Récit de la course : Orléans - Chemery 2004, par SergeB
L'auteur : SergeB
La course : Orléans - Chemery
Date : 13/3/2004
Lieu : Orleans (Loiret)
Affichage : 1645 vues
Distance : 100km
Objectif : Terminer
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Pas d'autre récit pour cette course.
Mon 100km ou la chrnqiue d'un abandon annoncé
J’ai toujours plaisir à faire un compte rendu des courses où je me suis fait plaisir et desquelles je me sens particulièrement fier.
Pour mon premier 10km qui s’est terminé par un abandon, je ne voulais pas en faire initialement. Et puis, je me suis dis que c’étais aussi une bonne façon d’exorciser le mal et de percer l’abcès.
L’été dernier, tout le monde parlait, enfin si on peut parler sur Internet, de l’UTMB, ou l’Ultra Trail du Mont Blanc. Moi, j’ai toujours été fasciné par la montagne. En plus, je suis passionné de trail. Alors un trail de 150 km autour du Mont Blanc c’était un rêve pour moi. Je bavais rien qu’à lire les préparatifs et ensuite les compte rendus des différents participants. Et, à force de lire toute cette prose, je me suis dit « et pourquoi pas moi ???? »
Pour 2004, je me suis fixé comme objectif principal cet UTMB. Mais n’ayant pas fait de trail d’une distance supérieure à 65 km, je me suis dit que j’avais quand même certaines lacunes pour envisager les 150 km et 8500m de dénivelé en toute sérénité.
Je me suis donc concocté un programme de préparation basé sur de (trop ??) nombreuses courses pour ce début d’année.
La première fut le Trail de Vulcain. Malgré le fait de ne pas pu avoir rentrer sous la barre des 7 heures (7h01’48, je suis toujours aussi précis question chiffres), j’ai fait une belle course avec une perf honorable pour ma modeste (enfin pas toujours paraît-il ??) personne.
Ensuite, je voulais faire un 100km, puis un trail et un 24 heures durant le printemps.
Beaucoup de personnes de mon entourage m’ont dit que j’en faisais de trop. Je n’ai pas voulu les écouter et n’en faire qu’à ma tête (excès de confiance ou inconscience ??).
Pourtant , l’an dernier déjà, j’avais voulu enchaîner 3 trails de 45 km en 10 semaines et j’avais eu du mal à tout encaisser. Et pour cette année, je prévois 2 trails de 50 km + un 100 km en 6 semaines. Donc pas très prudent à priori.
C’est comme ça que je me suis retrouvé le samedi 13 mars à Orléans au départ de mon premier 100 km.
Je n’avais pas pour objectif de faire une perf, mais uniquement de terminer dans un temps de 10 à 12 heures.
Au départ, je retrouve mon ami Jérôme Leseurre qui était avec moi (enfin devant moi plutôt) à Vulcain. J’avais consulté le classement de 2003 de l’épreuve, et le vainqueur avait terminé en 9h20’. Je me suis dit que Jérôme pouvais faire un podium s’il avait bien récupéré de Vulcain.
Je retrouve aussi Jacques, un coureur rencontré au Trail de Guerlédan en 2003 (comme quoi le monde est petit).
13 heures, c’est le départ. Nous sommes 160, dont environ un tiers de coureurs et deux tiers de randonneurs. Deux filles de la police municipale à cheval nous escortent sur les premiers km, sympa comme début de course.….
Dès le début, un premier groupe d’environ 10 coureurs, dont Jérôme, prennent une vingtaine de mètres d’avance. Ensuite suit un petit groupe d’une demi douzaine dont je fais partie avec Jacques.
Au bout de 2-3 km, mon groupe ne se compose plus que de 3 coureurs. Je me rends compte, que le rythme est un peu trop rapide pour moi, je lâche prise et poursuit au rythme qui est le mien.
Je me dit qu’il ne faut pas forcer et partir à une allure cool, car c’est mon premier 100 bornes, que je n’ai pas d’expérience sur cette distance et que je souhaite aller au bout.
Je maintiens mon allure de sénateur. Sur les longues lignes droites de la Sologne, je vous au loi les concurrents qui me précèdent.
Sur les deux premiers ravitos en eau, je ne m’arrête pas. J’ai suffisamment de réserve avec mon bidon. Mais je dit quelques mots de sympathie aux bénévoles qui sont la pour notre bien être.
J’arrive au 15ème km en 1h20’, ça fait du 11 km/h, je suis content de mon début de course. C’est un ravito plus consistant avec point de contrôle. J’y arrive alors que Jacques repars déjà. Pas grave, chacun sa course. Je reprends mon chemin après avoir refait le plein de mon bidon, sans oublier d’y ajouter quelques morceau de sucre. Je retrouve mon rythme de sénateur.
Un groupe de cyclistes me dépasse. L’un deux dit « Vas-y Serge ». Mais je ne le connais pas, comment sait-il que je m’appelle Serge ? Mais c’est bien sur, j’ai mon prénom sur mon maillot !!! CA fait plaisir… je continue. J’entends un coureur qui me remonte doucement, oh pas très vite. Il doit être un demi km/h plus vite que moi. Il arrive à ma hauteur et me passe doucement. Je me mets dans sa foulée. Je reste un peu derrière lui, mais je me rends compte qu’il est un poil trop vite pour moi, et que ce n’est pas mon allure. Je ralenti et le laisse partir. Je le vois environ 200m devant moi durant un bon bout de temps. Il s’arrête relacer sa chaussure et je le rattrape. Nous poursuivons ensemble jusqu’au ravito du 22ème km en 1h55, je dois toujours être en 11km/h environ
Ravito duquel je repars rapidement. Mon bidon n’est qu’à moitié vide et le prochain ravito est dans 6 km, donc il me reste assez d’eau pour couvrir cette distance. Le parcours est toujours sur les petites routes de Sologne, c’est sympa, mais très plat (pas grave) et très droit, et on a le vent dans le nez, pas fort le vent, mais dans le nez quand même. Je cours seul cette partie.
J’arrive au ravito du 28ème où je remplis rapidement mon bidon, sans oublier de saluer les bénévoles toujours aussi sympathiques et qui se mettent en quatre pour nous satisfaire. Je suis en 2h32’, je maintiens mon rythme, ce n’est pas vrai que je vais terminer en 9 heures si j’arrive à tenir cette allure, j’en suis au tiers environ, ce serait trop beau…
Je croise des promeneurs à pied ou à vélo, un petit bonjour en passant ça rend la course plus agréable.
Maintenant on entame une partie en forêt. C’est mieux, là au moins, il n’y a plus le vent. Je remonte sur un autre concurrent, on poursuit ensemble. A un ravito en eau au 34ème, on retrouve un autre coureur en train de discuter avec les bénévoles. On s’arrête pour échanger quelques mots. C’est la moindre des choses, les bénévoles sont là toute la journée et une partie de la nuit pour nous, alors on peut s’arrêter un peu pour tailler la bavette ensemble. Nous repartons à trois jusqu’au ravito du 39 ème. A partir de ce moment, je commence à sentir la fatigue me gagner doucement.
Nous arrivons au 39ème en 3h47’, le rythme baisse un peu, mais ça va encore, pourvu que ça dur….
Je m’arrête une dizaine de minutes pour manger un peu. Je retrouve Jacques qui m’attendais,. Il en avais marre de courir tout seul. Toujours quelques mots avec les bénévoles et nous repartons ensemble.
Ce ravito m’a fait du bien, je me sens mieux. Avec Jacques nous reprenons un bon rythme. Nous remontons sur un couple. Nous restons ensuite tous les quatre ensemble. La fille est de Bordeaux, elle n’arrête pas de parler, c’est agréable. Nous parlons de nos courses passées et futures.
Je me rends compte que le rythme est quand même soutenu et je commence à peiner sérieusement. Jacques dit qu’il a un peu de mal à suivre, comme quoi je ne suis pas le seul, on ralenti un peu.
On arrive au 49ème km en 5h11, la moyenne baisse.
Je me rends compte que la fatigue m’envahie.
Je n’ai pas complètement récupéré de Vulcain 3 semaines plus tôt et je me rends compte de mon excès d’optimisme à avoir voulu m’aligner sur ce 100 km.
Je lâche prise et mes trois compagnons se détachent doucement mais irrémédiablement.
Je marche.
Je me rends compte que je ne pourrais jamais continuer au rythme voulu.
Le moral en prend un coup.
Je décide d’abandonner la mort dans l’âme. Je rejoins le ravito du 53ème en marchant.
Mais je me résonne en me disant qu’il n’était pas prudent de prendre le départ d’un 100 bornes seulement 3 semaines après Vulcain.
J’ai la chance qu’une personne me ramène sur Chemery où je retrouve les personnes du comité des fêtes qui m’accueillent chaleureusement en me faisant partager leur repas.
Mais je suis surtout déçu car je n’aime pas terminer sur un échec, ça signifie que je n’ai pas su me préparer ni organiser mes courses afin de les faire au mieux.
Cela veut-il dire peut-être aussi que je ne suis pas fait pour les courses ultra aussi longues.
Et si je ne suis pas capable de terminer un 100km, comment pourrais-je terminer un 24h ou l’UTMB ??
Je me prends conscience qu’il faut certainement que je monte plus progressivement sur de telles distances que je n’ai voulu le faire...
Donc pas de 24h ni de UTMB pour cette année.
Je pense que je vais faire un trail de 50 km en juin et un de 50-60 km fin août ou début septembre pour préparer l’Ultra Trail Endurance de 111 km à la fin octobre.
Cet echec, car s’en est un pour moi, j’en tire quand même des leçons.
La première est qu’après avoir fait de belles perf (en ce qui me concerne) aux Templiers à l’automne dernier et à Vulcain en ce début d’année, et bien rien n’est jamais acquis.
La seconde, est que l’échec rend plus fort pour préparer encore mieux les prochaines épreuves en évitant les erreurs passées.
Sur cette épreuve, j’ai approché mes limites, mais j’ai su m’arrêter avant de les franchir et de me blesser peut-être irrémédiablement.
Ensuite, qu’il faut essayer de se mesurer à des objectifs possibles et non à ceux que l’on aimerait faire. Comme je dit souvent, il y a ce que l’on voudrait être , il y a ce que l’on croit être et il y a ce que l’on est réellement.
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