Récit de la course : Marathon de Vienne 2025, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Marathon de Vienne

Date : 6/4/2025

Lieu : Vienne (Autriche)

Affichage : 151 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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valse autrichienne

Ah ça, je me suis fait vanner ! "Un congrès à Vienne la veille du marathon, comme par hasard ! Et tu vas en profiter, bien sûr" ." C'est une heureuse coïncidence, ce congrès sur Alzheimer, mais il ne te fait pas oublier l'essentiel". c'est vrai qu'il est célèbre, le congrès de Vienne ! Référence au congrès qui redessina les frontières de l'Europe après les guerres napoléoniennes, en 1815. Déjà à l'époque, les vannes fusaient : "le congrès de Vienne ne marche pas, il danse", moquait De Ligne en référence à la politesse des mœurs diplomatiques. Deux siècles après, je peux l'affirmer : le marathon de Vienne ne se cours pas, il se danse .


Alors que la météo était printanière (jusqu'à 20 degrés) pendant que j'assistais à des conférences passionnantes dans des salles obscures, un vent glacé  nous ramène à la réalité ce dimanche matin : un seul petit degré au moment où nous entrons dans le sas de départ, Wagramer Strasse, juste en face du centre des congrès (il faut reconnaître que pour une coïncidence...). Pour nous réchauffer, les organisateurs ont eu une idée très élégante : organiser une tentative du record du monde de la valse avec le plus grand nombre de participants (je ne plaisante pas !). Les hauts parleurs diffusent une valse autrichienne, des danseurs professionnels donnent le rythme sur les écrans géants, pendant que dans les sas les coureurs tournoient sur eux-mêmes en guise d'échauffement.

 

Un deux trois, un deux trois... Je ne sais pas si les officiels du Guiness comptent combien de participants valsent effectivement , mais cette valse m'entre dans la tête et va m'accompagner pendant des kilomètres, bien plus efficacement que les musiques pleines de testostérone diffusées habituellement au départ de ces courses. Je me sens léger comme un danseur et me colle, dès le passage au dessus du Danube, près d'un meneur d'allure portant la flamme "1h29 2h59". Deux temps indiqués sur la flamme, car il y a deux courses organisées en même temps : le marathon (plus de 10 000 participants) et le semi (sans doute autant), qui forment un peloton impressionnant sur les vastes avenues viennoises.

Photo prise la veille de la course

Le parcours est roulant. C'est ici, dans les immenses allées du Prater, que Kipchoge avait tenté son projet très discuté de sub2. J'y pense alors que je les aborde à mon tour : vais -je tenter moi aussi "un temps", ou vaut-il mieux profiter au maximum du plaisir de courir dans une capitale étrangère ? Pour le moment, j'allie les deux, et cette première partie de course me rappelle presque la folie de Valence.


Bientôt le km 10. Je cherche vaguement dans la foule mon ancien thésard, qui travaille actuellement dans un labo viennois et m'avait promis de venir me voir quand je passerai près de chez lui (il me dira à l'arrivée qu'il était pourtant là). Les hauts parleurs diffusent ici des valses de Strauss, quelle belle idée qui me transporte de nouveau !


Effet de courte durée.  km 12 : malgré les encouragements d'une foule nombreuse, c'est l'avantage des parcours entièrement urbains, je ne suis pas loin de me faire décrocher par mon meneur d'allure, je ne sais plus si c'est après un ravitaillement ou pour une autre raison. Depuis le départ, et ce sera vrai jusqu'à l'arrivée, je n'ai pas regardé ma montre, faisant une confiance aveugle à ce guide. C'était assez facile au début, nettement moins maintenant. Alors qu'il reste 30 km, je me dis qu'il est trop tôt pour me mettre en mode touriste, je décide de m'accrocher. Mais fini les entrechats !


Un deux, un deux, un deux. Ce n'est plus la valse qui me guide, mais le pas hypnotique de la vingtaine de coureurs qui m'entoure. Nous avançons efficacement le long d'un bras du Danube, en faisant bien attention à ne pas nous prendre les pieds dans les rails des tramways. Vienne est une très jolie ville,  majestueuse sans être oppressante, alliant classicisme et modernité. Et tramways. C'est ma première course en Autriche, mais je ne suis pas dépaysé, la course à pied est un langage universel.

Photo prise la veille de la course

Je connais l'histoire. Un semi sur le rythme de 3h, le semeur d'allure qui me lâche entre le 24eme et le 30eme km, et un marathon que je boucle en moins de 3h10, content d'avoir tout donné.

Encore faut-il tenir jusque là. Je me fixe des objectifs à court terme. Rester avec le meneur d'allure jusqu'au km20 et profiter de la chaude ambiance de l'arrivée du semi. Puis tenir jusqu'à la mi-course, notre semi à nous. Et enfin jusqu'au km 24, en raison de l'axiome enoncé plus haut. A ce moment, je fais le calcul suivant : si le meneur vise bien 2h59 et qu'il est parti 2 minutes avant moi dans le sas, j'ai peut-être 3 minutes d'avance sur les 3h. Un matelas de 180 secondes, si je ralenti de 10 sec/km sur les 18 derniers km, je peux  avoir une très bonne surprise à l'arrivée.

Ce calcul est hasardeux (et faux) mais ce n'est pas grave, il me motive. A partir du km 24, chaque km est une victoire, pensez, il m'offre 10 secondes de bonus ! Aidé par ces récompenses abstraites que je m'offre régulièrement, mais aussi par un parcours des plus roulants, je me convainc que le sub3 est possible aujourd'hui. Ce n'est plus une obsession depuis que j'ai réussi une fois cette performance (à mon 40eme marathon l'année dernière), mais ça reste suffisamment rare pour me tenir en haleine. En suis-je capable ? Ça serait vraiment sympa !

Photos prises la veille de la course

Nous empruntons de nouveau les chemins ombragés du Prater, pour un aller-retour de presque 8 km, avec un petit détour au pied du stade. C'est plat, c'est aussi le plat de résistance de cette course. Au ravitaillement du km 35, je n'arrive plus à rester au contact de mon groupe, l'histoire va t-elle se répéter ?

Je lâche... mais pas trop. Je compte sur mes hypothétiques dizaines de secondes d'avance  pour atteindre mon objectif. Et puis, il y avait un deuxième meneur d'allure "2h59", qui lui ne m'a pas rattrapé. Alors peut-être (© Bernard Montiel).

Dans les avenues qui bordent le Prater, et qui me rappellent en ce moment la sortie du bois de Vincennes, pour ceux qui connaissent le marathon de Paris, je reprends quelques coureurs, distillant les encouragements à ceux portant des tee-shirts de courses françaises. Les kilomètres tombent les uns après les autres, je ne regarde toujours pas ma montre, de toutes façon je fais de mon mieux, je ne pourrais pas faire plus. Puis nous revenons dans le centre ville et courons devant ces beaux immeubles qui me rappellent tant Budapest. L'ambiance monte d'un cran. Une arche au loin matérialise l'arrivée. Une horloge publique indique 11h55, si elle dit vrai, le sub3 est dans la poche ! Fausse joie, il reste encore 500 m, une nouvelle arche si loin ! Cette fois, c'est la bonne. Le meneur 2h59 est arrêté deux mètres devant la ligne et nous encourage. Je sais ce que ça signifie, il attend les 3h pour terminer. Je lui donne une accolade et franchi la ligne en 2:58:50. Mes jambes ne me portent plus, mais dans ma tête je danse.

 

6 commentaires

Commentaire de Yannael posté le 24-04-2025 à 22:49:59

Excellent ! Merci pour ce récit très vivant. Au 12e km, je n'aurais pas parié sur un tel résultat. Bravo pour ce super chrono de 2h59.
Vu ton teasing sur le CR de l'Eco Trail, je suis curieux de voir quel sera le pic attendu au bout des 8 semaines.

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-04-2025 à 16:52:32

Merci de tes commentaires toujours si sympas ! Et merci d'avoir lu aussi le CR de l'Ecotrail. La 8ème course fera 145 miles (soit 233 km), ca ne se fera pas sur les mêmes allures !

Commentaire de Simon71 posté le 24-04-2025 à 23:46:27

Sympa,ce CR, on s'y croit.... Sauf pour le chrono. Je comprends pourquoi je ne suis pas resté longtemps à cf dc toi sur la LStL

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-04-2025 à 16:55:06

Merci ! Le chrono constitue une belle surprise, j'en suis bien content. Au plaisir de te revoir sur une prochaine course !

Commentaire de S4m posté le 25-04-2025 à 16:39:45

Belle surprise ! :)
je suis arrivé à Vienne pour une réunion pro le dimanche quelques heures après la course. j'ai regretté de ne pas avoir repéré la date de ce marathon. J'ai quand même profité du parc de Prater avec son interminable ligne droite pour quelques sorties matinales.
Peut être une prochaine fois.

Commentaire de marathon-Yann posté le 25-04-2025 à 16:57:27

Le marathon a lieu d'habitude fin avril, c'était pour moi une surprise aussi de le voir si tôt cette année. Mais je ne me suis pas inscrit à la dernière minute, c'était complet assez vite.
Il y a plein de spots pour courir à Vienne, effectivement, entre le Prater et les rives du Danube

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