Voilà un bel échange,je l'ai un peu suivi, mais je n'ai pas la réactivité pour répondre au fur et à mesure, un peu lent le CAPCAP...
"Le sujet m'intéresse parce que j'aime la course à pied, j'aime partager mes passions, et je me demande sans cesse, comme une obsession, comment faire évoluer ma mentalité, notre mentalité à tous."Comme je te comprends, c'est pour ça que je suis dans une association philosophique. Échanger avec les autres, profiter de leurs points de vue aide à cheminer.
"En France, nous n'avons pas de pétrole, nous avons peut-être des idées, mais surtout nous avons une mentalité de plus en plus dégueulasse. Je ne pense pas qu'il soit possible d'être humainement viable et pourtant homophobe."Je ne suis pas sûr qu'on soit de plus en plus dégueulasses en France. Pour en revenir au sujet du fil, la dernière enquête que j'ai entendu en ce début d'année nouvelle (que je vous souhaite excellente
) donne une acceptation de l'homosexualité par les Français en nette hausse.
Notre société post-industrielle nous conduit certainement à de plus en plus d'individualisme. N'est-ce pas ce qui génère le rejet des migrants? Sans doute pas pour leurs personnes, leur personnalité, voire leur religion, mais plutôt pour le risque de voir bousculé encore plus notre petit confort individuel, non? Ce qui peut se comprendre dans un pays où 10% de la population est au chômage, où bien des gens ont du mal à joindre les 2 bouts. Cela peut se comprendre, mais cela n'excuse pas à mon sens.
"L'homophobie peut servir de thermomètre, entre autres, pour déterminer le degré de connerie d'un individu."Peut-être pour un temps. Mais, les mentalités évoluant, il faut savoir changer de thermomètre. Dans les années 30-40 c'était plutôt l'antisémitisme, aujourd'hui un anti-islam se développe fort, chaque rejet ne "détrônant" pas les autres...
Moi je fais un peu une people-phobie et j'ai fait il y a 15 ans une TV-phobie qui fait que je n'ai plus que France-Culture..."Je pense que dans bien des cas, cette intolérance recouvre la négation de la sincérité de l'autre. Ils pensent qu'aimer quelqu'un du même sexe, ou de 25 ans plus jeune (surtout quand c'est elle, la vieille) ou d'une autre couleur est "contre nature" - c'est l'expression hautement scientifique généralement utilisée"L'expression "contre-nature" n'est-elle pas généralement utilisée pour dire "contre ma culture" quand on ne sait pas justifier de ce que sa culture porte? Ou qu'on ne s'est même pas questionné sur ce qu'elle véhicule.
"Un homophobe fier ou content de l'être, c'est comme un gars violent qui a franchi le pas et bat sa femme."Je ne suis pas sûr. Le gars violent peut se sentir conforté dans son monde et dans son intimité. Si son père avait déjà des tendances violentes, ça l'ancre dans sa lignée.
A contrario, il semble que bien des homophobes le soient par rejet de leur part homosexuelle qu'ils cherchent à refouler à tout prix. Tel télé-évangéliste étasunien, tel politique russe, tel meneur de la manif pour tous, connus pour fréquenter les lieux gays... (pour ceux qui rejettent une homosexualité prégnante) Mais sans se sentir franchement homo, j'ai connu pas mal de gens qui ont eu une petite expérience homosensuelle ou homosexuelle dans leur vie, et qui préfèrent l'hétérosexualité, ceux-là se sentent alors bien dans leur orientation, en connaissance de cause, et ce sont souvent des gens très tolérants avec les autres orientations. Ils savent qui ils sont et n'ont pas peur des autres, d'une "contagion" fantasmée.
Mais je rappelle que l'homo (le bi, le trans) est toujours en décalage avec sa famille, contrairement au noir qui est noir comme ses parents, au juif qui est en général juif comme ses parents (sa mère), etc... Il peut donc générer une homophobie intériorisée qu'il applique y compris contre lui-même. C'est très douloureux.
Et il ne trouve en général pas le soutien des proches pour travailler contre ce rejet intériorisé de lui-même, car ses proches ne sont pas homos.
"Et pour quelles raisons étranges ; Les gens qui n'sont pas comme nous ; Ça nous dérange" Michel Berger, France Gall
"Une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites" Hannah Arendt