Coucou les Kikous,
Je découvre ce dimanche 3 septembre le suivi live du GRP !!! Il est temps !
Oui, j'ai fait quelques courses difficiles dans ma vie mais celle là l'a été particulièrement. J'en ferai un CR plus complet mais quelques éléments qui vous aideront à comprendre mon état d'esprit et mon état physique.
Jusqu'au jeudi soir en allant chercher mon dossard, je n'étais pas certaine de courir. J'ai enterré ma maman le lundi qui précède... et Mickey devait s'absenter à Marseille pour raisons professionnelles et c'est donc toute seule que je suis allée planter ma tente au Rioumajou...
Vendredi 17° à 1700m à 7h au départ, je sais que je vais souffrir de la chaleur... (c'est récurrent chez moi). C'est ce qui s'est passé et d'ailleurs Thomas02 en a témoigné ici, j'ai la bouche tellement sèche que je mets de longues minutes à m'alimenter à tous les ravitaillements. Mais je gère à petite vitesse, mon seul objectif étant de finir la course pour ma maman.
Jusqu'à Gèdre retour, je gère bien le début de la descente puis un terrain pas facile de nuit. Il fait encore doux, puis vers 22h30 les premières gouttes font leur apparition. Au début c'est bien, cela me rafraîchit puis le terrain devient glissant petit à petit en descendant le roc d'Arode. Jusqu'à Luz tout va bien. Je fais un long arrêt à la base vie pour prendre des forces. Je souffre des frottement au niveau de l'entrejambes et des cuisses. Mélange de transpiration et de la pluie. Je n'ai pas pris de crème dans le sac base vie. Cela me gêne mais ne m'empêche pas de repartir. La température baisse et la pluie augmente tout au long de la nuit. Le vent commence à apparaître. Le balisage clignote sous l'éclairage des frontales. Plus on monte, plus il y a des rochers, plus ca glisse. Le jour pointe avec une drôle de lumière et le vent s'intensifie. Arrivée sur la crête avant la Glère, une rafale de vent me jette au sol.
A la Glère, la gardienne du refuge a bloqué tous les coureurs depuis 7h30. Bravo à elle, elle nous donne à manger également. Vraiment un excellent accueil. La course est neutralisée mais devrait reprendre. Image surréaliste de coureurs assis tête sur table avec leur couverture de survie. Après avoir hésité quand nous avons l'autorisation de reprendre la course, je finis par repartir, mais là plus de jambes après cet arrêt.
Je vais me traîner, j'avance à l'économie, avec quelques sursauts par moments. Le terrain est du Néouvielle que je connais globalement n'est pas facile. Il est incourrable, en tout cas pour moi, quelque soit le jour et ce jour là ne fait pas exception! J'arrive à Aygues Cluses avec un nouvel orage. Ravitaillement bienvenu et je passe le dernier col. Je pense être sauvée sachant qu'il ne me reste presque plus que de la descente. Mais la météo en a décidé autrement. La pluie revient, les orages par moment font une lumière qui illumine tout le ciel. On dirait un feu d'artifice. Je n'ai jamais trouvé le chemin du Merlans aussi difficile. Je m'étale dans un chemin boueux, j'ai du mal à ressortir mes pieds sans laisser les chaussures au fond. Un gars m'aide jusqu'au Merlan, où j'arrive avec mal au dos. Mes mains étant pleines de boue, je ne peux plus appuyer sur les bâtons et le chemin adapté aux dahuts amplifie mes difficultés. Finalement le refuge est là et jamais il n'a porté aussi bien son nom !!!
Je commence par aller me laver. Rien que cela me requinque. Je mange, je bois, je me repose et une heure plus tard, je suis prête à repartir. Mais la météo continue à empirer. Les coureurs doivent repartir par petits groupes et pas seuls. Pas de problèmes, mais les pompiers sont vigilants et ils ne me laissent pas repartir. M5, 39h depuis le départ, une météo très mauvaise, c'est le feu rouge. Je suis donc mise hors course. Provocatrice, je leur dis: "maintenant que je suis hors course, je peux repartir sous ma propre responsabilité, je ne vais tout de même pas passer la nuit ici ! " Réponse: " Il n'en est pas question, on va vous faire descendre".
Je me repose donc et environ une heure plus tard, un gros 4x4 va venir nous chercher avec d'autres compagnons d'infortune. Il pleut très fort, les éclairs sont toujours là. Le 4x4 glisse sur la piste détrempée et nous fait remonter les 200m jusqu' au col du Portet. Puis nous sommes transférés vers des voitures qui vont nous descendre à Vielle-Aure où il fait toujours le même temps !
Bref je finis par arriver au camping. Ma tente n'est presque pas mouillée à l'intérieur... Ce sera une bonne douche et une nuit pas trop mauvaise, la pluie diminuant vers 3h du matin...
J'irai récupérer mon sac de retour de Luz et j'irai au toujours excellent buffet du GRP, déplacé à Saint Lary pour cause de pluie !!! Je verrai Miche qui prendra la photo que vous avez pu voir, et quelques personnes connues ! Puis Mickey arrivera de Marseille ... un peu inquiet de voir dans quel état j'étais.
Je suis déçue de ne pas avoir fini mais je comprends totalement la décision des pompiers, c'est celle du bon sens. A leur place, j'aurais pris la même.
A+, je serai au weekend KKR la semaine prochaine, en mode récupération !
Caro