Communauté des sports d'endurance

Les week-ends se suivent et ne se ressemblent pas du tout quand tu aimes tout autant gambader dans le pentu que sur du billard. C’est ainsi que 6 jours après ma promenade forestière de 52km du côté de Saverne, me voilà de retour à Vesoul, capitale de la course horaire, le temps d’un samedi ensoleillé du moins !

 

Ça va être compliqué

2ème édition pour ma pomme de la Patat’off, une course, une cousinade, un OFF, on ne sait pas vraiment. Dans tous les cas elle en cumule les différents avantages sous la maîtrise artisanale et non moins grandement qualitative de Fabian et Martial nos hôtes du jour.

La mission, si vous l’acceptez, est simple, tourner 6 heures durant sur un circuit d’environ 2km pour additionner le maximum de bornes. Un exercice achevé 2 fois déjà dont la dernière fois à Vesoul, l’an dernier avec un total de 63,870 km. Bien qu’ayant rêvé à un moment de battre cette marque qui est mon record sur ce format, je crois que le vilain cumulard que je suis dois se rendre à l’évidence : ça va être compliqué (Comprenez impossible).

Je décide malgré tout d’adopter la technique « On verra bien, si ça se trouve, sur un malentendu … » et de me caler sur un objectif de 65km. Je prévois de partir doucement à 5:40 pour accélérer progressivement jusqu’à 5:20 à trois-quarts de course et lever à nouveau le pied pour terminer à 5:30. Je n’y crois pas trop (surtout le plan de fin) mais on verra bien, si ça se trouve, sur un malentendu …

 

La communauté

Départ de chez moi, la veille pour 3 heures de route en direction de Vesoul pour loger dans un Air BNB sans prétention mais parfait pour sa localisation à 5 minutes du départ prévu aux abords du Lac de Vaivre et son grand parc attenant. Un départ programmé à 9h30 qui me laissera largement le temps de me lever sans stress et préparer mes affaires tranquillement.

Dès mon arrivée, c‘est avec beaucoup de plaisir que je retrouve la communauté de l’ultra avec beaucoup de têtes connues, des coureurs rencontrés l’an dernier au même endroit ou des compagnons de course sur l’U2B. Le niveau est relevé une fois de plus sur ce petit OFF de 27 coureurs avec notamment Florian Robin 3ème au Spartathlon qui jouera le rôle de favori loin, très loin devant.

On papote, on rigole, Joseph est là mais aussi la famille Henriet avec Elias, 19 ans, pour son premier 6 heures, l’ultra-couple Fatton toujours fidèle et tellement d’autres, jeunes et moins jeunes, au pédigré kilométrique forçant l’admiration. Le temps est au beau fixe, on nous promet 18°C, presque trop chaud mais ça on verra … Allez, top départ !

 

1er semi

Le circuit de 2,08km est quasi identique à l’an passé, de petits sentiers piétonniers et cyclables empruntés par quelques promeneurs en cette belle journée presque printanière. Les premiers kilomètres à allure modérée sont le moment privilégié pour échanger un peu avec l’un ou l’autre. Certains ont un petit objectif, d’autres veulent juste passer du temps entre amis. J’annonce la couleur à Jessy en disant me satisfaire à minima de 60km mais pars sur un ambitieux plan à 65km, ça, c’est dit, il y a plus qu’à …

Je respecte le plan. Une stratégie Pace Pro a été programmée kilomètre par kilomètre dans la montre et j’ai également un pense-bête dans la poche. 5:40 pour les 6 premiers km puis 5:35 pour les 6 suivants avec à chaque transition une petite pause ravito de 30 secondes. Le 1er semi passe assez vite malgré quelques petites gênes aux genoux mais rien qui puisse m’inquiéter. Je m’oblige régulièrement à ralentir pour ne pas me brûler les ailes mais j’ai quand-même 2-3 minutes d’avance.

 

Passage au 30ème

Je dépasse régulièrement les mêmes coureurs mais me fait également dépasser et très souvent même notamment par Florian, la fusée du jour. Mes arrêts ravitos me font perdre un peu plus de temps que prévu mais comme j’ai un peu de rab …  Au fil des km je décide, voyant ce capital s’épaissir, de ne pas descendre à 5:20 après le km26 mais de continuer à 5:25.

Km30, la moitié ou presque. Je continue finalement de « cavaler » à 5:20 et même un peu en-dessous. Je me sens bien et c’est vrai que le passage du 30ème fait du bien au moral. A un moment je dépasse Julia Fatton qui avait fait à peu près le même nombre de km que moi l’an dernier et là … ça m’inquiète. Julia, c’est l’expérience, la régularité et si je la dépasse c’est que je ne suis pas à ma place. Je lui parle rapidement de la ténacité de son mari qui, blessé, avance coûte que coûte malgré une place en queue de peloton qui ne devrait pas être la sienne.

 

Patatra !

Km35, je regarde mon programme et me demande bien quand est-ce que j’avais prévu ma décélération. Ouf c’est dans 3km, 5 secondes de plus par kilo mais après je devrais tenir l’allure 12km durant et là je commence à douter. C’est vrai que j’avance encore bien mais avec le mythique km42 qui s’approche je commence à ressentir une certaine difficulté à tenir les objectifs.

Km43, patatra ! Et voilà, batterie à plat. Oui !! Aussi radicalement que ça ! Le km41 était encore dans les prévisions et 2km plus loin me voilà à la dérive. Je comprends de suite et immédiatement je révise mon objectif à minima : 60km, au moins 60km, il n’y aura pas de malentendu. Il reste donc 17km à faire en 2 heures, c’est faisable mais la route va être longue.

 

Les 60 restent faisables

Km46, je fais un arrêt prolongé au ravito, assis sur une chaise. Je compte les tours à présent, c’est plus motivant que les km. Il reste 7 tours. Un peu de Coke, quelques chips et j’emmène une flasque d’eau qu’Alexia m’a gentiment préparée. Je marche encore un peu et repars en trottinant.

Chaque passage au ravito sera une occasion pour m’assoir une minute ou deux avant de repartir en petites foulées. Je m’interdis de marcher par ailleurs et avance donc encore aux alentours des 6:15. Selon mes calculs qui vont bon train, les 60 restent faisables mais pas question de traîner plus encore !

 

4 tours à faire en une heure

Km51, au loin, des coureurs qui marchent et parmi eux, à mon grand étonnement, Joseph ! Je les accompagne un peu le temps d’étaler ma débandade mais reprend très vite la course. Joseph décide de m’accompagner et je crois que la petite conversation qu’on aura eue et peut-être aussi ma volonté à avancer mordicus auront un effet sur la suite de sa course. On arrive ensemble au ravito mais il repartira plus vite que moi, (re)motivé.

Reste 8km, 4 tours à faire en une heure. J’avance encore aux alentours de 6:25 et les derniers tours ont été bouclées en 14 minutes (pause comprise), ça devrait le faire. Je ne vais pas avoir une avance des plus confortables mais il ne tient qu’à moi de rester discipliné jusqu’au bout pour ne pas terminer cette journée sur une déception totale.

 

Dernier tour

A chaque passage au ravito, la même routine à présent : Tourtel, chaise, chips et en partant : « plus que … tours ». Je n’ai plus de jus mais si près du but, il n’y a pas d’autre option que de continuer. Je surveille ma montre sans arrêt, le programme Pace Pro en moins. Celui-ci je l’ai désactivé, il ne servait plus qu’à me balancer au visage la déconfiture en cours, donc …

Dernier tour, dernier tour. Je le répète à qui veut. 17 minutes pour 2,08km, easy ! Je m’offre même le luxe de ralentir encore, l’objectif, celui en bas de ma liste ce matin, va être atteint. Je termine mon 29ème tour après 5h56 de course. Me seront crédités 60,32km et une 6ème place sur ce nouvel 6h. Mon plus mauvais score sur ce type d’épreuve mais pas de déception, je sais que je me malmène un peu en ce moment et que c’est juste normal.

 

On termine cette belle journée avec la remise des prix aux deux premiers, Florian avec 85,28km (le record de la course) et Julia avec 63,23km. Une nouvelle réussite pour Fabian et Martial nos Gentils Organisateurs, c’est sûr qu’on se reverra ! Joseph parviendra lui aussi aux 60km en franchissant la ligne quelques 3 minutes après moi avec la satisfaction d’une belle fin de course.