L'auteur : Shoto
La course : La Sans Raison - 30 km
Date : 19/11/2023
Lieu : Velizy Villacoublay (Yvelines)
Affichage : 719 vues
Distance : 30km
Objectif : Pas d'objectif
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Le 19 novembre 2023, je cours un TRAIL à VELIZY (département 92 en banlieue sud parisienne) ; la SANS RAISON. 3 courses au programme : 30 km, 18 km et 11 km.
Je me suis inscrit sur la version 30 Km qui porte le doux nom de LA BALEZE !
La veille, grosse pluie toute la journée ! Heureusement, ce dimanche matin il fait doux au départ (12°c) et le temps est assez dégagé à part quelques nuages. Pas de pluie prévue mais nous savons que les chemins et pistes des bois de Meudon et de Verrières vont être particulièrement humides ! … bref un terrain bien gras prévu. Mes chaussures habituelles à pneus crantés devraient faire l’affaire !
Speech de départ 5 mn avant 8H30, le speaker avec humour nous déclare que cela ne sert à rien de slalomer entre les flaques, qu’il ne faut pas que l’on joue les chochottes ! et que l’on devrait éviter de perdre du temps et plutôt faire un « tout droit » car nous aurons de toute façon les pieds mouillés ! … c’est dit ! Quoiqu’il en soit, je ferai mentir ce cher Monsieur car avec un peu de technique et du savoir-faire, je vais arriver avec les chaussettes quasi sèches. Un virtuose ? je plaisante.
J’arrive bien entrainé sur cette course mais avec une blessure à l’Ischio jambier droit gentiment attrapée le 7 octobre dernier sur les 20 km du TVTC, un trail rapide que j’ai couru à « haute » intensité. Mes ischios peu habitués aux fractionnés et rythmes rapides n’ont pas aimé ma longue foulée rythmée du jour. J’étais quasiment guéri 15 jours après la course … mais bing, une semaine avant, je subis une rechute sur une sortie footing trop rapide.
Je suis donc décidé à courir en mode sortie longue aujourd’hui sans allonger trop la foulée. Le but étant de finir ce trail sans abandon et surtout sans aggraver la blessure existante pour ne pas compromettre mes futurs Trails compétition qui me tiennent à cœur !
Je me cale donc gentiment et sagement sur la dernière ligne de coureurs sur l’arche de départ du stade Robert Wagner de Vélizy. Top go ! nous déroulons gentiment à travers la ville sur 1 km environ avant de plonger dans le bois. Ma montre GPS m’indique une allure de 6mn17 au kilo, ok c’est bon ! pas rapide, pourtant je double pas mal de monde malgré ma foulée courte.
Pour ne pas faire subir mon ischio jambier droit, je mentalise en imaginant que mes chevilles sont reliées par une cordelette courte qui m’empêche d’allonger ma foulée … et çà marche, je rythme ma course mais sans allonger la foulée.
2ème kilomètre en forêt, nous évoluons sur des pistes forestières roulantes et assez larges, mes bonnes sensations malgré ma foulée courte rythmée m’amènent à « packmaniser » fortement, je suis désormais à 5mn40 du kilo sans forcer et les coureurs autour de moi soufflent. Ils semblent respirer comme des forges ! Je double ! Pourtant je n’ai pas l’impression d’aller vite mais je cours dans un caisson de coureurs visiblement moins rapides que mon rythme habituel.
5ème Km, je commence à sentir mon ischio … aie aie ! J’utilise ma méthode classique pour me faire fortement ralentir, un bon stop pipi qui casse le rythme !
Je repars à une allure plus modérée, travaillant le relâché et la prudence dans les descentes sans allonger ma foulée.
Je double activement dans les montées sans forcer. Petit trot.
2 grands coureurs noirs de peau aux grandes jambes interminables me doublent sur le plat de leur foulée légère. Je ne cherche pas à les rattraper tout en les gardant à vue, mais les dénivelés positifs sont des moments propices à reprendre du terrain sur eux avec mes cuissots et mollets de 4X4 traileur.
La blessure semble sous contrôle mais bing ! vers le 10ème Km en forêt je heurte une racine avec la pointe de ma chaussure, l’ami ischio n’aime pas du tout ! Mauvaise réception, vibration désaxée dans la jambe droite. Je ressens une douleur vive qui semble hurler dans mon esprit inquiet aux abois ! Aie Aie … Mince !
Je réduis alors encore plus mon allure. Je me mets à douter de pouvoir finir la course à cause de la fulgurance de la douleur soudaine. Ca va devenir compliqué ! Il me reste 20 bornes à subir … aie aie !
Mais « tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort » disait Nietzche … alors continuons en essayant de courir souple et surtout de ne pas allonger la foulée dans les descentes, moment où la douleur est la plus vive !
Je saute allègrement le ravito du 15ème Km compte tenu du monde à la table de ravito. Mon camel bag est presque plein et mon relatif sous-régime de course me permet de ne pas taper dans les réserves de glycogènes du foie. Je connais assez bien mon corps grâce aux ultras déjà courus pour savoir gérer mon alimentation et mon hydratation.
Il est plaisant aujourd’hui de courir dans mon espace de jeu habituel ; le Bois de Meudon que je connais bien. Je reconnais beaucoup d’endroits tout en me laissant surprendre par la découverte de nouveaux chemins. C’est aussi le but de la course du jour ! Découvrir de nouveaux sentiers en courant à domicile. Je redécouvre notamment des pistes de l’ECOTRAIL DE PARIS.
Alors que je traverse une route devant l’ancien hangar à Montgolfière classé Monument Historique, un jeune con excité en voiture refuse de s’arrêter à l’injonction du bénévole de l’organisation. Il force le passage piéton et manque de me rouler sur les pieds. Je tape du plat de la main sur la vitre pour lui montrer mon mécontentement. Le type ne s’arrête pas et le bénévole me déclare ; « pas malin pour un médecin ! ». Il avait vu le caducée sur le pare-brise. Effarant de constater la bêtise et l’individualisme de certains dans notre société moderne.
Bon cardio, mais mal à la papatte, j’arrive sans perdre trop de temps au ravito du 21ème Km après avoir longé le mur de l’observatoire de Meudon, lieu connu des Ecotraileurs Parisiens (parcours dans l’autre sens).
La douleur reste finalement vive mais sous contrôle. J’essaie de ne pas avoir la tentation d’allonger la foulée lorsque je vois des traileurs me doubler. Je vois soudain un avion de chasse me dépasser à une vitesse supersonique ! près de 16 Km/h estimés. Suivi bientôt par d’autres avions de chasse un peu moins rapides et véloces, chacun courant seul à la poursuite du fugitif de tête … c’est la tête du 18 km qui me double. Intéressant de pouvoir admirer aux premières loges cette cavalcade enchantée et la belle foulée de ces athlètes évoluant bien au-delà de mes capacités de course habituelles. Ils sont affutés et leur belle foulée fait plaisir à voir !
Au second ravito, il y a beaucoup moins de monde qu’au premier où j’avais doublé d’un coup une bonne dizaine de traileurs arrêtés. Arrêt minute, TUC + gourdette ventrale remplie … allez Hop c’est reparti pour mes derniers 9 km.
Et presque soudainement, alors que je travaille mes enjambées en essayant de bien lever le talon et dérouler ma foulée de façon souple pour ne pas heurter mon ischio blessé, la douleur semble presque disparaitre. Sensation étrange et surprenante. Peut-être est-ce dû à mon rythme de course qui baisse ou à une injection interne d’endorphines de mon corps qui neutralise la douleur ? Va savoir … en tout cas, j’ai bien fait de continuer et de ne pas abandonner !
Quoiqu’il en soit, les derniers kilomètres même s’ils me contraignent un peu à tirer gentiment sur ma vieille machine sont agréables à la sensation … sympa de retrouver ces moments un peu plus « difficiles » de fin de course qui te permettent de travailler le mental … la douleur endormie me permet de profiter de ces derniers kilomètres en continuant de courir relativement activement. Je ne sais plus si les runneurs qui me doublent sont ceux du 18 ou ceux du 30 qui boostent leur fin de course. J’essaie de le deviner à leur foulée mais les plus rapides du 18 sont déjà passés et ceux-ci bien derrière sont déjà bien moins rapides.
J’aide un coureur vautré dans les bois sur le bord de la pistouille en train de grimacer. Je m’arrête pour lui tirer sa crampe de mollet puis repars après m’être fait doublé par la 3ème ou 4ème féminine.
Derniers kilos en ville à Vélizy sur le bitume. J’arrive fatigué et la papatte endolorie en 3H12mn, 20mn au-dessus de mes capacités habituelles mais l’objectif du jour est rempli même si ce n’est pas très malin de prendre le départ d’une course avec une blessure non guérie … mais quand on est passionné avec des objectifs de trails dans la tête pour les 10 prochains mois …
En Bref :
- Parcours facile relativement roulant et assez plat, bien boueux,
- Bonne organisation et bénévoles très sympas,
- Je me suis fait plaisir même si je dois reconnaitre que la blessure gâche un peu la compétition,
- Je boite et mets 1 bonne semaine après la course à ce que la blessure commence à guérir de nouveau.
Vivement le prochain TRAIL ! …. Je vais calmer les courses d’hiver pour guérir fin 2023 pour bien commencer 2024.
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