Récit de la course : Cross du Piton des Neiges 2008, par Stéphane974

L'auteur : Stéphane974

La course : Cross du Piton des Neiges

Date : 4/5/2008

Lieu : Cilaos (DOM)

Affichage : 1049 vues

Distance : 15.36km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Hier avait lieu la 20e édition du Cross du Piton des Neiges. Pour Olivier J. et moi, c’était la 2e, pour Olivier O., c’était une première... [J’utiliserai J et O pour désigner les deux Olivier].

 

Mon objectif était de battre J pour la première fois sur une course, et même de battre son temps de l’an dernier (3h22 contre 3h33 pour moi). Mes entraînements nombreux et intensifs depuis des mois me permettaient d’espérer atteindre ces objectifs. Seul un rhume persistant depuis plus de deux semaines m’inquiétait concernant mes capacités de résistance tout au long d’une course aussi dure. On verrait bien !

 

Lina et moi allâmes chercher J et sa copine Fanny chez eux pour monter à Cilaos, où nous rejoindraient plus tard O et Lisa. En route, Fanny et J occupèrent nos méninges avec des énigmes vues dans un film.

 

En arrivant à Cilaos, nous passâmes tout de suite prendre nos dossards. On nous accueillit avec un « Tiens, voilà les M.E.C., on a parlé de vous dans le journal et à la radio ! ». C’est Lina qui avait trouvé ce nom d’équipe, M.E.C. comme « Marche Et Crève ». Du coup, cela fit parler de nous, et nous fit sympathiser rapidement avec les organisateurs, dont Thomas, le webmaster du site avalasse.fr du club d’athlétisme de Cilaos.

 

Nous reprîmes la voiture pour que je puisse remontrer à J le départ de la course, et montrer aux filles les endroits où elles pourraient nous voir et prendre des photos. En retournant vers le centre-ville, dans un rétrécissement de la chaussée, une voiture heurta mon rétroviseur gauche, dont la glace jaillit, frappa violemment la vitre (heureusement fermée), et vola à plusieurs mètres. Eh oui, c’est ça le sport de haut niveau : il ne faut pas avoir peur des contacts !

 

Nous arrivâmes au gîte où nous passerions la nuit : la Fleur des Sources. Idéalement situé, propre, il offrait tout le confort nécessaire pour 6 à 8 personnes. Cela nous coûta 100€ à six, ce qui n’est pas cher. Une adresse que l’on peut conseiller.

 

Nos petites femmes s’étant occupées de nous faire à manger, nous, les MEC, n’eûmes plus qu’à mettre les pieds sous la table. Au menu : un bon plat de pâtes complètes, beurre, sauces pesto ou tomate, parmesan ; en dessert : raisin, pomme ou yaourt.

 

Il était déjà 22h quand je partis me coucher, vite imité par tout le monde. J’eus un peu de mal à m’endormir, espérant tout de même bien me reposer jusqu’à 4 h, heure du réveil.

 

Pas de chance : je me réveillai à 3h00, et je ne pus retrouver le sommeil, donc je me levai à 3h45 pour prendre tranquillement mon petit-déjeuner. Je mangeai mon riz au lait (que Lina avait enfin trouvé après avoir fait trois magasins !), et je pris deux cafés. Je bus également beaucoup, dans une bouteille où j’avais mis de la boisson d’attente censée éviter le stress et réguler l’énergie (pour éviter un problème de sucre entre le riz au lait et les gels pris pendant la course).

 

J’avais dit aux deux autres MEC que comme je me levais tôt pour prendre mon petit-déjeuner et aller aux toilettes, je m’occuperais de déposer avant 6 h les sacs contenant les vêtements de rechange qui devaient être acheminés au sommet par hélicoptère. Je découvris sur la table de la cuisine le sac de J, un sac à dos semblant bien rempli, et par terre le « sac » d’O : un sac plastique dont les anses étaient nouées autour d’un bâton, ce qui lui donnait l’allure d’un balluchon comme on en voit dans les dessins animés quand un personnage décide de partir... Je me dis que cela ressemblait plus à un sac de randonneur que de sportif, mais bon, comme O avait des soucis de genou en descente, il préférait, ce qui est compréhensible, s’aider d’un bâton. Ce dernier me paraissait toutefois un peu volumineux, et je doutais que l’organisation accepte de le prendre. Mon petit-déjeuner fini, je pris la voiture et allai donner nos sacs. On ne prit que le mien, qui était petit et portait mon numéro de dossard : celui de J était trop gros, et celui d’O fut refoulé également avec son bâton qui aurait pu servir pour une construction sur pilotis. Je retournai au gîte, réveillai les MEC pour leur demander de refaire leurs sacs, en utilisant les sacs plastiques fournis lors du retrait des dossards et qui portaient leur numéro. En quelques minutes, cela fut fait, et je pus retourner donner tout cela, pendant que les MEC se recouchaient bien évidemment...

 

La fine équipe ne se leva que peu avant 6 h, juste à temps pour prendre vite fait un petit-déjeuner léger et faire un tour aux toilettes. Les filles étaient debout, car elles allaient nous accompagner au départ, puis elles reviendraient prendre un petit-déjeuner et repartiraient enfin pour une balade près d’une cascade.

 

Au départ, tous les hommes forts étaient là, beaucoup d’anciens vainqueurs de cette course invités par l’organisation pour le 20e anniversaire, ainsi que d’autres excellents coureurs comme le dernier vainqueur du Grand Raid. Et il y avait les MEC !

 

Le départ fut donné. Après un tour de stade et les encouragements de nos copines, nous entamâmes la partie de route/route forestière de 6,3km qui nous mènerait au pied de la grosse côte de 9km. Les filles nous attendaient déjà là, et c’est sous le crépitement des flashes que je passai en un peu plus de 43min, quelques minutes avant les deux Olivier.

 

Le début de l’ascension se passa bien. Je gérai tranquillement ma reprise de souffle après la course sur route, je montai d’un bon rythme, reprenant petit à petit quelques coureurs, suffisamment vite pour maintenir l’effort, mais suffisamment prudemment pour ne pas m’épuiser et rattraper plus de coureurs dans la fin du parcours.

 

Mais, car il y a toujours un mais, je sentis des débuts de crampes dans les mollets dès une heure de course. Cela m’était déjà arrivé l’an dernier sur la Trois-Bassinoise où je ne pouvais plus avancer normalement, et où je m’étais fait remonter par beaucoup de coureurs que j’avais dépassés dans l’ascension. J’étais donc, comme on peut l’imaginer, écœuré de penser que plusieurs mois d’effort intensif, 40.000m de dénivelée positive depuis janvier et 10kg de perdus sur cette période allaient être gâchés par des saloperies de crampes inexpliquées. En effet, ayant eu une alimentation particulièrement variée, une hydratation exceptionnelle (plusieurs litres d’eau par jour depuis des semaines, et plus encore les derniers jours), ayant fait peu d’entraînements costauds les trois dernières semaines pour préserver mon énergie et mes jambes, je ne peux pas comprendre d’où viennent ces crampes.

 

J’avançai alors avec grande prudence, essayant de trouver une position qui éviterait la crampe. Je bus un peu plus, je m’arrêtai à deux ravitaillements pour prendre du sel : avec tout cela, je réussis à maîtriser ces débuts de crampes et à continuer de monter avec un rythme convenable sans sentir trop de gêne.

 

J’arrivai au col en forme, me disant que si les crampes ne se faisaient pas trop sentir, je terminerais sans doute en 3h15 maximum, le temps que je m’étais fixé comme objectif.

 

Je me mis à suivre un coureur ayant le rythme qu’il me fallait pour bien avancer sans aller trop vite. En continuant comme cela, tout se passerait comme prévu...

 

Malheureusement (car il y a toujours un..., vous connaissez la chanson), je tapai assez violemment mon genou droit contre un rocher. Par réaction, je me redressai brusquement en contractant tous mes muscles des cuisses et des fessiers, et là, j’eus une crampe particulièrement douloureuse dans la cuisse gauche, de ces crampes qui empêchent complètement d’avancer. Je dus m’arrêter quelques secondes, laissant bien malgré moi passer des gars que j’avais dépassés. Je ne savais pas comment faire pour ne plus sentir cette crampe, car si les crampes au mollet m’avaient obligé à faire quelques pauses pour m’étirer les mollets comme tout le monde sait le faire, quand on a une crampe dans la cuisse, tendre la jambe est impossible sans ressentir une forte douleur. J’essayai d’avancer sans trop plier la jambe (pour les mollets) et sans trop la tendre pour la cuisse. C’était douloureux et pénible. Pénible physiquement bien sûr, mais surtout mentalement : à moins de 200m de dénivelée du sommet, je ne pouvais plus marcher convenablement, je sentais mes jambes se bloquer. L’idée d’abandonner m’effleura même une seconde ; je voyais tous ces mois d’entraînements partir en fumée... ou plutôt, encore une fois, en crampes insupportables.

 

Je décidai pourtant de continuer, n’étant plus très loin du sommet, et ayant sans doute pas mal d’avance sur J. Je faisais très attention à la position de mes jambes, et je pus ainsi reprendre un peu de vitesse. Dans les derniers mètres du parcours, je forçai une dernière fois pour dépasser une fille qui semblait fatiguée, mais je ne pus rien faire quand j’entendis deux gars qui venaient derrière moi en courant : je les laissai me dépasser sans pouvoir lutter.

 

J’arrivai finalement en 3h06’10’’, heureux d’avoir pu finir, d’avoir fait un bon temps malgré les douleurs, heureux d’avoir rempli tous mes objectifs, mais déçu par ces crampes qui pourrissent mes courses et qui ce jour-là me faisaient sans doute perdre 5min.

 

J’étais fatigué, et mes jambes étaient dures. J’allai prendre mes affaires de rechange, une bouteille d’eau et un sandwich, afin de retrouver la forme. J’envoyai un texto pour prévenir tout le monde de mon arrivée.

 

Je pensais que J n’arriverait pas avant 3h22 (son temps de l’an passé), car il avait montré une petite forme pendant les dernières sorties. Mais cette crapule a des ressources : il arriva déjà en 3h16’13’’. Deuxième texto pour signaler son arrivée.

 

Nous mangeâmes un bout de sandwich, nous bûmes tranquillement, marchant un peu, faisant quelques étirements. Nous allions voir régulièrement si une casquette rouge pointait à l’horizon, mais non, toujours rien. À un moment donné, j’allai voir Thomas qui enregistrait les arrivées pour lui demander si le 3e MEC avait abandonné (il fallait qu’on le sache, car O n’avait pas de téléphone sur lui et nous commencions à avoir un peu froid), il me répondit qu’il venait d’arriver ! Nous l’avions manqué alors que nous discutions. Nous allâmes le voir : il semblait un peu fatigué, mais qui ne l’est pas en arrivant au sommet du Piton des Neiges ? Il avait mis 3h52’50’’ pour sa première participation. Troisième texto pour prévenir que les MEC étaient au complet.

 

Après quelques minutes de repos pour O, nous redescendîmes vraiment tranquillement pour épargner nos genoux. En bas, nos trois compagnes nous attendaient. Quelques photos et quelques bisous plus tard, nous étions dans la voiture pour aller manger.

 

Nous assistâmes à la remise des coupes (eh non, encore rien pour nous cette année), puis nous retournâmes ranger nos affaires au gîte, et nous reprîmes la route pour rentrer nous doucher et nous reposer.

 

Merci à nos accompagnatrices qui nous ont épargné bien des efforts ! Merci également à tous ceux qui ont répondu à mes textos : ça fait plaisir d’être sur le toit de la Réunion, et d’avoir des messages de tous ses amis !

 

Stéphane974

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