Il y a des ressources mentales particulières pour les sports individuels à confrontation directe, comme le tennis évoqué plus haut, ou les sports de combat.
Un seul adversaire, un temps limité pour les sports de combat, mais pour ces derniers il y a peu de possibilités de se rattraper en cas d'erreur, on peut être mis hors de combat sur ippon ou KO très rapidement, alors qu'au tennis on a vu des retournements de situation inattendus : Ivan Lendl contre John Mc Enroe en finale de Roland Garros en 1984, où l'Américain remporte facilement et rapidement les deux premières manches 6-3 / 6-2, avoir plusieurs balles de break dans le troisième set avant de finalement s'incliner en cinq manches (4-6 / 5-7 / 5-7) ; ou encore Alizée Cornet menée dans la seconde manche 6-7 / 5-4 et 40-0 (Open Indian Wells en 2014) mais qui emporte finalement le match 6-7 / 7-5 / 6-3.
Sans oublier Michael Chang, alors âgé de 17 ans, face à Ivan Lendl à Roland Garros en 1/8e de finale en 1989 : l'Américain, qui est légèrement mené au score (4-6 / 4-6 / 6-3 / 6-3 et 3-4 dans le dernier set) et perclus de crampes, place alors un improbable service cuillère, rendant fou le Tchèque qui ensuite regarde l'arbitre comme s'il espérait entendre que le service est non valable... Puis, sur la balle de match, Chang avance dans le court, Lendl est totalement déstabilisé, il implore encore l'arbitre et il commet deux doubles fautes. Dans ce type d'affrontement en face à face, les ressources mentales sont destinées à renforcer le sportif mais elles peuvent aussi servir à déstabiliser l'adversaire. Guy Forget racontait avoir été littéralement '' tué '' dans le vestiaire par un Américain avant un match de tournoi de Grand chelem (défaite en trois sets).
Sur les sports individuels mais avec plusieurs adversaires, comme l’athlétisme, les minutes précédant le départ, avec le passage dans la chambre d'appel, sont aussi l'occasion de se renforcer (ou de totalement perdre ses moyens) et de faire douter ses adversaires (pas de caméra, pas de micro et quasiment aucune fuite sur ce qui s'y est passé).
Au meeting Diamond League Areva 2013, je poursuis Usain Bolt dans mon objectif avant le départ du 200 mètres et j'ai quelques secondes pour réaliser cette photo où il est en train de se passer quelque chose...

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Certains sportifs ont des routines de préparation très codifiées et immuables, ou en cours de partie, comme Rafael Nadal à chaque changement de côté et avant de servir. Renaud Lavillenie ne veut pas avoir ce type de comportement (mais refuser cette routine en serait peut-être finalement une d'un genre différent ?), il n'a pas de tenue, de chaussures ou de chaussettes fétiches par exemple, alors qu'il y a eu de gros ratés liés à l'utilisation d'équipements auxquels le sportif était attaché : aux Jeux olympiques d'hiver en 2010 à Vancouver, en patinage artistique, le Japonais Oda Nobunari est victime de la rupture de l'un de ses lacets, placé sur ses chaussures depuis longtemps et manifestement pas vérifié avant. Au début de son programme libre le lacet de sa chaussure droite casse, il trébuche avant de chuter et il demande alors à changer de chaussures : c'est autorisé mais cela lui coûte trois points de pénalité, il effectue ensuite un programme très moyen par rapport à ses capacités pour terminer à la 7e place.
Sur des sports de longue durée, l'élite a quelques adversaires à surveiller, parfois le contact visuel est perdu (on est seul en tête, on est en 3e ou 4e position mais ceux devant sont hors de vue, etc), mais sur les très longues distances on peut avoir des informations venues de l'extérieur (vous êtes à telle place avec tant de temps d'écart sur le premier, etc). En plus de la fatigue périphérique (courbatures, douleurs musculo-squelettiques) il faut faire face à d'autres désagréments : problèmes pour s'alimenter ou s'hydrater, fatigue centrale liée à la durée d'effort, au manque de sommeil, etc.
Les participants loin de l'élite sont confrontés aux mêmes situations, avec parfois l'inquiétude d'être hors délai. Des conditions météorologiques très défavorables vont objectivement augmenter les difficultés : la fournaise ou au contraire le froid, la pluie ininterrompue qui transforme les chemins en cloaque géant, etc. En plus de cette difficulté objective va s'installer un obstacle mental : si on déteste la pluie et que l'on est pas à l'aise sur des chemins glissants on risque de devenir désespéré (le terme désespoir est peut-être fort, mais associé à la fatigue et au découragement cela peut y ressembler). Parfois le réconfort d'un lieu de ravitaillement, un changement de tenue pour un maillot sec, la bise à maman, peuvent avoir un effet positif sur un mental et un physique qui flanchaient. Je ne sais pas si le mental peut baisser alors que le physique est en bon état, en revanche l'inverse existe : quand physique au plus bas c'est là que le mental peut prendre le relais et aider à surmonter cette période, le pire étant que le physique et le mental dégringolent de concert.
On a l'habitude d'entraîner son physique mais plus rarement son mental, c'est vrai même pour l'élite, bien que désormais cet aspect soit pris en compte avant la survenue de problèmes : Teddy Riner par exemple est l'un des premiers sportifs a avoir été suivi par une psychologue du sport à l'Insep (Meriem Salmi) dès l'âge de 13 ans. Etre un champion sportif c'est être fort, avoir un mental de vainqueur, et avoir recours à un psychologue pouvait ressembler à un aveu de faiblesse (on voit un psy donc on est malade, etc).
A chacun d'évaluer ses points faibles et ses points forts et de tenter d'atténuer les premiers et de renforcer les seconds et de trouver des astuces parfois faciles à mettre en place pour durer sans endurer.