L'auteur : BouBou27
La course : TOR330 Tor des Géants
Date : 10/9/2023
Lieu : Courmayeur (Italie)
Affichage : 1157 vues
Distance : 330km
Objectif : Pas d'objectif
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75 autres récits :
« Les jours sont peut-être égaux pour une horloge mais pas pour un homme » Marcel Proust
Je vais partir directement dans la course. Si vous ne savez pas ce qu'est le TOR des Géants, vous le découvrirez pendant la lecture, ou faite une petite recherche (d'autres récits en parlent très bien).
A la fin vous trouverez une petite partie sur la préparation et le roadbook.
Le samedi, veille du départ, nous mangeons à la pasta party avec BigPat et galette_saucisse. A notre table il y a aussi un autre français qui annonce vouloir le faire en moins de 100h (mais qui a fait la diag deux fois en beaucoup plus de temps que moi) en partant en vague 2 et un italien qui doit se demander pourquoi il a choisi cette table mais avec qui nous échangeons pas mal !
BigPat et galette_saucisse m'ordonne de ne pas me faire dépasser par l'autre français (Spoiler, il finira loin derrière) et on se quitte en se donnant rendez vous à l'arrivée.
Je passe une nuit pas trop mauvaise dans le van aménagé loué pour l'occasion. Murielle va chercher le petit déjeuner et rapporte des viennoiseries. Pas certain que ce soit le petit déjeuner idéal d'avant course, mais c'est très bon.
On retourne au bar pour prendre un café et passer aux toilettes avant de nous rendre sur la ligne de départ.
Je me suis souvenu du compte rendu de Marat qui avait squatté 2h avant le départ pour être devant. Bon, là, 1h avant, il n'y a pratiquement encore personne. L'arche n'est même pas encore installée…
Arrive le trio d'affreux, à savoir l'Ecureuil, Chirov et Cheville de miel. Tout le monde a hâte de partir.
J'ai l'impression d'être très zen, contrairement à mon italien d'hier que je retrouve et qui semble complètement stressé (je n'ai pas pensé à noter son numéro de dossard. Je ne sais pas si il a terminé).
Pour le récit, j'ai découpé la course de 335km et 25.000m de D+ en 7 sections, chacune pour rejoindre les 6 bases vies et l'arrivée.
Mon roadbook est lui découpé en de multiple sections entre chaque ravitaillement avec les points de passages caractéristiques (points hauts, bas, source d'eau, hameau) pour me donner des objectifs "court terme".
Murielle a prévu d'être là à chaque base vie et sur un ravitaillement intermédiaire (ceux accessibles). On se voit à peut près deux fois par jour.
Les heures de passage des roadbooks sont basé sur un RB de 105h (voir la section Roadbook à la fin). Il ne faut donc pas en tenir compte au bout d'un moment...
Cela ne part pas trop vite. Je suis le "groupe" dans la descente dans la ville. Dans la montée, je suis un des premiers à me mettre à marcher, comme toujours. A l'entrée du single a l'entrée de la forêt, cela bouchonne un peu, chacun attend son tour sauf quelques-uns, se croyant meilleur que les autres qui doublent sans s'excuser. Pareil dans la montée. Dès qu'il y a un petit ralentissement, il faut toujours qu'il y en ai un qui croit que l'on s'arrête pour ramasser des pâquerettes ! J'ai qu'une envie: les pousser. Mais zen ! Je monte tranquillement en mode randonnée. Il n'y a aucune difficulté de terrain.
Beaucoup d'italiens ont des bâtons courts et tordus. Je trouve cela étrange pour bien pousser vers l'avant, mais j'y connais rien (sauf qu'a partir du 2nd jours, je n'en verrais plus un seul... ils sont soit devant, soit derrière).
Je prends aussi le temps de manger régulièrement, ce que je ne faisais pas suffisamment au début de mes courses, provoquant une perte d'énergie au bout de quelques heures. J'ai essayé de plus manger sur la dernière Montagn'hard et cela a bientôt bien réussi (au moins pour cet angle…). Il faut aussi bien chaud et j'enlève le chabob dans la forêt.
Le Col de L'Arp est atteint en 2h05 alors que le roadbook disait 2h20. Marat avait mis 2h30 en se plaçant bien devant. Peut être que la mise en place de deux vagues de départ a permis de fluidifier la montée.
Beaucoup de spectateurs au col. Il est difficile d'atteindre la plaque jaune avec un chien qui est juste devant pour la photo.
J'attaque la descente et tout de suite, j'ai mal au ventre avec des spasmes qui vont et qui viennent m'obligeant à ralentir un peu. Au moins comme cela je ne vais pas aller trop vite, moi qui aime bien (trop) attaquer en descente.
26' pour atteindre le premier ravitaillement à Baite Youlaz. Une de plus que le roadbook, mais ça doit être la minute perdue pour la photo au sommet !
Je grignote un petit truc (pas de souvenir de quoi) et repars aussitôt (1').
Tips: ajouter une prise de note en course dans UltraFan
Ca repart sur de la piste sans difficulté, si ce n'est ce ventre qui continue a spasmer. Et un peu avant 13h je suis obligé de faire un arrêt d'urgence, n'ayant plus la possibilité de me retenir. Pas évident de trouver un arbre quand les cotés sont en pente abrupte, mais quand il faut, il faut !
Les viennoiseries, c'est bien bon, mais par contre, ce n'est peut être pas si digeste que cela…
En ressortant, je tombe sur cedricquillet. Enfin, c'est plutôt lui qui me reconnait avec mon chabob kikourou. On fait un peu de route ensemble en échangeant sur nos objectifs. C'est son second TOR et vise 120h. Je lui annonce 105h en sachant que c'est optimiste.
Nous retrouvons des singles avant d'arriver dans la vallée à La Thuile.
La veille avec Murielle nous avions reconnu le village en descendant du col du Petit Saint Bernard ou nous avions passé la nuit dans le van. Il y avant une grande tente au milieu du village pile sur le parcours et pensions que le ravitaillement serait ici plutôt que plus haut ou il était marqué dans le GPX, mais ou il n'y avait rien, et pas trop de place.
Donc je vois Murielle, mais pas de ravitaillement… Il faut donc monter là sur la marque du GPX. J'y vais sans traîner, Murielle arrivant un peu après le temps que je passe dans le bâtiment et que je fasse un nouvel arrêt aux toilettes !
Je retrouve Murielle à la sortie car elle n'a pas le droit de rentrer. Je prends des barres supplémentaires pour faire la section suivante, mange la soupe de pâte et repars en 14 minutes.
Mais j'ai oublié de faire le plein d'eau, ou plutôt, je comptais le faire à La Joux ou je croyais qu'il allait y avoir une source. Malheureusement, pas d'eau… Ça commence bien !
Mais dans la montée, il y a une petite source d'eau. Il n'y a pas un gros débit, mais c'est suffisant.
Il y a un passage superbe avant d'arriver au refuge, au niveau du lac du Glacier ou il y a une zone humide. Je me retourne souvent pour prendre des photos.
Je monte au refuge Deffeyes pile dans le temps du roadbook (ça en est même effrayant).
Par contre, j'y passe 4 minutes, soit 2 de trop. C'est le double !! Saloperie de roadbook.
C'est à cause de la tarte à la myrtille qui fait du bien après ce KV qui m'a quand même un peu entamé.
Mais faut encore faire 400mD+ pour arriver au Passo Alto. La fin est raide, avec des lacets un peu comme le tricot.
Il y a déjà des coureurs qui doivent s'arrêter pour s'étirer les muscles à cause de crampes. Un peu tôt quand même, non ?
Le Passo Alto est atteint à 16h31.
Nous commençons à avoir un peu de caillasse, "style Col de la Vache". J'utilise les références que j'ai…
Je suis plutôt a l'aise dans les pierriers en anticipant bien les passages.
A Zapelli, petite pause soupe de 7 minutes avant de finir la descente jusqu'au torrent pour monter au Col de la Crosatie.
Le début de la montée se fait a travers un champs de myrtilles. J'arrive à en chopper un peu en avançant en faisant le yoyo entre le précédent et le suivant. Je suis le seul gourmant on dirait...
A part les quart d'heure d'avance sur la première montée de ce matin, je suis toujours pile dans les temps du roadbook à 5 minutes près. J'arrive au col à 18h21.
La descente sur Planaval est longue (6,8km / 1300mD-) mais magnifique avec le soleil couchant.
Arrêt rapide à Planaval conformément au plan.
Il faut maintenant rejoindre la première base vie de Valgrisenche. C'est sur du terrain facile ou il est possible de pas mal courir. Il y a toujours du monde et ca joue a celui qui allumera sa frontale en premier sera le perdant du jour.
Valgrisenche est atteint à 20h26, pour 20h43 au RB. Donc toujours parfaitement dans le timing. Comme je le dis sur WhatsApp à mon groupe de suiveur, c'est encore facile de faire illusion.
Comme a chaque base vie ou ravitaillement, Murielle n'a pas le droit d'entrer. Je m'installe donc sur un muret avec elle de l'autre coté pour manger et me changer. Il me semble que c'est là que j'ai pris une soupe de pois cassés qui était excellente.
Je change de chaussures et mets une tenue pour la nuit (tshirt manches longues, cuissard ¾, gants légers et buff).
40 minutes de prévues au RB et je sors en 41'15" non sans une erreur d'un bénévole qui m'envoi de l'autre côté, sinon j'étais pile bon.
Je dois revoir Murielle à Eaux Rousses dans 8h38 après avoir passé 2 cols: Fenêtre et Entrelor.
Je monte en prenant mon temps au Chalet de l'Epée (2 secondes de mieux que le RB), prend 7 minutes pour une soupe et repart finir le Col de la Fenêtre.
Ça monte tranquillement sur la première moitié avant d'escalader le col avec un final à 40%.
La descente se fait en lacets serrés sur un sentier dans les rochers. Je suis tout de suite à l'aise et lâche un peu la foulée sans prendre trop de risque mais en autorisant quelques glissades contrôlées.
Je dépasse pas mal de monde (je vais gagner 34 places…) et ça en devient grisant. Il est minuit passé et quand j'arrive, tous les coureurs s'arrêtent pour me laisser passer. Je me dis que ce n'est peut être pas très raisonnable, mais je kiff trop.
Au début de la descente, quelqu'un fait tomber une pierre. Ça crie. Ça provient d'au-dessus et derrière moi. J'entends la pierre qui passe à une vitesse folle quelques dizaine de mètres derrière. Elle continue de déballer, heureusement sans toucher personne parce que sinon, c'était hélicoptère direct… Le bruit de la pierre qui fend l'air était terrible !
Je vais faire toute la descente à bon rythme jusqu'au ravitaillement de Rhêmes-Notre-Dame. en gagnant 17 minutes sur le RB (48' au lieu de 1h05). Je prend un peu plus de temps au ravitaillement que prévu pour bien m'alimenter (soupe que j'agrémente de sorte de TUC):
Je dois maintenant monter le col Entrelor: 1300m de D+ sur 5,4km, sans arrêt. De mémoire, elle n'est pas difficile, mais il faut quand même 2h10 pour y arriver. Sur la fin, la pente est plus forte et il y a des marches métalliques.
Sur la descente pour arriver à Eaux Rousses, je suis plus sage que sur la précédente descente (-900m/h au lieu de -1500m/h). Faut dire que la pente est moins forte et la distance plus longue (10km).
Lundi 4h36: J'arrive en forme à Eau Rousse où Murielle m'attend. On s'installe à l'extérieur sous la tente pour l'assistance et je me ravitaille pendant 27 minutes. Je récupère aussi un tshirt manche courte pour mettre quand la chaleur sera revenue demain matin car le prochain point avec Mumu est à Cogne dans 6h (vers 11h30).
Il y a juste a monter (et descendre) le Loson. Bon, c'est quand même 1800m de D+ et 12,3km a faire en 3h48 pour y arriver, avec le soleil qui devrait pas trop tarder à se lever.
Ce n'est pas difficile dans l'absolu, mais je commence à ralentir. Sur mon premier point de passage, au Levionaz inferior, je perds 5 minutes. Au second, au niveau d'une source, encore 10 minutes de plus.
L'aube est arrivée, mais pas encore de soleil car nous sommes dans une vallée orientée à l'ouest. Il fait donc encore bien froid.
Je ne comptais pas dormir avant ce soir, à Chardonney, mais ce n'est plus réaliste.
Je m'arrête souvent prendre des photos et nous croisons un troupeau de bouquetins.
Je prends la décision d'essayer de dormir. J'essaie de trouver un endroit dans les cailloux, mais repart au bout de 6 minutes car il fait vraiment trop froid pour rester immobile sur des cailloux gelés.
Il faut la finir cette montée. Ça prendra encore 39 interminables minutes pour 1,4km (à 23%) !
Et là, au col, au plus haut de la course à 3300m, la lumière apparaît ! C'est magique. Et la chaleur aussi.
Je commence la descente jusqu'au poste de secours qui me propose un thé pour me réveiller. Ce n'est pas de refus.
Je mange un peu plus car j'ai aussi l'impression de m'être pris un début de fringale. Carole me conseille de m'arrêter dormir à Sella avant de rejoindre Cogne, juste avant que le réseau téléphone disparaisse et laisse mes suiveurs sans nouvelles.
Je descends plutôt bien, mais à Sella la décision est prise. Je vais dormir 45 minutes. Je demande si il y a un endroit pour dormir. On m'envoi dans un dortoir ou il y a déjà quelqu'un. Il fait nuit noire à l'intérieur. J'ai l'impression de faire un bordel monstre pour me préparer sur le lit au fond à droite. Je programme la montre pour 45 minutes.
Je m'endors plutôt rapidement.
Il me semble que je me réveille 5 minutes avant la sonnerie… je rassemble mes affaires, toujours en faisant trop de bruit et sors en même temps qu'un italien, parlant fort, croyant que nous étions que tous les deux. Bref, je ne suis pas fier de moi.
Je mange un peu au ravitaillement et repart après presque une heure d'arrêt tellement je n'ai pas été très organisé.
Je retrouve un rythme plus normal pour finir la descente jusqu'à Cogne en retrouvant du réseau pour expliquer la cause de mon retard.
Dans la descente, je croise de beaux bachats pour remplir les flasques et envoyer une photo à Bubulle qui fait collection.
Lundi 12h21: BV Cogne. Je mange des pâtes (encore) et une banane pendant que Murielle remplace les barres vides par des neuves sous la tente pour l'assistance surchauffé par le soleil. Temps presque respecté avec 45 minutes d'arrêt. On pense aussi à mettre de la crème solaire car j'ai complètement oublié hier. Il y a encore un beau soleil aujourd'hui.
Et comme l'étape qui vient est assez courte avec juste une montée de 1500m pour la Fenêtre de Champorcher, suivi d'une lonnnnngue descente de 30km pour 3300mD- jusqu'à Donnas, je prends les bâtons de rechange pliable pour pouvoir les mettre dans le sac à dos plutôt qu'avoir mes Vertical K préféré qu'il faut garder à la main car non pliables.
Le roadbook indique 3h30 de montée plus 5 minutes d'arrêt à Goilles.
Enfin, ça commence quand même avec 2,5km de plat ou presque pour arriver à Lillaz où la montée commence vraiment.
A Goilles, je fais un arrêt rapide en moins de 2 minutes.
On s'enfonce dans la vallée en suivant un ruisseau avec des paysages magnifiques.
Je fais le plein d'eau à une traversée de torrent avec un gars de l'ile de Man. On discute un peu mais j'ai du mal avec son accent très prononcé. On commence à s'élever franchement dans la pierraille.
Je vais quand même mettre 15 minutes de plus que prévu pour arriver au col.
Je range les bâtons, et c'est parti pour la descente infernale.
Elle n'est pas très pentu alors c'est bien long.
A Dondena j'envois un message à Murielle sur le groupe WhatsApp:"J'ai envie d'un sandwich rillettes !". Le groupe se demande ou Murielle pourrait trouver des rillettes en Italie, sans savoir qu'on a fait du stock.
et je fais une pause de 34 minutes (30 au RB).
En sortant, je rate une bifurcation qui me fait me rallonger de 500m en passant dans une ferme avec un chien qui ne semble pas apprécié que je sois sur son territoire.
Et il faut une heure de plus pour arriver à Chardonney ou est montée Murielle. J'ai les orteils en bouillie avec les frottements.
Lundi 19h39: Chardonney, sandwich rillette géant. Je prends 1h, comme prévu au RB pour me refaire. Il n'y a pas de podologue pour me faire les ampoules et alors que je sais qu'il faut que je perce, et que j'ai ce qu'il faut pour le faire (fil et aiguille), je met juste un compeed + sparadrap pour tenir sur les talons.
Et je prends la paire de chaussure en 45 que j'avais achetée au cas où et jamais portée (je pensais la rendre après la course…). Je me prépare aussi pour la nuit.
Je repars sans aucun bâtons pour rejoindre Donnas dans 3h30 au RB, continuant cette foutue descente infernale.
La descente sur Pontbosset est relativement simple. Je dépasse un gars vraiment en galère car il n'a plus de cuisses. Pour ma part, ça tire, mais ça peut aller. J'ai l'impression d'avoir été très lent à la montée pour Champorcher, mais ça pourrait être pire.
Pontbosset est vraiment un ravitaillement tout petit à l'extérieur. Je ne m'arrête presque pas, mais 200m plus loin j'ai trop mal aux pieds et me décide à percer mes cloques. Je sors donc mon aiguille et mon fil, perce et laisse un bout de fil sortir pour que le liquide s'évacue, et je me fais des pansements avec de la bande élasto et des morceaux de compresse. Avec mes ciseaux pourri, ça prend un peu de temps et mon estropied me repasse devant.
Je repars et le reprends très vite vu son allure.
Je croise aussi un TdG qui biffurque sur la droite alors que nous continuons sur un passage affreux. Peut être que c'est moi qui suis fatigué et avec des pieds pourris, mais je trouve cela super technique, dans la forêt en montant et descendant continuellement et dans le noir. Je vais mettre 10 minutes de plus que prévu pour arriver à Bard à 22h45.
A Bard, on était sensé faire un détour pour passer la voie ferrée, mais les fanions indiquent d'aller tout droit. Pour passer les barrières, il faut escalader un peu… bizarre quand même qu'il n'y ai pas un bénévole ici ! Cela me semble bien dangereux et mal indiqué pour passer les rails comme ca. Bon, quand on chasse du petit carré, ce n'est pas une barrière qui nous arrêtes...
Et Donnas n'est pas encore ici. J'ai du mal à trouver l'énergie pour courir. Les coureurs du Tor Des Glaciers nous rejoignent, ayant pris un chemin que j'espère plus facile pour eux.
Lundi 23h17: Donnas. Sur le papier, j'avais prévu 3h30 avec 2h30 de sommeil, mais je n'ai pas l'impression d'avoir tant sommeil que cela, ayant dormi un peu avant. Je fais donc juste un somme de 45 minutes dans un lit de camp, après avoir pris une douche. Je dors super bien et le réveil n'est pas trop difficile. Murielle n'a pas voulu aller dormir et préfère m'attendre. Sauf que les bénévoles ne sont pas autorisés à entrer dans le gymnase et sont encore parqués sous une tente à l'entrée (alors que c'est presque vide).
Je vais ensuite voir les podologues pour mes problèmes d'ampoules en indiquant aussi vouloir un massage. Je m'installe sur la table. Et là, un gars du TdG qu'il connaît arrive et va passer 10 minutes à discuter avant de s'occuper de moi.
Sur l'ampoule du petit orteil gauche, il préfère ne rien faire car si elle sèche cela me fera mal me dit il. Bon, ok, c'est lui le spécialiste.
Allez, c'est fini ! Et mon massage ? Ben c'était pas prévu ! Bah si ! Bon, un rapide alors… L'impression qu'il veut m'expédier pour s'occuper de son pote. Et il se met a me presser super fort les cuisses. Ça fait mal, j'arrête le massacre pour ne pas répéter La Réunion.
Mardi, 00h45, je sors de la base vie de Donnas ou je n'ai passé que 1h27.
Murielle me dit qu'elle ne va pas venir à Perloz car c'est juste après mais plutôt là ou je veux dormir, à la Sassa.
Je lui téléphone pour savoir ce qu'elle va faire. Elle est en discussion avec d'autres suiveurs ou bénévoles pour savoir où est Sassa et me dit de ne pas m'inquiéter. J'arrive à me tromper de chemin en ville et faire quelques centaines de mètres supplémentaires alors que je suis au téléphone…
Ca m'inquiète quand même un peu car normalement, mon outil UltraFan devait lui faciliter la vie en ouvrant directement Waze avec la route pour le prochain point de rencontre, mais un changement de dernière minute à introduit un bug et cela ne fonctionne pas.
A 1h45, je lui envoi un message pour lui dire qu'en fait c'est à Coda que je veux dormir, et elle ne pourra pas y être.
A 3h elle me demande de la rappeler. On a beaucoup de mal à s'avoir au téléphone, le réseau n'étant pas parfait. Elle me dit qu'elle n'a pas trouvé La Sassa (faut dire que c'est juste 2 maisons...), mais un truc qui ressemble "Sa Saz" ou un truc comme ça ! Elle a fait des heures de routes et a encore quelques heures pour y arriver. C'est très louche ! Je ne sais pas ou elle va, mais elle y va. Ce que je suis sur, c'est que ce n'est pas le ravitaillement. Elle n'est pas du tout lucide. Je trouve dans google maps la route par laquelle elle doit monter et lui envoi par SMS en lui disant d'aller sur cette route. Maps lui indique 5h de route… de longues minutes pour comprendre qu'elle est en mode "vélo". Enfin, c'est quelque chose de plus réaliste.
J'essaye de l'appeler régulièrement pour savoir si elle est sur la bonne route, mais ses indications ne sont pas claires. Genre "je suis à un feu rouge". Elle ne sait pas où elle est. Pas dans quelle commune. Pas sur quelle route…
A 4h, J'arrive sur la route sur laquelle elle doit passer. Elle me dit qu'elle est encore à plus d'une heure de route ! Mais ou est-ce qu'elle était ? Je lui envoi les coordonnées précises du parking de La Sassa et lui dit d'aller là bas. Je continue d'avancer, ayant moi aussi 1h encore à faire.
A 5h j'arrive au ravitaillement de la Sassa sans être remonté sur la route. Je pensais qu'il était après celle-ci, mais c'est en contrebas. J'appelle Murielle qui est dans la montée mais elle arrive dans une impasse et son GPS lui dit de faire demi-tour. Je comprends qu'elle n'a pas suivi les indications pour tourner à gauche à un carrefour. Je l'attends 10 minutes au ravitaillement avant de décider de monter sur la route. Elle a en fait dépassé le parking sans voir les fanions. Elle fait demi tour et arrive enfin !
Tout ça pour me donner un tee-shirt à manches longues, quelques barres et un bisou. Elle est complètement HS et va dormir là avant de continuer. C'est effectivement préférable…
Ce radioguidage m'a également consommé pas mal d'énergie mentale et je n'arriverais pas a Coda sans dormir. Avant le lever du jour (5h37), je vais m'allonger 35 minutes étant encore dans la chaleur de la forêt pour dormir.
Je pense avoir dormi même si j'ai entendu des personnes passer devant moi. Ca va déjà mieux. J'arrive au col Portola avec la lueur de l'aube et c'est assez magique. Je me dis que j'ai bien fait d'attendre un peu pour arriver au bon moment.
Jusqu'au col Carisey ce n'est pas très long, mais dans la caillasse et des framboisiers puis des myrtilles qui ralentissent beaucoup. J'ai adoré ce passage tout en discutant sur WhatsApp.
Il faut ensuite longer la crête jusqu'à Coda. Le paysage est magnifique avec le lever du soleil. Il y a pas mal de vent.
Un drone vole au dessus de moi a l'entrée du ravitaillement.
Mardi 7h53: Refuge de Coda. Je reste un gros quart d'heure pour bien manger (je ne sais plus quoi).
C'est une grosse section maintenant autour de 2000m d'altitude pendant plus de 6h avant de descendre sur Niel en fin d'après midi.
Une petite heure pour descendre à Goulias ou je refais le plein d'eau dans la rivière. J'ai bien fait car le bachat juste après est à sec. J'ai bien aimé la descente, un peu technique comme j'aime, en dépassant un peu (il y avait aussi des TdG sur cette section). Nous revenons dans la forêt et je croise un joli troupeau de biquette à corne autour de 1800m.
Mais en remontant au refuge Barma, nous entrons dans le pays de la caillasse avec quelques belles sections de saute caillou ou il faut trouver son chemin.
Je suis vraiment tout seul pendant des heures. Juste du monde aux quelques ravitaillements qui ponctuent l'itinéraire. J'avais prévu des arrêts rapides de 5 minutes, mais ce n'est pas réaliste. Il faut bien manger un peu. Je vais faire 52 minutes au total sur les 4 refuges, incluant Coda, au lieu de 20.
Sinon, en déplacement, je suis plutôt dans les temps du roadbook. Ce n'est pas du rapide au vu du terrain, mais je suis bien et les paysages sont sublimes.
J'arrive au Col Della Vecchia à 14h47 avec encore un ciel bleu.
C'était la fin de cette section dans la caillasse en altitude, il faut maintenant descendre sur Niel à 1560m.
Dans la descente, en même pas une heure, le ciel se couvre et devient menaçant. Il commence a pleuvoir un peu. Et juste quand je passe au niveau d'un torrent, il pleut beaucoup plus. Il y a une petite cavité rocheuse où je me mets pour sortir la veste de pluie légère quand les éclairs commencent. Ca ne tombe pas très loin. Je n'ai pas peur de l'orage mais c'est très impressionnant. Je suis content de ne plus être là haut. J'hésite à repartir ou rester à l'abris. Je regarde la météo qui annonce seulement 30 minutes de pluie forte alors je décide de faire un petit somme pendant que ca passe.
J'essaie de me mettre le plus au fond, car les gouttes ruissellent de plus en plus à l'intérieur, et il semble que j'arrive à m'endormir.
Après 30 minutes, je repars sous une pluie moins forte. Je rencontre Frédéric, un normand qui habite pas très loin de chez nous et nous finissons par arriver à Niel ou Murielle est montée en VTT. Elle ne devait pas avoir la bonne tenue pour l'orage car elle est vêtue d'un sac poubelle !
Mardi 17h17: Niels. Un ravitaillement rapide, le temps de manger et de me changer pour la troisième nuit.
Le Frédéric me fait un peu peur à me demander avant d'arriver, combien de kilomètre on a fait, ce que je suis incapable de lui donner, car ni mon roadbook, ni ma montre ne m'indique cette information inutile. Au ravitaillement je regarde le tableau affiché et lui donne l'information qu'il ne veut pas croire car sa montre lui indique autre chose. C'était probablement un moment de moins bien pour lui après avoir pris l'orage en haut.
Sortie à 17h36.
La montée au Col de Lazoney commence très bien et au sec. Mais le col se mérite. Il faut passer plusieurs barres ou on croit y être, mais non. Un peu avant le col, un magnifique double arc en ciel complet apparaît avec les montagnes au loin, éclairées par le soleil couchant. C'est vraiment magique et avec un TdG on se prend en photo l'un l'autre.
On commence la descente jusqu'à Loo avec le TdG et Frédéric. La pente n'est pas forte, mais la trace est dans le pâturage à vaches, complètement défoncé. Mes orteils et cloques se réveillent et je suis obligé de ralentir. Ca sera un passage difficile ou je vais mettre moitié plus de temps que prévu jusqu'à Loo ou je vais rester 15 minutes. Carole m'a dit qu'ils servent une polenta "de folie" alors j'en demande une. On me sert un truc infâme sans goût… Le cuisto a du changer depuis… Je mange quand même car j'ai besoin d'énergie et il n'est pas possible de dormir.
Il faut que je rejoigne la base vie de Greysoney alors que j'ai une grosse fatigue mentale avec la nuit qui tombe.
1h20 de prévu au roadbook, mais je vais mettre 1h48. La fin sur la route est difficile mentalement, mais au moins ca avance bien.
Mardi 22h04, arrivée à Gressoney. Première chose à faire est un bon dodo après une bonne douche. Je ne me souviens même plus de la configuration des lieux et sur quoi j'ai dormi, mais j'ai dormi 1h30.
Ensuite direction masseur et podologue. Je n'attends pas très longtemps avant d'être pris en charge. La masseuse est vraiment géniale. Je n'ai jamais été massé comme cela. Elle masse doucement de plus en plus fort chaque muscle jusqu'à la limite sans faire mal, et elle recommence de plus en plus loin jusqu'à ce que le muscle soit complètement détendu. Je somnole sur la table le temps qu'elle fasse les deux jambes. Ca dure une bonne heure avant qu'elle passe la main à la podologue qui va aussi passer une heure à me retaper les pieds, à la frontale. Le responsable passe me voir deux fois pour me dire qu'il va me faire payer, ainsi qu'un autre bénévole envoyé par Murielle qui commence à s'inquiéter (bah oui, l'accompagnant n'a pas le droit de rentrer dans le gymnase vide).
Il faut maintenant manger. Je prends une soupe et une assiette de pâte et je rejoins Murielle sous la tente qui n'a pas voulu aller se reposer dans le van pendant tout ce temps !
Je serais resté 4h17 ! Ça fait mal au roadbook, mais par contre, je suis un homme neuf !
Et je ne perd que 4 places… Ca montre la densité de la course...
Homme neuf qui peut courir sur les 4km de plat avant la côte raide pour arriver au refuge Alpenzu ou je ne vais rester que 5 minutes.
Mais dans la montée au Col Pinter, j'ai beaucoup de mal à avancer. Obliger de faire des petites pauses. Je vais mettre presque 30 minutes de plus que prévu… Le sommet est atteint à 5h38.
15 minutes plus tard, je fait encore une pause de 24 minutes. Je n'en ai aucun souvenir ! Juste un message envoyé à 7h47:
Il faut dire que j'ai la bouche et la langue complètement brulées par le sucre que j'avale. Que j'ai supprimé mon alarme toutes les 30 minutes pour manger, pour ne pas être reveillé par elle pendant une de mes précédentes siestes et que je ne l'ai pas remise. Bref, je manque d'énergie car je ne mange pas assez ! La descente et pas évidente, surtout de nuit avec des passages raides ou compliqués.
Encore 45 minutes de perdues dans la descente pour arriver à Cuneaz ou je me trompe de chemin en continuant sur le droite. Heureusement je trouve une piste qui descend sur la trace pour reprendre le balisage en ne faisant que 200m de plus.
Mercredi 7h56: J'arrive à Champoluc ou Murielle m'attend. Le jour s'est levé et cela va mieux. Je fais une pause de 33 minutes (20' seulement au RB) pour bien manger.
Je repars motivé et en courant sur les 2km de plat en traversant un parc avec de nombreuses sculptures en bois très jolies. La forme est revenue. Je suis bien.
Mais BIM, 30 minutes après le départ de Champoluc, le sommeil me tombe encore dessus alors que je traverse Saint Jacques.
Je vois un grand abris bus et décide de dormir ici 45 minutes. Je choisi au départ le banc qui est au fond pour être le moins dérangé possible, mais il y a une parrois en bout de banc et cela me fait mal aux pieds d'avoir les pieds posés sur le banc. Je change de place pour le banc au centre sur lequel je peux avoir les pieds dans le vide. Je vais repartir 38 minutes plus tard, me réveillant encore une fois avant le réveil, en m'apercevant qu'un autre coureur s'est installé entre temps de l'autre coté.
Faut maintenant monter au Col Nanaz: 1100mD+ en 2h35 au RB avec le refuge du Grand Tournalin entre deux.
Le début est dans la forêt et ensuite on suit un torrent. Nous sommes dans un brouillard qui mouille bien.
Il faut croire qu'en montée ca va mieux car je vais mettre 35 minutes de moins, sans m'arrêter ou presque au refuge.
Un petit passage au Col des Fontaine un peu plus loin avant de descendre sur la base vie de Valtournenche (-1200mD- en 6 km).
Le chemin de la descente est vraiment sympa et pas difficile. La météo s'améliore et je peux enlever la veste de pluie. Ça doit être à ce moment là que j'ai du arracher mon bracelet de pointage.
Je descend plutôt bien ayant retrouvé de l'énergie en m'alimentant mieux, et aussi grâce au délire sur le groupe WhatsApp ou Bubulle essai péniblement de monter un jouet pour sa petite fille ! On aura toute les étapes et chacun offrira son aide car "c'est très technique".
Mercredi 13h04: A Valtournenche, Murielle m'a apporté des gâteaux de riz au caramel que j'avale par deux.
Un coureur vient me rapporter mon bracelet qu'il a trouvé par terre. Merci à lui. Je le fixe sur mon porte dossard pour ne pas le reperdre et l'avoir sous la main aux différents pointages.
J'avais prévu 2h10 de pause pour dormir, mais pas envie (bah oui, je préfère dormir dans des abris bus). Donc je repars au bout de 44 minutes.
Il y a maintenant une belle section ou l'on va rester entre 2000 et 3000m pendant plus de 20 kilomètres. Ca fait 7h20 au RB.
Mais déjà avant, il faut monter au refuge Jean Barmasse en montant de 800m. J'envois un petit message video sur le groupe pour dire que je suis motivé à bloc juste avant que la pluie ne commence à tomber. Et avant que j'arrive au pied du barrage, c'est une bonne pluie d'orage avec de grosses goutes.
J'arrive au refuge trempé jusqu'à l'os. Je n'ai que ma petite veste de pluie, n'ayant pas pensé a regarder la météo pour mieux m'équiper. Au refuge, je mange un peu mais je ne veux pas me refroidir alors je repars assez vite.
Heureusement la pluie s'est calmée et va même cesser assez vite il me semble.
Petite descente avant de remonter passer la Fenêtre d'Ersaz sans difficultés notables.
Le chemin est ensuite en balcon pour arriver au Bivacco Vareton ou j'essaie de dormir un peu dans un transat pour ne pas trop perdre de temps. Ce ne fut pas la meilleure idée du siècle n'ayant que somnolé 15 minutes étant un peu dans les courants d'air.
Je repars pour la Fenêtre Du Tsan qui alterne chemin courrable avec de belles petites marches à passer. Il y a pas mal de bouquetins dans le coin. J'ai vraiment adoré ce passage.
Par contre, la descente de 750mD- après le Tsan a été une horreur. Dans la rocaille, très raide. J'ai les orteils en bouillie. Sur mon RB, j'avais noté le commentaire de Marat:
long début de descente raide, technique et glissante : doucement ! (31') puis single + rocailleux où la course est parfois possible (41') puis piste 4x4 en arrivant au refuge (58')
C'est vraiment ça. Sauf que je me crois meilleur alors a chaque passage plus facile je me dit que je suis sur la section suivante ! Que nenni !! Je vais mettre plus de temps de Marat: 1h02 au lieu des 55' prévues au RB. Ce n'est que 7 minutes de plus, mais 7 minutes de souffrance, tant physique que mentale !
Petit arrêt au refuge Lo Magià avant de reprendre la route pour le refuge suivant: Di Cuney. 1h30, en montée, de prévue et respectée. La nuit tombe.
Je m'arrête un peu plus a Di Cuney. Il ne me semble pas y avoir dormi. Peut être que j'ai bien mangé… Bref, je ne sais pas ce que j'ai fait de ces 34 minutes.
Descente puis remontée pour le Col de Chaleby. Je suis bien dans mon rythme.
Même chose pour atteindre le bivouac Rosaire Clermont.
Mercredi 23h24: A Rosaire Clermont, je fais un arrêt rapide (4') ayant hâte d'arriver à Oyace ou je pense me reposer un peu.
La fin de montée au Col de Vessonaz a dû bien se passer (pas trop de souvenir), et le début de la descente est raide et assez joueuse alors je lâche un peu en glissant dans les graviers qui coupent les virages. Je double un groupe de 3 en continuant la descente qui est maintenant facile. Mais la descente est très longue (9,4km pour 1500mD-) et le sommeil me tombe dessus. Elle est "trop" facile pour avoir besoin d'être en alerte. Je me mets de plus en plus à marcher. J'ai envie de dormir. Je mets la frontale à fond pour me réveiller un peu. Mais j'en ai marre. Juste envie de m'asseoir et pleurer. Je sais que ça va passer, mais il faut que je dorme. En plus j'ai tout manger ce que j'avais.
L'impression d'être deux dans ma tête. L'un se demande pourquoi il est là. Pourquoi ce genre de course existe alors que ça fait trop mal. Que l'on ne m'y reprendra pas et que c'est le dernier ultra. Et l'autre sait que ça va passer. Que c'est juste un mauvais passage et qu'avec un peu de sommeil et de lumière l'envie reviendra.
Mais tout autour de moi, ce n'est que de la végétation humide. Je fini par voir un tas de pierres au bord du chemin. Je m'installe contre en essayant de trouver une position la moins inconfortable possible. Je déplace des pierres. J'éteins ma frontale, mets une minuterie de 30 minutes sur la montre et ferme les yeux. Je somnole un peu. Des coureurs passent me demandant si ça va. "Yes, just need a rest". Un conseil, ne parlez pas a quelqu'un qui lors d'une course s'allonge en bord de chemin la nuit. C'est souvent qu'il veut dormir…
Au bout de 20 minutes, j'ai l'impression de ne pas avoir dormi alors je repars en appelant Murielle pour avoir un peu de soutien. On va parler un quart d'heure et j'avance mieux en marchant. Elle va venir à ma rencontre.
Mais que c'est long. Et j'ai encore sommeil. Je commence à entendre le torrent en contrebas que l'on doit traverser. Chouette ça annonce moins de 2km à faire une fois sur la passerelle.
Mais à quelques centaines de mètres de celle-ci, de la rubalise indiquant le chemin fermé et le balisage qui continue sur le versant gauche. Je sors le téléphone pour voir la carte, et c'est le drame. Ça fait 1 km de plus. Le chemin est facile mais dans ma tête c'est un détour de 10 km que nous faisons.
Je retrouve Murielle qui est avec un anglophone qui s'est tordu la cheville et veut abandonner. Je lui dit d'aller au bout du chemin jusqu'à la route ou nous indiquerons au ravitaillement d'aller les chercher.
Et on repart. Mais elle est où cette route ? Putain c'est loin… laissez moi là, je vous ralenti…
Je demande à Murielle si elle a un truc à manger, mais non. Et là, le déclic: j'ai 4 barres et une compote en fond de sac en réserve. Je mange la compote et une barre.
La route est enfin là. Maintenant il y a un peu de plat sur le bitume et ensuite remonter sur Oyace par des petits passages. Murielle monte plus vite que moi ! J'en ai marre. Je veux dormir. Manger ne m'a pas donner beaucoup plus d'énergie. Ce n'est pas ca qui limite.
Enfin nous arrivons au ravitaillement à 2h46. 3h09 pour descendre au lieu de 1h58. Marat avait mis ici 2h31. Je pensais pouvoir faire mieux !
Un conseil, arrivez relativement reposé pour cette section. J'aurais dû faire un dodo d'une demi-heure à Rosaire Clermont. Elle aurait été bien rentabilisée.
Bref, j'arrive au ravitaillement. J'ai complètement oublié le blessé. Me dirige directement sur un des lits de camp situé au fond, sort le masque, les bouchons d'oreilles. J'hésite entre 2h et 3h. Je coupe la poire en deux avec 2h30. Murielle déballe tous les sacs à côté de moi et va dormir dans le van en me disant de l'appeler à mon réveil.
Big Bip. Ça sonne. Ho purée, très dur le réveil. La bouche pâteuse, le corps sale. Mais qu'est-ce que je fout là ?
Conseil pour la prochaine fois: se laver les dents avant d'arriver, j'avais ce qu'il fallait avec moi.
4h00 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Je vais voir ce qu'il y a au ravitaillement dans le côté gauche de la salle.
4h02 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Ravitaillement classique. Y a rien qui me donne envie.
Je vais déjà boire. Je vais chercher les gobelets dans le sac de Murielle.
Un gobelet de coca et un autre d'eau pétillante.
4h06 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Je transfère tous les sacs sur une table. Mais c'est qu'il y a un gros bazar entre mon sac et ceux de Murielle, le tout posé en vrac avec la moitié de déballé. Mais pourquoi elle a fait ça ?
4h09 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Youpi, le pot de rillette est dans le sac de Murielle. Je vais chercher du pain pour me faire des tartines.
Ça c'est bon !! Le gras c'est la vie. C'est la base.
4h18 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Je commence à remballer les sacs de Murielle.
Je regarde ma montre et vois un compte à rebours qui défile avec encore 1h…
Et là ca fait tilt: ce n'est pas mon réveil qui m'a réveillé. Je n'ai dormi que 1h15, ce qui explique que Murielle dorme encore.
Je mange deux bananes.
4h24 J'appelle Murielle. Ça répond pas.
Je vais déposer les sacs aux bénévoles à l'entrée du ravitaillement et commence à leurs expliquer que ma femme va venir les chercher.
Et devinez qui arrive ? Vous trouvez pas ? Vous donnez votre langue au chat ?
C'est Murielle ! Je lui explique le truc. Elle est désolée. Je suis en mode "c'est pas grave", prêt à repartir. Elle me dit qu'elle a quand même parlé du blessé aux bénévoles qui ont envoyé une équipe les chercher (oui, car il y en avait un autre). J'avais complètement oublié moi…
Bon, allez, c'est reparti en mangeant un autre sandwich à la rillette. Ce sera le dernier car le pot est vide.
Tips pour la prochaine fois: prendre 3 pots de rillettes.
Juste avant de repartir je croise Frédéric qui se réveille. Je lui demande s' il veut qu'on reparte ensemble mais il n'a pas entendu et se dirige vers le ravitaillement. Je comprend qu'il n'a pas encore mangé et repars donc seul.
Jeudi 4h42: Sortie d'Oyace
Je n'ai pas trop de souvenir de la montée à Brusson Arp. C'est la nuit même si sur la fin le jour commence a percer. Mais je monte encore pile dans le temps du roadbook (1h34 pour 1h35).
Mais je suis bien fatigué alors je me pose 19 minutes dans une chaise en somnolant quelques temps avant de me décider à repartir pour finir la montée au Col Brison alors que les premières lueurs du jour apparaissent.
Je vois de loin le Col Brison qui fait une encoche dans la montagne avec une petite lumière. C'est encore loin, mais l'énergie revient en même temps que le soleil. 44 minutes de plus pour y monter (45 au RB).
Encore aucun souvenir de la descente, juste que j'avais mal placé le ravitaillement sur la carte car il n'est pas à la ferme mais un peu plus bas, au milieu de nulle part dans la forêt avec juste 2 tentes. Enfin, c'est mon impression… Je fais un arrêt express en prenant deux ou trois truc a manger et repart dans la descente direction Ollomont.
Il y a un peu moins d'un kilomètre de plat sur la fin ou je cours un peu avant de rencontrer la femme de Frédéric qui attends son homme. On marche ensemble en discutant un peu.
Jeudi 8h41: Arrivée à Ollomont
Quel contraste avec Oyace. Je suis plein d'énergie et je veux faire un arrêt relativement rapide. Mais je sais aussi que je n'ai pas assez dormi, même si sur l'instant je ne le ressent pas, et que les pieds auraient bien le besoin d'être retapés parce que ça frotte quand même pas mal dans les descentes.
Je prends l'excellente décision de passer chez les podologues et de dormir sur la table.
Je vais donc demander aux podologues s' ils vont pouvoir me prendre après ma douche. Ils me disent que oui, mais qu'il faut que les pieds soient bien secs.
Je vais prendre une bonne douche chaude en enlevant mes pansements. Les orteils ont bien morflés, surtout le petit à gauche (bon, je le savais même sans le voir). Que ca fait du bien ! Je m'habille avec un caleçon et un tshirt et direction les podologues en me séchant au maximum les pieds.
Une fois sur la table, je somnole et doit même dormir un peu. J'entends Murielle qui pose des questions à la podologue et regarde comment faire. A la mi temps, je suis réveillé pour me retourner, et me rendors assez vite. J'ai du rester à peu près une heure sur la table. Mes pieds sont maintenant presque neufs (enfin, les défauts ont été cachés).
Murielle me propose de mettre une paire de chaussettes en T42-43.
J'ai la bouche et la langue complètement brûlés par le sucre que je n'arrête pas de manger alors je prends des biscuits du ravitaillement dans un sac pour repartir. Ils passent relativement bien. J'aurais dû commencer à en manger avant pour diversifier mon alimentation.
Jeudi 10h09: sortie Ollomont (1h27 d'arrêt)
Je rattrape Yan qui parle plutôt bien français mais on passe en anglais pour la fin de la conversation.
Je fini par reprendre mon rythme de montée et retrouve Frédéric le Normand. C'est bizarre après avoir passé des heures seuls sans voir personne. Mais je suis quand même plus rapide alors je trace avec mes pieds neufs.
Je monte facilement au refuge Champillon en 1h33 alors que le roadbook indiquait 1h50.
L'accueil est très bon avec les cloches mais je fais un arrêt très rapide en moins de 3 minutes.
Il faut maintenant finir la montée au col du même nom. Pas de difficulté particulière.
Dans la descente, les pieds font bien mal en étant trop serré et ne suis quand même pas très rapide (comprendre: plus lent que le roadbook). J'envois un message à Mumu pour qu'elle me prenne une paire de chaussettes en 44-45
A Ponteille, les bénévoles sont extras et on me sert une très bonne polenta ragoût. Je vais en redemander un peu, mais on me sert une assiette encore plus grande que la première ! Je ne vais pas pouvoir manger tout cela… la bénévole dit qu'elle va nourrir les renards avec !
J'ai encore envie de dormir mais préfère continuer jusqu'à Bosse.
Je repars avec Kubo, un japonais qui parle français, ce n'est pas courant. Il me demande où j'habite et me dit qu'il connaît bien: il a vécu 5 ans à Rouen ! Mais c'est un regroupement de Normand sur le TOR en fait !! Ils sont où les italiens ?
On fait un bon bout de chemin ensemble en se motivant à courir sur le plat. Je suis bien motivé et il a du mal alors je le lâche un peu. Je double 2 ou 3 autres coureurs dont un qui sort d'un tas de caillou où il me dit avoir dormi.
J'atteins Saint-Remi en gagnant 5 minutes, mais ensuite le cerveau décroche un peu avec le manque de sommeil et marche sur quelques portions.
J'arrive à Bosse à 15h20 pour dormir 30 minutes.
Murielle a déjà demandé pour moi et on part directement pour le dortoir situé dans une ancienne salle du chateau ou de l'église, je ne sais plus trop. Je suis tout seul mais je mets masque et bouchon d'oreilles pour ne pas être dérangé.
Réveil après 30 minutes. Je retourne au ravitaillement où est Murielle.
Je mange quelques riz au lait qui passent bien mais au moment de me changer, Murielle a oublié de prendre les vêtements. Mais elle a les manchettes qui feront l'affaire.
Je repars en mettant dans ma réserve quelques biscuits, mais très vite, sur le bitume je m'aperçois qu'il y a un problème à un bâton: il n'a plus de pointe !!
quelqu'un a dû marcher dessus au ravitaillement parce qu'ils étaient nickel en arrivant…
Je vais donc perdre quelques watt… dommage car le groupe WhatsApp a commencé depuis un moment à me mettre la pression pour passer le Malatra de jour et arriver à Courmayeur avant minuit.
Les objectifs sont ambitieux sachant que le roadbook annonce encore 8h20 de course et qu'il est 16h22. Mais c'est possible…
Je sais que la descente sur Courmayeur va être très difficile et que je vais perdre du temps sur le roadbook, il faudra donc en gagner le maximum d'ici là.
Heureusement le manque de pointe sur un bâton n'est pas si gênant que cela sur un terrain meuble comme il y a jusqu'au Malatra, une fois les sections de bitume passées.
J'avance bien et suis très motivé. WhatsApp est en feu.
Le temps est très couvert et il commence a pleuvoir un peu vers 17h. Mais il en faut plus pour mouiller un normand.
Je rattrape Laurent, celui qui avait dormi dans son tas de cailloux, et on discute un peu. Il a une expérience dingue avec des 500km dans les pattes. On reste un moment ensemble avant que je décide de mettre ma veste de pluie.
Un peu plus loin, c'est lui qui doit s'arrêter et je passe devant.
Nous sommes vraiment seul au monde.
Enfin le refuge Frassati est en vue.
J'hésite à faire un petit arrêt pour manger un peu. Il y avait 15 minutes d'arrêt sur le roadbook.
Je rentre dans le refuge, fais le check-in. On me propose de m'asseoir pour manger. Le refuge est plein de randonneurs et j'ai l'impression d'être dans un sauna à 40°. Je tourne les talons et ressort pour finir ce Malatra. Je croise Laurent qui pense s'arrêter un peu.
C'est reparti pour la fin du dernier col. Le rythme est de plus en plus lent avec l'altitude. J'y vais calmement Je reçois des notif de WhatsApp de Raya qui créé son groupe de suivi pour le Serre Ponçon. Je corrige Bubulle qui raconte n'importe quoi sur Kikourou... Ca passe le temps.
Sur les derniers hectomètres, je fait régulièrement des pauses. L'impression que c'est à la foi nécessaire, mais aussi je me rends compte que c'est le dernier et qu'il faut en profiter.
Ce n'est pas la nuit, mais c'est assez sombre avec le ciel très couvert (voir même qu'on est dans les nuages).
Grosse différence avec 2019 ou il y avait du monde. Ici, il n'y a que 2 personnes: le pointeur et le photographe !
19h35, je suis au col.
J'ai gagné 57 minutes sur le roadbook en comptant les 15 minutes de gagnées a ne pas s'arrêter à Frassati. Le roadbook indique maintenant une arrivée à 23h45. C'est presque bon mais j'ai un peu peur de la descente finale alors je continue à tout donner.
Le début de la descente est plutôt courrable, mais plus on descend et plus le chemin est accidenté et le pied gauche est très douloureux sur un mauvais appui. Ma technique est d'être focus sur le placement de ce pied. Le droit suit lui sans faire d'histoire.
Il y a quand même 600m à descendre et je ne me souvenais plus qu'il fallait descendre autant, surtout que l'on voit le ravitaillement qui dérive en haut à gauche pendant toute la descente car nous tournons à droite. Enfin on bifurque à gauche et entamons la montée sur Entre Deux Sauts.
Sur la fin de la montée je commence à sentir des odeurs de pizza et de sardines grillées. Cela me donne vraiment envie.
J'arrive au ravitaillement (en ne perdant qu'une minute sur le RB) qui est en fait une table posée à l'extérieur avec le basique.
Un gars sort de tente à coté pour le pointage et je lui demande ou sont les pizzas et les sardines !
Il me dit de rentrer sous la tente.
Il y a une demi-douzaine de bénévoles autour d'une grande pierre sous laquelle brule un feu.
Et cette pierre est couverte de petites brochettes et petites saucisses. Pas de pizza et de sardines donc. Le cerveau invente ce qu'il a envie, à la façon d'un Chat GPT qui hallucine quand il manque des informations.
Le gars me fait une assiette avec 3 brochettes et 3 saucisses.
C'est un délice, merci à eux. Je ne mange que cela et repart en 5 minutes (ça fait 10 minutes de gagnées: arrivée prévue à 23h36).
Descente sur Arminaz. Un peu le même genre de chemin mais moins pentu. Ça se coursotte bien quand on a deux pieds, mais dans mon état, c'est dur. C'est dur mais je ne lâche rien. C'est vraiment au mental.
Je dois faire une pause pour me dévêtir car les températures remontent au fur et à mesure que nous descendons.
Quelqu'un revient derrière moi. J'arrive à le maintenir à quelques dizaines de mètres de moi. Je suis vraiment en mode course pour terminer le plus vite possible sans perdre de places. J'apprendrais a l'arrivée que c'était Laurent…
J'entends le torrent sur ma gauche et j'ai hâte de le traverser pour l'avant dernière section jusqu'à Bertone. Je débloque plusieurs fois mon téléphone pour que UltraFan envoi ma position à mes suiveurs, sans regarder l'écran: il n'y a aucune utilisé de le faire car, dans cette première version, l'heure estimée ne se met à jour qu'aux points de contrôle.
Arminaz, enfin. Je check sur Ultrafan le point de passage. 11 minutes de perdues. Estimation d'arrivée: 23h47. Bordel, c'est chaud ! Ca va pas suffire pour la descente.
Entre Arminaz et Bertone, c'est un peu les montagnes russes avec 240m de D+ et D- en 5,4km.
Je force un peu plus, surtout dans les montées ou les pieds font moins mal. Dans le plat et les descentes je cours. Pas vite, dans les 7 ou 8 km/h, mais je cours. Je lâche mon poursuivant. 5km, c'est long, surtout à cette vitesse d'escargot même si j'ai l'impression d'aller vite au point de me demander si je ne vais pas plus vite qu'il y a 4 ans (dans mes rêves…). Je vois des lumières en contre-bas et pense que c'est Courmayer (en fait non).
Ça descend franchement juste avant Bertone. Chouette j'y suis.
Il y a un coureur au ravitaillement. Je vais directement sur le pointeur pour le checkin et repart directement sans regarder le ravitaillement. J'ouvre UltraFan. Checkin / checkout. Heure estimée d'arrivée: 23h30.
Ça laisse 30 minutes de marge sur 1h de descente. Je sais que j'ai gagné. Il ne peut plus rien m'arriver. L'arrivée avant minuit ne peut plus m'échapper. Je ressens un accomplissement à ce moment là. Je plane.
Je dépasse un concurrent qui descend à deux a l'heure. Je lui dit en anglais que j'ai l'objectif d'arriver avant minuit. Il me répond en français en me disant qu'il a reconnu mon accent anglais…
Cette descente est vraiment dure. Le genre de descente que j'adore en temps normal. Il faut être concentré pour placer chacun de ses pieds ou presque. Mais là avec mes pieds, la nuit, et la fatigue, c'est vraiment une épreuve. J'essaie de courir un maximum et marche là ou c'est vraiment trop dur. Je ne lâche toujours rien mais ne force pas trop.
J'ai hâte d'arriver sur le bitume. Murielle me téléphone au moment ou je crois y être mais en fait c'est juste une traversée de piste. Ca replonge de l'autre coté.
Ca y est, la route. Il est 23h21. Je déroule autant que possible ma foulée. Avant d'arriver au parc, je prends dix secondes pour enlever ma frontale et sortir le chabob du sac à dos que j'ai gardé pour ce moment là.
La traversée du parc, je ne ralenti pas. Je bip à la sortie sur parc.
Entrée de la rue piétonne. L'impression d'être en sprint (je suis à 10km/h). Il y du monde aux terrasses qui encourage, c'est motivant.
La ligne d'arrivée est devant moi.
Quelques foulées et ça y est. Je suis un TORiste (non le correcteur orthographique, pas touriste, toriste). 109h34 ! Superbe (oui, j'ai le droit de me féliciter).
Le speaker est l'organisateur de la course. Il me demande mes impressions. Je lui dit que le TOR est un 300km d'échauffement suivi d'un sprint de 30km tellement j'ai tout donné pour arriver avant minuit.
Je demande à Murielle de me rejoindre pour la photo.
Je vais signer l'affiche.
Bordel, je suis finisher de ce truc de fou. Il y a 4 ans, je suis venu grâce à un dossard Kikourou, faire le 30km et avait vu les arrivés des derniers du TOR, alors que je ne connaissais même pas cette course et ce qu'elle représentait. Comme indiqué dans mon récit, une graine avait été mise dans mon cerveau.
Pour la première fois, je n'ai pas l'impression d'être un usurpateur. D'être enfin un ultra-trailer.
(je ne veux pas dire qu'il faut faire cela pour en être un, mais que c'est mon sentiment)
Il a fallu 3 ans pour que cette graine germe car je n'y ai pas pensé une seule fois.
Et puis fin 2022, après la diagonale, est venue cette idée folle de m'inscrire.
J'en parle à Murielle. Je vois comment on peut s'organiser.
Je place une pièce dans le tirage au sort début février et fin février, je suis pris.
De suite je réserve un van aménagé. Bon, je me suis trompé de numéro de département et il est à Clermont Ferrand ! Pas grave, c'est sur la route, et puis les autres plus près ne répondent pas.
Maintenant il faut faire un plan de préparation. Parce qu'après la diagonale à la Réunion en Octobre dernier, il y a eu un gros passage à vide question motivation.
Je mets en place les habitudes d'entraînement sur la semaine tout en organisant la progression pour ne pas "trop" en faire. Ma blessure revient un peu après le 42km des Violettes mi-mars, mais j'ai assez bien géré pour qu'elle passe sans arrêter de m'entraîner.
Bien sûr le plan ne sera pas suivi comme prévu avec quelques passages de moins bien, mais globalement pas trop mal.
J'arrive à la Montagn'Hard avec un niveau un peu moins bon que l'année dernière, mais surtout très fatigué à cause d'un déplacement professionnel ou je dors très peu, suivi d'un barbecue Kikourou chez Benman l'avant veille.
Il y a pas de magie, je ne terminerais pas la course à cause d'une douleur au genou suite à un petit choc innocent. Choc qui probablement en temps normal n'aurait eu aucune conséquence...
Je sais que c'était la meilleure décision, mais cela mets quand même un coup (mon premier DNF) et il me faut les vacances en Alsace pour reprendre plaisir a courir.
Le mois d'Août sera très intensif, avec probablement un peu trop de vélo car j'ai fait l'erreur d'en acheter un nouveau, mais au total 91h et plus de 22.000m de D+.
J'arrive donc au départ du TOR au niveau voulu et tous les indicateurs dans le vert. Dans l'absolu, il manquerait juste un gros week end de 3 jours à la montagne pour me préparer à l'altitude, mais la montagne, c'est loin de la Normandie.
Après une bonne nuit d'au moins 5h, nous retournons à l'arrivée pour accueillir quelques Kikoureurs: L'Ecureuil, Galette-saucisse et Jano (sur le TOR des Glaciers). JuCB qui a également fini (et de quelle façon) le TOR des Glaciers est aussi là:
Et restons comme prévu jusqu'au dimanche pour la cérémonie de cloture, dernière étape presque obligatoire après folle aventure, l'occasion de refaire encore la course:
Et de revoir ma podologue préférée:
Bordel, j'ai déjà envie d'y retourner tellement c'était bon !
Aujourd'hui, 45 jours après, l'envie est toujours là. La tête y est ailleurs toujours là haut. C'est prévu pour 2026 et mes 50 ans, sur le TOR des Glaciers !
En février, je n'avais aucune notion du temps que je pourrais espérer. J'ai commencé mon roadbook en visant 120h, comme quelques kikoureurs.
Je me suis beaucoup aidé du CR de Marat qui est une référence en la matière. Mais, autant les temps du début peuvent être bon, plus c'est long, et plus les temps dépendent de la fatigue, de la météo et de l'heure (alternance jour/nuit). C'est donc difficile de faire des plans surtout a partir des temps d'une seule personne. J'ai eu ensuite celui de JuCB (bordel, je ne fais le lien que maintenant entre le JuCB qui m'a donné son RB et la légende JuCB que j'ai pu côtoyer à la fin du TOR !).
J'ai donc récupérer les temps de l'année passé pour les finishers entre 100 et 120h. Entre temps, l'entrainement progressant, et regardant les côtes ITRA, j'ai estimé pouvoir faire 112h, puis 108. Voire même 105h si les dieux étaient avec moi, tout en sachant que c'était pratiquement impossible surtout pour une première. Mais bon, au moins cela donnait a Murielle une sorte de "maximum" pour éviter qu'elle soit en retard.
J'ai donc récupéré et fait les moyennes des temps de passage aux différents pointages pour faire mon roadbook, en ajoutant à la main en estimant les temps d'arrêt.
J'ai eu jusqu'à 6h30 de retard sur ce roadbook, mais globalement il était plutôt bon. Les temps de pauses n'ayant pas été pris aux moments estimés (il faut savoir s'adapter aux conditions), cela a été plutôt stable après la grosse dérive du mardi:
Pour les temps de passage, vous pouvez les voir en détail dans UltraFan.
Merci a mes parents pour s'être occuper des filles.
Merci à mes 2 podologues anonymes (mais pas le premier). Sans elles, impossible que je termine.
Merci à la bande de Kikourou du groupe WhatsApp (ils se reconnaîtrons) qui ont été d'un grand soutient par leurs conseils, leurs encouragements et leurs blagues a deux balles.
Et merci a Kikourou de m'avoir mis cette graine.
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23 commentaires
Commentaire de Gilles45 posté le 31-10-2023 à 10:34:49
Super CR Boubou, et tellement instructif, j'y pioche plein d'infos pour l'avenir (j'espère).
C'est fou comme la problématique sommeil devient omniprésente à partir du mardi dans de nombreux récits.
Bravo à toi pour ton abnégation, et à ton accompagnatrice de choc pour ce périple partagé.
ça à l'air facile quand on te lis, mais je mesure l'exploit
Une question quand même: quand je te lis, ou quand je lis le récit de Marat...comment faites-vous pour mémoriser tous ces détails de courses ???
Commentaire de jano posté le 31-10-2023 à 11:02:54
salut Gilles,
5 ans après mon tor, je pourrais encore en faire un récit assez précis. C'est tellement marquant que quand tu l'as bien préparé en amont et que tu en profites pendant la course, tu as des repères partout. Tu associes chaque col, chaque BV à des moments, des rencontres, une anecdote...
Commentaire de BouBou27 posté le 31-10-2023 à 18:37:32
Merci !
Moi j'ai l'impression d'avoir oublié plein de chose. D'avoir de gros trous sans me rappeler quoi que ce soit.
Et d'autre ou j'ai des souvenirs sans savoir ou et quand c'était.
Je me suis appuyé sur les messages que j'ai envoyé sur WhatsApp à ma super équipe de suiveur à distance. J'ai oublié de le dire, mais c'est important d'avoir des amis qui encouragent / soutiennent / blaguent. Et pour ça, Kikourou est génial !!
A refaire, je prendrais plus de notes, peut être vocale en mettant comme règle de faire une résumé a chaque ravitaillement.
Je sais pas si en me lisant on trouve cela facile, mais physiquement je fini plutôt bien (sauf les orteils...).
Mais il faut un bon mental, ce que tout le monde dit que j'ai.
Commentaire de jano posté le 31-10-2023 à 11:00:43
arghhh !! un super récit avec 118 photos...je vais forcément lire ça ce soir donc ça va encore décaler l'avancée du mien de récit !!
Commentaire de BouBou27 posté le 31-10-2023 à 22:21:14
Et encore, je n’ai mis que le tiers des photos que j’ai prise !
Commentaire de centori posté le 31-10-2023 à 17:18:01
J'ai adoré ce récit, trés chouette, bien personnalisé, avec de magnifiques photos.
plusieurs commentaires:
1/ la course. C'est dingue, beau, magnifique. bravo.
2/ la super assistante. bravo aussi à elle. belle abnégation, elle a du passer une semaine terrible et être peut-être aussi fatiguée.
3/ je suis épaté par ta gestion de métronome Suisse. réussir à optimiser/gérer des montées de 1h ou plus à la minute prés, c'est trés fort.
4/ épaté aussi par la capacité d'endurer le mal. tes pieds j'avais mal en lisant.
encore bravo.
Commentaire de BouBou27 posté le 31-10-2023 à 18:52:41
Merci,
Dur pour l'assistance car elle ne voulait pas dormir. La fin a été mieux une fois qu'elle s'était reposée.
Endurer le mal, c'est bien ca ! Mais ce n'était pas une douleur ingérable, genre une douleur articulaire qu'on sait que cela ne peut qu'augmenter. Mais heureusement que j'ai eu 2 super podologues
Commentaire de Lécureuil posté le 31-10-2023 à 21:43:26
Bon j'ai juste regardé les photos pour l'instant, mais çà à l'air génial cette course, je note pour le futur, tu es sûr tu veux pas faire les Glaciers en 2024 ? et en 2026 pour nos 50 ans respectifs je te propose quelque chose d'un peu moins court :D
Commentaire de BouBou27 posté le 01-11-2023 à 20:22:49
Non, 2024 va être compliqué pour moi. Ca risque d'être juste des petites courses pas trop loin...
Commentaire de galette_saucisse posté le 01-11-2023 à 12:19:51
Superbe. Ca fait du bien de s'y replonger.
Bravo pour ta superbe course et ce joli récit... le mien prend du retard
Commentaire de BouBou27 posté le 01-11-2023 à 18:54:10
Je me suis un peu obligé de le terminer ce week-end !
Commentaire de Bert' posté le 01-11-2023 à 22:22:40
Boubou, tu es Géant... à quadruple dose !
1. d'avoir fini
2. d'avoir fait un temps canon
3. d'avoir aussi bien géré
4. de nous pratager un CR aussi bien construit et présenté
Commentaire de BouBou27 posté le 02-11-2023 à 19:06:52
Merci Bert, mais si tu trouves que j'ai bien géré, c'est que tu as mal lu ;)
Comme le dit Jano, j'ai pas super bien géré le sommeil
Commentaire de jano posté le 01-11-2023 à 22:34:40
bon, voilà, j'ai lu ton CR !! Bien détaillé quand même.
et donc à gressoney, je suis arrivé un peu après toi mais on était pile ensembles à Niel et on ne s'est pas vus !!
tu y étais entre 17h11 et 17h36 et j'ai pointé à 17h24.
Sinon, comme je le disais sur le CR de Chirov, y'a la gestion du sommeil qui pour moi doit être améliorée...car tu es bien plus rapide que moi de base, ce qui se confirme jusque Cogne et puis après, entre fatigue, siestes aléatoires, tu n'avances pas à ton vrai rythme.
Mais ça reste une belle course quand même et à part le sommeil, tu avais bien préparé ton RB et ça te permet de pouvoir anticiper. yapuka y retourner maintenant.
Commentaire de BouBou27 posté le 02-11-2023 à 19:20:12
Merci Jano. Oui, la gestion du sommeil est à revoir. C'était la nouveauté pour moi car jusque là, sur des courses de 40h, pas trop eu besoin de dormir.
A Gressoney tu as vu Murielle je crois, pendant que je dormais
Commentaire de jano posté le 02-11-2023 à 19:40:32
Oui, murielle m'a reconnu dès que je suis arrivé à gressoney, elle était bloquée dehors et donc dans le doute sur ce que tu faisais !
Tu as une photo du même arc en ciel que moi dans la montée après niel d'ailleurs.
Pour le sommeil, il y a eu pas mal d'échanges et ça n'est pas une fatalité de ne pas être capable de dormir la 1ere,2eme ou 3eme nuit...dès l'édition 2010,il y a u nrecit de rapace74 qui parle de sa réflexion sur le sujet, de ses cours d'auto-hypnose... Et même seb raichon à consulté un spécialiste pour savoir comment faire.
On s'entraîne toute l'année à courir mais sur ces ultras, ça n'est qu'une composante à entraîner. S'entraîner digestivement à courir avec le ventre plein, s'entraîner à dormir...
Moi même, j'ai du chemin encore dans toutes ces réflexions même si j'avais identifié le sommeil dès mon 1er tor.
Commentaire de Mazouth posté le 03-11-2023 à 16:42:32
Quelle aventure !! Pour un premier TOR tu fais une belle perf tout en en profitant un max il me semble, bravo Monsieur ! et bravo Madame aussi !!
Commentaire de Lécureuil posté le 04-11-2023 à 09:22:02
Bon je viens enfin de lire le texte dans les images
c'est quand même sacrément précis à la seconde près, là ou je moi je raisonne au quart d'heure :D
Je serais curieux d'avoir ton temps de pauses total et ton temps de sommeil
J"ai bien pensé à toi lors du premier orage ( je remontais vers Barma ) car je me disais que tu devais être pile dessous, heureusement mieux valait être dans la descente que en haut
Sacré perf pour une première pour toi et madame, les 100h sont faisables pour une 2° / et 150 aussi sur Glaciers
Merci encore à toi et madame pour l'arrivée et la pizza c'était très sympa et désolé d'avoir dû partir si vite
Bon je ne passe pas en Normandie sous peu, mais si tu passes sur Lyon ou Paris, fais signe ;-)
Commentaire de BouBou27 posté le 07-11-2023 à 15:17:23
Tu as le temps de penser aux autres qui sont devant toi ? C'est peut être pour ca que tu es derrière...
Pas de problème pour Lyon, même si ce n'est pas prévu pour l'instant.
Si j'organise un OFF en Normandie (ca a l'air de bien fonctionner pour l'entrainement TOR), tu viens ?
Commentaire de Jeffb posté le 21-11-2023 à 16:41:17
Quel récit détaillé ! A la minute lol ;-)
Excllent en tout cas ! Cela avait presque l'air facile !
Alors les "petits" batons c'est un must to have. Il n'y a qu'à voir les premiers comme collé qui les ont . Si les élites les utilise c'est pas pour rien. Perso je les ai adopté pour mon premier Tor en 2018 et je ne pourrais jamais repassé sur des " grands" ! Tellment en avance sur l'économie d'NRJ sans rien perdre de l'efficacité. Je te les conseille !
Le truc marrant dans ton récit ?
C'est moi que t'as dépassé à la fin et quand j'ai entendu ton accent je me suis dis il parle aussi bien anglais que moi lol !
Une vielle tendinite du releveur m' vraiment plombé depuis le km 400 , du coup la dernière descente fut un peu rude lol
Au plaisir !
Kirchen 1 ( mon ancien compte kikou ne marche plus )
Commentaire de jano posté le 21-11-2023 à 16:51:11
Collé, c'est parce que c'est plus, pratique à vélo.
Commentaire de Jeffb posté le 22-11-2023 à 08:26:41
Légende ? bordel ce collé ...
Commentaire de BouBou27 posté le 23-11-2023 à 16:23:34
Ha ! C'était toi !!
En plein jour tu aurais vu mon chabob ou mon écusson KKR...
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