L'auteur : Zaille
La course : 6 heures Course de Longemer
Date : 5/8/2023
Lieu : Xonrupt Longemer (Vosges)
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Distance : 0km
Objectif : Faire un temps
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C’est à mi-parcours de mes 12 semaines de prépa pour les 100km de Metz que je tombe par hasard sur une annonce Facebook des plus alléchantes : les 6h de Xonrupt-Longemer. Une course horaire, j’y pense depuis un moment, ça me donne plus qu’envie et la décision est prise quasi immédiatement, samedi prochain je vais le passer dans les Vosges.
Objectif 67km
Pas beaucoup d’infos sur la toile mis à part sur le site d’inscription où l’on apprend que le circuit d’un peu plus d’1km est situé en intégralité dans le camping du Domaine de Longemer. Comme il s’agit d’une première édition, l’ambiance risque d’être intimiste, il y a effectivement tout juste 20 inscrits. Une marche de 10km et de 8h sont également organisées au même moment, on se sentira peut-être un peu moins seul …
Je me fais donc une semaine d’entraînement allégée et cogite sur ma stratégie de course. Après moulte réflexions et calculs d’astrophysiques, je me fixe un objectif de 67km pour une moyenne de 5:22 en positif-split. Je compte donc partir un peu plus vite pour anticiper la fatale dégringolade de mon allure à un moment que j’espère le plus tardif possible.
La veille je prépare mes affaires et notamment le sac de ravitaillement. Un cabas dans lequel je stockerai 6 flasques de boissons iso (une par heure), quelques compotes/barres et une petite glacière pour ma potion magique en cas d’urgence …l’Orangina. L’avantage de tourner en rond est qu’il devient inutile de courir avec un sac, on passe tous les km au même endroit et donc devant son petit ravito perso. Je décide malgré tout de trimballer une flasque en main tout le long, j’en ai l’habitude, ça ne me dérange pas et ça me rassure de pouvoir boire à petites gorgées à tout moment.
Il n’y a pas foule
Samedi, départ à 7h pour 2h de route. Pas de petit-déjeuner, juste un sandwich en cours de route histoire de ne pas avoir le ventre vide. En fin nutritionniste, j’ai pris soin de bien recharger mes stocks de lipides et glucides avec la désormais traditionnelle pizza-bière de veille de course.
J’arrive comme prévu sur place une heure en avance. Il fait beau, après 1 semaine de pluie ça fait plaisir. Une fois le dossard récupéré, très rapidement, il n’y a pas foule, je fais une petite reconnaissance en marchant sur le parcours. C’est principalement du chemin large en terre/gravillons plutôt confortable et quelques parties bitumées. Il y a malgré tout pas mal de virages mais à l’allure où je vais courir ça ne sera pas vraiment handicapant.
J’ai placé mon sac ravito près de la tente de ravitaillement officiel à côté de la ligne de départ. Je fais un peu clochard avec mon cabas Auchan, les marcheurs sont beaucoup mieux équipés avec souvent table et chaise de camping. J’ai vraiment l’air d‘un débutant et comprend vite que dans la masse de marcheurs il y a quelques pointures nationales avec des palmarès impressionnants.
Du grand n’importe quoi
Il est presque 10h, on nous appelle sur la ligne du départ qui se fera en commun avec les marcheurs. Les coureurs se placent devant. Je suis à côté d’un gars chaussé de carbone, le pied sur la ligne, la main sur la montre. On dirait qu’il part pour un 5km et effectivement … Il part comme une balle et tout le monde le suit, moi de même, comme un âne !
Ho là ! 4:48 pour le 1er tour et je ne suis qu’en 7ème position. Du grand n’importe quoi ! J’espère juste que je ne vais pas payer trop cher cette connerie. Dans tous les cas je lève le pied et je pense que d’autres devant moi devraient faire de même. Je suis sensé courir à 5:13 selon mon plan et c’est donc progressivement que je baisse mon allure, il y a plutôt intérêt.
Km5, je me fais dépasser par le premier et c’est bien la fusée que j’avais identifié sur la ligne de départ. Je cours aux alentours de 5:10, un peu plus vite que programmé mais Rocketman est largement sous les 5:00. De mon côté j’en ai déjà remonté 2-3 et je pense être à la 4ème ou 5ème place. La course sera encore longue !
L'espoir d'un podium
Km8, le 2ème me dépasse, un jeune avec un physique plus musclé, plus trapu que le premier. Je me dis qu’il va trop vite, qu’il n’a pas le physique de l’épreuve et que je vais probablement le re-dépasser plus tard (spoiler : pas du tout mais vraiment pas !).
Au bout d’une heure de course je me souviens que j’avais aussi prévu d’adopter un semblant de méthode Cyrano avec une minute marchée au moins toutes les 30 minutes, j’en profite pour prendre une nouvelle flasque de 500ml dans mon sac ravito. Je sais que je suis toujours au-delà des prévisions mais ne fait pas encore de projection, on va attendre au moins les 2 heures pour ça.
Je dépasse un nouveau coureur mais entre-temps le premier m’a à nouveau dépassé et re-dépassé. Il fera ça tous les 4-5km. Je suis apparemment 4ème et garde l’espoir d’un podium mais uniquement sur la plus petite marche. En effet, le petit jeune qui m’avait déjà dépassé semble être beaucoup plus adapté à ce type d’épreuve contrairement à ce que j’avais jugé au départ …
Les 67km sont jouables
2 heures, 23km, la machine à calculer se met en route. En tenant compte de ma vitesse décroissante volontaire puis forcément subie, les 67km sont jouables, j’ai 2km théoriques d’avance. Je prends ma première compote et m’équipe en audio pour écouter des podcasts. Mon allure est toujours de quelques secondes inférieures aux prévisions mais bon …
3 heures, 34,7km, je suis toujours dans les mêmes stats qu’il y a une heure et toujours 4ème. Je me fais régulièrement dépasser par les 1er et 2ème mais pas de trace du 3ème … Je vais peut-être réussir à le croquer avant la fin. Je commence cependant à sentir une certaine lassitude et un début de maux de ventre. Ça gargouille un peu et je crois qu’il me faut un peu de solide. Je me bats avec mon sachet de fruits secs que je n’arrive définitivement pas à ouvrir (c’est dingue ces ouvertures « faciles »). Je me rabats sur le poste de ravitaillement qui finalement conviendra très bien avec les traditionnelles Tucs-fromages-saucissons 😉
Je m’approche des 4 heures, le speaker annonce à mon passage que je ne suis pas loin de la distance marathon … Hein ? je l’ai faite en 3h41 sur ma montre, qu’est-ce qu’il raconte ? Le tour d’après je lui demande mon kilométrage et il m’annonce 2km de moins que sur ma montre ! Ce n’est pas possible, je commence à douter de l’efficacité de de ma puce ou de leur barda informatique. Le GPS de la montre est imprécis mais 2km de différence sur 42, je n’ai jamais connu ça !
Magie
2km de moins sur un claquement de doigts, ça te fout un sacré coup à la caboche d’autant que ma forme commence à se désagréger de concert avec mon allure. J’avance péniblement à 5:30 au mieux mais plutôt à 5:40. Je comprends qu’il est temps pour moi de payer la note, l’addition, la douloureuse pour ces km brûlés à trop grande vitesse pour ce chantier de 6 heures ! Des idées d’arrêter, de tout lâcher commence à squatter mon esprit malgré le podcast dans les oreilles. Je décide d’ailleurs de remballer mon casque car je n’ai plus la décontraction nécessaire pour écouter les débats de la Bande à D+ ou les monologues d’Ugo Ferrari.
Soit ça va être long, soit très court, la décision me revient, c’est tellement facile. Je rends mon dossard et basta … Mais il me reste une dernière cartouche, un dernier atout à jouer, je l’avais oublié : ma potion magique. Je m’assoie sur un banc à côté de mon ravito et en extirpe le breuvage diabolique. Je prends mon temps et fait couler à grande gorgée une canette d’Orangina dans mon gosier. C’est toujours le même bonheur et même si mon ventre gargouillant hallucine, le bonhomme repart pour un tour, un de plus.
La magie ne s’arrête pas là. Non pas que je galope comme un lièvre, faut pas rêver non plus ! Mais, en passant la ligne, voilà-t-il pas qu’on m’annonce une 3ème place … ??? … Comment est-ce possible ? Je n’ai pourtant pas dépasser de coureurs autres que ceux que je dépasse depuis le début ! En tout cas, cette nouvelle clos définitivement le débat du choix cornélien auquel je faisais encore face il y quelques minutes. Plus question d’abandon, il reste moins de 2 heures et donc 1 heures et quelques (l’art de positiver !), on y va !
Ça sent la fin
On s’approche des 5 heures mais je commence à faire des petites séances de marche même en-dehors de la zone de ravitaillement, mon bide ne va pas mieux et j’ai presque envie d’évacuer par le haut (vomir quoi !). Quand la marche est subie, c’est mauvais signe. Mon allure ne descend plus sous 5:45 mais je ne regarde plus ma montre, mon objectif est au oubliettes, il faut que j’avance, c’est tout. J’ai quand même envie de garder cette 3ème place et j’appréhende que le 4ème revienne sur moi, ce qui est plus que probable considérant la dégringolade en cours.
J’ai passé les 60km (sur ma montre), il reste 30 minutes, chaque tour est une petite victoire. L’avantage d’une course horaire est que quelque soit le rythme, la distance, l’arrivée est fixée définitivement. Même si je m’assoie sur ce banc (non Eric, non !) à 16h00 j’en aurai fini. Mais j’avance, je continue d’avancer. Les seuls qui me dépassent sont toujours les mêmes, les 1er et 2ème qui ont passé la barre des 70km, chapeau bas !
5h40, 61km. En passant la ligne on me donne un témoin avec mon numéro de dossard. Au coup de feu final je devrai le poser par terre à l’endroit où je serai arrêté une fois les 6 heures écoulées pour une mesure précise de la distance effectuée. Purée, ça sent la fin, ça sent bon et probablement une 3ème place à la clé mais restons prudent. Les 3 derniers kilos s’arrachent à 5:54, 6:17 puis 5:54.
Le 4ème !!
Il me reste moins d’un tour et j’entends une fois de plus, une dernière fois, dans mon dos la foulée du premier. Il me dépass…… Bordel, ce n’est pas lui, je ne le connais pas celui-là, je ne me souviens pas l’avoir déjà doublé … Et si c’était lui ? Et si c’était lui, le 4EME !! Rien à faire, il va trop vite, je n’arrive pas à le suivre, je laisse filer. On est si proche de l’arrivée !
Je garde espoir, un premier coup de feu est tiré, celui des 5h59. Plus qu’une minute jusqu’à la délivrance mais un nouveau coureur me dépasse ! Ce n’est ni le 1er, ni le 2ème, c’est donc lui le 4ème ? Dans le doute je le suis, il va un peu moins vite que celui d’avant. On fait la course, il faut que je tienne une minute et surtout que je le dépasse ne serait-ce que de quelques mètres pour assurer le coup.
Deuxième coup de feu, je m’écroule dans l’herbe au pieds de deux retraités en chaises de camping comme si j’avais été touché par le tir du pistolet. J’ai réussi à doubler le dernier challenger et pose mon témoin 5 mètres tout au plus devant lui. Je savoure le moment, couché sur le dos, je souffle, je râle, c’est fini, ouf !
J’ai eu chaud
Je rejoins la ligne d’arrivée en prenant bien soin de prendre le chemin le plus court et retrouve le dernier coureur dépassé. On se sert la main et je l’interroge de suite : c’est toi le 4ème ? Non ? Ah ! … C’est finalement celui d’avant qui vient me voir et me félicite. Il avait eu un regain d’énergie mais trop tardif car j’avais un tour d’avance sur lui et il m’annonce donc que je suis bien 3ème. Il m’avait identifié grâce à sa famille sur place qui suivait le classement. Merci, quelle satisfaction malgré mon score en-dessous de mes attentes (62,336km ou 64,7km selon Garmin). Les 2 premiers feront 78 et 77 km (Waow) et le 4ème sera tout juste 800m derrière moi, j’ai eu chaud !
Il est 16h00, les marcheurs en ont encore pour 2 heures, je ne voudrais pas être à leur place. La remise des prix est prévue à 19h00, j’ai donc 3h à tuer. J’en profite pour échanger avec d’autres coureurs, me doucher, boire une (grosse) bière et me faire masser.
On me remettra une coupe et 2-3 bricoles pour clôturer ma journée et repartir pour 2 heures de route. Il faut maintenant que je tire les leçons de ma dégringolade de fin de course afin de ne pas refaire les mêmes erreurs en septembre à Metz. En gros, partir plus doucement, respecter les allures prévues et aussi appliquer Cyrano plus sérieusement tout en revoyant peut-être aussi le plan d’alimentation.
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