Galaté57 a écrit:Pieromarseille a écrit:Ben moi j'en suis pas loin. Ça me fait vraiment flipper ce dernier défi, et il n'a rien de nécessaire. Pourquoi prendre autant de risques ? Ça a un côté débile, non ? Alors oui, s'il revient, tout le monde (y compris moi) dira que c'est un titan, tout ça...
Mais risquer à ce point d'y laisser sa peau, pour moi ça ne vaut pas le coup.
Déjà Sifredi c'était du pur gâchis... mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir danser avec la mort ? Sportif ne devrait pas rimer avec téméraire au dernier degré (j'avais commencé par écrire suicidaire, m'enfin s'il veut ramener ses orteils, c'est qu'il doit aussi vouloir revenir avec le reste). Ce n'est pas le modèle que je veux suivre ni que je souhaite que mes gamins suivent. D'autant que Kiki n'a vraiment pas besoin de cette surenchère, c'est déjà le meilleurs.
Il me semble que dans tes propos tu donnes aussi la définition de bon nombre d'entre nous ...
Nous avons tous la réponse à cette question, mais refusons de l'admettre.
Pour notre entourage, nos défis d'années en année ressemblent fortement au programme de KJ, avec un peu plus de D+ pour lui..
On ne prend pas autant de risques en traillant qu'en partant faire de l'alpinisme extrême en solo à plus de 8000m, heureusement. Ceci dit, tu as en partie raison, et c'est sans doute pour ça que ça me fait réagir. Le goût du défi, de la prise de risque inutile (bien vue la référence à Terray
... mort en montagne en 1965
) et finalement nécessaire pour se sentir vivant, je peux très bien m'y retrouver. Je sors d'une belle fracture due à une chute lors d'une sortie trail en solo, en montagne, dans la neige, où j'étais partie sans téléphone. 2h30 de galère à boiter sur une malléole fracturée pour rentrer, dans un moment de grande solitude que j'ai quelque part 'bien cherché'. La semaine dernière, je me retrouve encore engagé sur une 'directissime' acrobatique vers un sommet rocheux ardéchoix, facile mais complètement pourri et expo, donc dangereux. Ben impossible de faire demi tour, c'était débile, mais fallait que je sorte par le haut. Je ne regrette pas, j'ai passé une super journée et le calcul du risque fait partie du jeu.
Mais jusqu'où ? La surenchère permanente est un vrai risque pour ceux qui fonctionnent comme ça, et là, KJ y va fort. Et même, et après, et s'il réussit ? Il n'a que 28 balais et ne va évidement pas s'arrêter là : donc cette logique de défi (dont il vit par ailleurs) va inévitablement le conduire à imaginer encore plus haut, plus fort, plus dangereux, plus débile (vous citiez aussi Berhault... bel alpiniste, beau résultat).
Au final, je réagis parce que ça fait sans doute un peu écho à ma pente naturelle (même si j'ai pour ma part bien l'intention de vivre jusqu'à 140 ans !), mais je suis réellement inquiet pour lui, qui ayant déjà tout gagné sur terrain balisé, semble basculer ces dernières années dans la fascination du danger comme nouvelle raison de vivre. Et voulant passer du statut de champion à celui de héro, il se pourrait bien qu'il se laisse entrainer à passer la ligne rouge qui sépare le risque mesuré de la roulette russe.
Et encore un truc que je ne sens pas : la pseudo philosophie de la simplicité qui imprègne la légende de Kilian, et qui pour le coup tombe dans le vrai marketing, au sens mensonger du terme, en ce qu'elle ne parle pas du tout de ce qu'il fait vraiment.