+ d'infos pour une prépa pour Millau par exemple:
(source
: VO2)
L'été n'est peut-être pas la meilleure période pour se lancer dans une préparation 100 km. En effet, il n'y a rien de plus contraignant et usant que d'effectuer des séances longues en jonglant avec la chaleur pour programmer au mieux ce type d'entraînement.
Mais pour celui qui veut disputer les 100 km de Millau, il n'y a pas d'autres alternatives que de tremper le maillot. Voici un didactique sur les séances utiles pour préparer Millau
UNE SÉANCE CÔTE-DESCENTE
Cet entraÎnement est indispensable pour réussir à Millau. En effet, compte tenu du profil très casse-pattes du parcours avec une première boucle assez vallonnée puis quatre grandes côtes dans la seconde section, il est indispensable de se préparer à supporter les contraintes musculo-tendineuses liées à l'effort en côte et surtout en descente. Il est donc essentiel de programmer une fois par semaine une sortie d'une heure comportant au minimum 10 mn de montée et descentes. Cette séance peut se décomposer ainsi :
… 10' sur le plat + 20' montée + 10' descente (allure "100 bornes")
… 10' plat + alternance de montée et descente (1 km montée + 1 km descente à répéter 5 fois) ou (2 km montée + 2 km descente à répéter 2 fois).
NOTRE AVIS :
Attention à ne pas aller trop vite en descente pour ne pas casser des fibres musculaires. Si vous n'avez jamais couru en descente, il est impératif de débuter par 10' la première semaine et d'augmenter chaque semaine de 5 minutes afin de favoriser l'adaptation. La dernière séance de ce type se programme trois semaines avant le 100 km.
POUR OU CONTRE LA VMA ?
Au plus haut-niveau, tous les coureurs de 100 km pratiquent encore la VMA par des séances presque hebdomadaires. Le but n'est pas de chercher à gagner en indice de VO2 max., c'est impossible compte tenu de l'âge du coureur et de sa charge d'entraînement. Il s'agira de pratiquer la politique du moins pire en cherchant à ne pas altérer cette allure, mais surtout à ne pas perdre en qualité gestuelle et en "toucher" de pied.
Une séance par semaine de vite-lent- vite est donc conseillée. Le moins contraignant et le moins "lactique" est la fameuse séance de type 30-30. Celle-ci se déclinera ainsi :
… 20 à 30' échauffement + étirements + 10 x 30" vite-30" lent + 3' récup. en footing lent + 10 x 30" vite-30" lent + 10 à 20' de footing lent en récup.
NOTRE AVIS :
Cette séance peut se programmer jusqu'à 3 semaines avant le 100 km. Un seul conseil : adopter la bonne allure. Il ne s'agit pas de sprinter mais d'évoluer en accélération en cherchant la meilleure gestuelle. Pour tous les coureurs fragiles des tendons ou sujet à des contractures, cet entraînement doit être réalisé avec beaucoup de prudence sur un terrain souple (pelouse de stade par exemple). On peut également allonger le temps d'échauffement (40 à 50 mn par exemple), pour travailler l'économie gestuelle sur un fond de fatigue musculaire légère, ce qui place davantage dans la spécificité du 100 km que l'approche plus "classique" du (30-30).
LE SURPOIDS ET LA MAIGREUR, LES ENNEMIS DU COUREUR
DE 100 KM
Un excédent de poids représente un handicap. D'une part parce que la dépense calorique occasionnée par la course dépend du poids corporel et que donc, un coureur trop lourd ira moins vite. Et d'autre part parce que la répétition du même mouvement, tant lors de l'entraînement que durant l'épreuve, sollicite très durement les articulations. A cela s'ajoute le fait que beaucoup de cent-bornards se recrutent parmi les vétérans, c'est-à-dire dans une tranche d'âge qui correspond aux premiers signes d'arthrose. On comprend donc que tout excédent de poids puisse s'avérer préjudiciable. Mais le déficit en graisses, souvent consécutif à un régime destiné à faire maigrir, peut aussi nuire à la santé et aux performances du coureur de grand fond. Comme nous le détaillerons dans un prochain ouvrage, plusieurs désagréments peuvent résulter d'un apport en graisses trop faible. Certains de ces problèmes résultent d'un manque global. C'est le cas de figure rencontré chez les coureurs chez qui les lipides ne délivrent pas plus de 25% des calories journalières. On a en effet eu tendance à oublier, ces dernières années, qu'il s'agit du composant le plus représentatif de nos membranes cellulaires. Rappelons que ces zones frontières participent au bon déroulement des réactions chimiques, à un transfert correct de l'influx nerveux et des hormones. Si on restreint excessivement la consommation de lipides, des perturbations peuvent survenir à ce niveau. Nos cellules adipeuses qui, en général, dans ce cas-là, voient leurs stocks chuter à un niveau trop faible, envoient des messages nous incitant à manger plus gras, comme les observations de Gilles DREUX, le diététicien-cent bornard, l'avaient mis en exergue. Par ailleurs, une partie des graisses que les muscles brûlent lors d'efforts prolongés, proviennent de réserves musculaires. Si on mange trop peu de graisses, arrive un moment (après 4 h de course), où même l'allure du 100 km n'est plus soutenable. C'est ce qui explique que Tim NOAKES, le physiologiste Sud-Africain, conseille de porter à 30-35% l'apport lipidique lors de la dernière semaine (J-7 à J-3) qui précède un 100 km.
Enfin, l'élimination de certains aliments lipidiques (noisettes, avocats, huiles, poissons gras, etc...) peut conduire à des carences en certaines acides gras qui participent au contrôle de l'immunité, de l'inflammation, à la solidité des membranes, au dynamisme et enfin à la mobilisation des graisses de réserve.
NOTRE AVIS :
Prenez votre temps pour perdre éventuellement le poids que vous avez en excédent. N'oubliez pas, cependant, que l'élite française de la distance compte 2 à 3% de masse grasse de plus que celle du marathon. Cela résulte sans doute d'une plus forte ingestion de graisses, celle-ci lui permettant, en retour, de couvrir l'ensemble de ses besoins en lipides qui sont plus importants. Un taux de masse grasse de 10-12% convient tout à fait pour cette distance.
LES DIFFERENTS TYPES
DE SEANCES LONGUES
Ce qui faut savoir : ce n'est pas le fait de courir 2h, 3h, ou plus lors de vos sorties longues que vous allez être préparés à ce type d'épreuves. C'est comme pour toutes les distances, l'enchaînement et la somme des séances qui vont vous permettre de reculer le seuil de fatigue qui intervient inévitablement sur 100 km.
Les nouvelles orientations de l'entraînement 100 km tendent à réduire la durée des sorties longues. Et c'est tant mieux. Fini les sorties de 50 km, 60 km et plus pour se rassurer. Ces séances n'avaient qu'un seul but à terme : vous détruire. Et on ne compte plus le nombre de cent-bornards qui se sont ruinés en enchaînant tous les dimanches des sorties qu'ils étaient incapables d'assimiler sur le long terme. Jouez donc de prudence.
… périodicité : tout les 10 jours ou toutes les semaines pendant 3 semaines puis la 4ème effectuer celle-ci uniquement dans une activité non traumatisante (vélo). La dernière séance longue se programme 2 semaines avant le 100 km.
… allure : endurance
… conseils de base : bien s'hydrater pendant et après. Repas glucidique avant et après. Eventuellement boisson de récupération après.
… équipement : chaussures très amortissantes, protection contre le soleil, porte-bidon
NOTRE AVIS :
Séance à programmer le matin, fuir les grosses chaleurs, si fatigue ou début d'inflammation réduire en durée ou remplacer par une activité non traumatisante (vélo).
… La séance classique : entre 2 heures et 3 heures
… La séance mixte : à pied et à vélo avec 2h à pied + 1h à vélo
… La séance bike and run : 3 heures en alternant course à pied et vélo sur de très courts modules, ce qui privilégie au maximum la solidité musculaire.
… La séance rando-course en tout terrain : pouvant atteindre 4 à 6 heures avec 2h 30 maxi de course à pied, le reste à la marche. Essentiellement pour ceux disputant des épreuves de trail
… Le bi-quotidien : avec 1h 30 à pied le matin + 2 heures vélo en après-midi. Cela nécessite de se montrer particulièrement vigilant quant aux apports alimentaires intermédiaires et de s'accorder, le lendemain, une vraie journée de repos.
ET DU SEUIL,
ENCORE DU SEUIL...
Le seuil constitue une arme à employer sur l'ensemble des distances du 5000 m au marathon, car elle permet d'optimiser les qualités d'endurance. Pour le cent kilomètres, même si on évolue à une allure bien moindre (écart de 2 à 4 km/h selon les cas), il s'avère tout aussi indispensable. Toutefois, comme on le soulignait dans un récent article faisant état des travaux de Véronique BILLAT, pour chaque vitesse, chaque coureur possède un temps-limite de maintien qui n'est pas forcément relié au temps-limite enregistré à une autre vitesse. Ainsi, un athlète peut ne tenir que 6 mn à l'allure VMA, mais à l'inverse supporter la cadence de seuil durant bien plus de temps que la moyenne du peloton. En conservant des séances au seuil, on entretient très certainement l'aptitude à tenir à une vitesse proche du seuil ainsi que, sans doute, celle à courir plus longtemps à une vitesse moindre. On doit cependant aussi considérer la facilité du coureur à maintenir longtemps son allure "théorique" de 100 km. De ce fait, à côté des séances au seuil il devra aussi, éventuellement dans la même séance, évoluer sur d'assez longues séquences à l'allure du cent bornes. Une astuce peut consister, après un échauffement de 20 à 25 mn, à effectuer une séquence de course de 25 mn au seuil, puis à enchaîner sur 30 à 40 mn à l'allure du cent kilomètres, dans une situation de fatigue musculaire spécifique des conditions de course.
NOTRE AVIS :
Si vous privilégiez le cent kilomètres ou les trails, mixez le seuil à d'autres allures, de façon à développer vos temps de soutien à chaque allure tout en sollicitant l'organisme à ces allures sur un état de préfatigue avec lequel il faut constamment composer le jour de la course. Soignez vos ravitaillements sur ces séances.
… La séance idéale : 20 à 25' de footing + 25' au seuil + 30 à 40' à allure 100 km.
… La séance classique : 30' footing + 25 à 40' seuil en continu ou en fractionné (3 x 3 km par exemple ou 2 x 5 km)
… La séance type "Vincent Rousseau" : 1h de footing + 30' au seuil en continu + 10' footing
… Séance au seuil en vélo : 30' échauffement + sprints longs en côte de préférence pour atteindre un palier cardiaque plus élevé + 20' au seuil de préférence en côte + 10' récup. Surveiller votre rythme cardiaque avec un cardio (vous évoluerez certainement à 10 puls/minutes de moins qu'en courant).
… Montée avec bâtons : pour ceux préparant également le trail et habitant des zones légèrement montagneuses. 30' footing + 30' au seuil (marche avec bâtons soit 400 à 600 m de déniv. + selon votre niveau) + 10 à 20' de footing très lent (descente). On peut fractionner le temps d'effort en deux en fonction de la pente que l'on dispose. Surveiller votre rythme cardiaque avec un cardio.
… Périodicité : une séance par semaine. La dernière séance à J - 10
… Allure : vous reporter au tableau des allures publié dans le dernier VO2
… Conseils de base : bien s'hydrater pendant et après. Boisson de récupération après.
SAVOIR S'ORGANISER
Réussir sur 100 km, c'est savoir aussi s'organiser à tous les niveaux de votre préparation :
… sur le plan alimentaire : ce n'est pas le jour de la course qu'il faut réfléchir à votre façon de vous alimenter. Ce sera trop tard. Profiter des sorties longues pour tester le repas d'avant course ainsi que votre boisson énergétique, les gels et barres que vous mangerez en cours d'effort.
… au niveau de votre suiveur : réfléchissez à la façon dont vous allez vous organisez avec votre suiveur. Posez vous les questions suivantes :
Est-il capable de rouler 10 heures sur un vélo ? Est-il capable de réparer une roue qui a crevé ? A-t-il bon caractère ? Saura-t-il vous soutenir dans les moments durs ?
Réfléchissez également à la façon dont vous allez organiser votre ravitaillement sur le vélo du suiveur. Banissez le sac à dos et préférez la petite caisse en plastique (faites des trous au fond pour laisser évacuer l'eau en cas de pluie). Celle-ci doit être solidement attachée.
NOTRE AVIS :
Ce qu'il ne faut pas oublier : trousse de réparation en cas de crevaison + pompe, vêtements de pluie pour le suiveur, repas pour le suiveur (attention au coup de fringale... cela arrive aussi chez les suiveurs dans la côte de Tiergues), frontale pour ceux terminant dans la nuit et prévoir plus que moins au niveau de votre ravito. sans pour autant transporter votre frigo sur le dos.
ARRIVER FRAIS
C'est l'une des clefs majeurs du succès sur 100 km. Combien de coureurs ont ruiné leur préparation (et surtout au haut-niveau) en ne coupant pas assez tôt, en programmant une dernière séance longue, trop longue et trop proche du 100 km ou bien en greffant une course de préparation qu'ils sont incapables d'assimiler en plus du volume de leur entraînement (attention au marathon de préparation un mois avant un 100 km...!).
Une grande partie de votre réussite sur cette distance dépendra de votre état de fraîcheur. Les deux dernières semaines sont donc primordiales. Place à l'allègement de l'entraînement : plus de sortie longue, une dernière sortie au seuil à J-10, plus de VMA, plus de côte et de descente. Que des petits footings ou sorties vélo pour faire du jus. Vous en aurez bien besoin ensuite dans la côte de Tiergues...!