Récit de la course : 100 km de la Somme 2023, par sergicus

L'auteur : sergicus

La course : 100 km de la Somme

Date : 14/10/2023

Lieu : Amiens (Somme)

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Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

En 2022, j'ai fait pour la deuxième fois les 100 km de Millau et je m'étais dit que ce serait mon dernier car la course est dure, mais je crois que l'entraînement l'est encore plus, mais comme j'ai eu un terrible passage à vide dans les dix derniers kilomètres , je suis resté un peu sur un goût ''d'inachevé ''. Du coup cette année je me suis inscrit pour les 100 km de la Somme afin d'essayer de le faire sans anicroche, mais aussi pour faire du tourisme et de visiter la renommée baie de Somme avec ses légendaires phoques, ses oiseaux et ses magnifiques paysages.

Mais le destin est cruel car après trois mois de préparation optimale, une douleur intense ( inexpliquée ) au niveau du quadriceps droit m'a obligé à arrêter l'entraînement plus d'un mois avant l'épreuve des 100 km. Alors, après avoir passé cinq jours à visiter la baie de Somme avec mon épouse à Saint Valéry sur Somme, nous avons élu domicile à Amiens vendredi 13, la veille de la compétition. A peine arrivée nous sommes allés récupérer le dossard, le tee-shirt que j'avais commandé et en prime j'ai eu en cadeau un bonnet de running aux couleurs des 100 km de la Somme. Après notre installation dans notre nouveau gîte j'ai commencé à cogiter et à avoir beaucoup d'interrogations quant à ma capacité à accomplir cette épreuve car j'avais toujours un peu mal, malgré tous les soins prodigués par le médecin, le kiné et par l'arrêt total de tout entraînement depuis 34 jours, bref le moral était bien bas...

Donc le 14 octobre, réveil à 3 heures 15 du matin, puis petit déjeuner d'une assiette de pâtes et du pain. Vérification de mon sac à dos, 25cl d'eau dans une flasque, des pansements, une paire de lacets, 8 sachets de sucre en poudre, 4 tubes d'Arnica 9CH, 4 épingles à nourrice, du papier toilette, une veste imperméable, une lampe frontale et un téléphone portable en cas d'abandon ( mais j'espère vraiment à ne pas m'en servir ). Ensuite après un petit quart d'heure de voiture avec mon épouse, qui m'accompagne au stade des Spartiates d'Amiens, lieu de départ des 100 km, me voilà sur la ligne de départ, habillé chaudement ( chaussures, chaussettes, manchons de mollet, cuissard, tee-shirt manches longues, sweat-shirt, gants, casquette, lampe frontale et sac à dos ) car ce matin il fait 8 degrés et je n'aime pas beaucoup le froid...Après un petit bisou à madame, le départ est donné à 6 heures 30 et je m'élance pour un tour du stade en footing très léger car j'ai hâte de tester ma cuisse droite. A la sortie du stade nous partons direction Amiens pour un aller-retour de 21 km. Au bout d'un kilomètre et demi je ressens déjà une douleur au quadriceps mais elle est supportable, alors je continu, on verra bien !!! Les mètres défilent sans accentuation de la douleur, je serre les dents et je poursuis donc mon chemin. Rapidement un concurrent me rejoint et nous nous mettons à discuter de la course, de nos sensations, de nos expériences de coureurs, de l'ambiance et comme c'est un gars du club organisateur et un Amiénois, je lui pose des questions sur la ville, la région, le parcours... bref, le temps passe plus vite malgré nos allures de sénateur ; de plus il reçoit les encouragements des bénévoles placés sur le parcours car il est bien connu et comme je suis à côté de lui, je profite aussi de ces marques de sympathie. Au premier ravitaillement j'avale rapidement deux morceaux de sucre et un petit verre d'eau car entre mon allure et la fraîcheur matinale, je n'éprouve pas un grand besoin de m'alimenter. Les kilomètres défilent et ma douleur au quadriceps ne s'intensifie pas et a même tendance à diminuer. Je reprends espoir... Vers le dixième kilomètre on fait demi-tour et j'en profite pour manger une figue sèche et quelques raisins secs en plus du sucre et d'un verre d'eau, puis nous voilà reparti vers le stade des Spartiates. Au fur et à mesure de notre progression mon quadriceps ne me fait presque plus souffrir et je me dis que peut-être je vais pouvoir finir la course. Cette première partie de parcours dans Amiens et le long de la Somme est assez magique. En effet découvrir la ville alors qu'il fait encore nuit, surprendre quelques canards endormis, croiser un kayakiste sur la Somme et nous tous avec nos frontales allumées qui dessinons un long ruban lumineux, c'est assez féerique. Puis petit à petit le jour se lève et je pose un nouveau regard sur Amiens, sur la Somme, et c'est beau.

Après le troisième ravitaillement vers le quinzième kilomètre où je m'alimente un peu plus avec du pain d'épice et deux figues, on rattrape une concurrente que José connaît, puisqu'ils font partie du même club. On échange quelques mots tout en maintenant notre allure et je n'ai pratiquement plus mal à la cuisse, le top !!! Arrivé au stade des Spartiates au vingt et unième kilomètre je vois que mon épouse est là et qu'elle m'encourage, ce qui me fait chaud au cœur. On fait un tour du stade afin de repasser sur la ligne de départ pour s'enregistrer. Je profite du ravitaillement avec du sucré, du salé et je bois deux verres d'eau. Un bisou à madame et je lui dis que je vais peut-être aller au bout de la course, puis on repart pour la deuxième partie de la course direction Epagnette lieu du demi-tour. C'est au stade que les accompagnants vélo attendent leur binôme et c'est sans heurt que la transition s'opère. A la sortie du stade je me retrouve seul car mon camarade de course, José, devait récupérer une accompagnatrice et avec l'arrêt au ravitaillement on s'est perdu de vue et je ne sais pas s'il est devant ou derrière moi. J'entame donc les '' derniers 79 km '' seul, mais avec le moral, car je n'ai pas trop mal à la cuisse. Puis je rejoins rapidement le chemin de halage le long de la Somme et c'est en solitaire que j'admire ces magnifiques paysages de champs, de prairies, de cultures avec une faune composée de différents oiseaux, de chevaux, de poissons et autres batraciens. Mon périple est ponctué d'arrêt aux ravitaillements espacés d'environ 5 km où j'avale du sucré ( figues, raisins, carrés de chocolat, morceaux de banane, et de sucre ) et du salé ( morceaux de fromage et gâteaux Tuc ). Puis vers le quarante et unième kilomètre je commence à avoir mal aux deux quadriceps certainement dû à mon manque d'entraînement forcé et en plus il se met à pleuvoir. Heureusement cette pluie froide ne dure que 4à 5 minutes, puis le soleil revient et arrivé au ravitaillement de '' l'étoile '' au quarante cinquième kilomètre, je demande à un bénévole, qui accepte bien volontiers, de ranger mes gants dans mon sac à dos. Ensuite vers le quarante sixième kilomètre je croise les premiers concurrents qui sont sur le retour et j'admire leur aisance à courir et leur vitesse, comparé à mon allure très tranquille on ne joue vraiment pas dans la même catégorie !!! Quand je pense qu'ils ne leurs restent qu'un peu moins de 25 km à parcourir et moi un peu moins de 55 km... il vaut mieux ne pas y penser.

Je continu mon chemin et une deuxième ondée, d'une durée similaire à la première, me tombe dessus puis c'est l'arrivée à Epagnette point de retour vers le stade. Les encouragements des bénévoles sont les bienvenus mais j'ai de plus en plus mal aux cuisses et je suis obligé de marcher sur quelques dizaines de mètre pour soulager mes quadriceps. Maintenant que je suis sur le retour, je croise aussi des concurrents qui vont vers Epagnette et nous nous encourageons mutuellement, c'est très sympathique. Au ravitaillement de '' Long '' où il y a un très beau château, je me retrouve avec 3 autres concurrents et leurs accompagnateurs. Cela faisait un bon moment que je n'avais pas vu d'autres coureurs et ils ont l'air d'être un peu plus fringant que moi. Après m'être ravitaillé, je repars en solitaire et j'ai vraiment mal aux cuisses mais en alternant marche et course je pense pouvoir aller au bout. Quelques minutes plus tard une troisième averse vient refroidir un peu plus mon moral mais ma volonté d'aller de l'avant est plus forte et je continu, persuadé de finir mon périple. Puis à 21 km de l'arrivée je fais la jonction avec les marathoniens. Il y a un peu plus de spectateurs et d'ambiance sur le bord du chemin et les encouragements des marathoniens qui me doublent me donne un regain d'énergie. C'est à ce moment là que je sais que je rejoindrai la ligne d'arrivée, quoi qu'il arrive... Je poursuis mon chemin en alternant marche de plus en plus souvent et course. Jusqu'à présent j'avais réussi à maintenir une vitesse d'environ 8,5 km/h mais là ma moyenne est en chute libre, mais qu'importe, je suis tellement content d'en être là ,car ce n'était pas gagné, que je continu d'apprécier les paysages qui s'offrent à moi et de profiter de ces moments uniques. Petit à petit je m'approche de l'arrivée, le soleil décline, j'ai froid aux mains et je me dis que je demanderai à un bénévole au prochain ravitaillement de me les donner sans avoir à enlever mon sac à dos, mais la fatigue aidant, aux 3 ravitaillements suivants je pense bien à m'alimenter mais j'oublie complètement de demander à quelqu'un de me passer mes gants. Avec le déclin du jour, les berges de la Somme sont envahies de moucherons mais plus que quelques kilomètres et j'arrive au but. Enfin le dernier kilomètre, encore deux ou trois concurrents me doublent, je ne sais plus, puis c'est l'arrivée au stade ou je suis accueilli sous les acclamations d'un public nombreux. Un dernier tour du stade et je franchi la ligne d'arrivée en 12 heures 36 minutes et 42 secondes. Je suis exténué, j'ai mal aux cuisses, mais qu'importe, je suis aux anges, car terminer ce 100 km dans ces conditions particulières est pour moi un véritable exploit. Passé la ligne d'arrivée je me réconforte dans les bras de mon épouse puis je prends un bout de banane et un verre d'eau, mais je n'ai pas du tout faim. Après un massage des quadriceps chez les élèves kinés, je file au vestiaire pour prendre la douche afin de me réchauffer car la température a bien baissé, puis j'enfile des vêtements propres et je suis prêt à rejoindre notre location.

Le bilan de ce 100 km, vu mon manque de préparation finale et les incertitudes physiques jusqu'au départ de la course, est positif, car l'organisation, les bénévoles, ont été au top,la météo a été plutôt clémente pour un mois d'octobre et en plus les paysages sont superbes. C'est vraiment un beau 100 km et je remercie tous les organisateurs et les bénévoles sans qui cette manifestation sportive n'aurait pu avoir lieu.

Merci beaucoup. 

 

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