Récit de la course : Marathon de Vannes 2008, par aymeric

L'auteur : aymeric

La course : Marathon de Vannes

Date : 19/10/2008

Lieu : Vannes (Morbihan)

Affichage : 2872 vues

Distance : 42.195km

Matos : Nike air zoom Skylon (modèle automne 2008)

Objectif : Battre un record

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Marathon de Vannes 2008 : si près, si loin...

16 mois après le calvaire du marathon de la liberté, me revoici prêt à relever le défi d'un nouveau marathon.

L'année 2008 restera pour moi certainement une année charnière, tant d'un point de vue personnel, professionnel, que de la course à pied.

Tout a commencé en ce début du mois de janvier où j'ai changé d'orientation professionnelle : me voici maintenant analyste décisionnel au sein du groupe Sonepar, alors qu'une carrière à la sncf semblait toute tracée. Quelques jours plus tard, je déménageais : n'en pouvant plus de la vie parisienne intra muros (au bout de seulement 1 an, oui je sais..), il était grand temps de s'expatrier en banlieue. Au passage, la petite chambre de 12m2 s'est transformée dans un appartement de presque 50m2. Bien sûr, le temps de transport s'est allongé (environ 1H) mais c'est une telle bouffée d'oxygène quotidienne le soir et le week end que je reste persuadé d'avoir fait le bon choix.

Et la course à pied dans tout ça? Depuis septembre, il y avait un dilettantisme des plus complets. Une sciatalgie me bouffait la vie et, surtout, l'envie me manquait. Il était donc grand temps de prendre un nouveau départ qui s'est concrétisé par une inscription dans un club d'athlé.  J'avoue avoir longuement hésité : étant plutôt solitaire, j'avais peur de l'habituel cliché d'une course à la performance et l'ostentation.

De ce point de vue, je pense être bien tombé. Le club Brétignolais rassemble juste des passionnés désireux de prendre du plaisir et les "divas" y sont étrangers. J'ai donc profité des mois de mars à juin pour me refaire une santé et retrouver mon petit niveau qui s'était un peu délité, et même porter mon record sur 10kms à 39mn23 mi juin.

L'envie et les sensations revenues, place à la planification de la fin d'année, et la question de courir un marathon s'est vite posé. Le classique La Rochelle, L'impéteux Amsterdam, le nouveau Nice Cannes? C'est finalement sur Vannes que se portera mon choix. J'y ai en effet vécu un an voici quelques années dans le cadre de mes études, et c'était l'occasion de raviver quelques chaleureux souvenirs. Nostalgie, quand tu nous tiens..

Sitôt la Montatou courue pour clôturer la saison, je ne m'accorderai que quinze jours de coupure. J'ai choisi d'effectuer un plan sur 14 semaines soit 2 semaines de foncier avant 12 semaines de spécifique. Pour ne pas faire trop long, mis à part un arrêt de 5 jours consécutif à un déplacement du sacrum (et un petit tour chez l'ostéo), tout s'est plutôt bien passé. Le semi de prépa s'est couru en 1h27 sans forcer, et le plan de prépa était plutôt simple : 4 à 5 séances par semaine (plus un peu de natation), et des allures de 5min au seuil, 4min30 marathon, et 4min au seuil. Tout au long de la préparation, j'ai senti une nette progression de mes capacités, qui je l'espère seront capitalisés d'ici quelques semaines.

 Finalement, ce seront 760 kms qui auront été avalées depuis la fin juillet.

Avant le départ pour Vannes, je n'aurai finalement qu'un seul regret : ne pas avoir pu me reposer comme je l'aurais souhaité. Les grosses charges de travail des dernières semaines ne m'ont pas permis de rallonger mon temps de sommeil, décompresser, ni même d'obtenir mon vendredi... A contrario, le régime RDS que j'avais décidé de suivre a bien été supporté.

C'est donc fort de nombreuses incertitudes et d'une certaine appréhension que l'on (mon père et moi) prend la route en ce samedi matin direction le Morbihan depuis Caen. La petite mise en jambes de 20 minutes de bon matin ne m'a donné aucune indication sur mes sensations du moment.

Un dernier coup de fil du bureau en fin de matinée (je devais être d'astreinte ce week end là mais avais réussi à m'arranger) a fini de me rassurer : tout se passe bien et je ne devrais plus être dérangé de ce côté.

Après le petit détour par l'hôtel, il était temps d'aller chercher le dossard et de rentrer progressivement dans l'ambiance pré marathon :

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 Rapide coup d'oeil sur le tableau pour constater l'état de mon inscription:

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Puis retrait du dossard en bonne et due forme :

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 L'occasion était trop belle ensuite de raviver les souvenirs : petite visite chez mes anciens propriétaires, détour par l'IUT, petit tour sur le parcours et enfin dans le centre ville pour y acheter quelques denrées bretonnes... Point de pasta party, dont j'ai quelques mauvais souvenirs sur les marathons précédents, mais plutôt diner au restaurant de l'hôtel rempli de marathoniens. Le menu prévu était de toute façon adapté.

Comme d'habitude, le sommeil fut difficile à trouver, mais l'influx nerveux était tel que je n'ai eu aucun mal à me lever vers 6h. Petit déjeuner au gatosport vers 7h, immodium pour limiter au maximum de possibles désagréments (même si c'est plus psychologique qu'utile parait il) et légère hydratation continue avant le départ vers 8h pour le centre sportif Kercado, lieu d'arrivée. Vers 8h45, nous voici dans une des navettes nous emmenant au pied des remparts, lieu du départ.

Le temps, idéal s'il en est, est plutôt frisquet... 5 degrés! A une heure du départ, il était préférable de rester couvert!

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Quelques instants plus tard, je discute avec une amie de mon club également en week end breton. Elle prendra le départ une demi heure avant moi du 13 kms :

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L'objectif du jour?

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Finalement, à 20 minutes du départ, il est grand temps de commencer à se préparer. Le froid m'assaille :

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L'échauffement, minimaliste mais nécessaire pour s'éviter un claquage forcément idiot, se fait au pied des remparts. Les sensations ne semblent pas si mauvaises, mais la pression atteint son paroxysme. Je décide de respecter mon tableau de marche, c'est à dire partir à 4min30 au kilo.

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10h, enfin, c'est le grand départ. En légère montée, celui-ci permet de calmer les plus audacieux. Bien que placé au milieu du sas 3h/3h15, je suis tout de même un peu bouchonné. Quelle ne fut pas ma surprise d'être "déposé"  par le ballon 3h15, parti comme une fusée, avec le flot de coureurs qui l'accompagne. Bien qu'ayant encore peu d'expérience sur la distance, je décide de ne pas me laisser tenter et de continuer à mon rythme. De toute façon, mon gps m'indique un 4min35 au km. Bien m'en prit...

Premier km franchi en 4min44, puis 4min20, et 4min22. Je reviens peu à peu sur le ballon 3h15 et fais la jonction au km4, que j'atteins en 17min40. Déjà plus rapide que mon objectif inavoué de 3h10, c'est encore pire pour ceux qui l'ont suivi... Je reste persuadé que ce départ canon a causé la perte de certains d'entre eux.

En revanch, les voyant ralentir l'allure, je suis obligé de faire un gros effort pour me frayer un chemin et les doubler en passant sur l'herbe sur un petit chemin sinueux. Les kilomètres défilent rapidement, mon allure est excellente et je me sens d'une extrême facilité. Le paysage, quant à lui, est merveilleux. Longer le golfe du Morbihan et se retrouver à quelques mètres de l'eau a un côté magique et enivrant.

Le passage du village d'Arcal, célèbre pour ses animations, est excellent. Le 10 kms est lui atteint en 44min25, toujours en légère avance sur l'objectif. Je rassure mon père et lui signifie que tout va bien. J'en profite pour lui confier mes gants, car la température se réchauffe progressivement.

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La suite du premier tour est un peu plus monotone et je comprends néammoins pourquoi on qualifie ce parcours de difficile pour faire un temps. Si le dénivelé peut paraître limité, les changements de revêtement sont très fréquents. Les chemins de hâlage sont très irréguliers, et nous devons faire en permanence attention où nous mettons les pieds. Ce sont en fait des mini montagnes russes.

Les ravitaillements, eux, sont nombreux, tous les 4kms environ. Je m'astreins à m'arrêter quelques secondes à chacun d'entre eux pour boire quelques gorgées d'eau ou d'eau glucosée et au 15e km, je m'alimente d'une première barre de pate d'amande.

Le 20e km est atteint en 1h29, les sensations sont toujours aussi bonnes. Le semi, lui, est finalement parcouru en 1h33mn54s et marque l'approche de la fin de la première boucle. A ce stade, je me sens toujours aussi facile, et je n'ai pas l'impression d'avoir puisé dans mes réserves. Je sais que c'est là que tout commence.

Le passage dans le centre ville, avec ses pavés, n'est pas trop plaisant. Les chocs sont rudes et les virages serrés. Heureusement, c'est vite terminé.

Au 23e km, il faut passer la petite côte de 500m que l'on remarque à peine au premier tour. Sentant les premières difficultés, je ralentis un peu l'allure dans la montée.

1h51mn48s au 25e, tout continue de bien aller. Je surprends une remarque  d'un bénévole lors d'un ravitaillement ("Aymeric, il a l'air très frais"). Ca confirme donc mon impression, mon visage ne doit pas être marqué pour l'instant.

J'en profite pour remercier les organisateurs et tous les bénévoles pour la qualité de l'organisation. Les prénoms sur les dossards permettent d'être encouragés tout au long du parcours, ce qui est vraiment agréable. En revanche, mon relatif jeune âge (tout juste 26 ans) semble en surprendre quelques uns.

Le second passage le long du Golfe est un peu plus difficile, et le soleil qui a pointé son nez ne nous facilite pas la têche. Je commence à doubler les premiers marcheurs, ce qui me surprend sur ces bases chronométriques. A Arcal, il est difficile de se frayer un passage devant la haie d'honneur qui nous est faite.

Le 30e km est atteint en 2h14mn20s, toujours sur les bases de 3h10. Je reprends une barre de pate d'amande, mais celle ci a du mal à passer. Si les jambes répondent toujours présents, des maux d'estomac me donnent les premiers signes d'inquiétude. Je ne semble toutefois pas confronté au mur pour l'instant, alors que sur mes deux premiers marathons, ceux ci avaient eu lieu au 29e et 26e km.

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Nouveau passage sur le port, et l'estomac continue de gronder...Je m'interroge car je connais malheureusement ces sensations pour les vivre de temps en temps à l'entrainement.  Je pensais être tranquille avec la prise d'immodium...

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Le 35e km est franchi en 2h37m20. L'allure a un peu ralenti, mais je serre les dents. Les premiers signaux du mur apparaissent.

Malheureusement, quelques hectomètres plus loin, les douleurs gastriques se font trop fortes. Je suis obligé de m'arrêter et m'isoler pour me soulager... J'avais tout de même été prévoyant et prévu dans une poche de quoi m'essuyer... C'est tout de même une bonne minute trente de perdue, et je me sens dès lors déshydraté. Mon père m'avait heureusement tendu une bouteille d'eau au passage du 35e.

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Toutefois, je sens que le mal est fait. La machine semble grippée, impossible de repartir sur une allure convenable et ma tête ne semble plus trop y être. Je sais les 3h10 inaccessibles. La chaleur me pèse, les doutes m'assaillent, et les kilomètres sont plus longs à défiler. Je me cale sur un rythme de 5min10 au kilo, où je me sens relativement facile. Les douleurs gastriques, si elles se sont un peu estompées, ne demandent qu'à revenir et m'incite à rester prudent. J'ai perdu un peu de lucidité mais ne suis pas pour autant à l'arrêt. Je me refuse à marcher, au contraire de nombreux concurrents. Quelques coureurs, en revanche, me doublent. Les plus aguerris sans doute. En revanche, pas de trace du ballon 3H15 et du petit groupe de coureurs habituel. Ca confirme mon analyse du départ.

Je finis au petit trot, sans volonté de m'arracher. Et le passage de la flamme rouge ne me procure aucun sentiment. Je me sens robotisé.

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Enfin, la stade d'arrivée pointe le bout de son nez. Je me refuse à accélerer, je sais de toute façon que les 3h15 ne seront pas non plus pour cette fois. A 200m de l'arrivée, un coureur à mes côtés tente d'accélerer. J'entends soudain un grand cri. Le pauvre est pris de crampes et semble foudroyé. Il s'allonge avec en point de mire l'arrivée. Quelle cruauté...

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J'en termine enfin, le temps réel sera ramené à 3h16min25s.

Place à la récupération.

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Mes sentiments à l'arrivée sont partagés. D'un côté, je suis frustré de n'avoir pu défendre mes chances de façon optimale sur la fin de course. Les sensations sont différentes des deux premiers, où je pouvais à peine marcher. Je n'ai pas le sentiment d'être allé puiser aussi loin dans mes réserves cette fois-ci. J'ai certainement acquis une base d'endurance encore supérieure, qui ne demande d'ailleurs qu'à s'étoffer encore et encore.

De l'autre, je suis tout de même pleinement satisfait. Le plan  a bien fonctionné, même si je pense que je ferai un 8 semaines la prochaine fois car la lassitude commençait à poindre le bout de son nez sur la fin. Et puis, finalement, je bats mon record de plus de 22 minutes! 4h04, 3h38, et enfin 3h16. La progression est déjà importante, et ça laisse une marge pour la suite. Le parcours n'étant pas des plus faciles , je suis relativement confiant pour améliorer mon temps. L'endurance, c'est comme le vin, plus ça vieillit, mieux c'est (ou presque...)!

En outre, je pense d'ores et déjà pouvoir passer en 1h30 au semi. J'étais beaucoup trop facile sur ce début de parcours, et je ne pense pas que les difficultés sur la fin de course soient corrélées avec le départ un peu plus rapide que prévu.

Reste à résoudre ces problèmes gastriques. Je ne sais pas trop quoi en penser : je me suis pourtant bien hydraté et je n'ai pas vu de signe de déshydratation. C'est plutôt au niveau de la prise de solide qu'il faudrait chercher. Ne supportant pas trop les gels, j'avais opté pour des barres d'amande (2). Ca n'a pas été un franc succès et ce n'était peut être pas assez. Avez vous d'autres idées, et que prenez vous de votre côté?

Le retour en Normandie s'est bien déroulé. Le mal de jambes très limité et pour une fois, je n'ai pas ressemblé à un pingouin le lendemain. Le train de 6h14 qui me ramène en Région Parisienne le lundi matin confirme que j'ai bien récupéré, même s'il est logique que je sente une légère raideur.

Et si c'était à la fin que tout commençait?

Cette semaine, je n'ai cessé de réfléchir aux prochains objectifs... Paris, pas Paris? Je sais que j'ai le droit à un dossard 3H, ce qui influence un peu mon choix. D'un autre côté, la raison m'incite à travailler la vitesse et le court...

Une semaine après, je pense opter pour la seconde solution et tout miser sur Berlin en 2009. La saison devrait donc se dérouler ainsi : reprise en douceur jusqu'à mi novembre, puis travail de vitesse en prévision des corridas et cross de fin d'année.

Ensuite, objectif 38'30 aux foulées de Vincennes en février, et moins d'1h25 au semi de Paris. Alençon-Médavy devrait être couru pour le plaisir.

Un deuxième cycle devrait m'emmener vers la préparation d'un triathlon au mois de juin (un distance olympique en guise de découverte de la discipline?). Selon les objectifs qui auront été remplis ou non, je me laisse une porte de sortie sur les courants de la liberté le 14 juin (10 ou semi?).

Et après une petite coupure, l'ambition sera de préparer Berlin durant l'été. L'objectif n'est pas encore fixé...

Alors 2009, année de transition, de confirmation, ou de tous les records?

Merci de m'avoir lu, je sais, j'ai fait long...

2 commentaires

Commentaire de calimero posté le 27-10-2008 à 18:34:00

Si tu continues à battre ton record de 20' à chaque fois tu seras bientôt dans les élites et peut être aussi chez les "divas"!!!

Bravo!

Commentaire de gdraid posté le 15-10-2009 à 11:15:00

Bravo à mon voisin de l'Essonne, et bon anniversaire !
Je te souhaite d'accrocher un jour, les 3 heures sur marathon.
Peut-être est-ce déjà réalisé ?
Tes récits sur Kikourou ne le disent pas encore ...
JC

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