Récit de la course : Marathon de Sénart 2007, par Olivier91

L'auteur : Olivier91

La course : Marathon de Sénart

Date : 1/5/2007

Lieu : Tigery (Essonne)

Affichage : 2245 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

9 commentaires

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Un marathon champêtre ....

Sénart, le 1er mai 2007, 3ème marathon pour moi. Après Paris 2006 (36000 inscrits), La Rochelle 2006 (8000 inscrits), Sénart compte environ 1500 inscrits. A ce rythme-là au 5ème ou 6ème marathon, je cours tout seul !!!

 

Pour ce nouveau rendez-vous avec la distance mythique, je suis accompagné de Jean-Marie, le Pygmalion de ma carrière de coureur à pieds, l’homme métronome qui en est à son 10 ème marathon et Dominique qui pour son 18ème inaugure pour la première fois le doublé, 15 jours après Paris, avec un temps de 3h21 qui l’avait déçu, lui qui vise depuis plusieurs années une marque inférieure à 3h15, mais la chaleur y était pour beaucoup.

Nous avons convenu avec Jean-Marie de viser les 3h30. Après mes contre-performances de La Rochelle et du semi de Rambouillet, courses lancées sur une base trop élevée, je souhaite profiter de la grande expérience du train de Jean-Marie pour m’assagir sur ce début de course.

 

Je pense en outre que mes premiers ultras m’ont fait oublier que ces courses, surtout le marathon, ne sont pas à négliger, chose que j’ai peut-être eu tendance à faire ces derniers mois. C’est donc avec une humilité retrouvée vis-à-vis des 42,195 km que j’avais entrepris un entraînement plus suivi que pour La Rochelle. Malheureusement, cette préparation ne s’est pas déroulée comme prévu, tendinites à répétition et grippe obligent. Seuls 2 ultra-trails extraordinaires (Ste Victoire et Vallée de Chevreuse) plus une sortie longue avec Jean-Marie m’ont permis d’éprouver mon endurance.

 

Je me présente donc sur la ligne de départ sans ambition démesurée, rythme de base à 5mn au km et on voit se qui se passe au semi. Je me présente aussi avec une préparation alimentaire un peu improvisée, le carbocake et le grand jus d’orange frais que je me suis confectionnés m’attendent sagement sur la table de la cuisine. Je les ai oubliés dans l’excitation du départ !

 

Avant cette ligne de départ, j’ai pu  croiser avec plaisir quelques kikoureurs (Agnès, tout sourire, Patrice (Tamiou) mon ancien collègue converti par sa femme aux longues distances (sa charmante femme est d’ailleurs à ses côtés dans cet avant-course) et Jérôme (Karllieb) qui double aussi après Paris et attend May (Sushimaki) à laquelle il pense servir de lièvre. Quelques photos et je goûte avec délice cette ambiance champêtre et amicale (cette amitié qui se construit course après course, avec mes amis coureurs de Villebon, mais aussi avec les coureurs croisés sur les forums Kikourous et UFOs avec lesquels nous formons peu à peu une grande famille que nous avons plaisir à regrouper aux quatre coins de la France lors des marathons et trails qui commencent à pulluler).

 

Plus j’avance dans la course à pied, plus j’apprécie les courses plus modestes où l’on prend le temps de vivre. Le marathon de Sénart est de cette trempe avec un village de départ sur l’herbe et sous les arbres et une arrivée sur la pelouse du stade de Combs-la-Ville.

 

Un des avantages du nombre raisonnable de coureurs est que le départ est plus serein, pas de stress pour trouver le bon sas. Sans même y penser, en nous plaçant 3 à 4 mn du départ, nous nous trouvons à quelques mètres de la ligne. Par hasard, je connais le coureur qui est à côté de moi, il s’agit d’Anisse (Séraphin) croisé une première fois aux 24h des Ulis. Lui vise 2h57, un autre monde …..

 

Le départ est donné et je me cale immédiatement dans la foulée de Jean-Marie. Dominique part devant, nous ne le reverrons qu’après l’arrivée. La connaissance de l’allure de Jean-Marie fait immédiatement merveille avec un premier km en 4’57 !!Le temps est beau, moins chaud que ce que l’on craignait, les premiers hectomètres passent aisément, uniquement agrémentés d’un dépassement en trombe par un athlète sans doute kenyan, qui après avoir pris le départ en retard nous laisse sur place en courant à un bon 18/19 km/h.

 

Nous laissons partir cet extraterrestre pour entrer dans la bulle nécessaire à une bonne gestion de la course. Celle-ci se déroule sur un parcours roulant, sans à-coups, sur un revêtement excellent et dynamique. La densité des coureurs complète le tableau pour former un marathon favorable aux performances. Seul un léger vent de travers aux alentours du 5ème km cherche à nous freiner, sans grandes conséquences. D’ailleurs, ce vent se fera oublier au fil des km qui s’égrènent tranquillement tout au  long du premier semi.

 

Mes tendinites aux tendons rotuliens semblent me laisser tranquille. Je sens juste un déséquilibre sur la droite d’où une sensation musculaire désagréable se fait sentir et modifie un peu ma foulée. Pour le reste, le temps file, ponctué par quelques échanges avec Jean-Marie. Pour cela, il me faut le rattraper après chaque ravitaillement qu’il passe sans s’arrêter, me prenant alors systématiquement une dizaine de secondes que je mets 1 à 2 km à combler. Cela me contrarie un peu de perdre ce temps et cette régularité, mais si Jean-Marie est de l’espèce des dromadaires, ce n’est pas mon cas, il faut en plus prévenir l’apparition de nouvelles tendinites qui me pourrissent ma vie de coureur. Nous tournons à un rythme de 4’50/4’55 au km qui nous conduit naturellement à posséder une bonne minute d’avance sur notre objectif au semi.

 

Vers le 16è km, une boucle dans un village nous permet de croiser d’autres coureurs, à l’aller on croise ceux qui ont 3-4 minutes d’avance, parmi lesquels je reconnais Patrice qui semble aller parfaitement bien et qui est visiblement en plein dans son temps objectif, un petit signe de la main appuyé d’un sourire en témoignent, puis au retour, nous croisons ceux qui ont quelques minutes de retard. L’ambiance dans le village est musicale, les encouragements fusent, chaleureux. A partir de ce 16ème km, les traversées de villages ou de quartiers résidentiels seront régulièrement ponctués de musique et d’encouragements qui nous permettent de maintenir une foulée digne et maîtrisée un peu plus longtemps que ce que notre fatigue grandissante ne semblait nous permettre.

 

Peu avant le passage du semi, Jérôme nous double, sur un rythme sensiblement plus élevé que le nôtre. Il n’a pu retrouver May au départ et fait donc sa course pour lui. Il semble vouloir viser son record, mais cela nécessitera un léger negative split. Je le laisse partir, son rythme est trop élevé pour moi.

 

Le passage au semi est l’occasion de faire le point sur le déroulement de la course. Pour l’instant tout va bien. Je sais que je ne pourrai pas aller plus vite au second semi. Je me contente donc de viser les 3h30 comme prévu. La minute d’avance ne sera pas de trop si je me souviens bien de l’état dans lequel j’avais parcouru les derniers km à La Rochelle. Mais le moral est bon. Il fait bon vivre sur ce marathon. Les douleurs musculaires à droite n’ont pas varié, je m’y suis habitué. Seule la chaleur qui commence à s’installer justifie de faire attention à l’hydratation. La succession de postes d’épongeage en nombre suffisant est une aubaine et je fais attention à n’en négliger aucun. Ce n’est pas la canicule, mais quelques degrés de trop ont vite fait d’accentuer la fatigue et la déshydratation.

 

Bien évidemment, au-delà du 22è km, les premiers signes de fatigue musculaire se font sentir, mais le rythme cardiaque reste confiné dans la zone prévue, rien que du très normal. Premier aléa de course au 25è : une colique brutale me permet de profiter de l’avantage d’un marathon campagnard : on y trouve facilement des bosquets où abriter son auguste fessier des regards indiscrets. L’opération me coûte non seulement 1’15 (j’ai même chronométré cela !!) mais aussi une reprise de rythme difficile sur un bon km et surtout, j’ai perdu mon lièvre, mon métronome !! Cela aura une incidence sur mon temps final.

Au 27è, je me laisse glisser dans le petit peloton du meneur d’allure 3h30 qui me talonnait depuis ma sortie du bosquet et me cale dans ce rythme qui me convient bien, car je passe de 4’50 au km à 5’ au km, et mon corps souffle un peu. Il me faut un peu d’attention pour ne pas me laisser décrocher car peu à peu les suiveurs du ballon cèdent et créent des mini-cassures. Je les comble sans attendre, car je pense que psychologiquement, il ne faut pas être décroché de plus de 30 ou 40 m si on veut réellement profiter du meneur d’allure. Au-delà, on cède du terrain peu à peu … et on ne le rattrape pas.

 

Au-delà du 30ème km, le nombre de coureurs contraints à la marche augmente sensiblement, et me voir encore (relativement) fringant me réconforte et me donne du courage. D’ailleurs, à propos de courage, je vois Agnès sur le côté de la route qui m’encourage et court quelques foulées avec moi. Le genre de petit événement qui rend la course plus facile et renforce sa détermination !

 

Malheureusement pour moi, le ravitaillement du 35è est fatal à mon objectif, car j’en repars, le ventre plein, certes, mais décroché d’une soixantaine de mètres de mon ballon bleu ! La bataille pour le reprendre va être rude. L’espoir renaît quand dans un virage je vois que Jean-Marie est juste devant le ballon. Il n’y a pas une minute entre nous. J’espère alors que la jonction se fera et que nos encouragements mutuels nous permettront d’atteindre notre objectif ensemble.

 

Mais la jonction ne se fait pas et, privé de mes poissons pilotes, je perds inexorablement du terrain, non pas que j’explose, mais j’ai du mal à soutenir tout seul le rythme à 5 au 1000, car à ce moment-là de la course, le mental doit prendre le pas sur le physique, et l’apport d’une référence concrète de la bonne allure est un plus indéniable, surtout quand il est couplé aux encouragements et à l’amitié partagée. Ce n’est pas encore à ce marathon que nous finirons main dans la main avec Jean-Marie …

 

La perspective de battre mon record s’éloigne et me coupe un peu les pattes. D’autant que depuis quelques km une douleur est apparue au tendon releveur du gros orteil droit. Une tendinite de plus à mettre à mon catalogue … jamais au même endroit, mais presque à chaque grande course … le déséquilibre à droite ressenti sur une bonne partie de la course doit être le principal responsable de l’inflammation.  A 2 reprises, je me mets à marcher, mais je me mets un coup de pied au c…l et recours après quelques dizaines de mètres seulement de marche. Je suis corniaud, parce que je vois que je double beaucoup de monde et que donc je suis mieux que la plupart à ce moment-là. Dans mes moments de lucidité, je me sers de ce constat pour maintenir un rythme qui finalement ne descend jamais en dessous de 5’35 au km . Il me faudrait peu de chose pour améliorer mon record (ce qui augmente mon regret de ne plus avoir mon lièvre).

 

En vue du 41ème, un petit coup de mou s’annonce, (je ne suis plus à quelques secondes près … et m’apprête à me mettre à la marche) quand je vois au loin Agnès sur le bas-côté. Je réfrène dès lors mon envie de marcher et essaie de passer tête haute, foulée légère, devant elle. On a sa fierté de mâââle, quoi !!! Au passage, Agnès joint sa foulée à la mienne pour les derniers hectomètres. Ses encouragements me vont droit au cœur et m’aident franchement, à tel point que je finis en trombe (descente et tour du stade obligent !!). Je me surprends même à sprinter, ce qui ne m’est jamais arrivé sur quelque course que ce soit (même lors du 80m au bac !!!). Sur les 10 derniers km, j’ai doublé environ 70 personnes !!! Je n’en reviens pas, moi qui craignais cette fin de course eu égard à mon faible volume d’entraînement.

 

L’arrivée sur la pelouse du stade est très sympa, sans file d’attente. Jean-Marie est là, fort de ses 3h30, objectif atteint. Je loupe l’objectif des 3h30 mais aussi celui de battre mon record (3h33) de très peu (3h35), mais je suis heureux comme tout. La journée a été superbe, ma forme de fond est bonne, mes genoux se sont fait oublier, ma tendinite naissante au pied ne me semble pas grave, je n’ai pas mal aux jambes (très peu de courbatures les jours suivants). Après quelques minutes, je croise enfin Dominique qui est aux anges : il a explosé son record avec 3h08 et est encore sous le coup de l’émotion. Cela fait vraiment plaisir à voir, je suis presque aussi heureux que lui de sa performance. Lui qui pensait exploser du fait du peu de récupération post marathon de Paris !!! La joie est tellement plus intense quand on peut la partager. Anisse lui aussi a atteint son objectif en battant de quelques secondes son record (2h57 tout de même !). Les souffrances des derniers km sont déjà oubliées, ne restent que les instants de plaisir qui ont été nombreux en ce 1er mai.

 

En conclusion, je ne peux que conseiller ces marathons plus confidentiels. On y est vraiment bien.

 

Maintenant, place à la pleine saison des ultras-trails avec un programme chargé qui me mènera vers l’ enchaînement UTMB – Diagonale des fous qui me fait déjà rêver.

 

Merci à Dominique et Jean-Marie d’avoir partagé cette journée avec moi, merci aux kikoureurs qui ont teint d’amitié cette course … et mille mercis à Agnès pour son sourire et les pelletées de secondes qu’elle m’a permis de sauver grâce à ses encouragements et son accompagnement.

9 commentaires

Commentaire de agnès78 posté le 03-05-2007 à 23:38:00

Merci mon ptit oliv du fond du coeur pour ton récit!
J'ai passé une matinée formidable grace à vous...
Quoi de mieux que ce beau sourire à l'arrivée?
Désolée pour les piles...
Je me rattraperais en faisant un CR de supportrice, d'ac?
Encore MERCI et surtout BRAVO
bises
agnès_vivemeng_le_Mont_Joly

Commentaire de gdraid posté le 03-05-2007 à 23:45:00

Cela m'a fait plaisir, Olivier91, de retrouver l'ambiance d'un marathon, et les états d'ames du marathonien au fil des km.
Bravo pour ton récit, où l'on entrevoit même Agnès !
Bravo pour ton excellent chrono de 3h35
Ton prochain marathon n'en sera que plus passionnant.
JC

Commentaire de JLW posté le 04-05-2007 à 16:21:00

Sympathique récit, j'ai l'impression de l'avoir parcouru moi-même. Bien que roulant ce marathon n'est quand même pas tout à fait plat et ton résultat n'en est que plus méritoire avec la chaleur en +. Bonne chance pour tes ultras.

Commentaire de Cédrikos posté le 04-05-2007 à 18:16:00

Super ton CR.
Merci à toi de nous faire suivre ta course.
Alors peut être RDV le 01 mai prochain.

Commentaire de seraphin posté le 04-05-2007 à 20:28:00

Salut Olivier
Belle course !
ça ma fait plaisir de te revoir.
A une prochaine course.

Commentaire de titifb posté le 05-05-2007 à 06:51:00

Bravo pour ton récit très bien écrit car très vivant...Je ne suis pas marathonnienne, mais j'ai vécu cette distance mythique grâce à ton CR, merci ! (pense à soigner tes tendinites et surtout à en trouver la cause !)

Commentaire de akunamatata posté le 05-05-2007 à 08:53:00

Joli récit, j'ai fait ce marathon l'an dernier (pas une réussite et pas un bon souvenir), j'ai pris une belle revanche en te lisant.
Pour la colique, tss tsss, une pastille d'imodium avant la course n'aurait elle pas suffit?

Commentaire de vboys74 posté le 06-05-2007 à 22:18:00

Sympathique CR qui pourrait bien me pousser au marathon un jour...au moins une fois...et pourquoi pas a Sénart?
Bravo pour ta course et ton finale!
seb

Commentaire de Say posté le 08-05-2007 à 01:44:00

On m'avait dit à mes débuts sur Kikourou : "tu verras les récits d'olivier valent le détour". Ils avaient raison! Merci pour cette tranche de vie Oliv' et à bientôt sur Pralognan.

A peluche

Coli

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