Récit de la course : Trail 91 2005, par chacal
L'auteur : chacal
La course : Trail 91
Date : 10/9/2005
Lieu : Mondeville (Essonne)
Affichage : 4034 vues
Distance : 91km
Matos : Raté d'une demi-heure !!
Objectif : Battre un record
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Le récit
Trail 91 : La revanche du Tertre blanc
La carte sur les genoux protégée par un sac plastique, elle m’explique :
Le plus court c’est de repartir en arrière jusqu’à la salle des fêtes, sinon vous pouvez continuer le parcours, mais c’est plus long.
Elle remonte le col de son anorak en essayant tant bien que mal de se reculer un peu sous le hayon de la camionnette pour se protéger de la pluie battante et me regarde fixement. Comme un boxeur groggy mais toujours debout, je cherche vaguement à comprendre la situation. Au bout d’un moment, devant mon mutisme, elle précise qu’elle ne peut quitter son poste. Je viens d’expliquer à Pascal Pelardy, qui essayait de me relancer en me dépassant, que j’étais au bout du rouleau et que pour moi le Trail 91 s’arrêtait là.
Je suis vidé, et la tête me tourne un peu. Je dois être vers le 60ème, à peu près au quart de la quatrième boucle. Une bonne heure de marche pour revenir. Je ne me vois pas expliquer la situation aux têtes connues que je vais immanquablement croiser. Mais les 20 km devant, Il me faudrait des heures …
Debout à côté de la voiture, les yeux au niveau du panneau lumineux « Assistance radio », j’hésite à lui faire donner la cavalerie. . . Le moment s’éternise un peu jusqu’à ce que sur une impulsion je traverse la route pour m’enfoncer à nouveau dans le bois. Je n’ai rien décidé, je veux juste gagner du temps pour réfléchir un peu. Incapable de courir, je marche doucement. Un coup d’œil a ma montre. Le temps de course n’a plus de sens, mais machinalement je continue de respecter mon rythme de trois gorgées tous les quarts d’heures, avant de réaliser qu’à cette allure là mes deux bidons seront vide bien avant la fin de la boucle. Il va me falloir économiser. J’essaie vaguement de calculer une consommation, mais renonce vite, et décide simplement de diminuer le rythme par deux en passant à 3 gorgées toutes les demi-heures.
Curieusement, quand j’aborde la montée du tertre blanc, aucun autre coureur ne m’a encore dépassé, Il devait y avoir un gros écart ou alors j’ai un peu perdu la notion du temps. Pour une fois je m’arrête un moment pour contempler le paysage en contrebas. Il pleut toujours, et je décide d’essayer de trottiner un peu pour ne pas me refroidir. Les kilomètres passent en alternant marche et trot. J’arrive ainsi jusqu'à l’étroite chaussée pavée plantée au milieu de la forêt, probable vestige d’une ancienne carrière de grès, mais qui ne mène plus nulle part. Les pavés sont irréguliers et glissants. Et j’essaie de progresser sur le côté en évitant les branches. Les coureurs reviennent finalement, et je vois passer le reste du podium V2 ( Pascal était devant), ainsi que Chantal Haton, la première féminine. J’ai l’impression de regarder la course plutôt que d’y participer.
Un arrêt technique m’ayant rassuré sur mon hydratation, difficile d’en être autrement avec une météo pareille, j’essaie de reprendre un semblant de rythme. Quelques kilomètres plus loin, je reprends un coureur, inquiet de savoir la distance jusqu’au ravitaillement. Je ne peux malheureusement pas le renseigner. J’ai perdu la notion du temps. Mon chrono n’affiche plus que les minutes et le régler pour voir les heures sous la pluie et sans lunettes me semble une tache insurmontable, d’autant que je n’en ressens pas personnellement le besoin. J’avais vaincu le tertre blanc il y a deux ans. Aujourd’hui il a pris sa revanche. Je reconnais humblement ma défaite, mais dans le vert et la boue de la forêt soudain devenue tropicale, j’ai finalement le sentiment de pouvoir rejoindre Mondeville, et après une bonne soupe repartir pour la dernière boucle.
Pour cette année le monstre est rassasié, mais là-bas, sous sa colline au fond du Gâtinais je sais qu’il se préparera bientôt pour notre prochaine bataille.
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