lac (celui d'Annecy est parfait pour ça...) afin de vaincre l'appréhension, et optimiser les transitions en vue de l'Alpe d'huez. Travailler les cols...
Je ferai probablement Bourg en Bresse et Thonon d'ici là, mais ce sera l'occasion de raconter d'autres aventures...
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2 commentaires
Commentaire de bigpeuf posté le 18-05-2010 à 15:57:00
c'est un regal de te lire, j'ai beaucoup sourit, je m'y voyais !
Un peu fou d'attaquer par un half quand meme ?
Aller, j'attends le prochain CR.
Bienvenue au club (finisher)
A+
le BIG
Commentaire de largo posté le 10-06-2010 à 17:14:00
je crois voir que notre parcours est assez proche en passant de la cap au triathlon et tout comme toi mon coup d'essai fut sur un LD. tres bon recit, je retrouvais les sensations rencontrees lors de cette premiere course mais les transitions et autres details du triple effort s'acquierent rapidement et apres quel bonheur, essentiellement sur le long. bonne continuation a toi
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