Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2024, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 16/3/2024

Lieu : Saint-Quentin-en-Yvelines (Yvelines)

Affichage : 369 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Le premier jour du reste de ma vie

Le premier jour du reste de ma vie. Moins de deux semaines après avoir battu mon record sur marathon, je remets un dossard pour affronter pour la 8eme fois (déjà !) l'ecotrail 80 (qui fera 82 km aujourd'hui). Avec comme seul objectif, me faire plaisir, même si je ne sais pas exactement où chercher ce plaisir aujourd'hui. Dans la sensation grisante de courir vite, ou dans celle réconfortante de ne pas se préoccuper du chronomètre ? On verra bien !


En tout cas, ce n'est pas dans les transports que je le trouve ! Si un bus me dépose presque une heure avant le départ à Saint Quentin en Yvelines, il faudra plusieurs rotations des navettes pour venir à bout de la longue file de coureurs qui patiente gentiment devant moi. Résultat, je n'arrive sur la base de loisirs que 5 minutes avant le premier départ. Le temps de jeter mon sac dans le camion consigne, et je me retrouve dans les derniers des plus de 2200 coureurs alignés sur le 80 km. Je dois de nouveau poireauter 20 bonnes minutes avant de pénétrer dans le sas et de partir dans les derniers. L'opération Remontada est en route !


Le plaisir, je le trouve donc d'abord dans le sentiment de courir vite. Je remonte les coureurs les plus lents de ma vague de départ, et rattrape dès le deuxième kilomètre les derniers coureurs de la vague précédente, partis 5 minutes avant moi. Ce sera mon petit jeu de début de course : essayer de deviner à leur allure dans quelle vague sont partis les coureurs que je rattrape. En tout cas, les larges chemins de la base de loisirs de Saint Quentin en Yvelines se prêtent parfaitement à ce jeu, et je n'ai à aucun moment le sentiment de bouchonner derrière des concurrents.


Ça devrait arriver. A force de remonter le peloton, je tombe sur des copains partis avant moi. On discute un peu, faisons un selfie, et je continue ma progression. Deux kilomètres plus loin, je ressors mon téléphone pour photographier le magnifique vélodrome de Saint Quentin, dans lequel nous courons cette année. Quelle belle édition que celle de cette année olympique !


Je retrouve quelques kilomètres plus loin Loïc, rencontré sur la No Finish Line, et nous échangons avec plaisir. Nous arrivons ainsi à Buc, premier ravitaillement, et j'ai déjà ma réponse : le plaisir, je le trouve partout, dans les sensations, dans les rencontres, et dans le parcours.


"On entre dans le vif du sujet", me dit un primo participant. "Oui, je lui réponds, d'autant qu'il ne faut pas considérer le point d'eau de Meudon comme un ravitaillement, on est parti pour 35 bons kilomètres ".


Et quels kilomètres ! Certains passages sont vraiment à la limite du praticable. J'avance, droit dans la boue, qui ne manquera pas de s'insinuer dans mes chaussures et d'y introduire de tout petits cailloux qui, dans quelques dizaines de kilomètres, vont provoquer de toutes grosses ampoules. Nous alternons montées et descentes, dans les bois. Je sens que je n'ai pas une forme olympique, mais j'avance plutôt bien, et j'arrive assez vite à un décompte sympathique : km 40 : plus qu'un marathon, km 41 : c'est la mi-course,  km 42: déjà un marathon, km 45: le ravitaillement de Meudon. Car, contrairement à ce que je professais ce matin, l'arrêt de Meudon est un peu plus qu'un point d'eau : jus de pomme et fruits secs viennent m'apporter un peu de sucre bienvenu. D'autant que si je trimbale depuis ce matin ma modeste réserve alimentaire, je ne vais pas y toucher, à mon habitude, et je serais heureux de l'offrir à ma fille ce soir.


A partir de là, les ravitaillements s'enchaînent tous les 12 kilomètres environ. Ça passe vite, là aussi les décomptes sont sympathiques : on a vite fait un quart, un tiers, une moitié, deux tiers.... Un gros kilomètre après Meudon, nous passons pour la première fois dans un très joli parc, que je ne connaissais pas et dont j'ai du mal à retrouver le nom sur la carte. Les traceurs de l'Ecotrail aiment bien nous réserver des petites surprises comme cela, et celle ci est bienvenue.


Autre surprise : alors que je déguste ma compote de pommes agrémentée de fruits secs, à Chaville, je me fais aborder par un jeune concurrent : "bonjour, vous vous souvenez de moi ? Vous étiez mon professeur de biologie". C'est toujours étonnant de rencontrer un étudiant hors contexte, mais j'avoue que j'adore être salué par mes anciens élèves, me disant que je n'ai pas du leur laisser un trop mauvais souvenir.


Je repars avec une nouvelle motivation, ne pas avoir l'air trop au bout de ma vie quand ce jeune homme me doublera. Cet objectif s'ajoute au challenge habituel : ne pas allumer la frontale avant le ravitaillement de Saint-Cloud. Nous pénétrons dans le domaine assez vite finalement, à peine 5 km après le ravitaillement, mais il y a encore 7 bons kilomètres à arpanter avant d'être au ravitaillement. C'est un moment agréable, le parc nous semble réservé, et les allées bien entretenues constituent comme un retour progressif à la civilisation, entre les chemins boueux que nous venons de parcourir et les trottoirs de Paris qui nous attendent. Le ravitaillement est atteint juste avant la tombée de la nuit, objectif réussi ! 


Depuis ce matin, je répète à qui veut l'entendre que je mets d'habitude entre 8h et 8h30 sur l'Ecotrail. Je repars de Saint-Cloud après 7h20 de course, autant dire que je suis dans les clous, avec encore 12 km à parcourir et une tour Eiffel à escalader. Je ne vois pas grand monde sur les quais, je me souviens avoir doublé deux trois coureurs, même si je verrai sur Internet que j'ai perdu 20 places sur ce tronçon. A 1 km de l'arrivée, je suis reconnu par des étudiantes venues encourager leur copain, qui n'est pas loin derrière moi. Moment sympa, à l'image de cette journée. Je monte tranquillement la Tour (à quoi bon se mettre dans le rouge pour quelques minutes), et profite pleinement de cette arrivée unique. En 8h27, pour respecter la tradition, et avant mon étudiant, pour faire respecter mon expérience. La vue sur Paris est magnifique, et je me réjouis déjà à l'idée de revenir l'année prochaine. Et même si j'ai atteint mon Graal sur marathon, je sens que la course à pied a encore bien des plaisirs à m'offrir.

 

 

 

2 commentaires

Commentaire de Rem posté le 01-04-2024 à 14:36:42

Bien des plaisirs.. , comme écrire de chouettes cr qu’on a plaisir à lire :) et Bravo pour cette régularité, d’année en année, ds le haut du panier (ou pas loin :)

Commentaire de marathon-Yann posté le 02-04-2024 à 15:38:48

le plaisir ultime, c'est de lire ce genre de commentaires ! Merci à toi !

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