Récit de la course : Bearman XXL 2017, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Bearman XXL

Date : 23/9/2017

Lieu : Amelie Les Bains Palalda (Pyrénées-Orientales)

Affichage : 1937 vues

Distance : 225km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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2 autres récits :

Bearman : un ours bien né !


http://bearmanxtri.com/fr/

 

 


Février 2017, mon Président de club (triathlon club nantais) transfère un mail répertoriant les différents triathlons longues distance prévus dans l’année en France. Par curiosité, je l’ouvre, je vais directement à la rubrique « XXL » bien sûr et je découvre le Bearman, première édition. Toujours par curiosité, je vais sur le site et je n’ai pas fini de lire la page d’accroche que déjà mon inscription est partie. Rendez-vous compte, une épreuve qui revendique le retour aux sources du triple effort, solitaire, sans bling bling et sans aucune aide extérieure, le tout dans un paysage de montagne : le rêve !

Nous voilà donc avec Damien, un autre amoureux de tout ce qui est long et difficile, avec qui j’ai fait la route, à Amélie-les-bains, petite ville thermale nichée au fond de la vallée du Tech, au pied du Mont Canigou (la montagne sacrée des Catalans) dans la région du Vallespir. N’ayant jamais entendu parlé de cette région, je découvre ! Et la sortie vélo de 2h30 faite la veille de la course confirmera que les Pyrénées, quel que soit l’endroit, regorgent vraiment d’endroits merveilleux. Nous sommes à quelques kilomètres à vol d’oiseau de la grande bleue, mais c’est pourtant déjà la montagne avec une végétation qui garde un aspect très méditerranéen avec des palmiers, des oliviers et de la garrigue.

Amélie les bains, sur le Tech


Balade avec Damien la veille de la course


Tout au fond... la mer !


On est basé à l’hôtel « le beau site » que je ne recommanderai pas pour la qualité et la propreté de ses chambres mais pour son positionnement idéal sur la place d’arrivée de la course. On ne pouvait pas être mieux placé.



la zone d'arrivée et la base de vie



Sur place on retrouve Paname (autre fondu de tri xtrem avec qui j’ai déjà partagé de nombreuses aventures avec Raspoutine) accompagné de son amie Sylvie et de Salomé sa grande fille. Surprise, je retrouve aussi l’ami Dany, l’homme aux 9 ironman dans l’année 2016, et aussi de nombreuses têtes connues dans ce petit monde de l’xtrem tri.

La course est assez internationale, car organisée par un très sympathique couple d’Anglais, Michelle et Richard, installé en catalogne depuis quelques années. Pour eux, le triathlon est non seulement un gagne-pain (ils sont coachs particuliers, entraineur du tri catalan et organisateur de stages), mais surtout, on le sent bien à leur façon de vivre l’évènement, une passion ! Briefing français-anglais, un peu rébarbatif, dans lequel j’apprends que la course s’annonce beaucoup mieux encadrée que je ne le pensais. En fait, à part l’absence de table de ravitaillement organisée, c’est une course comme les autres, avec un balisage et un fléchage parfait, des aires de transition parfaitement agencées (T1 et T2 sont à 2 endroits différents), des sacs de ravitaillement personnels placés au km 50/120/140 du vélo, et au km 19 et 24 du marathon, un chronométrage officiel par balises GPS trackeuses. Initialement, je pensais qu’on partait plus à l’aventure, mais là, il suffit de remplir soi-même sa gourde aux très nombreuses fontaines parfaitement signalées sur le parcours pour se retrouver dans des conditions quasi-normales

Une bonne pasta la veille chez Paname, arrosée de quelques verres de Tautavel, histoire de fignoler la recharge glucidique et nous sommes prêts pour le grand départ.

Pasta party au Tautavel et avec un délicieux poulet coco mijoté par Sylvie

6h30, lac de St Jean Plat de Corps : une petite centaine de gugus, relayeurs compris, dont 4 féminines, s’apprêtent à inaugurer le Bearman !!!


Le lac, reco l'avant veille


Avec Paname, juste avant le départ


La natation se déroule dans une grande mare aux canards très peu profonde avec une eau bien chaude et une petite île au milieu dont il faut faire le tour 3 fois en suivant un parcours un peu alambiqué avec des bouées parfois un peu difficiles à trouver. Honte à ceux qui ont profité de l’obscurité et du tout petit nombre de stand-up paddle de contrôle pour couper et tricher pour raccourcir le parcours ! Natation facile, sans forcer, sans bousculade, sans aucune lassitude, sorti en 1h07, je pense qu’il devait manquer 3 ou 400 mètres.

Du parc à vélo à la route, il y a une longue ligne droite de 200m environ qui n’est pas goudronnée avec de vilains cailloux qui dépassent, et je préfère porter le vélo et perdre quelques secondes plutôt que de risquer de crever dès le départ.

Profil vélo : 4000 m de D+ environ


Après 2 km de plat (les seuls de la journée), on attaque le col du Xatard, le premier d’une série de 5. Une longue montée de 30 km environ qui se fait par paliers successifs, pas bien méchants, et qui nous fait passer du niveau de la mer à 750 m d’altitude. Une bonne mise en jambe, les sensations ne sont pas mauvaises, mais pas formidables non plus. Comme j’ai décidé de faire une bonne course à pied aujourd’hui (cela fait des années que cela ne m’est pas arrivé), je ne cherche pas à quicher sur le vélo, surtout dès le début. Après quelques passages casse gueule sur des gravillons, on arrive au petit village de Montbolo depuis lequel on a une vue superbe sur toute la vallée du Tech et on attaque une courte mais rapide descente sur Amélie-les-bains.

Je passe devant la future zone d’arrivée où m’attendent mes affaires personnelles sans m’arrêter. Il fait un temps correct mais sans plus, je n’ai donc pas besoin de déposer ou de récupérer de vêtements et j’ai assez à manger sur moi pour atteindre le prochain sac, et au pire des cas, j’ai emmené un peu de monnaie avec moi si j’ai besoin de faire un stop boulangerie. Mais au rythme assez bas que je vais maintenir et avec la forte réserve lipidique que j’ai toujours sur moi, je ne pense pas avoir beaucoup besoin de manger dans les prochaines heures.

Après 3 ou 4 km de faux plats le long du Tech, arrive le deuxième col, bien plus sévère, la montée vers le refuge de Batère à 1450 m d’altitude avec 1200 m de D+ sur 16 km. Les 5 premiers km sont les plus durs de la journée, mais on ne dépasse jamais les 8 ou 9 % je pense. Après le village de Corsavy, la pente s’adoucit puis reprend plus forte jusqu’au sommet, dans un paysage qui change complètement, avec la forêt qui fait place aux pâturages. Je fais le plein des bidons au robinet du refuge, aidée par une charmante randonneuse espagnole et je me couvre pour la descente qui s’annonce très rapide. Ce deuxième col est effectué en aller-retour et c’est sympa de croiser et d’encourager les copains qui montent. Dany est déjà dans les premières places, je m’estime un peu avant la moitié et Damien et Paname suivent à 45’ environ.

Rencontre avec un troupeau de brebis et un patou en pleine transumance


On redescend complètement sur la vallée du Tech pour monter le troisième col, le col de Sousse : je tourne les jambes fastoche sans forcer car j’ai des petites contractures aux quadri. 9 km entre 5 et 7% environ, dans un paysage complètement désertique. Le soleil essaie de percer difficilement les nuages, la route est mouillée par endroits, mais c’est un temps idéal pour rouler.

Au loin, le Mont Canigou

On redescend à Prats de Mollo, toujours au bord du Tech, où je récupère mon sac perso dans lequel se trouve ma désormais célèbre boite de sardines à l’huile que j’engloutis car j’ai bien faim quand même. 10 bonnes minutes de pause je pense, le temps de bien me ravitailler, de faire le plein des bidons, de vidanger le bonhomme et de faire la bise et Sylvie et Salomé (la bise des jolies filles est-elle considérée comme une aide extérieure ? dans ce cas, je pourrais recevoir un carton ! tant pis, je prends le risque !)

Il faut maintenant monter le quatrième col, le col d’Ares, qui nous monte au point le plus haut de la journée (1500 m) et qui nous amène à la frontière espagnole avec des vues splendides sur la chaîne pyrénéenne. La montée fait 13 km, avec des pourcentages maxi à 8.5 %, rien de monstrueux donc. Je passe sans forcer car j’ai les cuissots qui commencent à chauffer. Ce col s’effectue aussi en aller-retour, et je constate que les écarts entre les concurrents sont relativement stables depuis le col de Batère.

beaucoup de petites routes peu fréquentées


Un dernier petit col, « la Forge », permet de couper en deux parties la très longue descente qui nous ramène à Amélie-les-bains, terme de ce très joli parcours vélo.

Bilan, d’après mon Strava : 182 km, 4600 m de D+ (mais d’après des GPS plus précis, il y aurait 4000 de D+ environ), à 21 de My pour un peu moins de 9h au total, pause et ravitaillement compris. Malgré des sensations mitigées et le sentiment de ne jamais avoir forcer, je fais peut-être mon meilleur vélo de l’année. Dommage que j’ai repris les 3 kg que j’avais perdus pendant les vacances, car plus léger, j’aurais surement pu allumer un peu plus.

A T2, je récupère mes affaires de CAP et mon ravito que j’avais déposé la veille. Je fais une bonne toilette corporelle et je me change complètement. Comme il fait un peu plus chaud dans ce fond de vallée, j’enfile ma trifonction dont les couleurs commencent à passer à force du suer dedans, il va falloir investir l’an prochain. Je prends un petit camel back d’1.5 l pour transporter la balise GPS, mon téléphone (obligatoire), un peu de nourriture et de quoi tenir en eau jusqu’à la prochaine fontaine qui se situe au km 16. La charmante bénévole, avec un accent « so british » m’annonce 49 ème à partir pour le marathon. Je suis bien décidé à ne rien lâcher, sachant que seuls les 50 premiers auront droit à la médaille d’or et les suivants à l’argent puis au bronze, il faut donc que je surveille mes arrières.

Profil marathon : 1200 m de D+


Après 4 km de plat le long du Tech pour faire tout le tour de Palalda (là aussi, honte à ceux que j’ai vus couper dans le village et qui ont gruger au moins 2 km !), on attaque la longue montée vers Montbolo. Tout le marathon se fait sur bitume, pas de trail. Je vais presque tout courir, ne m’accordant que quelques secondes de marche de temps en temps pour ne pas me cramer. L’entrainement de cet hiver avec la Gazelle et le Raspa (montée de l’Izoard dans la neige en courant) m’aura été très bénéfique. Je ne vais pas bien vite certes, mais je trotte, et je ne pensais vraiment pas que je serais capable aussi longtemps !

On refait la descente Montbolo/Amélie qu’on a faite en vélo ce matin. Ça descend très raide, ça tape fort sur le bitume, mais je ne retiens rien car si je retenais mes 85 kg, ça serait encore pire pour mes vieux genoux cagneux. Du coup, je rattrape les deux gaziers qui m’avaient doublé dans la montée !

Il y a ensuite un aller/retour de 4 ou 5 km de plat que je trouve un peu longuet à faire le long du Tech avant de retrouver T2 (km 26), où je m’arrête pour faire le plein de mon sac, pour enfiler un t-shirt sec car il fait plus frais et m’équiper pour la nuit car le soleil se couche.



Départ pour la deuxième boucle


On remonte de l’autre côté d’Amélie pour un aller-retour de 16 km dans des gorges sauvages et désertiques que l’on devine magnifiques, mais hélas il fait nuit noire maintenant et on ne voit rien. Je pense qu’il serait intéressant de commencer le marathon par cette boucle afin que la plupart des concurrents puissent la faire de jour et profiter de ce paysage grandiose. Malgré la pente bien raide sur les 2 ou 3 premiers km de la bosse, je cours presque tout le temps, avec quelques secondes de marche de temps en temps. Ensuite la pente se calme, et j’attends avec impatience le demi-tour qui signifiera le retour et la descente. Dans ce dernier tronçon, je rattrape encore 2 gars, dont Ben, le copain de Dany qui a une pate qui couine et qui gère son marathon pour finir l’épreuve. Je croise une dernière fois Damien à 3 km de l’arrivée environ.

Un passage bien sympa dans le dernier km dans la rue commerçante du village où les terrasses de bistrots sont bondées. ça fait chaud au cœur de se faire applaudir après tant d’heures  d’effort.

Et c’est la dernière ligne droite vers la cloche d’arrivée, sans forcer car je n’ai personne devant et personne derrière. Je pense être dans les 50 à vue de nez, mais on m’annonce 37ème au final (15h12 de course) car il y a des relayeurs intercalés qui ne rentrent pas dans le même classement ! Inespéré, vu le peu de préparation spécifique et mes agapes estivales.

une cloche sonne sonne...


5h de marathon pour 1200 m de D+, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas aussi bien couru et je ne suis pas complètement cuit. La technique de la foulée légère et mon entrainement CAP un peu mieux structuré depuis quelques temps semblent commencer à porter leurs fruits. Il faudra confirmer cela l’an prochain !


L'ours nous attendait à l'arrivée, c'était pas la peine de courir après lui toute la journée !

 

La photo finish pour le sponsor de la course : "la bière de l'ours" bien sur  !

Alors ce Bearman ? Et bien, pour en avoir fait un paquet de ces xtrem triathlons, je dirais que malgré quelques petits détails à régler inévitables pour une première édition, il a déjà largement sa place parmi les grands. Paysages superbes, parcours très variés, organisation déjà très au point. Moins dur qu’un Evergreen bien sûr (celui-là, c’est du très très lourd), ou même qu’un Altriman, mais plus dur qu’Embrun, et du même niveau que le Norseman ou le Swissman je pense, même s’il est toujours difficile de comparer des courses aussi différentes les unes des autres. Sur le vélo, il n’y a jamais des pourcentages de folie, et c’est plus l’accumulation du dénivelé qu’il faut bien gérer. Le marathon n’est pas technique mais il est très exigeant tant physiquement que mentalement car il ne permet pas de temps de répit et il faut résister à l’envie de marcher dans les côtes quand les jambes sont dures.

Mais le plus simple et le mieux, pour vous faire une idée, c’est de le faire ! Allez-y, c’est vraiment à la portée de tout le monde car Michelle et Richard veulent surtout avoir des finisher et les délais d’élimination sont excessivement larges. Il y a 24h pour boucler le parcours ! Cerise sur le gâteau : l’inscription est de loin la moins chère de tous les xtem tris.

La traditionnelle photo des finisher



Stéphane, La Tortue, Damien et Paname, tous "bearman" avec l'ours et leurs beaux maillots de vélo



The gold medal !!!


Voilà, la saison de tri 2017 s’achève sur cette bonne note et cette chouette course avec un week-end encore bien sympathique avec Damien et tous les copains. Half de Lacanau, Triathlon X en Angleterre, Altriman et Bearman dans les Pyrénées catalanes, voilà une saison bien remplie et qui restera un bon cru, tant sportif que humain car sur les 4 courses j’ai partagé des supers moments avec les enfants ou les amis !

Vivement 2018….



Pour finir, bilan de l'année 2017 en images :

 


 Half de Lacanau en mai avec les gaziers du TCN



Triathlon X en juin avec les enfants



Altriman en juillet avec Emmanuel


 


Bearman en septembre avec Paname et Damien

 

Que d'émotions en 2017, vivement 2018….

4 commentaires

Commentaire de philkikou posté le 28-09-2017 à 06:47:56

En toute simplicité, tu racontes ce nouveau défi comme tu venais de faire une petite coursette !

Quelle belle saison effectivement !!!

et maintenant stage de récup. en Chartreuse :-) !...

Commentaire de Sprolls posté le 30-09-2017 à 17:16:32

Elle enchaîne la tortue ;) Bravo tu vas pouvoir vendre la peau de l'ours maintenant !

Commentaire de panâme posté le 09-10-2017 à 14:48:50

J'attendais avec envie ce nouveau récit d'une aventure qu'il
m'à été donnée de partager à tes côtés et je ne suis pas déçu par ta plume toujours aussi alerte. Merci à toi mon ami La Tortue et au plaisir de nous retrouver en 2018 pour d'autres moments de partage...merci a Sylvie Salomé Damien Richard Michèle et bien d'autres encore.

Commentaire de XDams posté le 15-07-2018 à 08:23:22

Arggggghhhhhh encore un récit qui donne envie !!!!! merci La Tortue :)
Xdams

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