Récit de la course : Saintélyon 2006, par Fabicheri

L'auteur : Fabicheri

La course : Saintélyon

Date : 3/12/2006

Lieu : Saint Etienne (Loire)

Affichage : 4843 vues

Distance : 68km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Compte Rendu - Saintélyon 2006

Aller tiens, je vais faire un vrai CR-qui-déchire, histoire de rendre la pareille à tous les gens qui avaient écrit des CR pour la saintélyon, que j'ai pu lire et qui m'ont aidé à me préparer pour la course.

Mon expérience : 27 ans, 3,5 ans de cap, 1 marathon en 4h il y a un an et demi et 10km en 45', donc niveau très modeste.

Ma prépa: 2 mois à 3 à 4 séances par semaine, dont une longue de 2h à 2h45 et quelques séances piscine. 2 séances en nature seulement avec du dénivelé.

Mon objectif : finir, aucun objectif de temps.

La Saintélyon, ça faisait un bout de temps que je voulais la faire, comme ça, pour le défi, pour voir si j'en étais capable. J'avais pas pu la faire l'année dernière à cause d'un problème au genou. Donc cette année, j'étais super motivé. Et puis étant originaire de là-bas (à côté de Sainte Catherine) c'est un peu un retour aux sources.

On me dépose vers 22h30 au Parc des Expositions à Saint Etienne. Déjà, je suis frappé par le nombre de gens, ça grouille de partout. Des habitués ont tout prévu et dorment sur des metelas. Je prends mon dossard et je mets mon sac dans un des bus qui attendent dehors. A l'intérieur, c'est le paradis des sacs, il y en partout.

Je croise Philippe Remond - le futur vainqueur de l'épreuve -, qui sort d'une camionette. Il m'a paru un peu stressé.

Pour la saison automne-hiver, j'ai opté pour un tshirt manches longues, un collant fin, un camelback avec 1L d'isostar, un chrono, des gants fins, un bonnet, une frontale tikka+, mes vielles mizuno wave rider, un lecteur MP3 avec de la zik qui booste pour les moments difficiles, un coupe-vent windstopper et un pull en cachemire Hugo Boss. A vous de trouver l'intrus. Et bien sûr toute une série de trucs qui me serviront absolument pas, mais qui rassurent : des pansements, des kleenex, des piles de rechanges, des lentilles de rechange (pour les yeux, pas pour bouffer).
Pour bouffer justement j'ai pris 3 barres de céréales ainsi que 5 gels overstim.

Vu le temps clément j'ai hésité à tomber la chemise, heu, le coupe-vent, mais finalement j'ai bien fait de le prendre: on a vite fait d'avoir froid aux ravitos, ou quand il pleut sur les sommets, comme après Moreau.

23h45 le départ des relais, la salle se vide. Minuit, c'est à nous, je suis très zen, content de pouvoir prendre le départ, cette année.
10,9,8,7...3,2,1, c'est parti... tout doucement ! On entend les grandes gueules qui braillent avec de grosses blagues. On va pas les entendre très longtemps. On sort de sainté en passant par une zone industrielle qui manque un peu de glamour. C'est plat, moche et monotone. Au bout de 30 minutes je vois un type qui dégobille tout le contenu de son estomac. Je me dis que celui-là est pas au bout de ses souffrances.

Après Sorbiers, on quitte là ville et on débute la montée infernale vers les sommets. Vu mon niveau et mon inexpérience de la distance et du dénivelé, je fais pas le malin, je suis les gens et je marche quand la pente est trop raide. D'ailleurs je me sens pas super en forme, j'ai un léger point de côté qui va pas me lâcher presque toute la course, ce qui m'arrive rarement et qui est signe que je suis pas au top de ma forme.

Ca monte, ça monte, ça en finit pas de monter. Enfin, je vois le serpent de lumière qui illumine les collines et dont j'avais tant entendu parler dans les commentaires.

J'ai pas l'habitude de la frontale. Je remarque simplement qu'on voit pas grand chose avec (j'ai juste une 4 leds). C'est gris, on voit à 2m . On voit bien les cailloux mais finalement assez peu le relief. Ce qui me vaudra de me tordre à peu près 20 fois la même cheville alors que l'autre, jamais. Bizarre, ça.

J'essaie de boire beaucoup aux ravitos, qui sont bondés, pire qu'une boutique de fringues le premier jour des soldes. Je demande s'ils ont des pulls en cachemire à -40% mais non ils ont que de l'eau et des pattes de fruits: c'est mal organisé ces ravitos, quand on passe pas dans les premiers on trouve plus rien pour s'habiller !

Après Moreaux, au sommet, la boue se fait plus présente et il pleut ou neigeotte même, accompagnée par un bon petit brouillard des familles, qui rend l'atmosphère assez particulière. C'est là qu'on se dit qu'il vaut mieux ne pas perdre de vue le type de devant si on veut pas goûter aux joies de la forêt en solitaire, en s'y perdant (quand te reverrai-je, pays merveilleux...). Là je suis content d'avoir mon coupe-vent.

La descente vers Saint Catherine est assez casse-gueule, entre la boue, la pente, les cailloux, les passages étroits, les racines, le sable, et je manque de goûter les cailloux quelques fois.

Après Sainte Catherine, ça monte-sa-mère, comme on dit chez les jeunes, avec une petite côte bien casse-pattes, dans laquelle personne autour de moi n'essaie de faire le malin vu que tout le monde marche.

Au 35e km la nature me rappelle que j'ai aussi des genoux vu que je commence à les sentir. Je commence à en avoir marre des chemins pète-cheville et j'ai hâte de retrouver la route.

S'ensuit de longues sections de bitume qui me font du bien, j'accélère facilement et double pas mal de participants et même quelques relais. Je me sens alors particulièrement bien. Est-ce un effet des gels que je prends à chaque ravitos ? Suis-je dopé à l'insu de mon plein gré ? On retrouve des chemins en pente jusqu'à Soucieux, mais moins casse-gueule qu'au départ.

Km 46, je me rends compte que j'ai jamais couru une telle distance, il reste 22 bornes, j'ai un bon moral, je me dis que ça va aller. Au ravito, on a l'air de zombies qui cherchent de l'eau, de l'eau, de l'eau ... ! Je commence à avoir un peu mal aux jambes et je sens que des ampoules commencent vers les talons.

Je repars et je constate que ma frontale éclaire super mal. Je me dis que, bordel, c'est vraiment de la daube ces frontales petzl, ça tient pas le choc etc... Je vois quasiment plus rien et pendant 1 km je suis un coureur qui a pas de problème de pile. Je me dis que j'ai des piles de rechange mais il faut s'arrêter dans le noir, tout ça, bref je continue.
Et là, après 1 km comme ça, au milieu de nulpart, LA révélation, LE coup de génie : et si au dernier ravito, après avoir enlevé mon bonnet, j'avais foutu ma frontale à l'envers ? Je regarde : bingo ! Je l'avais remise à l'envers et en fait elle était en train d'éclairer le ciel, au cas où la lune ait un coup de pompe. Je la remets à l'endroit, on voit tout de suite mieux. Avec ça je pense que je peux prétendre au prix nobel de physique.

Dans les rangs, on entend plus personne la ramener, c'est le silence total. On voit les lumières de Lyon au loin. Je mets mon MP3 avec de la zik qui booste et ça m'aide vraiment ... jusqu'a ce qu'il se mette à déconner grave.

On prend une descente abrupte dans le noir et on arrive dans un des endroits les plus improbables et les plus jolis, selon moi, du parcours : un petit pont en contrebas de la descente, qui enjambe une petite rivière. Tout le monde s'éclate à la queue-leu-leu pour passer sur le pont avant d'entamer une des côtes les plus violentes du parcours : un sentier qui monte, qui monte au moins jusqu'au ciel et où j'ai du mal à ne pas reculer (alors parler de courir ...).

Je commence à bien en chier, on est à environ 15km de la fin. Les gens autour de moi marchent de plus en plus. Je me repose dans les côtes en marchant. On rentre dans quelques villages ou zones résidentielles endormies, avec quelques spectateurs courageux qui nous encouragent.

J'attends le ravito de Beaunant, le dernier, avec impatience. J'ai super soif et plus une goutte dans mon camelback. Arrive le ravito ainsi que le jour qui pointe son nez. Les gueules autour de moi ne sont pas au mieux, la mienne ne doit pas êrte mieux non plus. Je prends environ 8-9 minutes juste pour me remettre d'aplomb et bien boire, et tant pis pour le temps. Je me rends compte qu'en fait, ce n'est pas une bonne idée : on se refroidit et les douleurs resortent.

Reste 11km, j'ai vraiment du mal d'autant que, suplice ultime, on attaque la fameuse côte de Sainte Foy, la préférée des masochistes qui la monte en cuir clouté, longue de 1km. En haut de la côte, montée en marchant, je me retourne : je vois un champ de zombies qui claudiquent, des pantins qui s'accrochent comme moi, comme ils peuvent.

Un type me parle, et je comprends pas tout de suite ce qu'il me dit. J'hésite à lui mettre un coup de boule dans le plexus car je me dis que peut être il vient de traiter ma mère en italien. Et là mon cerveau qui marche au ralenti m'informe qu'il vient de décoder ce qu'a dit le type et que c'était : "attention ta frontale est toujours allumée". Donc merci posthume à ce participant.

Ensuite, tous les km sont indiqués. J'arrive à retrouver de la "vitesse" dans la looooongue descente vers Lyon. Bizarrement voir Lyon ne me fait rien : je veux juste que ça se termine et je compte les km. On passe à côté de la route, quelques voitures nous applaudissent et on entame les quais. Les 5 derniers km sont un enfer, je me fixe un objectif : pour chaque km je marche 200m puis je cours 800m. Les km me paraissent bien longs et, comme l'a fait remarqué quelqu'un sur kikourou.net, je pense qu'ils sont faux (il le démontre très bien).

Bizarrerie de la vie, au dernier km, je rencontre un type qui fait son footing en sens inverse, sur les quais. Il s'agit d'un pote de l'époque du lycée que j'ai pas vu depuis des années. Je lui fais signe et il m'accompagne pour ce dernier km. J'arrive à accélérer tout en lui parlant. Plus que 100m, j'accélère encore pour dire "même pas mal!". Des spectateurs applaudissent, je sens plus rien, je rentre dans le palais des sports, je vois au bout de la ligne mes parents venus m'attendre ici. Je passe en 9h08 apparemment (et non en 9h03, comme je le pensais, bouuuh!).

Je l'ai fait et même si mon temps est pas terrible j'ai réussi mon objectif : finir. Maintenant je vais surtout m'évertuer à améliorer ma vitesse et faire du court. Car je remarque qu'il y a pas de secret, même si le dénivelé rajoute une difficulté et change l'épreuve, je remarque qu'on retrouve à pu près la même distribution des temps en fonction du niveau sur 10km ou marathon.

Concernant mon ressenti de la course : je l'ai trouvée plus dure qu'un marathon, les 11 derniers km sont un pur calvaire.
Je suis content de l'avoir terminée, c'était un challenge. Cependant, c'est vrai qu'on y voit pas grand chose, juste à 2m devant soit et les 2-3 types devant. J'ai un peu vécu ça comme un long tunnel dans le noir !
Je ne pense pas la refaire dans l'immédiat, en tous cas pas avant d'avoir un bien meilleur niveau sur des distances plus courtes.

Mes conseils (qui n'engagent que moi!) :

- partir léger : le camelback m'a plus encombré qu'autre chose. Notamment j'ai fait l'erreur d'y mettre mes gels et mes barres. Et j'ai bêtement suivi les recommandations : mettre le dossard SUR le camelback. Du coup impossible de parvenir à prendre mes gels 'à la volée'. J'ai du enlever dossard et camelback pour les récupérer, remettre le dossard, etc... Bref du temps de perdu pour rien.

De plus il me semble difficile de tout enlever pour ensuite aller remplir son camel aux ravitos, c'est déjà bien assez la cohue. Je conseille de prendre plutôt une ceinture avec 2 gourdes de 25cl, par exemple, qu'on peut remplir facilement à chaque ravito. Et de bien boire plusieurs verres à chaque ravitos, qui ont lieu tous les 8-10km. Je pense que c'est mieux qu'un camel.

- ne pas s'encombrer de barres comme je l'ai fait, il y a largement de quoi manger aux ravitos. Mettre ses gels (5 pour moi) dans ses poches.

- malgré la tentation, ne pas trop s'éterniser aux ravitos : on se refroidit vite et les douleurs apparaissent d'autant plus vite et c'est donc d'autant plus dur de repartir.

- prendre une bonne frontale, puissante, voire une mini-lampe de poche en plus. Une tikka+ n'a pas été suffisante, pour moi, même si c'est apparemment la plus répandue parmi les participants. Je me suis tordu la cheville gauche une vingtaine de fois.

- faire de l'entraînement en dénivelé. Comme j'avais pas d'objectif de temps j'ai un peu passé dessus. Mais au final je pense que j'aurais moins souffert sur la fin avec davantage d'entraînement dans les pattes.

Bravo à tous les participants, solos ou relais!

6 commentaires

Commentaire de vboys74 posté le 04-12-2006 à 20:57:00

Salut!
Cr très sympa, rigolo à lire. Si tu es fier de toi c'est l'essentiel!
Dure dure les quais...hein!
Seb

Commentaire de le_kéké posté le 04-12-2006 à 21:37:00

Très sympa ton CR.
Cela ressemble beaucoup à ce que j'ai éprouvé pendant la course.
On a du se croiser plusieurs fois, j'ai mis 9h07.

A+ Philippe

Commentaire de akunamatata posté le 04-12-2006 à 22:09:00

les derniers km sur les quais, le temps et les distance se dilatent... faut le vivre pour comprendre que la theorie de la relativité de l'espace temps d'Einstein existe belle et bien chaque 1er dimanche de decembre du coté de Lyon.

Commentaire de béné38 posté le 04-12-2006 à 22:19:00

Merci pour ce récit, c'est vrai que la lecture de l'expérience des autres, ça aide à se préparer.
Bonne récup.
Béné38

Commentaire de l'ourson posté le 04-12-2006 à 23:33:00

Bravo pour ton CR ! Ton jeune âge va te permettre de progresser sur 10km et marathon et la SaintéLyon de bronze te tend les bras :-))
L'Ourson_à_mon_âge_ce_sera_plus_dur_;-))

Commentaire de Mustang posté le 08-12-2006 à 22:09:00

récit bien sympa et plein d'humour, tu as raison, il faut pas se prendre la tête!! bonne continuation !! bravo

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