Marathon de Bessans 2009

        Et c'est parti pour le premier récit de 2009, comme toujours par la première course populaire de ski de fond, au fin fond des alpes, à Bessans. Une course sans grande difficulté technique car peu de relief (même si y a quelques montées qui font un peu mal), la difficulté étant plutôt au niveau des températures, -13°C, ça refroidit direct en sortant de la voiture, et ça a l'inconvénient de rendre la neige nettement moins glissante  .... Je pense d'ailleurs qu'on devrait annuler la course, c'est complètement inconscient, vous vous rendez pas compte, tous les risques mulsculaires, cardio vasculaires, et tendineux qu'on prend, sans compter la pelouse... euh la neige qui est trop froide... non moi je dis faut annuler (ou au moins mettre une bache chauffante sur la piste)... en tout cas je me base sur les dires de footballeurs et de leurs médecins : moins de 0° = DANGER !   ... 

        Objectif : faire moins que les 2h40 de l'année dernière (très mauvaise glisse) et battre mon père cette fois-ci. Désolé, j'ai pas de photo, mais c'est que la "madre" se met également à la compet et elle prend le départ du 21... et moi, en tant que grand favoris, j'ai pas le temps de jouer les papazzis (désolé le Kéké, ce sera donc un récit sans images, faudra faire un effort pour tout imaginer dans ta tête).

 Après 2h de route avec Syl20 (kikoureur qui profite du covoiturage) et les parents, c'est donc dans un froid sybérien  (mais sous un magnifique ciel bleu) qu'on se prépare rapidement et qu'on s'installe sur la ligne de départ. Puis le départ est donné, et comme toujours, ça tombe à droite, à gauche... euh... mince même devant... je reste coincé un peu... puis les gens se marchent dessus, etc... les injures habituelles fusent, bref, un départ de ski de fond tout ce qu'il y a de plus classique . J'en profite moi pour bien me faufiler et laisser le father loin derrière, j'ai une super glisse et je remonte tranquillement le peloton. Je me sens bien physiquement et je vais vite  mmm quel régal, ça change de l'année dernière. De temps en temps, au loin j'apperçois mon père au grés des zigzags de la piste, il est je pense environ 5 min derrière et je le sens concentré à doubler, faudra pas que je merde aujourd'hui, il a la forme. Petit à petit je remonte les groupe de skieurs un par un. Pendant tout le premier tour (21km), puis je me retrouve avec des skieurs de mon niveau et on avance bien sur ce début de 2e boucle. Je pense me situer dans les 50/60 premiers et je suis vraiment heureux, en espérant finir ce marathon en un peu plus de 2h. La glisse au soleil est vraiment bonne, et les sensations agréables... les passages où j'avais repéré mon père, et bien il n'y est plus, y a même d'ailleurs plus beaucoup de skieurs, on a vraiment fait le trou.

            Quand soudain je sens comme un gargouillement dans l'estomac, sensation que je reconnais aussitôt même si ça fait longtemps que ça m'était pas arrivé : une hypoglycémie commence. C'est que dans mon euphorie, je n'ai pas pris le temps de m'enfiler un ou deux gels comme je fais habituellement (surtout qu'avec les gans et les batons, c'est nettement plus compliqué qu'en course à pied). Je répare donc vite cette erreur, mais dans la minute qui suit, je sens déjà toutes mes forces s'évanouir, j'englouti aussitôt le 2e gel, faut pas trainer, mais rien, je me vide comme une voiture sans essence, comme un téléphone sans batterie. Je perds 3-4 places, rien de bien grave et je lutte jusqu'au ravito suivant, je commence à voir des étoiles et je me sens vraiment mou... pfffutain David, t'aurais perdu moins de temps en mangeant tes gels avant que la faim te cisaille... Je m'arrête au ravito, à 5km de l'arrivée dans l'état de zombie (je ne me sens pas trop fatigué, j'ai plutôt l'impression qu'on m'a retiré tout mes muscles tant dans les bras que dans les jambes) et je commence à manger. J'en rêvais, j'engloutis 30 pates de fruits... AAahhh, que ça fait du bien.... puis 50 figues sèches, pour digérer tout ça, je me lache sur le pain d'épice. Quelques verres de thé chaud pour bien faire descendre, et surtout des dizaines et des dizaines de skieurs qui passent et qui passent encore, mais faut que je refasse le plein, le réservoir est vide... et bien sûr, ce qui devait arriver arriva, je repère aussitôt un grand guignol au physique ingrat qui fini par passer. Je l'encourage quand même, histoire de le flatter, et de lui montrer qu'il peut battre son fils de temps en temps, et je saute quand même sur mes skis histoire de pas le laisser filer, sous l'encouragement des bénévoles et des spectateurs qui après mon festin  espèrent bien que je vais pouvoir le tenir. Mais c'était sans compter sur la taille immense de mon estomac , je fais pas 10m, que je sens bien que la batterie n'est pas encore chargée à fond et que je vais m'écrouler bientôt, et c'est donc dépité que je fais demi tour et que je retourne au ravito pour continuer de remplir mon réservoir... comment c'est possible d'avoir autant faim, j'en reviens pas... après 35 km sur de si bonnes bases, je suis maintenant déprimé, et l'envie d'abandonner bien sûr en profite pour faire son nid dans mon cerveau... après tout, ce serait plus simple : pas de classement, j'étais super bien classé pendant ma course, bref la solution de facilité. Mais je me rappelle mes règles d'abandon, et l'hypoglycémie n'en fait pas partie. Je reste donc encore un moment, puis je sens que c'est l'heure pour moi d'enfin reprendre la route. je repars et ça va mieux, je me sens même pas lourd d'avoir tant mangé... je devais vraiment en avoir besoin !!!! et j'en profite pour remonter 10 ou 20 places, c'est que après une demi heure (ou presque) de pause, on est quand même vachement plus frais que les autres ! et je termine ce marathon.... ENCORE UNE FOIS DERRIERE MON PERE !! GRRRRR  !!

          Résultat : 2h45 et 237e (la claque, mon plus mauvais temps sur une course alors que je me suis rarement senti aussi bien), et Papa 2h30 et 117e.  Bon pas de bol pour lui, ils ont inversé les dossards, et j'ai donc son classement !! Ahahaha, je t'avais dit que tu me battrais pas cette année . Quant à ma mère, elle fini 6e (...en partant de la fin), bien joué maman, je suis quand même super fier de toi .

      Puis on termine au repas d'après course, pas d'attente, niquel, c'est que j'ai toujours faim, et j'ai envie de salé, donc les pates-bolo sont dégustées avec plaisir.

          Organisation superbe, petit coup de gueule quand même  : on avait gagné au tirage au sort un lot avec le numéro de dossard, les tirages étant effectués le matin avant le départ, c'est affiché sur une liste au retrait des dossards. On va donc récupérer le lot après la course : "ah non, c'est trop tard, fallait venir le chercher avec le départ, le lot est annulé maintenant, c'était marqué sur la feuille d'inscription" ... ça c'est vraiment abusé, c'est vrai qu'on aurait pu lire plus attentivement, mais quand même par principe, rendre un lot disponible que sur une tranche horaire, du jamais vu. Tant pis, on ne sera pas ce qu'on a loupé, mais c'était certainement une paire de ski dernier cri avec fix/chaussures/batons ou alors un voyage aux caraïbes de 4 semaines en hotel 5 étoiles .

           Bilan : au vu de ma course avant explosion, je pense que ma condition physique est bonne, et je sens que mon entrainement paye, tant physiquement que techniquement. Par contre il faudra la prochaine fois que je mange pendant la course (surtout que j'avais très bien mangé les jours précédents et le matin même), quitte à perdre quelques secondes/minutes, autrement c'est une demi heure qui s'envole.

     Allez, c'est plutôt prometteur pour les autres courses, et on verra la semaine prochaine à la foulée blanche si cette hypo n'était qu'une pauvre excuse pour cacher mon incompétence.