Zut alors, encore à la bourre pour faire un retour rapide de ce… ZUT
[edit après l’avoir terminé : il est en fait un peu long. Il servira de base à un récit plus structuré et développé que je ferai ces prochaines semaines, promis
]
Eh bien, je crois que zinzin reporter nous a bien gâté avec ces différentes courses. Quel superbe week-end
C’était ma seconde visite en Lozère après le Lozère trail (sur 2 jours) en 2017, et que j’avais adoré. Ces dernières années, j’avais eu aussi l’occasion de découvrir les Cévennes Gardoises, plus au sud, grâce à l’Ultra du Bout du Cirque (fait en 2017 et 2019), l’Ultra du Pas du Diable (en Avril de cette année), sans oublier l’ultra Larzac-Cévennes organisé exceptionnellement en 2019 lors du Festival des Hospitaliers.
Toutes ces courses m’ont plu, parfois énormément, en me faisant découvrir des coins exceptionnels : En vrac, le Cirque de Navacelles, des paysages de Causses comme celui du Larzac, de Blandas ou de Sauveterre, des sommets locaux et emblématiques comme le St Guiral et le Mont Aigoual, des grottes comme l’Abîme de Bramabiau, etc.. J’adore en fait cette partie du monde, grosso-modo le sud-est du Massif Central (ou nord-est de la région Occitanie). Mais je dois reconnaître que ce parcours du ZUT, cet ultra tour du Causse Méjean tel que l’a dessiné zinzin et son équipe, est pour moi, la plus belle de toutes ces courses, et sans aucun doute un des plus beaux 100 miles que j’ai pu terminer
J’y ai vécu des moments difficiles et de gros doute, fus proche de l’abandon (notamment à La Malène vers le kms 98-100) comme rarement ces dernières années sur cette distance. Mais je ne me suis quasiment jamais ennuyé durant ces 31h de course et plus. Sur 100 miles, il y a quasiment toujours des sections un peu barbantes, de transition, mais sur ce ZUT, il n’y en avait pas vraiment selon moi. Lorsque j’étais dans le dur, j’avais juste à lever les yeux, regarder autour de moi, m’arrêter un instant et réaliser la chance que j’avais d’être là… (bon, cela fut moins vrai durant la nuit, je le concède
).
Je fis de très belles rencontres :
-Matthieu (alias mattfurious) que beaucoup d’entre vous ont forcément croisé en course ces dernières années, peut-être sans vous en rendre compte. Matthieu se fait discret sur Kikourou. Il est modeste, ne se la « ramène pas », même s’il a le don d’ubiquité sur les courses d’ultra
. Un vrai magicien en fait
. Sur les chemins, il est vraiment très sympa et loquace, on ne s’ennuie pas à ses cotés. J’ai fait deux sections avec lui : La première avant le deuxième ravito, au Meyrueis (km 34), puis beaucoup plus tard – la nuit suivante - quand je le rattrapai ainsi qu’Alban (un autre kikou) présent à ses cotés, à l’entrée de Ste-Énimie. Nous fîmes la section suivante ensemble entre Ste-Énimie et Chaldas (kms 117-128), lâchant Alban après quelques kilomètres : Désolé Alban pour ça, ce fut sympa de te croiser même si ce fut court et que j’ignorais que tu étais sur Kikourou. Bravo pour ta course, et au plaisir de te revoir une prochaine fois, pour faire plus ample connaissance
.
- Claude et Philippe: Claude, je ne le connaissais pas, mais apparemment certains sur Kikourou, si
C’est mon nouvel idole, une vraie inspiration, un sacré numéro, comme celui de son dossard sur ce ZUT (le 1). 20 ans de plus que moi, il termine 6ème, 15 minutes devant moi
. Il me rattrapa, accompagné de Philippe aka le Troubadour, qui poussait lui la chansonnette avec son ukelele. Certains d’entre vous l’ont sans doute croisé sur certaines courses comme la SwissPeaks 360. Je pense qu’il est difficile de le rater
. Notre rencontre s’est faite après la Maxanne (km 80 à la mi-course) où je n’étais vraiment pas bien dans ma tête, accablé par la chaleur et la terrible montée du Pas de l’Arc qui avait précédé. Je me demandais pourquoi je n’avais pas abandonné à la Maxanne, voire plus tôt au Rozier où j’avais initialement prévu de m’arrêter avant le départ, en voulant être raisonnable, sage… La route me semblait tellement longue jusqu’au ravito de La Malène. Je m’accrochai néanmoins à eux dans la descente assez technique de la Caxe/Roque Sourde (km 82-84), et puis sur le magnifique sentier en balcon au dessus du Tarn. Je ne fus pas très bavard sur cette section, mais je pense leur devoir beaucoup pour avoir imprimé une allure régulière pas trop rapide pour moi. Celui qui menait le train (Philippe ou Claude, jamais ce ne fut moi) prenait de temps en temps des nouvelles des deux autres coureurs derrière. À un moment, l’un deux demanda même : « Sébastien, t’es toujours là ? ». Et l’autre répondit : « Oui, il est toujours derrière »
. Autant dire que j’étais discret et silencieux sur cette section, un peu dans ma bulle
. En discutant un peu avec Claude, nous nous rendîmes compte que nous avions des connaissances en commun : Patrick alias Pat46 rencontré un mois plus tôt au Cape Wrath Ultra en Écosse
Une des choses que j’adore dans ce sport... Une toile de relations se tisse au fil des courses… Je le remarque encore plus en GB où le monde de l’ultra est quand même plus petit qu’en France, même si ça se développe.
Quant à Philippe, sur le chemin, il se mettait subitement à jouer de son instrument et fredonner des chansons rigolotes (et parfois obscures) de Joe Dassin ou Maxime Le Forestier entre autres
. Claude et moi applaudissions à la fin, ce qui peut paraître saugrenu puisque nous étions seul sur le sentier, loin de tout
. Ce n'était pas l'ambiance de folie
. Mais personnellement, cela brisait une certaine monotonie, et me permettait de sortir d’une certaine torpeur, fatigue qui s’installaient petit à petit sur cette section. Merci à lui.
Nos chemins se séparèrent au ravito de la Malène (km 98) : Claude ne s’y éternisa pas, et je ne le revis qu’à l’arrivée, avec beaucoup de joie. Mais à la Malène, je fus à deux doigts d’arrêter. Philippe, pas bien non plus, décida de se coucher 1h et de faire le point ensuite. Je cogitais pas mal de mon coté, m’allongeais aussi 5 minutes sur un lit picot suivant le conseil d’une gentille bénévole qui voyait bien mon manque de lucidité à ce moment-là. Quelques instants plus tard, alors que je n’y pensais absolument pas, elle me proposa un thé chaud, et ce fut vraiment un déclic. L’appétit revint ensuite, j’avais eu durant la journée de Samedi pas mal de problèmes à avaler du solide à cause de la chaleur… Là, je m’enfilais plusieurs morceaux de jambon cru. L’envie de continuer revint aussi et je repartis seul dans la nuit et cela fut ainsi entre la Malène et Ste-Énimie sur environ 20km. Je doublais seulement la première féminine, Odile, dans la descente après le col de Coperlac (km 107). Je pris de ses nouvelles car elle semblait avoir du mal à courir sur cette belle descente vers St-Chély-du-Tarn. Mais elle me semblait forte mentalement et capable d’avancer à son rythme. Elle termina en 34h, bravo à elle
… Philippe repartit de la Malène après moi, et termina en 35h31. Vraiment heureux pour lui
: Comme pour moi, ce n’était vraiment pas gagné d’avance lorsque je l’avais laissé à la Malène
- Je fis d’autres belles rencontres : Aurélien, un jeune Breton participant à son premier 100 mile en préparation de la Diagonale de Fous en Octobre. Il abandonna malheureusement à la Malène
…. Nous fîmes ensemble un bout de chemin sur le Causse jusqu’au premier ravito de l’Hom (km 22) ;
Et je n’oublie pas Frédéric, un Toulousain, qui me rattrapa près des Arcs de Saint-Pierre (km 57), alors que j’étais déjà vraiment dans le dur, scotché par la chaleur, et commençant à perdre de la lucidité (avec de petites erreurs de navigation à ce moment là). En fait, je ne me rappelle même pas des Arcs de Saint-Pierre, je suis passé dessous sans m’en rendre compte, c’est dire… Chose qui me surprit, Frédéric s’écria de joie en me voyant soudainement 50 mètres devant, heureux de rencontrer enfin un autre coureur sur le parcours
. Cela me fit aussi beaucoup de bien, évoluant seul depuis le Meyrueis. N’ayant pas laissé de sac de délestage au Rozier (trop long à expliquer ici, en gros, je suis très tête en l’air, distrait par moments
...), et voyant que je ne mangeais pas grand-chose, il me proposa gentiment une de ces compotes énergétiques avec du riz (je crois) d’une marque que je ne connaissais pas (endur’active). Un grand merci à lui : J’ai pu la manger progressivement en fin de course, j’ai trouvé ça vraiment pas mal…
(note aux modos, ceci n’est pas un placement de produit bien dissimulé même si ça y ressemble) . Je quittai Frédéric peu après le Rozier, il me poussa à partir seul… Mais il termina en compagnie de Philippe le troubadour et d’un troisième coureur, Pierre-Emmanuel, que je ne pense pas avoir côtoyé durant cette course (mais je peux me tromper). Vraiment top pour eux de vivre une arrivée en groupe sur une telle épreuve, j’ai déjà connu ça il n'y pas longtemps
...
En vrac, ce que j’ai particulièrement adoré outre toutes ces rencontres (et je vais sans doute oublier des choses).
- Le départ à 5h avec les fumigènes, et sur l’indémodable « It’s a long way to the top (if you wanna rock n’ roll) d’AC/DC
! Je pense que Florac n’avait jamais connu une telle ambiance à 5h du mat
- le premier passage en balcon sur un sentier magnifique au lever du soleil, autour de la coulée de Rochefort (kms 4-10). Il faisait alors super bon, le pied total de courir tranquille sur un tel sentier à 1000m d’altitude
- Le passage dans la grotte de l’Aven Armand au km 44: Quel site exceptionnel, ce fut vraiment original et bien venu vu la chaleur à l’extérieur, de nous faire passer par là.
- Le balcon des vertiges avant la descente sur le Rozier : Un sentier vraiment magnifique, offrant des vues exceptionnelles sur les gorges de la Jonte (un affluent du Tarn), et des formations rocheuses massives, des monolithes, typiques du coin, comme le vase de Chine et le vase de Sèvres. Ce dernier était alors grimpé par quelques intrépides
. J’ai vraiment kiffé ce passage en corniche, sans réel danger si on reste bien sur le sentier
- Les passages assez roulants, mais pas tout plats, en balcon, au dessus du Tarn. C’était souvent ombragé et agréable, un bon moment de répit à chaque fois…
- les rencontres à plusieurs reprises des mêmes bénévoles, zinzin reporter lui-même et de plusieurs membres de sa famille (son frère notamment), installés à différents postes au fil de la course. Quelque chose qui arrive aussi sur quelques ultras « roots » en GB, organisés par de petites orgas, et avec peu de participants. A la fin de la course, tout le monde semble vous connaître. Un bénévole à Meyrueis, me revit à la Malène et me donna ensuite rendez-vous à Montbrun. J’adore ça… Une raison en moins d’abandonner...
- Sur la première partie de course avant la Malène, durant mes coups de moins bien, j’appréhendais vraiment la section entre Castelbouc et Montbrun (entre les kms 124 et 137). Dans l’hypothèse où j’arriverais à Castelbouc, je me disais que les difficultés suivantes allaient m’achever net. Je me faisais vraiment un film. Selon Denis, c’était la section la plus difficile de ce ZUT, avec deux difficiles ascensions dont celle des Moines, et une descente assez technique entre les deux. Il avait raison. Mais mystère de l’ultra (et cela me surprend toujours malgré l'habitude et l'expérience), alors que je m’étais senti à la ramasse la veille à plusieurs reprises, je me sentis beaucoup mieux à Castelbouc, alors en compagnie de Matthieu. La première montée passa vite en papotant avec lui, c’était le lever du jour le Dimanche et il faisait bon. Mieux, je reconnus cette montée que j’avais déjà faite en 2017 lors de la première journée du Lozère Trail (j’ai vérifié…)
C’est assez bizarre d’ailleurs : Jusqu’à là, j’avais gardé que très peu de souvenirs de la section sur la rive gauche du Tarn, mais beaucoup plus de celle sur la rive droite (non traversée par le ZUT). Refaire cette section et la descente technique suivante (aussi au programme de la journée 1 du Lozère Trail en 2017) a réveillé des souvenirs et cette sensation de déjà-vu
. J’ai vraiment adoré… Mais je reconnais que la nouveauté pour moi fut cette sacrée montée des Moines. Oh là là : Que je fus heureux de la faire assez tôt le Dimanche matin, même si cela commençait à (re)chauffer. Je n’en ai pas autant bavé que la montée du Pas de l’Arc la veille, mais je songeais aux coureurs qui allaient faire cette montée en plein cagnard après plus de 30h de course. Énorme respect à tous ces coureurs… Ceci était dit, c’est une très belle montée, et malgré sa difficulté, j’ai pris du plaisir. Et comment ne pas s’émerveiller en se retournant pour contempler les gorges du Tarn en contrebas. Et ces fameux Moines, ces monolithes façonnés par dame Nature évoquant chez moi (surtout à ce moment de la course
) les moaï de l’île de Pâques
En haut, après avoir croisé deux braves ânes, ce fut le tour d’une super descente, en direction de Montbrun, roulante et rapide sur un joli sentier tel que je les aime, suffisamment raide mais pas trop. J’ai pu allonger la foulée et vraiment me faire plaisir… Incroyable à ce stade de la course. Donc pour résumer, je me faisais un monde de cette section, je l’ai finalement beaucoup, beaucoup aimé...
- La fin de la course fut un peu moins excitante par rapport à ce qui avait précédé. Une dernière section en balcon entre Montbrun et le dernier ravito à Quézac. La dernière montée fut assez laborieuse, et j’ai du beaucoup boire. Après chaque gorgée, j’avais l’impression que mes lèvres étaient sèches 15 secondes plus tard
. Ce fut aussi sans doute l’ascension la moins intéressante pour moi, sur une piste large montant au Tomple : Il faisait chaud, j’eus du mal à retrottiner arrivé en haut sur le Causse pour la toute dernière fois. Mais arrivé au niveau des antennes au Dévez, le parcours changea brutalement de direction pour se diriger enfin vers Florac, cap sud-est. Il y avait aussi une légère brise, bien agréable et je pus recourir et retrouver des sensations petit à petit. Le sentier, parfois peu visible, s’approcha parfois du bord pour nous laisser admirer quelques monolithes de plus. Je m’arrêtai pour admirer une dernière fois ces « steppes » du Causse Méjean où j’avais pris plaisir à courir, parfois avec difficulté, durant ces deux jours. J’eus même un pincement au cœur en arrivant au col de Pierre Plate (en fait, un poil en contrebas) et quittant ce magnifique coin
. La descente vers Florac fut celle qu’on avait monté la veille avec la frontale. Un petit single assez sympa qui croisait la route montant au col de Pierre Plate et sur le Causse. Je la fis assez rapidement en prenant plus de risques que nécessaire. Je voulais terminer en moins de 32h, j’étais large en fait… Je chutai même pour la première fois de la course, mais ce fut heureusement plus une glissade sans conséquences. Je trouvais que j’avais toujours de très bonnes jambes en déambulant dans les ruelles de Florac. Sur la dernière ligne droite, j’accélérais pour terminer en essayant d’aller vite et prendre mon pied. J’ai eu l’impression de « sprinter »mais Garmin me dit que j’ai fait seulement une pointe à 12,4km/h
Mais bon quand on a fait du 5km/h de moyenne sur 2 jours, on a tout d’un coup l’impression d’aller vite, c’est ce que je pense...
Il était 12h30 Dimanche à mon arrivée, et donc il y a avait un peu de monde dans le centre de Florac, qui m’acclama et me félicita. Beaucoup de mes arrivées sur ce genre de courses furent durant une nuit ou sont sinon vraiment « low key », sans aucune ambiance, dans l’anonymat le plus total. Cela ne me déplaît pas vraiment, je m’en fiche en fait. Mais il n’en demeure pas moins que celle-ci fut l’une de mes plus belles : Retrouvailles avec Claude, petite interview par le speaker, photos à l’arrivée prises par Zinzin lui même, papotages avec quelques bénévoles et avec des membres de l’équipe médicale. Le top…
J’espère vraiment que Denis aura envie et les moyens de faire une seconde édition. Les retours des coureurs semblent très positifs. Il y a eu beaucoup de challenges à organiser cette course. Le choix de la date est cornélien avec différentes contraintes à prendre en compte. Et équilibrer le budget avec apparemment très peu d’aides de certaines collectivités locales, est évidemment très compliqué.
Dimanche en fin d’après-midi, après quelques heures de repos, j’étais à la salle des fêtes car un repas à la bonne franquette était proposé aux coureurs (avec entre autres, une bonne paella et un délicieux riz au lait, frais, au chocolat/noix de coco, fabriqué par un coureur trailer local d’après ce que Denis m’a dit). Évidemment, vu le faible nombre de participants au 160k arrivant au compte goutte à Florac, j’étais le seul coureur à la salle des fêtes - un autre est arrivé un peu plus tard-. Rencontre avec la famille Clerc, j’ai pas mal discuté avec certains d’entre eux, et je me suis rendu compte des difficultés rencontrées à monter un tel évènement.
En tout cas, un énorme merci à eux, leurs amis et à tous les bénévoles qui ont organisé et rendu cette course possible, et nous ont fait découvrir ce magnifique territoire. Ce fut fantastique de mon point de vue et je ne pense pas que j’attendrai de nouveau 5 ans pour retourner sur le Causse Méjean ou dans les gorges du Tarn.
Merci à st ar pour m'avoir envoyé le lien des photos ci-dessous (page FB de zinzin reporter). Je ne suivais que la page du ZUT jusqu'à présent.
- Merci à zinzin pour cette belle photo (enfin moi, je la trouve belle:-)
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- Avec Claude à l'arrivée
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- Totalement zinzin : Alban et Matthieu et un troisième "larron", Pascal, à leur droite.
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