L'auteur : fretless
La course : Les Boucles du Lac - 21.1 km
Date : 25/5/2008
Lieu : Villefranche De Panat (Aveyron)
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Distance : 21.1km
Objectif : Pas d'objectif
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Pas d'autre récit pour cette course.
19 s. quel temps de m…. !!!
19 secondes c’est long et court en même temps, c’est moins de 100 mètres, à 14 km/h, en fait ce sont les fameux « ,1 » du 21,1.
C’est en tout cas les 19 secondes qu’il me manque pour (re) passer sous le seuil hautement symbolique des 1h 30.
Ils sont loin les 1h 24 de 1999, presque 10 ans déjà (et des kilos en plus) et tellement d’évènements passés qui ont fait que la course a été mise entre parenthèses pendant qques années.
Quelques explications personnelles
Puis l’année dernière, changement de vie, installation à Toulouse et puis histoire de s’occuper en soirée, des petits footings de reprise, de plus en plus longs, de plus en plus vites, de plus en plus durs…Bref, le virus qui est toujours là, enfoui tout au fond, quelque part et qui revient comme une maladie récurrente, comme une mauvaise herbe rémanente.
Puis la rencontre d’un club - parceque courir seul, le long d’un canal, tout droit, tout plat, sans vraiment d’objectifs ça devient lassant – le TOAC, et la piste…..
et tous ces vieux souvenirs qui remontent:
la finale du 1200m des championnats minimes de l’Aveyron et ce dernier virage où pour avoir le titre, tant pis je passe à l’extérieur, parceque je me sais imbattable dans la dernière ligne droite – oui, je le sens à ce moment là -,
ou ce 1500 cadets à Béziers (finale des départementaux de l’Hérault, j’y avais admiré Maryse Ewange Epée) où je me suis rendu seul en train parce que dans mon lycée à Montpellier (j’y étais pensionnaire) personne ne s’intéresse à mes résultats. Après ma victoire surprise (je n’étais connu de personne), mon second vient me voir, une sorte de « gloire locale » licencié au MUC, qui vient me demander, d'un air supérieur, si je veux pas venir dans son club pour lui servir de lièvre. Le « J’y réfléchirai le jour où toi tu me gagneras » que je lui lâchais fût ma deuxième victoire de la journée.
Et tout ça qui remonte, alors que mes foulées s’enchaînent, presque mécaniques, geste réflexe retrouvé, tellement répétés dans une période de notre vie où chaque apprentissage s’ancre jusqu’au « terminus-tout le monde descend », ces tours de stade répétés comme un pianiste fait ses gammes…..
Oui, mais l’âge est là, les années de presqu’une vie me séparant de ces 4’23 que je ne ferai jamais plus.
Mais 46 ans, (on va dire que) c’est encore jeune, et le challenge est relevé, retrouver de la vitesse, y consacrer les 3 années qui me séparent de V2, et enchaîner, séries de 400, 7x 1000, PPG ….comme si j’avais la trentaine (âge moyen des copains du club).
Alors retour, sur la piste et sur la route, parceque le vrai objectif est là, retrouver les temps de 1999 – 1h24 sur semi – 38’20 sur 10 km.
1ère tentative sur semi début mars à Blagnac, avec qques gars du club, on vise les 1h35, je fais le meilleur temps de notre petit groupe en 1h 31 12 (chrono à mon avis, largement et anormalement favorisé par les coupages de virages et autres raccourcis sur les trottoirs).Nouvel objectif maintenant avoué, passer sous les 1h30 avant l’été.
Récit de course
Le semi choisi est celui du tour des lacs à Villefranche de Panat, ce 25 mai, bien que je le sache dur et pas très roulant car valloné sur la partie est du lac. Mais le paysage y est tellement apaisant (c’est pas les lotissements et résidences de Blagnac), puis faut dire que je suis originaire de pas très loin et que nous y avons une maison familiale, donc une facilité d’hébergement.
Les 1h30, je les ai dans les jambes et dans la tête, je me suis rarement autant senti prêt pour une course, j’en ai même perdu du poids, 1 kg seulement, mais 1 kg quand même.
Seulement, il y a les impondérables, liés à une des spécificités de la CAP et une des raisons essentielles pour laquelle nous l’avons choisi, ce sport se pratique en extérieur. Et ce dimanche là, l’extérieur était hostile.
Après avoir traversé le brouillard pour me rendre à Villefranche de Panat, gonflé à bloc, mais examinant avec inquiétude le balancement des cimes des arbres, je fus rassuré par l’absence de pluie en arrivant.
Dossard retiré et épinglé, doubles nœuds effectués, échauffé, quelques copains retrouvés, ma confiance s’émousse avec l’arrivée de la pluie, 7/8 mn avant le départ, pluie qui ne s’arrêtera plus ou presque jusqu’à la fin de la journée.
Le départ est donné, nous allons tourner dans le sens inverse aux aiguilles d’une montre, ce que je trouve plutôt bien, la partie vallonnée se faisant ainsi au début puis entre le 10 et 15ème (2 tours). J’avais déjà couru ce semi, il y a donc plus de 10 ans, dans l’autre sens et les 5 derniers étaient du coup très éprouvants.On part avec les concurrents du 10 km, qui ne feront qu’un tour.
Début un peu plus rapide que les 4’15 prévus, je retrouve mes temps fixés au 3ème kilo. Je me force à ne pas me laisser entraîner par d’autres coureurs et mon seul coéquipier, à ce moment là, est mon chrono.
Vers le 4 ème, je me retrouve avec un coureur qui a le même rythme que moi, il a l’air d’être du coin, bcp de bénévoles l’encourage « Allez Jean Marie ». Il fait lui aussi le semi, il doit être V1, et même si je me trouve un peu juste, je décide de le suivre, parce qu’avec les successions de petites bosses, je n’arrive pas à maintenir le rythme décidé et au 5èmej’ai déjà perdu les 20 s. de marge que permettent les 4’15.
Petite inquiétude, mais je me dis que c’est normal avec le relief et que de l’autre côté du lac sur la partie retour, qui elle est hyper roulante, je reprendrai. Sauf que…
Sauf que là, l’obstacle c’est le vent, vent de face. Si on était marins, au bord de ce lac, y faudrait tout remonter au près, mais pour nous coureurs, même en essayant de s’abriter derrière ceux du 10, les effets d’abri et d’aspiration ne se font pas trop ressentir, d’autant plus que ceux qu’on rattrape ne vont pas assez vite.
On quitte les 10, traversée du barrage, vent de côté puis de dos, mais on retrouve les bosses. Et on se sent plutôt seuls, mais heureusement Jean Marie est connu, on a droit à plein d’encouragements. A 200 mètres devant nous un concurrent, lui aussi esseulé, on en devine 2 ou 3 autres un peu plus loin, derrière pareil ils sont loin. Bien que plus du tout dans les temps, enfin je crois parce que je commence à avoir du mal à calculer, je persiste à rester avec « mon Jean Marie », je prends mes relais sans moufter et « veiren be » comme on dit ici. Surtout qu’on a tous les 2 réalisés qu’on revient sur un petit groupe de 3 qui s’est formé devant nous. Tout ça jusqu’au 13 ème, et là je commence à faire l’élastique, d’abord dans les côtes puis inexorablement je regarde partir mon camarade de course. J’avais eu le même trou au 15ème à Blagnac, je reste calme, me dis tant pis pour les 1h30 mais pas vraiment quand même et ne capitule pas. Du moins pas tout à fait parce que je reviens sur les 3, et que juste devant je vois R. C., 1ère féminine (je sais qu’elle a le record de l’épreuve, que même si elle est maintenant V2 –respect le plus profond- elle passe régulièrement sous les 1h 30), en plus un coureur me reprend, et lui je le laisse pas partir et je double le groupe avec lui.
Devant, Jean Marie a rejoint R.C. et un autre coureur. C’est le retour, plus que 5,5 km, vent de face, mais je donne tout. Et même si je sais plus où j’en suis dans mes temps, j’y crois. Le gars qui m’a rattrapé n’arrive pas à s’accrocher, à ma prise de relais, pourtant j’aurai bien aimé qu’on finisse à 2. Je prends pas le risque de l’attendre.
Prochain objectif, le groupe de R.C, ils ne sont plus que 2, JM est parti. Je les reprends au 17ème, encourage R. Son compagnon a l’air jeune (je verrai plus tard sur les résultats qu’il est espoir) mais surtout il a l’air cuit. Je prends de suite le relais, me mettant au service de R. mais au bout d’un peu plus d’un km, elle préfère rester avec le jeune et je pars seul. Un seul dos en point de mire, Jean Marie, toujours lui, toujours aussi encouragé.
19ème kilomètre, je regarde le chrono, les chiffres sont flous, les gouttes de pluie sur l’écran, dans les yeux, mais j’y lis bien 1h 21’30, j’ai retrouvé ma base de 4’15 et c’est donc encore jouable.
20ème : 1h 25 40, ça y est je l’ai, je vais y arriver, encore une petite côte, j’y rattrape J M, l’encourage de venir avec moi, à 2 ce sera plus facile. Mais il me dit d’y aller, qu’il en peut plus, j’insiste, mais ne m’occupe plus de lui. Puis alors que je pensais qu’on allait tourner à droite pour rejoindre l’arrivée, le fléchage nous fait partir tout droit dans le village, encore un faux plat montant, puis enfin on tourne à droite, et là succession de chicanes (mesurage officiel oblige, certainement) entre les barrières, traversée d’un petit pont en bois, hyper étroit et glissant et enfin la dernière ligne droite, très courte mais qui me laisse le temps de contempler les 1h29 sur l’écran du chrono. Je baisse les yeux, mais le 30 est déjà là. Mais comment, pourquoi, mais c’est pas possible, j’étais à fond. J’en apprécie même pas le franchissement de la ligne en pleine réflexion, entre surprise et déception, puis enfin je comprends….
Un semi c’est 21,1 et c’est ce p….. de « ,1 » qui m’a foutu dedans.
Passée cette réaction plutôt négative - j’en ai même pas attendu JM sur la ligne pour le remercier (je m’en suis excusé auprès de lui plus tard) - la première gorgée de soda presque glacée me fait prendre conscience que je viens de réaliser une superbe course, dans des conditions climatiques déplorables, avec un parcours super exigeant, et là le sourire revient.
19 secondes. A la lecture des résultats ce matin, sur le site des organisateurs, et à la vue des temps des coureurs que je connais, sortes de repères chronométriques, je m’aperçois que j’ai bcp progressé. Et ça, ça m’encourage à continuer et à faire encore mieux. Surtout qu’en regardant les résultats de l’année dernière, tous ceux dans les premiers, qui y avaient participés, ont mis entre 1 et 3 mn de plus cette année, dont ce fameux Jean Marie, qui l’avait couru en 1h 27 et qques. Mais si je l’avais su avant, aurais je quand même essayé de le suivre, et alors quel temps j’aurais fait, certainement bcp plus.
En attendant le prochain semi, à l’automne à priori, parce qu’à partir de maintenant je vais me consacrer au trail, où peut être on se rencontrera.
Merci de m’avoir lu et peut être à bientôt sur une course.
Hommages en forme de petits messages perso
A Pat, (je ne sais pas s’il vient sur Kikourou), ça m’a fait très plaisir de le retrouver et de discuter avec lui, ce pilier de l’organisation des 100 kms de Millau.
Et Jean Brengue, l’éternel, véritable message de courage pour nous tous, (qui a aujourd’hui couru les 10 kms en 50’), m’avouant à l’arrivée que cette année il ne ferait pas Millau parce qu’il faisait les France de 100km en Sologne mais qu’il les ferait dans 4 ans pour ses………..80 ans.
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