Je savais pas trop où vous partager cet article du Monde, si vous avez une meilleure idée je suis preneur:
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/01/08/comment-les-champions-aident-les-chercheurs-a-percer-les-secrets-de-l-adaptation_6487577_1650684.html Sciences
Activité physique et santé
Comment les champions aident les chercheurs à percer les secrets de l’adaptationChronique
Sandrine Cabut
« Dix mille pas et plus ». La Française Stéphanie Gicquel vient de battre (249,3 kilomètres) le record de France de distance en vingt-quatre heures, dans une région au climat désertique. Pour optimiser ses performances et faire progresser les connaissances, l’athlète se prête à un suivi minutieux et participe à des études scientifiques.Publié le 08 janvier 2025 à 06h00, modifié le 08 janvier 2025 à 06h28 Temps de Lecture 3 min.Article réservé aux abonnés
Plus vite, plus loin… sous toutes les latitudes. Méthodiquement, avec l’appui de scientifiques, la Française Stéphanie Gicquel continue d’explorer les limites des performances physiques et de l’adaptation à des conditions extrêmes – les siennes et, plus largement, celles du corps humain.
Le 15 décembre 2024, à Phoenix (Arizona), aux Etats-Unis, la spécialiste de l’ultrafond, 42 ans, a remporté le Desert Solstice Track Invitational, en courant 249,3 kilomètres en vingt-quatre heures non-stop, battant au passage le record de France de vingt-quatre heures sur piste. Autrement dit, cela correspond à une moyenne flirtant avec les 10,4 kilomètres-heure sur une distance de presque six marathons, ou quelque 623 tours d’une piste de 400 mètres.
Distance, monotonie, gestion du sommeil, de l’alimentation… Stéphanie Gicquel a eu, comme lors de ses précédents défis, à composer avec de multiples paramètres. « Le plus difficile a été l’amplitude thermique, passer du chaud au froid assez rapidement, sur une course très longue », témoigne l’ancienne avocate d’affaires.
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La course dans des conditions de fortes chaleurs, elle connaît bien. Depuis plusieurs années, avant des épreuves dans des pays chauds, elle s’acclimate grâce à un programme d’entraînement en chambre thermique à 35 °C-40 °C dans un laboratoire de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance, sous l’égide du chercheur Franck Brocherie.
Une science récente
Idem pour les grands froids, auxquels elle se prépare notamment dans une chambre de cryothérapie à – 20 °C. Elle a couru un marathon au pôle Nord, traversé l’Antarctique à ski pendant plus de deux mois, affrontant des températures de – 50 °C ; enchaîné sept marathons en sept jours, dont un en Antarctique.
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« A Phoenix, les températures n’étaient pas si extrêmes, 25 °C le jour et 4 °C la nuit, mais la chute a été soudaine, et cela ne fait pas le même effet que commencer une course à 4 °C. J’ai perdu beaucoup d’énergie, j’avais besoin d’une grande quantité de glucides, mais je ne pouvais pas m’alimenter comme je voulais », détaille la coureuse. « On peut adapter les muscles à des efforts longs. C’est plus compliqué pour le système digestif : il y a les nausées, les difficultés à absorber les aliments », poursuit-elle.
A chaque épreuve, elle apprend, en analysant toutes ses sensations, et, au long cours, elle se prête avec passion à un suivi scientifique et médical, voire à des travaux de recherche.
Comme à l’été 2022, où nous l’avions rencontrée pour un portrait, elle est convaincue d’être encore loin de ses limites. « La science de l’ultra-endurance est récente, tout est encore à inventer », estime la championne en faisant l’analogie avec l’histoire du marathon, épreuve introduite aux Jeux olympiques modernes d’Athènes, en 1896. « Les premiers marathoniens mangeaient du sucre de table pendant la course, ce qui paraît aberrant aujourd’hui. Et, quand ils arrivaient sur la ligne d’arrivée, ils étaient très fatigués. Actuellement, il y a des plans d’entraînement très standardisés. Et, sauf conditions vraiment particulières, on peut prédire le temps pratiquement à quelques secondes près », résume-t-elle.
C’est loin d’être le cas en ultra-endurance. « Plus la distance s’allonge, plus on fait face à des aléas, ce qui explique les grandes différences de performances d’une épreuve à l’autre. Après quatorze heures de course, il faut beaucoup d’agilité pour trouver des solutions rapides aux obstacles qui se présentent. C’est cela qui fait la différence », assure Stéphanie Gicquel.
Accompagnement mental
Avec une vingtaine d’autres sportifs de haut niveau de différentes disciplines, elle participe à un projet de recherche, avec le nutritionniste Didier Chos, « qui consiste à analyser l’impact de nos modes de vie et de notre nutrition sur l’expression ou la répression de certains polymorphismes génétiques ». Cela permettra, poursuit-elle, « de savoir par exemple, pour un sportif donné, quelle est sa sensibilité à l’inflammation, son métabolisme des lipides et des sucres, sa sensibilité au stress, aux problèmes de sommeil, aux fractures ».
Sa récente participation au documentaire Open Brain. Dans le cerveau des athlètes, des réalisateurs Yannick Adam de Villiers et François Maquestiaux, l’a faite s’interroger sur la question de l’accompagnement mental. Jusqu’ici, elle gérait seule cet aspect, mais cela lui a donné envie de se rapprocher de neuroscientifiques. Elle mesure aussi l’importance du sommeil : « C’est difficile de s’habituer aux carences de sommeil, pourtant on sait bien que la fatigue est un frein à l’utilisation optimale du cerveau. »
Au-delà de ses propres performances, Stéphanie Gicquel est persuadée que les champions sont indispensables aux chercheurs pour percer les secrets des capacités d’adaptation humaines, notamment aux conditions extrêmes comme la chaleur. Des connaissances qui pourront servir à tous.
Après sa course de vingt-quatre heures dans l’Arizona, l’athlète n’a pas couru pendant dix jours, presque un record d’« abstinence ». Ses projets du moment : poursuivre l’écriture de son quatrième livre et s’investir dans les questions de charge mentale au sein de la commission des athlètes de haut niveau, en vue des prochains Jeux olympiques. D’autres formes d’ultra-endurance.
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Chaque semaine, Sandrine Cabut et Pascale Santi, journalistes au « Monde », nous font part des récentes recherches ou initiatives autour des bienfaits de l’activité physique sur la santé, véritable médicament.Sandrine Cabut
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