emil, je crois que la plupart des scientifiques se défendent justement de faire de la philosophie ou de la morale, car ils considèrent, le plus souvent à juste titre, que ce n'est pas leur boulot. Attention, ça ne veut pas dire qu'ils n'ont aucune morale dans leur boulot, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit.
Mais comme le dit d'ailleurs Boeuf dans une de ses confs, les scientifiques, dans le cadre de leur métier, ne s'intéressent le plus souvent pas au "pourquoi" (pourquoi on est là, pourquoi on a survécu, ou pourquoi...on est aussi con qu'il y a mille ans). Ils ne document et n'apportent des réponses qu'au "comment".
C'est vrai que certains scientifiques se laissent aller à des considérations philosophiques pour un tas de raisons, à commencer par toutes les questions avec lesquelles on les bassine dans les médias à longueur de journée, et Dieu et gnagnagna, je pense par exemple aux physiciens qui étudient le cosmos. Mais je suis tout à fait d'accord que le scientifique est un homme ou une femme comme les autres qui a aussi le droit de donner son opinion, mais c'est pas si facile que ça de séparer les deux "activités".
Pour en revenir à ce discours sur la nécessité de la biodiversité, comme le dit polosh, la culpabilisation, ça ne marche absolument pas. D'abord parce qu'on est tous égoïstes à des degrés divers et qu'on n'est pas prêts à tout changer dans notre vie, mais aussi parce qu'on sait pertinemment que rien n'est fait pour contrer les plus grands pollueurs/pilleurs de la planète, et qu'au contraire, pour des raisons de pouvoir politique, on leur fait le plus souvent très plaisir.
Donc c'est vrai que ça me gonfle les discours à la Yann Arthus Bertrand, qui dit aux gens que grosso modo c'est essentiellement la faute de tout un chacun et qu'ils ont l'avenir du monde entre leurs mains. C'est juste faux. Ce n'est pas une raison pour ne rien faire, bien entendu, mais il faut voir un peu plus grand, RAPIDEMENT. Et surtout il faut savoir, et pour ça, il faut apprendre des choses concrètes sur la biodiversité, comprendre pourquoi elle a permis notre évolution, c'est le sens de ces confs.
Gilles Boeuf parle par exemple de ses craintes face aux politiques de TOUS BORDS, qui lui parlent toujours de leur peu de latitude à l'action dans un système démocratique. Ce qui me fait beaucoup rire parce que ce ne sont pas les structures de gouvernance non démocratiques qui manquent et qui imposent des tas d'autres trucs financiers ou politiques que les gens ne veulent absolument pas. Alors pourquoi on ne pourrait pas imposer de temps en temps une petite mesure écologique impopulaire hein je vous le demande?
Donc je ne sais pas comment il faut s'y prendre, mais en tout cas, documenter de façon très précise, à la fois ludique et visionnaire comme le fait Boeuf, et pas juste barbant comme trop souvent, je trouve ça top. Mais sans doute que ça ne servira pas à grand chose non plus, je ne me fais pas trop d'illusion!
Se faire plaisir un après-midi pluvieux en écoutant ça, c'est déjà pas mal n'est-ce pas Krys!