Récit de la course : Etna Sky Marathon 2009, par clo.trail.girl

L'auteur : clo.trail.girl

La course : Etna Sky Marathon

Date : 1/11/2009

Lieu : Piano Vetore (Italie)

Affichage : 3917 vues

Distance : 42km

Matos : ASICS Trabucco
collant SKIN

Objectif : Terminer

1 commentaire

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Pas d'autre récit pour cette course.

Mon premier marathon : l'ETNA Sky Marathon

1er novembre 2009 : fusion de passions et réalisation d'un rêve

L'idée de cette expérience est née en juillet 2008, lors d'un treck sur les volcans des îles éoliennes en Sicile. Le volacanisme, une passion ancrée en moi depuis l'âge de 6 ans quand j'ai rencontré ma première idole Haroun Tazieff. Je sais, un peu étrange comme poster au-dessus de son lit à l'adolescence...mais la fascination pour ces montagnes de feu est là. Je voulais en faire mon métier, hélàs mes piètres résultats dans les matières scientifiques m'ont amené vers une autre orientation scolaire ! En redescendant du Stromboli, les yeux encore explosés d'image et de poussière, on décide d'inviter notre guide à boire une p'tite birra del sol en terrasse. Quelques échanges plus tard, il m'explique qu'il est l'organisateur du marathon de l'ETNA et du Volcano trail. Et là paf ! C'est l'alliance d'un truc magique dans ma tête : courir sur mon volcan préféré ??? Le top ! Oup's je sais pas courir...pas grave, voilà un objectif digne à vivre. Un marathon, donc 42,195 kms avec 1000 m de dénivelé positif et 1300 de négatif ??? A ce moment là, ça ne me parle pas vraiment...

La course à pied n'était pas mon truc auparavant, depuis plusieurs années je suis une rameuse d'aviron, et le footing était une base d'entraînement, ou un moyen efficace de me défouler après une grosse fiesta afin d'éliminer plus vite... Et puis une rencontre avec une coureuse de marathon depuis plus de 10 ans se transforme en une belle amitié, et me voilà embarquée dans l'aventure des trails de mon département cet été en vue de me préparer pour mon volcan...J' apprends peu à peu ce que le mot "trail" signifie, et l'esprit de cet univers me plaît vraiment. Amour de la nature et simplicité, ambiance moins "snob" que l'aviron !!! Je panique avant chaque course, je me pose mille questions débiles, je doute, redoute les autres, la météo, mes baskets...A chaque fois, je me dis que je ne vais pas y arriver, je râle telle Josiane Balasko dans les bronzés "elle est trop dure la côte !"

Je passe sur le plan d'entraînement costaud pour un trail de 35 à 65 kms que je me suis mangée, sans indigestion, ni séquelles, accroissant encore plus ma pugnacité et mon obstination (si si mon homme confirme, caractère bien développé !). Le week end, c'est entraînement d'aviron, et dodo l'après-midi...Une vie bien rangée, criticable par les copines et la famille certes, mais nécessaire. pour moi, pour un premier marathon, j'ai besoin de me rassurer à travers une prépa où j'aurai fait de mon mieux. C'est ma philosophie de vie pour éviter remords et regrets. Dans cette aventure, mon ironman de Chéri est là, soutien et accompagnement dans certains entraînements (la vision de ces jolies fesses pour le fractionné en côtes, ça aide +++), et il me propose de faire le marathon à mes côtés. Oh oui avec plaisir !!! Au départ c'était l'alliance du volcanisme et du trail, en rajoutant le versant voyage en amoureux, c'est carrément le paradis !

Donc, je nous réserve le voyage avec VO2max qui propose la course et quelques jours d'excursions en Sicile après. On choisit cette option, comme ça, si la course est une cata, j'aurai au moins des souvenirs de Syracuse  et de paysages magnifiques !!! On décolle de Genève vendredi midi pour arriver à Catane via Rome en fin d'après-midi. Première nuit réparatrice dans un hôtel splendide dans la vieille ville, l'occasion de découvrir une architecture à couper le souffle. On s'installe et là c'est le drame : explosion du bidon de boisson d'attente dans le sac de mon homme, la poudre est super volatile, il y en a de partout, même à l'intérieur de l'appareil photo, complètement inutilisable...Vive la lessive des fringues au mir express ! Après le transfert à l'hôtel situé au pied de l'ETNA versant sud, la journée de samedi a été dédié au repos et à la zen attitude : dodo et massage et ......

19h : briefing du marathon. Je revois avec plaisir Marco, mon guide du Stromboli à la genèse de ce projet. Il semble ravi et un brin étonné de me retrouver là. Les explications sont claires et en trois langues per favoré, car la course est limité à 100 mais avec 10 nationalités différentes...Melting pot sympa, on repart tous avec notre p'tit sac et l'envie de faire honneur à la beauté du site.

Il fait terriblement froid ce soir, températures négatives, brouillard, neige sur l'ETNA et paysage lunaire. Cette ambiance me transporte dans un monde mystique, je suis complètement déconnectée de la réalité, en phase avec les énergies du lieu. 

Repas à l'Hôtel et discussion avec les quelques coureurs installés proches de nous, échanges sympas et fascinants : William a fait 20 fois les 100 kms de je sais plus où, le marathon de l'Everest...Guillaume fait des marathons comme moi je fais la cuisine : tout le temps !!! Très intéressant mais pas rassurant du tout, je me sens vraiment toute petite dans mes baskets, nulle, ça y est je ne sais plus courir c'est certain !!! Mon homme me rassure, en même temps lui il connaît l'épreuve...Bref, comme je doute, j'avoue je frise la mauvaise foi et deviens un peu pénible...Je chasse vite ces ressentis, j'ai fait de mon mieux pendant tous ces mois, alors maintenant je profite et je me laisse porter par la vague ! On effectue les derniers préparatifs, questionnement intensif sur la tenue, l'alimentation (pas de ravito, juste 2 points d'eau sur la course)...22h45 vieux doute sur la potabilité de l'eau pour le camel bag, j'opte pour l'achat d'eau minérale à l'hôtel, même pas chère...

Bizarremment, je dors super bien, mon homme aussi, digestion nickel et aucune angoisse au réveil...P'tit déj un peu particulier et pas très drôle parce qu'il ya avait des tonnes de trucs sympas au buffet : gâteau au chocolat, croissants aux amandes...mais pas très digeste tout ça, d'autant que le service démarrait à 6h pour un départ à 8h...Impossiple de respecter les 3h fatidiques de digestion du coureur !!! Mon chéri ne stresse pas et déguste tranquillement ses croissants avec un double ristretto, et moi manque de bol, je plante la machine à café, impossible d'avoir mon café ! Malheur, tragédie, comment je me réveille ? Finalement un serveur pas vraiment encore sorti des bras de Morphée, me sauve avec un faux café italien, le fameux "américano" pas top. Pas grave, ça fait du bien aux neurones. Ensuite, on a une heure tranquille avant le départ en bus où on se pose dans la chambre avec p'tite séance de relaxation.

7h30 : départ pour la course, on est tous dans le bus, contents de découvrir que le froid est là mais le soleil aussi ! Le coupe vent est obligatoire mais il restera dans le sac. Au départ, on est 100 mais vu l'étendue du lieu, j'ai l'impression qu'on est beaucoup moins. Les organisatuers propose un faux départ pour la télé sicilienne, très drôle le truc parce que beaucoup n'avaient pas compris, alors certains sont partis comme des bombes et d'autres traficotaient leurs lacets (euh ça c'est moi...)

8h15 : départ officiel (pas à l'heure mais on est en Sicile alors c'est normal !), je suis bien, contente, on a pu s'échauffer un peu et mes jambes semblent m'obéir. Le premier passage est technique, single trace dans la roche volcanique, perso ça ne me pose pas de soucis (je m'étais éclatée l'hiver dernier en descente sur les volcans indonésiens) mais un mec devant moi bloque un peu, je freine fort et je me tords la cheville entre deux scories ! Je ressens des fourmis violentes, pas grave c'est pas le moment de trop s'écouter alors on fonce !!! Mon chéri trace, je suis, on est bien même si l'air est pas facile à trouver (contente d'avoir fait un entraînement un jour de grand froid deux semaines en arrière), après 45 mn environ, on se retrouve à un carrefour avec quelques italiens, hésitations sur le chemin...babord ou tribord ??? Personne derrière et personne devant, un coureur italien nous explique qu'il a fait la course l'année dernière, selon lui il faut monter, alors on suit super confiants et à fond. FATAL ERROR !!! La jeep de l'organisation vient nous remettre sur le droit chemin, mais on a perdu du temps, et de l'énergie ! Encore une fois, je râle...On emboîte le pas, et on se dit que c'est pas grave, on est pas sur un 1000 mètres... 

On alterne passage dans les sous-bois, des forêts de hêtres et bouleaux où les couleus chatoyantes font tourner la tête...et pouf nous voilà en plein versant volcanique, noir de chez noir avec un soleil radieux en toile de fond. C'est tout simplement sublime, je m'hydrate régulièrement, et après 1h de course petit miam miam toutes les 30 mn. Le profil est pas évident, alternance de 2 montées et de 2 descentes très longues...Je suis à fond concentrée, je pense à tous les conseils que j'ai pu avoir, je réfléchis à ma foulée, ma respiration, j'oublie ma cheville, je veille à mes sensations et je me sens en totale sécurité à côté de mon homme. On s'éclate dans les descentes, où on double pas mal de coureurs, dans ces passages, j'ai 6 ans et j'ai le sentiment de voler, d'habitude sur mes parcours d'entraînements j'hurle des "waouhhh" mais là je me retiens...la french touch sûrement.

Jusqu'au 30 kms, je ne vois rien que le plaisir de fouler les sentiers, et les roches de mon volcan, signature rapide au point de contrôle, et on repart ! Euh, un peu moins à fond...c'est quoi ces espèces de douleurs sur les côtés des jambes et en haut des fessiers ??? Je les connais pas ! Pourtant j'en ai mangé des côtes mêmes longues, mais pas des côtes de 15 kms...certes ! Alors, plus ça va, plus les passages plats semblent monter et plus les descentes semblent être plates...Marco passe en Jeep "allez ça monte encore un peu mais c'est bientôt fini !" Alors on s'accroche et on se dit que l'important c'est de finir.

Enfin un panneau indiquant 40 kms ! Plus que 2 et des poussières, YES ! On pense au vieux adage super nul "tu n'a jamais été aussi proche de ton but" et aux personnes qu'on aime, comme pour faire manger les p'tiots "allez encore une p'tite côte pour Papa !". Oh my god, jamais 2 kms n'ont été aussi longs, je crie à mon homme " mais elle est où cette p.....de ligne d'arrivée !!!" On est sur un chemin volcanique qui me semble interminable et encore rien en vue, pas de bruit de fanfare où d'âme humaine...c'est pas encore là, allez une p'tite accélaration pour Papa...J'ai mal aux jambes, mais je tiens !

On entre dans un sous-bois avec une p'tite descente, j'en profite pour dérouler tranquille, et soudain sous mon bandeau en polaire rose (ben oui, la pouf french touch'), il me semble entendre des voix, donc soit je deviens encore un plus tarée soit c'est l'arrivée ! La seconde suggestion était la bonne, à l'issue de cette descente je distingue un truc gonflable noire et plein de gens tout autour qui applaudissent joyeusement, je fonce à la hauteur de ce qu'il me reste comme force, donc pas grand chose ! Enfin, je franchis mon premier marathon, mon chéri est juste là derrière moi, on s'enlace et je pleure comme une gamine.

30 ième au scratch et 4ième féminine...Jamais j'aurai pu imaginer un truc pareil ! Du beau monde, j'ai eu l'honneur de courir avec l'italienne championne du monde de sky running et une championne britannique de VTT. Emotions intenses sur mon volcan, histoire inoubliable, en plus partagée avec mon chéri...Comment ne pas avoir envie de remettre ça ???

 

 

 

 

 

1 commentaire

Commentaire de Rag' posté le 11-11-2009 à 20:29:00

T'en as d'la chance. Courir sur un volcan, c'est de la bombe! (jeu de mots pourri, pardon)
Une course que je découvre à travers ton récit.
Merci et bravo pour ta performance.

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