L'auteur : La Tortue
La course : L'Ardéchoise Vélo Marathon
Date : 20/6/2009
Lieu : St Félicien (Ardèche)
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Distance : 275km
Objectif : Terminer
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L’Ardèche à bicyclette !
Après les évènements tragiques du we dernier dans le Mercantour, je n’avais pas le cœur à écrire un Cr, mais je me dis que c’est dommage de ne pas faire connaître cette magnifique épreuve dans le monde de la CAP. Vous ne m’en voudrez pas cependant d’être moins jovial que parfois et d’aller à l’essentiel.
Initialement inscrit au Mercantour, je m’étais désisté au profit de l’Ardéchoise car le Blueb et la Souris voulait la faire aussi ; et avec l’Altriman 1 mois après, ce n’était vraiment pas raisonnable d’aller se frotter au redoutable Mercantour. Finalement, la Souris préfèrera le Mercantour et c’est le Bœuf qui récupèrera son dossard.
Retrouvaille avec mon vieux complice Blueb et avec le Bœuf au camping du coin. C’est un binz pas possible, et comme je le découvrirais le lendemain, tout en Ardèche, même le camping est en pente !
Dans un rayon de 3 ou 4 km autour du village de St Félicien, le moindre champ ou coin pas trop pentu sert de parking où les coureurs vont passer la nuit. Ca sent le gros truc !
Le lendemain, on se faufile à travers les bouchons pour atteindre le départ. 13500 cyclistes sont annoncés, et miracle de l’organisation, tout se passe très bien. Les rues du village servent de sas naturels et les cyclistes sont canalisés sans problème. Inscrit de très longue date avec le Blueb, nous bénéficions d’un sas préférentiel dans lequel figure 1200 gugusses qui vont partir juste après les 300 élites. On attend tranquillement avec le Blueb, que je trouve un poil palot, peut être un peu d’appréhension ? Moi, inconscient peut être, je suis hyper cool, mais je constate que j’ai oublié le profil de l’étape avec les barrières horaires au camping. J’ai le parcours et les barrières à peu près en tête, mais de savoir que je n’ai pas avec moi le petit road book, que je me fais toujours, me chagrine sur le coup car j’aime bien gérer sur du long. En effet, si je passe les barrières horaires, je pars pour le parcours le plus long, l’Ardéchoise Vélo Marathon, 275 km, 5200 D+ annoncés.
http://www.ardechoise.com/parcours/avm/carte.pdf
http://www.ardechoise.com/parcours/avm/denivele.pdf
Les sas fonctionnent à merveille et 10’ après le coup de feu, nous passons sur les tapis/puce de départ. Et tout de suite, ça roule, sans bouchon comme on aurait pu le craindre. Organisation tip top, je répète !
Ca commence par 2 km de descente dans lesquels je suis hyper prudent car il y a beaucoup de monde, mais globalement, les cyclistes sont cool. On n’est pas sur une cyclo de plaine où ça part comme des malades !
Col n°1 : col du Buisson, sens est-ouest. Une bonne mise en jambe, la pente n’est pas très sévère et on monte sur une route assez large sur laquelle il est facile de doubler. En plus, la route est fermée à la circulation ! le pied ! Après le col, quelques km de faux-plat montant sur lesquels je remets du braquet et je double ! Les jambes ont l’air bonnes !
Magnifique descente sur Lamastre sur un vrai tapis roulant.
A Lamastre, toute l’ambiance de l’Ardéchoise saute au visage. Le village est entièrement mauve et jaune, les couleurs locales que l’on retrouvera partout tout au long de la journée sous forme de fanions, de ballons, d’étendards, etc…!
Col n°2 : les Nonières. Aucune difficulté, je monte même la première partie sur le 50 avec des fréquences de pédalage très faibles comme me l’a appris le Lapin.
Redescente sur le Chelard. No problem, le vent se lève mais il pousse dans le dos et je suis souvent en paquet, donc je ne fourni que très peu d’effort
Col n°3 : col de Mézhillac. La fin est un peu plus raide, mais sans plus. On arrive au premier gros ravito. Je prends 1 sandwich et je bourre mes poches de mini-mars et je repars sans tarder. J’ai fait du 27 km/h de moyenne depuis le départ, et j’ai 1h20 d’avance sur la barrière horaire. Le soleil est là, le vent est toujours favorable, les bénévoles et les signalisateurs sont super, le parcours est magnifique et les villages traverser « respirent » la course ! tout baigne !
A signaler que beaucoup de cyclistes partent sur le parcours de « la volcanique » et qu’à partir de maintenant, je ne serais plus jamais en paquet. Au mieux j’aurais 3 ou 4 gars autour de moi.
Ensuite, c’est une longue et très roulante descente sur Antraigues, pays de Jean Ferrat, un de mes chanteurs préférés, qui a surement été inspiré par l’ardèche en écrivant « mon Dieu, que la montagne est belle ! » et que j’avais eu le plaisir de voir jouer aux boules un soir sur la place de l’église d’Antraigues lors de mes vacances à Vals les bains en 2005. Je connaissais pourtant le coin, mais je me fais surprendre au bas de la descente ! En effet, la route fait un virage à 90° pour traverser la Volane sur un vieux pont de fer et ensuite c’est le col d’Aizac qui démarre tout de suite. Comme je suis encore sur le 50/12, ça me fait tout drôle et je corrige rapidement le tir !
Col n°4 : col d’aizac. Je le connais, je l’avais fait avec les enfants en 2005 lors de nos vacances. Il est court, mais avec quelques pourcentages plus marqués.
Col n°5 : col de la Moucheyre qui est enchainé presque tout de suite avec le col précédent. Je n’ai pas de souvenir de ce col, mais c’est là que j’ai commencé à sentir une petite lassitude dans le jarret ! et que j’ai commencé à sentir qu’on avait atteint le point bas du parcours et qu’il allait falloir maintenant remonter vers le nord avec le vent de face
La descente sur Burzet se fait sur une route très étroite et sinueuse, dans la forêt. J’enlève mes lunettes de soleil qui sont trop teintées et pleines de sueurs et qui m’empêche de bien voir le revêtement. Je descends prudemment car je la sens pas cette descente. Me double alors un gars qui m’a l’air de connaitre le coin. Je le garde à vue pour profiter de ses trajectoires, mais je reste à distance. Heureusement, car le gars va se louper dans un virage pas bien méchant pourtant, mais un peu gravillonné. N’osant pas freiner trop fort mon poisson pilote se fait un magnifique tout droit qui se termine en culbute roulé/boulé par-dessus le guidon dans le fossé, mais heureusement côté montagne et pas côté ravin ! Je pile, mais dans mon élan je dépasse le gars de 50 bons mètres. Il bouge plus, je le hèle, pas de réponse. Je pose le vélo, commence à remonter vers lui quand je le vois se relever et me faire signe que ça va ! Un peu sonné, mais rien de cassé ! ouf ! il m’a fait peur ! Rassuré, je repars, encore plus prudemment !
100km de fait, et je vois sur un panneau : « col du gerbier de Jonc 25 km ». De mémoire, sur le profil, c’est de la montée quasiment tout le temps
Col n° 5 : Barricaude. Long, très long. Pas très pentu, mais vent de face et tout seul presque tout le temps.
Ravito de Sagnes et Goudoulet. Je ne suis pas brillant et il faut que je mange autre chose que des mars ! Je me fais 2 petits sandwichs quand je remarque, en face du ravito officiel, une brave dame qui propose un p’tit coup de rouge avec des patates bouillies revenues dans un jus qui sent bien bon et qu’elle fait mijoter sur un vieux poêle à bois. Elle me dira le nom de cette mixture, mais hélas je l’ai oublié ! C’est un peu surréaliste comme façon de cuisiner, et on se croirait au XIXème siècle. Après avoir décliné l’invitation par politesse, j’accepte finalement une barquette de patates qui sont délicieuses et qui me font un bien fou !
Col n° 6 : Gerbier de Jonc. Depuis le CM2, tout le monde sait qu’on est aux sources de la Loire. Le paysage change au fur et à mesure que l’on monte. Les forêts de châtaigniers font place à une terre plus austère et aride. C’est normal, on est beaucoup plus haut que tout à l’heure. Et le mont gerbier de joncs, sorte de pain de sucre pelé et rocailleux se détache de l’horizon. A ce moment là, la végétation n’offre plus aucune protection, et le vent que l’on a toujours défavorable commence à me miner physiquement et mentalement, et je commence à me dire que je vais bifurquer au sommet sur le parcours plus cours !
L’heure du choix arrive, à gauche, l’ardéchoise vélo marathon, à droite l’ardéchoise « simple ». A ce moment, j’ai 3 ou 4 gars en point de mire. Au carrefour, ils prennent tous à gauche, donc je les suis sans me poser de question. allez zou ! plus possible de raccourcir maintenant, il va falloir faire gaffe aux barrières horaires car je n’ai plus que 30’ d’avance !
Arrive la partie la plus difficile pour moi, car le vent est de plus en plus fort et on reste toujours au dessus de 1200 m en enchainant des petits cols de 2 ou 3 km. Pas bien raides, mais qui usent à la longue. Au col des Boutières, au pied du Mont Mezenc, je fais une pause au ravito où les bénévoles sont très sympa et où le panorama est magnifique. J’ai plus trop de jus dans le moteur, l’heure tourne et je commence à m’inquiéter pour la barrière de 15h.
Les petits cols se succèdent, comme je n’ai pas le profil de l’étape avec moi, à chaque descente, j’espère que c’est la grande descente qui amène à la barrière horaire, mais non, ça remonte encore, et ça redescend, et ça remonte. Enfin, après le col de la scie, un panneau indique : « descente dangereuse pendant 9 km » ! ouf ! ça y est on en a fini avec ces montagnes russes exposées au vent. Un coup d’œil à la montre, ça devrait passer.
Je descends doucement car c’est effectivement assez casse-gueule. Mais comme je ne descends pas bien vite, les minutes filent plus vite que prévus. Enfin, le bas de la descente, j’espère y voir le contrôle. Non ! le village de Chanéac est un peu plus haut, il faut remonter 3 ou 4 km m’annonce le bénévole qui sécurise le carrefour ! aie ! il me reste 10’, ça ne passera pas car ça monte pas mal. En fait, il y a 2 petits km et j’arrive sur le tapis avec 5’ d’avance sur la barrière !
Ouf, je passe à 10 km/h, histoire de souffler un peu et je me fais « attaquer » par des pirates ! des gosses qui s’amusent avec les cyclistes. C’est sympa, mais fatigué et pas lucide, je fais un écart, ma route heurte le pied d’un gamin venu plus près que les autres et j’ai juste le temps de m’agripper à son bras pour ne pas tomber ! Je ne l’ai même pas engueulé car j’ai vu dans ses yeux qu’il avait eu encore plus peur que moi !
Col n° 11 : col de l’ardéchoise. Est-ce le fait d’être libéré de la barrière horaire, le fait qu’il ne reste plus que 100 bornes, ou surtout que le vent soit favorable, mais je retrouve des bonnes jambes dans ce col qui monte pourtant pas mal. Je rattrape quelques concurrents qui m’avaient doublé tout à l’heure.
Une longue descente à peine interrompue par le minuscule col de st martial me remet définitivement d’aplomb. Je suis avec un gars du club de Nieul avec qui on se prend de jolis relais dans les longs faux-plats descendants. On passe Arcens et St Martin à fond et on attaque la montée vers St Agrève.
Col n°12 : de Clavière : la route est large, sur un beau revêtement, pas très pentu, je fais 50% du temps au moins sur le 50/19, remontant des concurrents par paquets de 10. Les parcours commencent à se regrouper et il y a de plus en plus de monde sur la route. Mais très peu roule à ma vitesse donc je continue mon effort seul car je vais trop vite pour le gars de Nieul. Je ne l’attends pas, car je sais que la fin est proche !
Juste avant le col, on arrive sur la dernière portion de route sécurisée, j’ai à nouveau 40’ d’avance à cette dernière barrière. Il y a un gros passage en plein vent dans lequel je roule péniblement à 20 km/h et où je me rends compte que 4 ou 5 petits malins se planquent derrière moi. Après avoir gentiment fais signe de passer car je peine, et que personne ne bouge, je freine violement et je m’écarte de l’autre côté de la route. Derrière, c’est la panique, personne ne roule, mais ils ont compris que je n’étais pas content du tout. Le temps qu’ils réagissent, je fini le col au sprint et je lâche tous ces pique-assiettes.
Col n° 13 : rochepaule. Pas difficile, presque tout en danseuse, en enroulant bien sur le 50, avec une faible fréquence de pédalage alors que la plupart mouline ! la différence de vitesse avec les autres cycliste est assez rigolote ! Je suis quand même un peu étonné, et je me dis qu’ils doivent tous être cuits !
Rochepaule, grosse faim, mais le ravito est dévalisé par les cycliste et le vent fini d’achever le carnage. J’arrive à dégotter quelques biscuits apéritif et des morceaux de sucre que je bourre dans mes poches. Je fonce dans la descente ! Plus qu’un col…
Col n° 14 et fin : col du Buisson, sens ouest/est. Alors que je pensais qu’on allait remonter par la belle route que l’on avait pris en descente le matin, on se tape une petite route sinueuse avec parfois des pourcentages dignes d’un col alpin ! Heureusement, ce n’est pas très long, car après 270 bornes, dont les 100 dernières à bonnes vitesse, je commence à avoir les nougats fondus ! Enfin, la fin est proche, mais je vais mettre le 34/25 pour la première fois de la journée !
La descente correspond bien à la montée de ce matin, route large et roulante, j’envoie du gros ! Dans l’élan, j’attaque le dernier coup de cul pour rejoindre l’arrivée. Je me fais plaisir et en doublant un « escargot », j’ai un flash ! m’enfin, ce coupe-vent orange, je l’ai déjà vu quelque part ?! un coup d’œil en arrière, et oui, c’est bien lui ! mon Blueb, qui en termine avec son « ardéchoise » ! super, du coup on se fait le dernier km pénard et on passe la ligne main dans la main. Je suis bien content pour lui, car tout s’est bien passé et ses bobos l’ont apparemment laissé tranquille.
Ma seule critique sur cette course fantastique est pour maintenant : je viens de me taper 11h23 de selle, je suis 23ème au scratch sur l’AVM, 12ème dans ma catégorie et je suis largement dans les délais, bref autant dire que j’ai eu une « bonne journée » ; mais j’ai le désagréable sentiment d’arrivée hors délais, avec les stands qui sont démontés ou en cours. Même au plateau repas, ça sent la fin ! Bon d’accord, je suis à presque 2h du premier et la prochaine fois, j’aurais qu’à rouler plus vite ! Mais ça n’enlève rien à cette course superbement bien organisée que je recommande à tout cycliste. En plus, avec le nombre de parcours différents, il y en a vraiment pour tous les gouts !
Ce n’est que le lendemain en rentrant à Nantes, que j’apprendrais la triste nouvelle du Mercantour. Difficile d’imaginer au cours de cette belle nuit ardéchoise où le vent est enfin tombé et où la lune est magnifique, que dans le même temps pas si loin de là, mourraient de froid dans la montagne une femme et deux hommes ! C’est en pensant à eux que j’écris ces quelques lignes que je leur dédie bien modestement !
Bien amicalement,
La tortue
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3 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 27-06-2009 à 17:23:00
Bravo pour cette superbe perf.!!!...en toute simplicité ...
Arrivé peu de temps avant toi (30') mais sur un parcours + petit (les Sucs) : c'est sur que ca fait bizarre d'arriver alors que beaucoup plie baggages, mais ils sont aussi crevé que nous les bénévoles de St Fé...
Merci pour ton CR et ton hommage aux coureurs du Mercantour....bonne continuation pour ta saison...je crois que ca envoie du "lourd" pour La Tortue ;-)
Commentaire de zézé posté le 27-06-2009 à 17:57:00
Bravo, et respect pour la perf: j'ai fait le circuit en 2 jours, et en un c'est de la science fiction pour moi...
Commentaire de LtBlueb posté le 30-06-2009 à 22:28:00
chapeau et respect amigo ! tu as un niveau de vélo que je n'atteindrai sans doute jamais !
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