L'auteur : zézé
La course : L'Ardéchoise - 216 km
Date : 20/6/2009
Lieu : St Félicien (Ardèche)
Affichage : 6511 vues
Distance : 275km
Objectif : Pas d'objectif
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Un peu blasé par les circuits en 1 jour (j'ai déjà fait 3 Boutières (120 km) et 4 Volcaniques (171 km)), et vu que je n'ai pas la force morale de m'astreindre à l'entraînement nécessaire pour des circuits plus longs en un jour, j'ai décidé l'an dernier de tenter un circuit sur 2 jours, en particulier l'Ardéchoise Vélo Marathon, que je n'ai aucune chance de boucler en 1 jour... Donc cette année je me suis inscrit très tôt (en décembre 2008), et j'ai essayé de rouler suffisamment pour passer les 2 jours confortablement: me voila donc le 18 juin avec 2200km et environ 32000mD+ au compteur depuis janvier 2009. J'ai un hébergement aux Estables, ce qui fait 145 km le vendredi, et 130 le samedi, avec les principales difficultés vendredi.
Jeudi 18 juin
Départ, et retrait du dossard et dépose du sac à St Félicien. Le gymnase, côté retrait dossards 1 jour:
et côté retrait dossards 2 jours:
Il fait un temps très lourd, moite et orageux, d'ailleurs je prendrai l'orage en rentrant...Bon, me voila à la maison, je prépare tout le matériel pour demain, ça donne ça:
La soirée se passe difficilement, j'ai du mal à trouver le sommeil, je me demande comment ça va se passer demain: il faut dire que j'ai un très mauvais souvenir de l'enchaînement Aizac - Moucheyre - Barricaude - Gerbier, qui avait été un calvaire il y a 2 ans, lors d'une reconnaissance, et alors que je pensais avoir les jambes pour l'Ardéchoise...En plus demain la météo annonce de la pluie, j'ai horreur de ça.
Vendredi 19 juin
5h30, il faut se lever...Dehors, le temps est mitigé, mais pas froid :
Bon, petit déjeuner, préparation, rangement, et allez, roulez jeunesse, direction St Félicien... Il y fait beau, et bon, ce qui me ravit. Je gare la voiture sur un parking prévu à cet effet, et je gagne la ligne de départ en passant par un raccourci foireux que m'indiquent des cyclos en train de se préparer (oui, c'est à droite du transfo EDF...):
Je franchis la ligne de départ à 7h08. Premier col (buisson): ça change de la cohue du samedi....
et au milieu... tiens, un photographe:
Et voila Pailharès: mi-pente
En haut du premier col (Buisson) :
J'ai de très bonnes sensations, tout va bien, il fait beau et idéalement chaud. J'attaque le faux-plat qui suit, avec le panorama que voila à ma droite :
Et après la descente rapide (désolé, pas de photos en descente !), c'est l'entrée dans Lamastre :
Après Lamastre j'attaque les faux-plats avant les Nonières. Je me fait doubler par un groupe de cyclos d'Angoulême, j'en profite pour m'incruster, c'est plus cool que rouler seul, et dans le paquet je les suis sans problème. Je les chambre en leur demandant où diable ils arrivent à trouver des bosses autour d'Angoulême, bien sûr je connais le coin, et je sais qu'il y a de redoutables côtes dans le coin...Bref, bonne ambiance, et on arrive ensemble aux Nonières (le maillot dégradé jaune-rouge, c'est eux):
Je m'arrête pour m'alimenter, et boire un peu, et eux continuent. Je les rattrape un peu après Le Cheylard, ils s'y sont arrêtés, et on attaque ensemble le faux-plat vers Mézilhac. En discutant j'apprends qu'ils doivent faire 220 km aujourd'hui et 160 demain, ils sont sur un des plus longs circuits en 2 jours, et dans le groupe certains sont inscrits à l'Etape du Tour. Bref, on passe Dornas :
je commence à suer:
et arrivés à Sardiges, ils vont décidément trop vite pour moi, ils me lâchent. J'entame seul la montée finale sur Mézilhac, et je paye mon sur-régime, j'ai du mal dans les virages...d'ailleurs les photos que je prends dans la montée sont plutôt floues, signe que je manque de lucidité:
LE lacet, qu'on voit partout:
Et tiens, tout à l'heure j'étais là en bas, à Sardiges:
Bon, je gère la montée, ça s'améliore au fur et à mesure que la distance au sommet diminue, en plus je double un cyclo à la ramasse, qui me dit regretter avoir fait l'Ardèche Verte 190 km 2 jours avant: ça fait toujours du bien de voir quelqu'un d'autre en baver plus que soi, ça relativise...Et après un dernier kilomètre au sprint (je l'adore, celui-là...), voila le col de Mézilhac. Le ravito est sans comparaison avec celui du samedi:
et en plus c'est payant (mais c'est un peu normal). Après avoir mangé goulument un sandwich au fromage, direction la descente vers Antraigues (la route à gauche, à droite c'est la route que prennent les participants à la volcanique ou aux sucs, qui mène à Lachamp-Raphaël et au Gerbier):
La descente qui suit est agréable, j'ai une pensée pour le cyclo qui y a perdu la vie il y a deux ans. Pourtant elle ne me semble pas si dangeureuse, en tout cas bien moins que l'une de celles qui m'attendent demain. Mais on n'est jamais à l'abri d'un instant d'inattention ou d'un pépin inattendu, donc je descend normalement, mais en faisant peut-être plus gaffe que d'habitude...
La route, au début dans un paysage de genêts et de prés, s'enfonce peu à peu dans une sorte de garrigue. Elle se resserre pour serpenter dans les gorges de la Volane, c'est magnifique, mais j'ai la flemme de m'arrêter, désolé, pas de photos!
Me voila bientôt à Antraigues, pays de Jean Ferrat. Je m'étais demandé si je m'y arrêterai pour manger, mais il est 11h à peine, le sandwich au fromage n'est pas encore digéré, on verra plus tard. Je prends donc à droite vers Aizac, et comme j'ai un mauvais souvenir de l'enchaînement à venir, je mets tout à gauche, pour attaquer tranquillement ce col, court mais raide. C'est alors que AÏE! une crampe profonde entre l'adducteur droit et le quadriceps, sur la cuisse quoi: je suis obligé de m'arrêter pour faire un peu d'étirements. C'est bien fait, j'aurais dû boire un peu plus avant Mézilhac au lieu de faire le beau à essayer de suivre des inscrits à l'Etape du Tour...
Je redémarre doucement, à l'écoute de ma cuisse, mais tout a l'air de rouler, je reprends un rythme normal. La montée est agréable, à l'ombre, et après une paire de lacets voila déjà Aizac. Si je trouve une terrasse sympa je décide de m'y arrêter, oui, là, à gauche: formule à 5 €, sandwich, fruit et boisson, emballez c'est pesé. Je suis le seul pour l'instant, mais bientôt quatre Aixois me rejoignent sur la terrasse, puis encore d'autres...Avant de partir je remarque la plaque de rue au coin de la terrasse:
...mais le patron me dit que c'est lui qui l'a mis, ce n'est pas le vrai nom de la rue...
Direction maintenant le col de la Moucheyre via Labastide et Freyssenet. J'intègre un groupe qui roule à mon rythme, le faux-plat passe agréablement, même la portion en travaux au milieu qui nous fait regretter (un peu) de ne pas avoir pris de VTT...Arrivés à Labastide, la moitié du groupe tourne à gauche, vers les circuits plus longs qui passent par le Tanargue. Je tourne à droite avec l'autre moitié,mais je me retrouve tout de suite seul, puisqu'ils s'arrêtent manger dans l'un des nombreux troquets qu'on trouve sur le parcours, et qui proposent des formules spéciales "Ardéchoise"...Décidément, sur un ou plusieurs jours, c'est pas en faisant l'Ardéchoise qu'on risque de mourir de faim...
Je passe Freyssenet, le col de la Moucheyre est bien plus agréable que dans mon souvenir, et il y a de très belles vues:
(je crois que c'est Labastide qu'on voit en bas). Juste après avoir pris la photo, j'entends un cyclo qui arrive, il va plus vite que moi: on n'est pas loin du sommet, je ne me laisserai pas doubler! Je me mets un peu dans le rouge (FC à 172 pour un max de 188), mais j'arrive en haut avant lui! Comme je m'arrête et pas lui, il passe, je le retrouverai plus loin. De là-haut, on a une vue imprenable sur la vallée dans laquelle on va descendre, et sur le sommet de la Barricaude qui m'attend avec ses 732 m de D+ à grimper sur 13km, 5,5 % de moyenne et 10 % max (il n'est pas loin des bâtiments qu'on voit en haut, au fond à droite):
En attendant j'attaque la descente, sur une route granuleuse, étroite et bien viroleuse. Je fais particulièrement attention, il y a 2 ans j'ai failli me mettre en vrac sur une plaque de gravier au milieu d'un virage. Mais tout se passe bien, et voila le Burzet. Je passe le contrôle à 12h57: 5h49 pour faire un peu plus de 100 km, c'est ce qu'on appelle un train de sénateur, mais je ne suis pas là pour faire un chrono, juste me faire plaisir à pédaler dans de beaux paysages...et le plus dur est à venir. Bon, je fais comme tous les cyclos qui ont envahi (littéralement) les cafés, je m'arrête pour boire un Perrier-menthe (un pur moment de bonheur), et faire remplir ma gourde de sirop à la menthe, j'en ai ras le gosier de l'isostar. J'en profite pour faire la causette avec les habitués au bar, ils sont au pastis, et ne demandent qu'à jouer au Mr Météo: au programme, ça se couvre, ça devient lourd, mais ça ne pètera pas aujourd'hui: acceptons-en l'augure!
Au moment de partir j'immortalise ce qui est l'endroit le plus raide de la Barricaude, le bas dans le Burzet (c'est là qu'on doit être à 10% !):
Bon, faut y aller. Effectivement, il fait lourd et orageux, mais rien d'insurmontable, et en montant je devrais trouver de la fraîcheur. Je mouline tranquillement, et je me surprend à penser que finalement, l'Ardéchoise en un jour, c'est peut-être faisable...Je m'arrête au calvaire, pour faire une belle photo de la vallée et du Burzet en bas:
Je continue à monter. C'est pratique, l'appareil-photo, ça donne bonne conscience quand on s'arrête: bien sûr, c'est pour la photo. Tiens, là, un beau paysage, je m'arrête pour le prendre (vous ne l'aurez pas, c'est pas aussi terrible que ça en avait l'air sur le coup)... Bon, je continue.
Alors que je souffle bruyamment, j'entends un cyclo derrière qui me dit "Pareil !"... Il me double cependant un peu plus loin, pendant que je prends celle-là:
(la photo précédente a été prise sur le promontoire, au centre un peu à droite)
Je le redouble 100m plus loin, il s'est aussi arrêté pour boire et manger un peu, je ne le reverrai plus. Enfin voila la petite cascade à gauche, puis le changement de versant, et c'est le dernier km...Aarghh, il n'en finit pas...et puis si, voila le sommet! Des cyclos sont assis dans l'herbe, celui qui m'a doublé en haut de la Moucheyre est couché dans l'herbe à gauche:
mais j'ai pris la photo pour la vue sur les Coux, c'est l'espèce de colline au sommet plat au centre gauche de la photo...
Comme on peut le voir, la végétation a radicalement changé, on est sur le haut plateau ardéchois. La température aussi est typique, beaucoup plus fraîche qu'en bas, mais très agréable quand même. Après une courte descente suivie d'un faux-plat qui remonte bien sur la fin, voila Sagnes et Goudoulet: ma gourde de menthe est vide, pas ma gourde d'isostar, mais je n'en ai plus du tout envie. Donc direction un (le ?) troquet, où je bois un verre de Coca avec d'autres congénères. Puis c'est le faux-plat qui continue à monter, la petite descente, et on rattrape la route qui vient de Ste Eulalie, avec des cyclos des parcours en 3 jours qui nous rejoignent. On attaque la dernière vraie difficulté, la montée sur le Gerbier
Là on double un curieux couple, qui a l'air d'en baver:
En fait, il n'a pas que l'air d'en baver, il a aussi la chanson, j'en discuterai avec eux le lendemain. En attendant, il faut avoir un sacré courage et aussi un sacré grain pour rouler sur ce truc...
Enfin, après 2 km à 8%, voila le Gerbier....Je prends à gauche, et je m'enfonce dans l'inconnu, je ne suis jamais passé en vélo sur ces routes. Une succession de casse-pattes et de descentes s'enchaînent, je laisse la Chartreuse de Bonnefoi (ou ce qu'il en reste) sur la gauche, et c'est l'ultime montée avant l'arrivée de ce premier jour, les Estables. Le haut me nargue, mais je finis par y arriver, et dans la descente voila enfin les Estables:
Comme on peut le voir sur la photo (un peu), le ciel est menaçant, d'ailleurs le sommet du Mézenc (à droite, hors cadre) est perdu dans les nuages...
J'arrive aux Estables vers 16h: 8h50 et des poussières pour faire 145 km, c'est effectivement un train de sénateur...mais le dénivelé net est largement positif, puisque, parti d'environ 500m, j'arrive à 1350 m d'altitude...
Je suis accueilli à mon hébergement (le chalet d'ambre, au centre ville, à côté de l'église) par un gâteau maison (une sorte de clafoutis) et une tasse de café bienvenus. Mon sac est arrivé, bravo l'organisation. Je suis le premier arrivé parmi tous les cyclos hébergés, pour une fois que je gagne une course...Bon, je prends une douche, au son des gamins de l'école qui accueillent chaque cyclo qui passe sur le tapis de contrôle devant le gîte au cri de "l'Ardéchoise au sommet !", chacun brandissant une pancarte avec une des lettres. On est vraiment au sommet ici, à 1350m d'altitude, et avec le plus haut col de tous les circuits pour commencer demain matin.
Après la douche, arrive un moment que j'attends depuis très longtemps: la lecture du Canard Enchaîné à la terrasse d'un bistrot des Estables, devant une bonne bière...Moment magique, écourté par le vent qui pousse le gros nuage noir qui obscurcit le sommet du Mézenc dans les rues du village: il pleut, il fait soudain très froid, il y a du brouillard, on se croirait en hiver...Je continue ma lecture à l'intérieur, puis regagne le gîte où la table est mise. Je fais la connaissance des autres cyclos hébergés ici, le repas se passe plus qu'agréablement, entre les plats mitonnés par le chef et les discussions sur les circuits suivis par les uns et les autres, les difficultés rencontrées, et surtout ce qui nous attend demain matin: la météo prévoit 6 °C, du vent, et peut-être de la pluie...ça ne rassure pas un groupe de chtis, qui n'ont rien prévu contre le froid. Bon, on verra demain. Tout le monde est au lit à 21h, extinction des feux à 21h30...
Samedi 20 juin
6h00: Mon co-turne me réveille en se levant, il est temps de se lever et d'y aller. Il faut descendre nos draps, on n'est pas à l'hôtel ici...Bon, petit déjeuner copieux, avec les mêmes gâteaux qu'hier, mais là ils sortent du four, miam, et ça sent bon...Tiens, la table du petit déjeuner:
On se prépare tous. Pour moi, c'est manchettes et coupe-vent, ça devrait suffire. Les chtis quémandent de vieux journaux au patron, ils dévalisent sa réserve pour allumer la cheminée...
Dehors: ça caille, et les rafales à 50/60 kmh sont bien là...en revanche il ne pleut pas, ouf. Bon, quand faut y aller faut y aller, il est 7h15...
Il fait certes froid, mais on attaque direct sur un col à 5 ou 6%, ça réchauffe, et d'autant plus que le vent est favorable. Allez, une petite photo pour se mettre dans l'ambiance:
Le haut du col est le seul endroit de la crête qui ne soit pas dans les nuages...La montée est très cool (cest le cas de le dire !), et au sommet, alors que les bénévoles installent le ravito, on peut voir ça:
Une météo pas superbement rassurante donc...J'entame la descente, et un rayon de soleil traverse les nuages, pour donner ça, dans la descente de la croix de Boutières:
La descente est très roulante, bien que glaciale. Il suit une succession de faux-plats, montants et descendants, dans ce paysage grandiose, avec le Mézenc qui nous domine à notre gauche, et les sucs des Boutières, tourmentés, à notre droite. Enfin on arrive à Praforos, une ferme où un copain avait organisé un festival il y a quelques années, puis au col du Viallard, où nous attendent des bénévoles frigorifiés, bien qu'à l'abri des rafales de vent:
La vue du col est aussi intéressante (la route qu'on devine au premier plan, et qu'on voit en bas, est la route que nous avons prise):
Je repars, et après quelques hectomètres de montée la descente s'amorce. Après Vahille, on récupère à l'intersection de la route de Fay des cyclos, ce sont sans doute les malchanceux qui étaient hébergés à St Front et aux alentours, et qui ont dû passer par Fay sur Lignon(remarque pour ne pas avoir l'air idiot si vous passez par là: Fay se prononce comme "failli", et non pas comme "fait"). Je dis malchanceux, parce qu'ils ont dû se taper pas mal de bornes en plus pour atteindre leurs hébergements, pas à cause de St Front ou Fay, qui sont des coins magnifiques (mais rudes l'hiver...). En plus la route des Estables à Fay est bien moins spectaculaire que le circuit des Boutières que je viens d'emprunter. Enfin voila le col de la Scie avec ses très controversées éoliennes (les arbres donnent une idée du vent qui souffle):
Puis c'est St Clément, avec son panorama, sa descente vertigineuse et ses pompiers glacés:
- le panorama, pris depuis la table d'orientation (au deuxième plan au fond, le suc de Sara et le Gerbier à sa gauche):
- les pompiers glacés, qui sont partis pour rester toute la journée, en espérant un peu de chaleur, pour l'instant à l'abri du vent:
Et enfin la descente, vertigineuse, que je n'aime pas d'habitude, mais là je suis de loin un cyclo qui coupe tous ses virages, et qui m'indique donc que je peux aussi le faire, sans risquer de me retrouver nez à nez avec une moto, comme une des dernières fois que j'ai pris cette route:
En bas on arrive à la Chapelle sous Chanéac, où le DJ nous abreuve de rythm & blues :
Dans le reste de la descente j'enlève le coupe-vent, il ne fait plus si froid (on a perdu 800m d'altitude), et le col de l'Ardéchoise se profile.Arrive la bifurcation, certains ne se sentent pas de remonter dans le froid et prennent à gauche pour repiquer sur St Martin de Valamas, je caresse un instant l'idée de faire pareil, mais ce serait vraiment dommage de rater les animations qui nous attendent à Chanéac et à Borée...et puis j'ai dit que je ferai l'AVM, je la ferai! Donc, à droite toute, et pour me mettre dans l'ambiance ça remonte de suite, je suis un peu surpris par la pente, elle m'avait semblé moins raide à la lecture de la carte IGN...On arrive à Chanéac, où on est accueillis par des pirates sur leur bateau:
Il est 8h51, et c'est le moment d'attaquer LA diffculté de la journée. Je décide de mouliner, sur le 30x25. On passe Bois Lantal, et c'est une succession de lacets avec des bouts droits très courts (mais raides), qui permettent de se voir avancer: psychologiquement, je trouve ça sympa, on fait 50m, un lacet, et on voit tout ce qu'on a monté...Comme on dit, patience et longueur de temps..., et bientôt on sort de la forêt pour se retrouver sans transition dans les prés à vaches et les landes à genêts. La pente ne se calme pas, et on voit d'un coup toute la route qui serpente à flanc de montagne, avec ses grappes de cyclos dont beaucoup ont gardé leur coupe-vent jaune fluo. J'entends tout à coup un sonore "Bonjour Philippe", c'est un cyclo qui joue à un jeu qui fait fureur depuis que les noms sont affichés sur les maillots. Il me double en rigolant, et c'est le début d'un running gag qui durera jusqu'à St Félicien, je lui lancerai à chaque fois que je le re-doublerai un "Bonjour Pierre" bien senti, qui nous fera bien marrer tous les deux... oui, c'est décidément une bonne idée ces dossards avec nos noms. D'ailleurs Pierre, si tu me lis, merci de m'avoir à ce moment changé les idées, je commençais à trouver le temps long et j'avais le moral dans les chaussettes...Tout ragaillardi, je redouble des concurrents qui venaient de me doubler, et, après le sprint (presque) habituel du dernier km, c'est l'arrivée au col de l'Ardéchoise:
On redescend sur Borée (avec une vue imprenable sur le Mézenc en arrière-plan):
où je suis très déçu de ne voir aucune animation, et en guise de ravito une pauvre table avec quelques bouteilles d'eau, veillée par un bénévole transi...Bon, pas d'arrêt du coup, direction St Martial. La descente qui suit est très roulante, sur une route large et bien chaussée, ça change des routes qu'on a eues depuis le matin. On passe sur un petit pont, et on attaque le petit col avant St Martial. La montée est régulière et assez douce, et nous voila au ravito de St Martial, que je ne connais pas puisque le circuit de la Volcanique en un jour rejoint le notre plus loin dans le village.
Là le café chaud est le bienvenu, de même que la délicieuse terrine de foie, et le non moins délicieux saucisson...Et je retrouve mon duo d'hier, que j'ai photographié dans la montée du Gerbier. Le type nous confirme que c'est dur de monter les côtes avec leur attelage, d'autant que sa selle est cassée, et qu'ils n'ont plus de frein avant (non, ils ne sont pas obligés de freiner en montant, c'est juste pour dire la vétusté du matériel)...
Puis c'est le repiquage sur le circuit Volcanique/Ardéchoise, avec la descente sur Arcens. On se fait bouchonner par une camionnette de l'organisation, on est plusieurs à klaxonner derrière, le chauffeur finit par se ranger pour nous permettre de le doubler. Arrive Arcens, où je dois m'arrêter pour faire le plein d'eau. Je préfère le faire ici car en général c'est une cohue indescriptible à St Valamas, où se rencontrent tous les circuits, sur une place assez petite. Je pose le vélo, et je vais pour traverser la route vers le ravito quand une sirène me fige: c'est un motard de l'organisation qui accompagne la tête de course. On voit passer derrière lui une fusée bleue, dossard 200: tiens, un avion des circuits en un jour, et premières retrouvailles avec les cyclosportifs.
Je repars vers St Martin, et de suite deux autres avions me doublent. Je les suis un moment dans la descente, mais sur le faux-plat descendant qui suit ils me mettent un vent: ils sont à la poursuite du 200, qu'ils ont dû finalement doubler puisque l'un deux porte le maillot du club de Pierrefeu, comme le gagnant de la volcanique (je ne me rappelle plus les noms). Bon, voila St Martin, je m'arrête juste le temps d'enlever les manchettes, il ne fait plus si froid, et on va attaquer la montée sur Ste Agrève.
A la sortie de St Martin de Valamas, on est cueillis, tous, par une bise glaciale et de face, au point que dans les faux-plats en principe roulants qui suivent je me retrouve par endroit scotché à 12 kmh ! Je ne suis pas le seul, même les sportifs qui maintenant n'arrêtent pas de doubler les joyeux randonneurs sont affectés par les rafales. Puis c'est l'arrivée à St Julien Boutières, toujours très animé et très décoré:
Comme l'indique le clocher, il est 11h, je devrais arriver pas trop tard à St Félicien. Mais il faut d'abord atteindre St-Agrève: je coince un peu, mais sans jamais avoir l'idée de m'arrêter. Je gère donc la montée tranquillement. Des motards de la Drôme rejoignent un de leur copain qui vient de me doubler, un sportif en un jour, et font demi tour pour aller à la rencontre d'autres membres du même club : ce n'est pas la première fois que je vois des véhicules accompagnateurs, qui servent d'assistance roulante à des cyclos, et je sais que c'est interdit par le règlement, avec raison car, comme dit la brochure de l'Ardéchoise, "les véhicules accompagnateurs sont irrespectueux des autres cyclos", ce que j'ai pu facilement vérifier pendant ces 2 jours, et en particulier hier...
Enfin on arrive à St-Agrève, sans doute le plus grand ravito de l'Ardéchoise (hors St Félicien bien sûr), dont voici ce qu'on découvre en y arrivant:
Après m'être restauré (salé et sucré, dans cet ordre, c'est midi quand même!), et après avoir difficilement décliné l'insistante offre de vin du pays, je remets les manchettes (il y a une petite bise bien fraîche, et une descente rapide à suivre) et repars tranquillement vers le tronçon privatisé, qui annonce l'arrivée prochaine à St Félicien. Contrairement à l'habitude, le faux-plat de Freydaparet passe nickel, et j'entame la descente vers Malleval et le bas de la côte de Rochepaule. La privatisation permet de négocier des trajectoires impeccables dans les virages, et je me régale dans cette descente, malgré son revêtement plutôt tape-cul. Vient le pont de l'Aygueneyre, et la montée sur Rochepaule. Je ne m'y arrête pas comme beaucoup d'autres pour enlever mes manchettes, je préfère les garder pour la descente dans la vallée du Doux. Comme d'habitude, je mets un petit moment à trouver la bonne fréquence (pédalage et cardio), mais le dernier km arrive, et avec lui l'entrée dans Rochepaule, où s'est formé le traditionnel bouchon:
Puis c'est le toboggan vers la vallée du Doux, et le faux-plat descendant jusqu'au pont de Clara. Je m'arrête à l'embranchement pour enlever mes manchettes, et c'est parti pour le dernier col!
Le petit bout raide passe sans problème (je suis obligé de monter en danseuse, je n'ai plus assez de force pour passer en puissance), le premier orchestre est entre deux morceaux malheureusement, puis la portion à 10%, la courte descente, et la raide remontée vers Molière...que je finis par atteindre. La pente se calme, je passe sur le grand 4 dessiné sur la route, cool, plus que 4 km, un avion me double, le 23 (il finira second de l'Ardéchoise, je n'ai pas vu passer le premier). Un peu plus loin l'avion n° 20 me double à son tour, je le connais, c'est mon vélociste, Laurent Marcon, plusieurs fois vainqueur ici et à l'Etape du Tour. Je le rencontrerai à l'arrivée, il me dira qu'il est plutôt déçu d'avoir "fait 3". Ce type est toujours très sympa, et surtout il n'a pas la grosse tête, qualité rare je pense dans le petit milieu des prétendants habituels aux victoires de cyclosportives...
Bref, je passe sur le 3 (plus que 3 km pour être en haut), j'ai toujours trouvé ce km pénible, puis arrive l'embranchement, et le 2: plus que 2 km, je commence à sentir l'écurie, vivement le transfo à gauche, le voila, puis un grand 1 (ou 1000, je ne sais plus) par terre, et je me mets à guetter les deux lacets libérateurs..En passant, comme d'habitude je prends Maindru en photo (désolé pour le flou, mais là j'étais à bloc...):
puis voila les fameux lacets: je m'arrache, j'ai d'un coup une patate d'enfer, je descends les pignons, puis je passe sur le 42, j'accélère encore, je passe le col du Buisson retour en coup de vent...Quel bonheur. Je fais la descente avec un randonneur comme moi, on marche fort, j'envoie du 52x12 (comme quoi, je suis pas vraiment épuisé, comme essayaient de me le faire croire les montées précédentes...). Arrive la dernière côte avant St Félicien, là je suis obligé de redescendre sur le 42, puis c'est l'entrée dans St Félicien:
Et enfin la ligne d'arrivée:
Il est 14h10, j'ai mis un peu moins de 7h pour faire 130km : pas un rythme de coursier, mais après tout je suis randonneur sur cette Ardéchoise, et je suis dans un état de fraîcheur étonnant, signe que je n'ai pas forcé, et que, finalement, je me suis bien régalé.
Je m'arrête au stand"Eaux" qui suit, où je discute le bout de gras avec Laurent Marcon. Sébastien Joly, coureur pro de la Fançaise des Jeux, franchit à ce moment la ligne d'arrivée: je ne me suis pas fait rattraper par les pros. Bon d'accord j'avais presque 100 bornes d'avance, mais quand même...
Après, c'est la routine habituelle: je dépose le vélo à la consigne:
puis je gagne le stade pour un repas bien mérité:
La suite est la fin: je vais chercher mon diplôme au gymnase, puis je monte récupérer mon bagage au gymnase. Il est bien là, et je n'ai plus qu'à remonter à la voiture, me changer et rentrer à la maison.
Voila, l'Ardéchoise 2009 est passée, et bien passée. Pour l'an prochain je ne sais pas quoi penser: les parcours sur plusieurs jours sont très agréables, l'ambiance est très bon enfant, il faut vraiment rejoindre les coursiers en un jour pour ressentir l'excitation de la course contre le chrono. D'un autre côté réaliser le 216 km en un jour représente un beau défi... Je ne sais vraiment pas, mais je crois bien que je ne ferai pas la Volcanique en un jour.
En tout cas, sur un ou plusieurs jours, bravo à l'organisation, je n'ai eu aucun problème, mon bagage a toujours été là où je l'attendais, et l'hébergement était parfait, tant en localisation qu'en qualité d'accueil. Bravo aussi aux bénévoles, surtout ceux du deuxième matin, dans les Boutières, qui n'ont pas eu peur du froid et du vent pour nous proposer boissons chaudes et collations revigorantes.
Ami lecteur, merci de m'avoir lu jusqu'ici, et si je t'ai donné envie de participer à l'Ardéchoise, tant pis, on sera encore plus nombreux l'an prochain à se disputer la route et les paysages, ce sera encore plus la cohue, dans le col du Buisson aller et le col du Buisson retour, aux ravitos gargantuesques....
A l'an prochain !
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2 commentaires
Commentaire de zakkarri posté le 23-06-2009 à 20:45:00
Le photographe photographié excellent ;)
Commentaire de philkikou posté le 26-06-2009 à 22:02:00
Merci pour le cr de cette 1° journée...Vivement Samedi ;-)...et que j'attaque mon cr ...
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