Récit de la course : 90 km du Mont-Blanc 2023, par centori

L'auteur : centori

La course : 90 km du Mont-Blanc

Date : 23/6/2023

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 703 vues

Distance : 92km

Objectif : Terminer

Partager :

166 autres récits :

L'invité Surprise

90K MMB invité surprise

1/ Invité surprise.

Après Ultra-Trail du Déconfinement le 6 juin 2020 (off de 90km en Suisse Normande avec des potes), High Travail Vanoise en 2021, Maxi race et Grand Trail Auvergne en 2022 j’avais envie de passer à la vitesse supérieure et d’aller courir à Chamonix.

Alors bien sur les courses de l’UTMB, mais compte tenu de mon activité professionnelle, elles me sont probablement à jamais interdite. J’avais donc tenté ma chance pour l’édition 2022 du 90k MMB sans succès, et une nouvelle fois pour 2023 avec peu d’espoir puisque les dossards 2022 étaient reportés pour cause d’annulation météo.

De fait, je me suis fait bouler au tirage au sort de l’édition 2023, mais certains chanceux n’ont pas confirmé leur inscription et j’ai ainsi reçu un beau matin un mail m’annonçant qu’il restait quelques dossards et premier arrivé premier servi. 5 minutes plus tard l’inscription était faite et me voilà l’invité surprise du 90k MMB à Chamonix.

2/ Préparation et Objectif.

La préparation de la Maxi Race 2022 avait été efficace et j’ai donc décidé de faire la même chose, mais en prévoyant le dernier weekend choc 3 semaines avant la course pour gagner en fraicheur.

J’arrive donc avec 1500km de CAP et 44000d+/d- au 15 juin ce qui est considérable pour un Normand. Il me semble difficile de faire plus ou mieux et je m’estime prêt pour l’aventure.

Coté objectif, je me dis que finir la course avant minuit serait bien, et donc dans un temps de 20h00.

Le plan est de partir cool, continuer tranquille et finir pépère. Ce qui doit me permettre de finir dans un état correct. L’idée est surtout d’arriver très frais à mi-course pour être sûr d’avoir une fin de course agréable et donc être finisher.

 

3/ Lever.

Je suis réveillé à 2h40, j’attends gentiment le réveil à 2h50 et là je flippe !

J’entends beaucoup d’eau tomber. Le temps semble pourri. La veille il y a eu un énorme orage, et donc je crains que l’on en soit encore là. Mais il faut se préparer avec le sentiment que le début de course va être horrible sous cette flotte qui tombe fort.

3h30 je suis dehors direction la ligne de départ. En réalité c’est une petite bruine, que ne renie pas un normand, qui tombe. Ma chambre d’hôtel était en fait à côté du débord du toit et c’est ce fort débord que j’entendais tomber, donnant une sensation de forte pluie.

Cela va donc mieux dans la tête, mais le mal est un peu fait pour le bide qui lui est un peu noué.

 

4/ La Course.

Départ – Ravito 1 – Planpraz. Temps prévu 2h30.

Le départ est donné à 4h00, je suis dans le sas 1 bien décidé à partir très tranquillement. De fait, environ 1,5km de plat, je pars à 5’30-5’45 au KM c’est cool et puis ça se met à grimper. Je vais adopter un rythme de sénateur en mode sans effort.

De manière amusante, je retrouve dans cette montée un Caennais que je connais et nous faisons donc la montée en papotant. Ça double de partout, nous on est tranquille.

Au sommet du Brevent 2h30 et 786eme ce n’est pas bien rapide, mais je m’en fou, je ne suis pas encore vraiment réveillé. La descente va me permettre de reprendre vie. Tout d’abord dans la neige. Hop sur le cul ça dévale vite et bien, sauf quand un con ne se maitrisant pas me tape dans le dos à pleine vitesse. Je ronchonne en lui disant de se maitriser.

Ensuite descente vraiment très très raide vers le ravito, et là j’ai bien cru qu’un coureur allait se tuer. Le gars a dû faire un faux pas et il est parti en roulé-boulé sur 30-50m de d-. On est beaucoup à avoir eu très peur, heureusement uniquement un bras et un genou abimé, ensuite descente en vitesse pour prévenir les secours.

Arrivée au ravito de planpraz en 3h00 donc 30’ de retard. Je le prends sereinement car je sais ne pas être encore dans la course.

Classement : 674

Amusant j’ai quand même gagné 100 places dans la descente comme quoi.

 

Planpraz – Le buet

En sortant du ravito, je retrouve par une hasard une jeune femme avec qui j’ai couru un bon bout de la Maxi Race. Elle m’avait tapé dans l’œil étant plutôt assez mignonne. Je trouve ça assez marrant de la retrouver par hasard. On va rester un petit moment ensemble, et puis elle va partir devant, et comme à la Maxi Race me coller 1h, bref…

Cette partie de la course démarre par une traversée alternant plat – descente – montée vers tête au vent, c’est assez sans intérêt mais ça s’avale bien. On profite quand même d’une très belle vue sur le Mont Blanc et l’Aiguille du Midi c’est très plaisant.

Puis une petite descente vers le Buet en forêt. Curieusement je vais doubler en descente ce qui ne m’arrive qu’assez rarement. Je vais donc m’en étonner un peu, et me dire que les jambes commencent à être là.

Arrivée au ravito du Buet, mon père est là environ 300-400m avant. Je fais les niveaux, j’enlève enfin la veste que j’avais depuis le départ et je repars. Le stop aura duré 4 minutes maxi.

J’arrive au ravito et là contrôle des sacs !

Et là je me dis ET MERDE ! j’ai laissé la veste dans la voiture. Donc je fais le gars qui n’a rien vu, je passe et hop.

Temps : 5h35 contre 5h20 prévu.

Classement : 665.

 

 

Le Buet – Loriaz.

7km et 600d+, ben je n’en ai aucun souvenir sauf une jolie vue sur l’Aiguille Verte et les Drus, si ce n’est que je suis bien et que les jambes commencent à se mettre en place.

J’y arrive en 6h56. Le road book prévoyait 6h50 donc je suis dans le timing.

Classement 561.

Le contrôle précédent était à l’entrée du ravito, et comme je suis passé comme un éclair forcément j’ai gagné énormément de place.

 

Loriaz – Emosson.

Une fois de plus une belle descente agréable, je suis plutôt cette fois très bien. Les jambes sont fraiches, je trottine en descente en profitant du paysage. Je n’en ai de même aucun souvenir tant j’étais concentré. Je suis 545eme à la Villaz. J’ai eu encore le sentiment de grignoter des places en descente ce qui n’est pas dans mes habitudes. Je fais le plein d’eau.

Je vois la barrière horaire à 11h30 ! Mais ma montre ne donne pas l’heure et seulement le temps de course. Je n’ai pas la présente d’esprit de faire le calcul, et donc je demande l’heure. Bon ça va je suis large. Mais autour ça se marre.

Ensuite la montée vers le Barrage d’Emosson. J’en ai lu des compte rendus kikourou sur cette fameuse montée vers Emosson, l’horreur, le mouroir, que c’est dur etc…

Bon en vrai ça démarre par un peu de plat dans la forêt, ça trottine tranquillement. Et à un moment le barrage apparait en dessus en haut loin. Et c’est sans doute vrai que si on n’est pas bien, on peut se sentir écrasé par cette hauteur impressionnante à franchir et avoir le mental qui flanche.

Pour moi ça a été le contraire. J’ai été boosté par la cible à atteindre. Et je vais naturellement prendre un bon rythme, et grignoter quelques places. Le début de la montée se fait dans la forêt, puis l’on débouche enfin à découvert. La vue est superbe, en haut le barrage, derrière l’aiguille verte. On profite.

Et puis voilà le barrage, ascension terminée, on passe en trottinant en 5’45 au km sur le barrage, arrivée au ravito. Plaisir, pleine forme. Sur le barrage le point de vue est magnifique. A gauche l’eau et un cirque de toute beauté, à droite la pente et l’aiguille verte.

Classement : 492

Temps de course : 8h58 vs 9h10 programmé.

Le retard du début de course est totalement effacé.

Je vais là m’offrir une pause de 15 minutes pour manger de manière importante et donc recharger les batteries.

 

Emosson – Le tour.

Cela démarre par une descente et un aigle qui survole. Il plane, profite, c’est impressionnant, mais il faut avancer. Cette descente vers Le Chatelard en Suisse est annoncée comme technique et de fait, mais je vais adorer. Beaucoup de pierres, de racines, des arbres en travers du chemin, ça tournicote beaucoup. Mais je vais vraiment apprécier cette descente et encore gagner quelques places.

Arrivée au Chatelard, point d’eau, le stop est rapide, juste le temps de remplir les flask et c’est reparti.

La remontée vers Catogne se fait cette fois via un chemin 4x4 ou piste de ski c’est sympa, je discute avec d’autres coureurs, dont un avec qui j’ai couru une partie de la Maxi Race. Etonnant quand même.

Ça monte tranquille tout en admirant le barrage d’Emosson qui se trouve de l’autre côté de la vallée. De là c’est impressionnant. La montée est agréable. Ce qui était annoncé comme un point d’eau à Catogne se transforme finalement en ravito ce qui n’est pas plus mal il commence à faire bien chaud. Pit stop rapide et c’est reparti vers le col des posettes.

Cette montée s’est passée toute seule sans difficulté particulière. La pente est peu importante et surtout régulière ce qui permet d’adopter un rythme constant.

Cette année short cut et pas de sommet, il y a beaucoup trop de neige. A ce moment, au km55 on a une vue sur Chamonix au loin, et j’ai trouvé que c’était vachement loin, j’ai eu un petit coup de moins bien au moral alors que les jambes sont bonnes c’est idiot. Une fois le cerveau rebranché, descente vers Le Tour pour un ravito.

Tout va bien, la descente est encore agréable dans la forêt, mais avec des vues sur la vallée ce qui rend la descente sympathique.

Ravito à Le Tour, stop de 10 minutes et ça repart direction Le Bois.

Classement : 453

Temps : 13h15 vs 13h30 programmé.

Je m’offre de même une pause de 15 minutes pour bien recharger les batteries.

 

Le Tour – Le Bois.

Cette petite section de « seulement » 10km et 30d+ mais 700d- ne va pas me plaire. Un coup ça monte, un coup ça descend, du plat faut courir, on ne voit plus rien parce qu’on est plus ou moins en fond de vallée, pas de perspective. Et KM69 le vomito.

Ça menaçait depuis un moment, et le vomito qui fait du bien au bide, la vidange. Je termine comme je peux la section en finissant en marchant.

J’arrive au ravito en regardant mon père et dans l’axe, il y avait les masseurs qui ont cru que je les regardais et m’ont direct proposé un massage, que j’ai accepté. J’ai surtout bénéficié de la possibilité de m’allonger ce qui était un plus sympa.

Je prends 10-12 minutes pour boire et manger et je repars.

Classement : 489 (en sortie de ravito).

Temps : 15h16 vs 15h20 programmé.

Je suis légèrement en avance timing, mais je suis mort. On ne lâche rien, je sais que je finirai même au ralenti. A ce stade c’est le mental qui me fait repartir du ravito.

 

Le Bois – Plan Aiguille.

Le soir commence à tomber il est 19h00, je ne suis pas bien, j’ai froid (idiot) je décide donc de changer de t-shirt et mettre un t-shirt manche longue thermique. Je me dis à juste titre que cela va me requinquer et anticiper le froid pour la nuit.

Et la montée vers le Montenvers va être un calvaire, une sensation de pas de jambes, dans une grimpette difficile. Le chemin est merdique à souhait, ça tourne dans tous les sens, des pierres, des racines, des gros blocs à enjamber, et pour la première fois je suis dans le mal. Je me traine, je m’assoie, bref ça ne va pas.

Tant bien que mal enfin le montenvers en 16h57 vs 17h10 et je suis donc en avance mais sans lucidité pour regarder le timing que j’ai dans la poche. Ma montre n’a plus d’énergie, je n’ai plus d’information, ce sera à la sensation.

Ravito, je fais le plein, je bois, attrape des bananes et repart avec un verre de coca à la main. 50 mètres plus tard je vomis TOUT, en plusieurs fois, à la bile donc ça tire très très fort. Mais j’ai sauvé mon coca et lui me sauvera ensuite.

J’enquille dans les pas d’un coureur et ça monte gentiment, puis passage au point haut et traversée vers plan de l’aiguille. Je sors la veste et la frontale. Le mec est plus rapide que moi, il trottine mais je m’applique à être en marche nordique et je réussis à lui coller aux basques. Je m’y accroche comme une moule à son rocher. Je sais que si je m’accroche il va m’emmener, alors que si je décroche la tête et les jambes vont sauter.

Le paysage est somptueux, le coucher de soleil sur le mont-blanc est juste incroyable. C’est peut-être le plus beau moment de la course. J’ai adoré. Le soleil disparait la nuit arrive et moi j’arrive au plan de l’aiguille.

Temps : 18h35 vs 18h40 programmé.

Classement : 462.

Je bois vite fait, du coca, je suis pointé et annoncé 482 (j’ai surement mal compris). Je suis resté 3-4 minutes maxi. C’est la première fois que mon classement m’est annoncé, et je suis vraiment surpris du classement. Je pensais être beaucoup plus loin.

 

Plan Aiguille – Arrivée.

Sortie du ravito, j’ai mon verre de coca dans la main, mais je m’étale dans la neige. Surprise j’ai sauvé le coca, et je vais le siroter doucement en descendant. En bas, les lumières de Chamonix sont comme un appel. Je suis 482, on m’annonce 22h40 je sais avoir 1h20 pour réussir à finir avant minuit.

Cette partie me faisait très peur. C’est finalement la première fois que je vais terminer une course de nuit. Au GTA j’ai couru 20 minutes de nuit, mais là ça n’a rien à avoir. Il s’agit de descendre 1200d- sur 8km et il fait bien froid. Je savais que je devrai mettre un t-shirt thermique, j’y ai déjà rajouté la veste. Il doit faire 4-5 degrés au plan de l’aiguille, les bénévoles sont frigorifiés en plein vent. Certains coureurs ne mettent même pas la veste, je ne comprends pas. Je me dis alors que cette anticipation était surement la bonne chose à faire.

Je veux être moins que 500eme, alors quand un coureur me double cela me titille, j’accélère, un autre passe, je finis par me mettre à trottiner, puis courir franchement. Les lumières de Cham m’appellent je ne sais pas où j’en suis alors j’appuie j’appuie, je double par grappe (presque) je klaxonne quand je ne peux pas doubler facilement tellement la différence de vitesse est énorme.

J’entends des mecs que je double dire, il est fou, pas envie de me blesser. Parce que oui cette descente est très technique ; Ça tourne beaucoup, il y a des pierres et des racines en masse, mais je me sens incroyablement bien, physiquement au point, et techniquement sûr, j’utilise les bâtons pour sauter les pierres me donner de l’appui dans les racines. J’ai donc un sentiment de sureté et de pied précis. Donc sans savoir ou j’en suis pour le timing, je pousse en espérant réussir à finir avant minuit.

Et voilà l’entrée de Chamonix, ça pousse à l’estime en 5’30 au km, l’horloge de la Pharmacie indique 23h54 QUOI mais REAFFICHE que je sois SUR ! Et oui 23h54 finish en trombe, la foule est bien là ça crie, c’est dingue, c’est CHAM, arrivée en 19h54’20 le pari des moins de 20h est tenu.

Classement : 445.

 

Arrivée.

Médaille finisher, cadeau finisher (bouteille 90k) et kit Opinel de Camping. Je fais des étirements, un coca et voilà c’est fini. Retour à l’hôtel en passant dans la foule. Des jolies filles vont au bar, moi je suis puant, suant, déguelasse, mais vraiment CONTENT !

 

Le lendemain.

Couché à 2h du mat après avoir mangé un peu. Lever 7h20, petit déjeuner énorme. Promenade dans Chamonix les jambes vont très bien merci. Pas de douleur franche. Genoux OK. Je vais m’acheter la veste « marathon du mont-blanc » chez I-RUN et 3 paires de chaussettes de Trail Françaises.

Heureux quoi. Après-midi, sieste de 3h et une fatigue dingue qui me tombe dessus. De nouveau une promenade mais je me traine.

Et déjà penser au prochain objectif ? passer les 100km c’est tentant.

 

Matériel.

Frontale Stoots Hekla Kikourou.

Casquette Kikourou puis Bob Hooka

Sac Salomon 8L.

Chaussures S-Lab Ultra 3.

Bâtons Black Diamond Carbon Z

Nourriture : compotes salées-sucrées baouw, compotes salées 4Ultra, gaufrettes Naak, et sandwich jambon beurre, sans compter des masses de bananes !

 

Aucun commentaire

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.12 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !