Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2011, par benboulz

L'auteur : benboulz

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 13/10/2011

Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)

Affichage : 1735 vues

Distance : 163km

Objectif : Pas d'objectif

4 commentaires

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Benboulz se promène dans le 974

Grand Raid Réunion 2011.
Quelques modifications par rapport à 2008 : 15km et 400m D+ en supplément.
Des passages ajoutés/modifiés dont la fameuse forêt de bélouve/bébour, qui alimentent les forums spécialisés.

Arrivé à saint Denis quelques jours avant pour s'acclimater et se reposer .
Je dors pendant quelques heures afin de faire du jus.
Une petite ballade en montagne le mardi puis je prends du malto pour gonfler les réserves.
Mercredi, retrait des dossards où je retrouve Fred (trail bourbon) et Thierry (grand raid).
Jeudi, départ en car pour Saint Philippe Cap Méchant pour un départ à 22h.

Controle des sacs, ravito. On discute avec les autres concurrents, l'ambiance est assez tendue.

On va se lancer dans un gros truc, quand même.

On se repose avant le départ sur les cailloux du stade.


Une météo super nous accueille : pas de pluie, un ciel bien dégagé et une pleine lune pour couronner le tout.

Départ donné (je sors dernier du stade), on court sur la route jusqu'au départ de la piste pour la forêt de mare longue dans les champs de cannes. Je reprends des places.
Je sais que le mono-trace dans la forêt sera pénalisant pour les derniers.(impossible de doubler)
Une grosse douleur se fait sentir dans la cuisse gauche. Je ne m'inquiète pas, ça devrait passer.
Mais ça me freine un peu dans la progression, pas grave, ce n'est que le début.
Quelques étirements pour faire passer tout ça (je m'arrête plusieurs fois).
Enfin, ça passe, et je n'ai pas remonté assez de gens.
Ravito avant le single track, puis on monte droit dans la pente.
Ça bouchonne, ça râle, ça traîne ...
Pas grave, on se rattrapera sur la suite.
On sors de la forêt et il commence à faire froid.
On était à l'abri du vent depuis le début et là ça souffle, on doit être à 1500m d'altitude.
Tout le monde s'arrête pour se couvrir, car ça caille vraiment (5°C)
On voit les frontales de ceux du dessus et celles de ceux d'en dessous. C'est beau avec cette pleine lune.
Ça monte encore, dans la boue, puis les coulées de laves (ne pas de péter la gueule !).
On arrive sur la caldera, et enfin, foc-foc. Je suis en retard sur l'horaire de 2008 (1/4h de plus).
Au ravito, pas de boisson chaude. Du coup je ne m'arrête pas et je vais au prochain ravito quelques kilo plus loin.
C'est du sable volcanique et de la végétation d'altitude. Il fait jour et on a moins froid (on est à 2400m d'altitude environ)
Ravito du volcan : soupe chaude et vermicelle et ça repart.
On traverse la plaine des sables. Qui porte bien son nom.
On grimpe à l'oratoire sainte thérèse sur les remparts de basalte.
Et c'est la descente vers mare à boue, en passant à piton textor.(vendredi 8h12)
Il fait beau, chaud, de la boue, des vaches, de l'herbe, c'est la normandie, ou l'auvergne.
On se tape quelques kilo de routes pour arriver à Mare à boue (vendredi 10h10), où je vois Thierry qui repart du ravito.
Je me pose quelques minutes pour manger des pâtes et du poulet.
Je repart en bonne forme pour affronter la forêt de belouve/bébour.
On en a beaucoup entendu parler, et elle fait peur. Gadoue à volonté.
Et en effet, sa réputation n'est pas usurpée : ça monte, ça descend, ça glisse, on patauge.
C'est assez amusant, mais c'est long, long, long.
Beaucoup de raiders pestent contre ce passage.
Impossible de doubler, c'est du monotrace gadouilleux.
On crame de l'énergie à volonté.
Je regarde la montre et j'ai un peu peur de taper les barrières horaires.
Mais, une rumeur dit qu'elles ont été repoussées.
Bon, on va continuer, et on verra bien.
On arrive enfin au pointage à la sortie de la forêt.


Va pas falloir traîner : remplir la poche à eau, grignoter un truc et on repart rapidos.
Je jette un oeil à un sachet à côté de la personne qui pointe : rempli de bracelet jaune -> il y a eu de l'abandon en masse.
Allez, on lâche rien, il faut être à HellBourg avant 17h30.
On entame la descente vers HellBourg à bonne allure. Il bruine un peu, mais après la gadoue qu'on a eu dans la forêt de Bélouve, même pas mal.
Enfin HellBourg, ravito rapide, je rencontre Thierry qui est arrivé quelques minute avant moi.
(vendredi 16h48)

Je changes les chaussettes pour repartir illico après quelques pâtes et soupes.
Il commence à faire nuit et je fais toutes la montée avec un gars.
Au début, c'est mouillé dans les racines, puis on attaque le fameux Cap Anglais.
En effet, c'est raide. Des fois, on croit qu'on va faire de l'escalade.
On rencontre des gars qui commencent à être bien cuits.
Je distribue quelques bonbons haribo pour réconforter.
On arrive au col (caverne mussard).
Le vent souffle alors on se couvre car il fait vraiment froid.
Je commence à être cuit moi aussi, je n'avance plus aussi vite.
Enfin, la caverne dufour après s'être geler les miches.(vendredi 21H30)
Je mange comme un ogre. Plusieurs bol de soupe aux vermicelles.
C'est trop bon de boire du salé.
Et puis je vais dormir quelques minutes dans le refuge.
Il n'y fait pas chaud, mais je me couvre, met une capuche et hop dodo !
JE me réveille quelques minutes plus tard et j'ai du mal à partir. Il fait froid.
Je reprend un bol de soupe et je croise thierry qui vient d'arriver.
Alors j'entame la grande descente vers le bloc et Cilaos.
Je double, je double, je double.
Je commence à jacasser avec plusieurs personnes, puis juste devant moi à quelques mètres, un gars tombe dans un virage. Il se rattrape de justement pour ne pas tomber dans le précipice.
Je sgens qui étaient autour de lui l'attrape et le remettent debout.
Le gars a eu vraiment chaud, il aura pu vraiment tomber bien bas.

Je double encore et on arrive au bloc.
La commence les quelques kilomètres chiants sur la route.
Puis c'est Cilaos, où l'accueil est toujours aussi glacial ! (samedi 00h14)
J'aurai du me souvenir de 2008. J'y avais maudit Cialos tellement le ravito était mauvais.
Et bien, ça n'a pas changé !
Il fait froid, la bouffe est froide, les gens sont froids ...
Arrgl, il ne faut pas s'arrêter à Cilaos !
Je croise Pierre Yves qui semble un peu attaqué (comme tout le monde ...)
Je mange et je vais me coucher quelques minutes.
Je retrouve Thierry et on décide de repartir ensemble.
Je suis frigorifié, pas en forme.
bref, ça va pas bien.

J'avance quand même plus vite que Thierry.
J'arrive au ravito du pied du Taïbit (samedi 4h22)et je fais un dodo flash, cette fois-ci au chaud avec une bonne couverture.
Je change les piles et je retrouve Thierry.
On se chauffe le cul sur des braseros qui là. Ca fait du bien.
On repart ensemble.
J'ai retrouvé la pêche donc j'avance rapide.
Je largue Thierry.
Cette montée me plait bien.
J'apprécie, j'ai le moral, j'ai la pêche de nouveau.
Le jour se lève enfin.
Je vois les remparts, c'est magnifique. En 2008, j'étais passé de nuit, sans rien voir. Dommage.
Là, je me régale, c'est superbe.
Des falaises immenses, de la verdure et puis enfin, le col du taïbit.
Et la descente sur Marla.
Qui passe vraiment bien. Je suis en forme, on est dans Mafate, enfin.
Si je suis là, c'est que j'irai au bout, même si je n'ai jamais pensé abandonner, la 2eme fois est plus effrayante que la première.
Mais là, l'appréhension n'est plus.
 
On arrive à Marla (samedi 7h) : accueil super. Les personnes présentes nous disent de nous assoir et nous servent ce qu'on veut..
Ca change de Cilaos !
On se rechauffe au soleil.
Je me désappe car il commence à faire chaud.
Je repars avec l'estomac plein de  bonnes choses.
On entre dans le lit d'une rivière, je discutaille avec des mecs qui ont fait le TOR des GEANTS (3 semaines plus tôt) !
Des dingues. Ils ont enchainé les grosses courses toute l'année pour finir par le GRR !
On arrive à 3 roches quelques minutes plus tard. Les cascades sont toujours aussi magnifiques.
On monte, on descend jusqu'à Roche Plate, où l'accueil est vraiment bon.
Je me fais strapper le genou droit qui est douloureux depuis quelques minutes.
Je mange, je discute, je me repose, il fait très chaud..
Puis je repars.
Direction, la brèche et l'ilet aux orangers.
Genou moins douloureux mais toujours présent.
On arrive aux orangers : poussière, musique et ombre recherchée.
Pause de quelques minutes au ravito.
Je laisse derrière moi beaucoup de traileurs.
On descend vers canalisation. Petit barrage puis des tuyaux qui fuient.
On descend toujours, vers la rivière de galets.
Traversée d'un pont très impressionnant, quelques dizaine de mètres plus bas, la rivière des galets coule timidement.
Dernière passerelle avant de redescendre dans la rivière des galets.
Nous sommes trois, on discute et on commence à se faire doubler par des concurrents du semi raid (trail bourbon).
Ça va très vite, on se pousse pour laisser passer les fusées (ils sont dans les 30 premiers ...)
On arrive dans la rivière des galets, quelques passages à guet, puis enfin, 2 bras, la base vie qui ferme Mafate.
Je suis en forme, j'ai le moral, je finirai la course quoi qu'il arrive.
Je me fais masser, strapper la cheville (je me la suis tordue 2 fois dans la descente).
Je fais une petite sieste, puis je vais manger (beaucoup).
Je retrouve Pierre Yves avec qui je partage un rougail saucisse qui fait du bien.
Puis je repars à 16H15, je suis resté 1h15.
Il fait jour, il fait chaud et j'entame le mur de Dos D'âne.
Je double quand je peux et je me fais doubler par les traileurs du Bourbon.
Puis c'est l'arrivée (les bambous géants l'annoncent).
Le prochain ravito/pointage se fait attendre.
Tout le monde nous dit : c'est dans 5 minutes, c'est dans 100 mètres ...
Ils nous disent ça pendant 1h30 environ.
On redescend dans la forêt, il commence à faire sombre.
On met la frontale car le parcours devient difficile : descente très raide dans les arbres, ça glisse un peu.
Puis enfin, le pointage. Ravito rapide avant la descente vers la Possession.
Il fait de nouveau nuit, on se regroupe avec quelques traileurs.
C'est long, très long, je commence à fatiguer mais je continue à courir (lentement, mais je cours ...).
J'ai soif, toujours soif, je ne pisse plus malgré tout ce que je bois.
Je trouve ça bizarre.
Jusqu'ici, tout allait bien de ce côté.
Mais depuis 2 Bras et le rougail saucisse, je suis assoiffé !
Enfin on arrive à La Possession dans la farine.
Je suis cuit, je mange, je bois.
Je rencontre Céline qui attend Manu sur le Trail Bourbon.
On discute rapide.
Je vais me faire soigner les pieds qui chauffent.
L'infirmière ne sait pas s'y prendre et me charcute les pieds. J'ai plus mal après qu'avant. Difficile à vivre ...
Ne pas se faire soigner les pieds par une personne autre qu'un pédicure !
Je dors 1/2 h qui me font un bien fou. J'ai froid malgré qu'on soit au niveau de la mer.
Je me couvre et je cours dans la ville sous les applaudissements de la foule présente (c'est bon ça ...)
La dernière grosse difficulté se présente : le chemin des Anglais. Des pierres volcaniques assemblées n'importe comment.
Obligation de regarder où on met les pieds, sinon c'est l'entorse assurée ! Impossible de courir (d'ailleurs, je ne pourrais pas ...)
C'est long, c'est long ...
On arrive enfin à Grande Chaloupe : une boite de nuit met une grosse sono à fond !
Impossible de s'entendre parler.
Petit ravito rapide et je repars .... pas pour longtemps.
Dès la montée vers Saint Bernard, je m'écroule de fatigue.
Je me pose dans le chemin et dors quelques minutes.
A fait du bien et je repars les batteries rechargées.
Je double, je double, je rencontre un "espoir" qui voulait faire un podium dans sa catégorie (sur le bourbon).
Il est cuit, on fait quelques kil ensemble, puis je le laisse sur le chemin juste avant la montée vers le colorado.
J'ai la pêche, ça sent l'écurie, je suis seul sur le chemin et j'avance, je double.
Puis arrive les lueurs du ravito du colorado. C'est la fin, il reste 5 kil à faire bien techniques, mais c'est fini !
Il est 3h30 (dimanche)
Je descend, je double, on est un gros groupe compact qui est retardé par un trailer qui ne se laisse pas doubler, ça gronde ...
On arrive enfin à le doubler et on accélère encore.
On arrive sur le flan de Saint Denis et on voit le stade de La Redoute.
Ça descend raide, droit dans la pente, on a tous envie de finir cette belle course.
Juste avant le pont, je m'arrête pour mettre le débardeur de la course.
Je savoure ces dernière minutes de course.
Puis je rentre dans le stade, peu de spectateurs.
Il est 4h51, ça fait 55h que je cours .... et je finis mon 2eme GRR
 
Je suis heureux de finir même si ce serait bon de continuer.
Il fait froid, je vais manger, me doucher, me changer.
Je dors quelques minutes puis je vais chercher Sophie et les enfants qui arrivent de la Métropole à 8h30.
Je sors du stade avec mes sacs, il fait chaud enfin.
Je rencontre Estelle qui attend Thierry. On discute quelques minutes puis je fais du stop jusqu'à l'aéroport de Gillot/Roland Garros.
J'arrive juste à l'heure pour retrouver la famille.
J'ai visiblement une sale tête et je marche bizarrement.
On se retrouve, ça fait du bien.
On prend la voiture de locations pour retourner à Piton Saint Leu.
Et je vais dormir pendant 24h

4 commentaires

Commentaire de Bacchus posté le 15-12-2011 à 21:40:42

Merci pour ton CR, belle course
24H de sommeil c'est un peu abusif -;)

Commentaire de o[Bob] posté le 15-12-2011 à 22:53:56

ça me donne de plus en plus envie (si besoin était) du GRR ce genre de reportage! :-)
Merci, et bravo!

Commentaire de Guénaël posté le 18-12-2011 à 11:45:55

Bravo Ben ! 2 GRR, ça commence causer ...
Remets toi bien ... et en route 2012 !

Commentaire de Guénaël posté le 18-12-2011 à 13:12:54

Bravo Ben ! 2 GRR, ça commence causer ...
Remets toi bien ... et en route 2012 !

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