Le marathon de la liberté 2007 ou...comment cumuler les erreurs!

En cette fin d'année 2006 se pose la question de ma planification d'entrainement pour 2007 avec les grands objectifs à prévoir. Encore bordelais, je sais début novembre que mon stage de fin d'études se déroulera sur Paris, avec les conséquences que cela implique.

Malgré tout, fraichement marathonien depuis quelques mois, je décide de l'opportunité de parler à mon père de courir un marathon "ensemble". Grand sportif, mon papa n'a réalisé qu'un marathon il y a de cela près de 20 ans, en 3h13. A bientôt 60 ans, je me dis qu'il n'aura peut être plus l'occasion d'en parcourir d'autres si l'on attend trop longtemps et, pour moi comme pour lui, ça pourrait s'apparenter à un passage de témoin.

Après quelques tergiversations, la passion commune qui nous anime nous pousse à entreprendre ce projet un peu fou : nous courrons donc en juin de l'année suivante le marathon de la liberté, à Caen. Ainsi, ce sera l'occasion de courir un marathon sur mes terres d'origine et cela évitera de la fatigue et un déplacement pour mon papa.

Malheureusement, je m'aperçois bien vite que coincider stage de fin d'études et entrainements est relativement difficile. Les Buttes Chaumont deviennent mon nouvel ami tôt le matin, ou en fin de soirée, et quelques sorties au bois de Vincennes viennent égayer le quotidien. Au mois de mars, le semi marathon de la Rochelle se passe plutôt bien, avec un temps d'1h29mn14s.

Suffisant pour envisager un plan marathon entre 3h15 et 3h20.

L'arrivée du printemps coincide avec la problématique du mémoire de fin d'études... à rendre 3 jours avant le marathon. Je me retrouve face à un nouveau choix : privilégier le mémoire, en quelque sorte le couronnement de mon cursus d'études et élément incontournable pour la validation de mon bac+5, ou bien privilégier la préparation du marathon. Alors bien sûr, au début, on essaie de concilier les deux, et puis on s'aperçoit que c'est irréalisable...

Finalement, je prends l'option du mémoire, choix beaucoup plus raisonnable, et je continue de faire deux sorties par semaine dont une longue le week end. Plus je me rapproche du marathon, moins j'ai le temps pour le préparer. Les nuits se font de plus en plus courtes... en tout, ce sont près de 400 heures qui auront été consacrées à ce mémoire.

La raison aurait dû l'emporter, à court de préparation, je n'aurais pas dû prendre le départ de ce marathon. Cependant, je me voyais mal l'annoncer à mon père qui, lui, continuait de s'entraîner d'arrache pied.

Et c'est donc non sans inquiétude, mais avec toute la fougue de mes 24 ans, que je prends le départ du marathon en ce début juin 2007. Je me place tout de même dans le sas 3h15, alors que mon père se dirige dans celui des 4h. Coûte que coûte, nous nous retrouverons à l'arrivée.

Le départ se passe bien, tout comme les 20 premiers kilomètres. D'ailleurs, je passe même le semi en 1h39mn. Mais un autre ennemi, beaucoup plus insidieux, commence à faire son effet : la chaleur. Le bout de parcours le long du canal ressemble à un vrai chemin de croix. Quantité de coureurs sont à l'arrêt, l'air suffocant, et les 26 degrés qui l'accompagnent sont difficiles à supporter.

Pourtant, je continue. Plus pour longtemps... Au 27e km, je ressens un vrai coup d'arrêt. Le mur, le vrai. Des picotements, une perte de lucidité, tous les symptomes d'une déshydratation et la conséquence du manque d'entrainement.

Les 15 derniers kilomètres se feront dans la souffrance, parfois à moins de 10 km/h. Et c'est complètement épuisé, et au bord de l'insolation, que je franchis la ligne d'arrivée en 3h38mn24s. Je mettrai de longues minutes (heures) à récupérer, allongé dans l'herbe, à l'ombre.

Mon père, lui aussi, a connu des ennuis. Une cuisse récalcitrante l'a contraint à parcourir le deuxième semi en boitant. Et pourtant, il a lui aussi terminé. Au mental. Son chrono (4h50mn) importe peu. L'important, c'est que nous avons tous les deux terminé.

Finalement, j'aurais au moins réussi mon mémoire. 18/20 qui récompense toutes ces heures passées dessus. Et une place de major de promo, mais c'est une autre histoire.

Des marathons, il y en aura beaucoup d'autres! Mais il est clair que si j'avais un peu mieux analysé la situation, j'aurais planifié un marathon davantage en fin d'année. La Rochelle par exemple.

Au moins, j'ai appris certaines des erreurs à ne pas commettre. Et appris une belle leçon d'humilité : le marathon est une course qui ne se laissera jamais dompter!

A moi d'apprendre encore davantage lors de mes prochaines courses sur la distance...