Récit de la course : Trail du Petit Ballon 2023, par Zaille

L'auteur : Zaille

La course : Trail du Petit Ballon

Date : 19/3/2023

Lieu : Rouffach (Haut-Rhin)

Affichage : 693 vues

Distance : 53km

Objectif : Faire un temps

3 commentaires

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Premier objectif de chrono sur un trail long

Dans l’esprit d’une montée crescendo en distance et en difficulté, après le 29k du Trail Terre de Feu, je me suis inscrit au très renommé Trail du Petit Ballon (53km – 2200D+) qui fêtera à Rouffach cette année ses 20ans d’existence.

 

6h00

C’est un format que je ne connais pas très bien, ma seule expérience sur cette distance datant de 2018 au Trail des Marcaires. Evidemment, en 5 ans je me suis fait les cuissots sur plein d’autres formats aussi bien sur route que sur chemin et je compte bien mettre mon expérience à profit en me fixant cette fois un objectif de chrono. Il ne s’agira donc plus de juste être finisher mais aussi de dérouler à une allure que je juge honorable à mon humble niveau.

6h00 : c’est le temps sous lequel j’aimerai passer la ligne d’arrivée. C’est un peu optimiste, je le sais mais je n’en ferais pas une jaunisse si je ne devais pas y arriver car avec un sub 7h je ferai déjà 1h de mieux que ma première expérience au Marcaire donc …

 

Pas forcément paré à bouffer 2200m D+/D-

Je suis aussi en plein plan marathon et mon objectif principal est à Annecy le 16 avril avec le rêve d’un 3h20 sur la distance reine. Il s’agira donc d’être vraiment au top de ma forme à ce moment-là et pour ce il s’agit de ne pas tirer trop sur la corde même si avec ce 53k une semaine après un PR sur semi-marathon, la corde est déjà bien tendue.

En attendant ce sont mes tendons derrière le genou droit qui sont un peu tendus depuis le semi et qui m’inquiètent un peu. J’ai décidé de passer outre le plan marathon et d’alléger ma semaine avec juste une petite sortie en endurance et un peu de hometrainer. Je suis rarement dans la mesure mais je sais quand-même que le morceau qui m’attend ce dimanche n’est pas à prendre à la légère.

La veille, pas de sport mais pas vraiment de repos non plus. Je passe la matinée en forêt pour le nettoyage de printemps communal où mon genou m’envoyait de temps en temps des petites notif’ pour bien me rappeler qu’il était toujours là et pas forcément paré à bouffer 2200m de D+/D-. Pourtant il faudra bien, au pire ça ne pourra pas me tuer et j’ai prévu d’acheter son silence en le oignant (rien à voir avec un oignon) de Voltarène avant le départ.

 

Mon genou a droit à sa couche d’AINS

Réveil 5h15, c’est tôt mais pour 1h20 de route et un départ à 8h00, c’est du chronométré au plus juste ! En plus la nuit fût agitée, peut-être la faute à la troisième mi-temps du nettoyage de printemps. Rien n’y fait, quand il s’agit manger et boire, course ou pas course, je profite de l’instant présent. Mes affaires sont prêtes depuis la veille et c’est plutôt mon ventre gargouillant qui me fait perdre du temps (je passe les détails).

Je me gare sur place à 7h30, aïe ! C’est short, d’autant que je suis plutôt loin de la salle. Je me grouille. Sur place, ça va très bien, l’organisation est vraiment super rôdée. En 5 minutes chrono je récupère dossard, maillot et bouteille de crémant (on est gâté). Je retourne à la voiture me changer car il n’y a pas de consigne sur place. Mon genou a droit à sa couche d’AINS même s’il ne s’est pas encore trop manifesté aujourd’hui et je pars en trottinant en direction de l’arche de départ.

Il reste 15 minutes, il fait beau et je me place dans le 1er quart comme d’habitude en spéculant que ma place à l’arrivée sera dans ces eaux-là. A côté de moi, Dominique, un trailer d’un village voisin. On échange quelques mots sur les objectifs de la saison et de la journée. Il vise 6h30 sans forcer (il est beaucoup plus fortiche que moi) en plein prépa du 100M de l’UTMB Alsace. Je n’ose pas lui avouer mon objectif prétentieux du jour et évoque vaguement un sub 7h. Pour l’instant je ne suis sûr rien de toute façon.

 

Pour l’instant, pas de vraies difficultés autant techniques que physiques

C’est parti dans les vignes, du chemin bien large parfois même goudronné. Parfait pour se placer. J’ai programmé une stratégie PACEPRO de 6h sur ma montre qui pourra me dire comment je me situe par rapport à mon objectif. Pour l’instant tout le monde court et ce sera comme ça durant quasi 8km de chemins/routes vallonnés dans le vignoble autour de Rouffach.

Km8, première single en montée, première marche forcée. Pas de stress, je suis dans les clous et ça permet de souffler un peu aussi. Le 1er ravito n’est pas loin au km10 mais comme prévu, je le zappe, mes 2 flasques sont encore bien remplies, de quoi tenir jusqu’au prochain. Pour l’instant, pas de vraies difficultés autant techniques que physiques. J’avoue être un peu déçu pour l’instant par le tracé, j’attends de voir, plus que 43km LOL.

 

10min d’avance

On commence à avoir de plus en plus de monotraces mais les gros chemins restent majoritaires. L’avantage est que les dépassements, pour moi ou pour ceux qui me trouvent trop lent, sont beaucoup plus faciles. Km13, déjà ¼, je commence déjà mes exercices de fraction, c’est un peu tôt, ce n’est pas bon signe je crois. PACEPRO m’annonce quasi 10min d’avance, c’est cool. Je commence en revanche à perdre du temps dans les montées qui deviennent plus raides mais rattrapent encore beaucoup de temps dans les descentes qui sont faciles et rapides

Km20, un nouveau ravito, je prépare mon encas favori à base de fromage, saucisson et Tuc, me sers un Elsass Cola mais ne m’arrête pas vraiment. Je fais tout ça en marchant. Le sommet du Petit Ballon à 1272m m’attend d’ici 4km et là va commencer un bon raidillon de 3km pour arriver au point de bascule de la course. Mon avance est de 12min mais la séance de rando qui m’attend va faire chuter drastiquement l’allure.

 

Un vent à décorner un cocu

On sort de la forêt et au loin le sommet, le ciel s’est chargé de nuages sombres et on devine que tout en haut on n’aura pas envie de s’arrêter pour un pique-nique. Le chemin dessine un immense «Z» dans une prairie. Tout le monde est à la marche et il me tarde de passer le premier virage pour ne plus avoir le vent de face. Je suis bien content d’avoir gardé mon Odlo à manches longues sous mon maillot. Quand je pense que j’avais hésité à l’enlever en début de course où j’avais trop chaud.

Au sommet, un vent à décorner un cocu. Je mets la main sur mon dossard de peur qu’une bourrasque ne l’arrache. Hostile la nature ici ! On descend très vite vers un ravito pour remonter sur le sommet et enfin entamer un premier tronçon descendant. Mon avance a fondu, je n’ai plus que 2min de gras mais compte sur les descentes prochaines pour me refaire.

 

Je commence à avoir mal au bide

Les chemins dans le coin sont beaucoup plus techniques avec racines et pierres, je ne déroule pas comme je l’espérais et je commence à douter sur la faisabilité de mon projet. D’autant plus que, dans ma tête, mis à part une grosse montée, il devait y avoir quasiment que de la descente. Je suis parfois naïf en étudiant les profils et devrais savoir que les différences d’échelles entre l’altimétrie et les km cachent bien souvent des surprises qui sur le terrain se révèlent d’importance !

On traverse de belles prairies qui avec leur vue dégagée offrent des panoramas vraiment satisfaisants et cela même en plein effort les quelques secondes où l’on n’est pas obligé de regarder là où l’on met les pieds. Je commence à avoir mal au bide, ça gargouille, ça glou-glou, ça flik-flak, il faut que je prenne du solide, j’ai pratiquement fait que boire depuis le début, le prochain ravito n’est plus très loin normalement.

 

Les jambes commencent à faire la gueule

Km32, après une belle descente bien rapide, le voilà le ravito, j’ai 7min de rab et j’en profite pour m’arrêter 2 minutes. Bretzel, saucisson, fromage et Elsass Cola. Les nutritionnistes du sport sont en PLS mais ça me fait du bien. Je prends un dernier verre que je bois en marchant. Encore 20km, on commence le décompte. Prochain palier psychologique : 40. Les jambes commencent à faire la gueule et même sur un faux-plat, courir devient de plus en plus difficile.

Un gros raidard nous attend avec 2km de marche dans la forêt, silence chez tout le monde. Je l’avais repéré celui-là sur le profil. Ça devrait être la dernière difficulté majeure même si à un moment elles le deviennent toutes, majeures, les difficultés.

 

Faut que je me sorte les doigts

J’approche de mon prochain palier et au loin on entend de la musique, du cor de chasse, l’ambiance devient particulière dans cette forêt silencieuse, c’est presque mystique, je pense à ma grand-mère qui aimait tant la forêt et j’oublie un peu mes maux. Pas si mal que ça en fait car, mon genou, celui qui râle, il n’a pas moufeté une seule fois et d’ailleurs à part la fatigue et les douleurs musculaires normales dans un tel effort : RAS.

Km40, le palier, un ravito et les cors de chasse qui sont en fait des cors des Alpes. Je ne m’arrête pas mais félicite les musiciens pour ce moment aussi étrange que distrayant. Ça remonte mais je me force à courir dans les pas d’un concurrent qui me fait le rythme. Je le suis trop près et trébuche, manquant de peu un RDV avec une souche.

J’ai du mal et une certaine lassitude s’installe en moi, une fatigue généralisée. Mon avance est devenue un retard. Je garde espoir mais là j’ai une bonne minute dans la vue, je compte encore sur les derniers km de descente pour me refaire la cerise mais là il reste encore 10km. Le décompte devient malgré tout motivant, j’ai 1h10 pour les parcourir et c’est dans le domaine du possible mais faut que je me sorte les doigts.

 

Coup de boost

« Trail 8km », il commence à y avoir des panneaux annonçant l’arrivée et ça me met un réel coup de boost. Il y a un léger décalage kilométrique avec ma montre mais c’est à mon avantage, ça me motive d’autant plus, le sub 6h reste finalement jouable. Je cours à nouveau facilement et même dans les petites montées, je dépasse pas mal de monde.

Sur le circuit il y a présent des coureurs des autres courses, ils sont comme à l’arrêt quand je les dépasse, ça me galvanise. Je m’amuse avec la technicité des chemins et plaisante à nouveau avec certains concurrents. A un moment je suis tout seul dans une descente, ce n’est pas arrivé souvent sur ce trail, j’ai l’impression de voler et fixe en point de mire au loin des coureurs que je vais rattraper.

On est sur du single un peu piégeux mais je m’amuse malgré les bornes. Je confie à un runner que le sub 6h est encore jouable, il embraye de suite dans mes pas qu’il suivra un bon moment. 5-4-3-2, je sors de la forêt et revois les vignes et Rouffach en contre-bas. Il me reste 15min pour réussir mon pari, ça va le faire. La descente est raide mais pas dangereuse, je suis très essoufflé mais je n’ai pas envie de ralentir. Je tire la bourre à un jeunot qui me parle aussi du sub 6h avant de me distancer. Je rentre dans la ville, il y a à nouveau du monde, quelques applaudissements et après un virage à gauche enfin l’arche, plus qu’une centaine de mètre : 5h57 min.

 

Médaille en chocolat

Objectif atteint ! Trop content ! J’ai tout donner sur ces derniers km mais avec beaucoup de plaisir. Je reçois une médaille, elle est en chocolat, ça me fait rire car ce sont effectivement les seules médailles que je mérite à mon niveau. Un peu plus loin on me remet un nouveau lot, un short assorti au maillot que j’ai déjà eu, on est vraiment plus que gâté ! Je regrette juste le ravito d’arrivée qui a été remplacé par un sachet avec barres et boisson.

Un petit tour au WC pour soulager un mal de bidon que j’ai réussi à maîtriser 25km durant et je repars directement à la voiture où 2 canettes d’Orangina m’attendent. Je serai bien resté boire une bière mais il y avait la queue à tous les stands de bouffe. Je suis content de voir que j’ai pu tenir mon objectif sans gros problème (de genou ou autre) avec un classement de 187ème/888. Ça me donne une confiance toute relative pour la suite et notamment pour l’UTTN prévu en mai à Nancy avec 107km et un peu plus de 3000 de D+.

3 commentaires

Commentaire de poucet posté le 20-03-2023 à 15:16:17

Jolie perf et récit bien sympa. D'accord avec toi pour le ravito d'arrivée, une mauvaise habitude héritée du covid. Sinon tout était parfait comme d'hab a Rouffach

Commentaire de Zaille posté le 20-03-2023 à 15:19:47

Merci, tu vas bien nous faire un récit aussi j'espère ;-)

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 22-03-2023 à 10:56:42

Bravo et félicitations pour ta course, c'était un beau parcours et heureusement que nous avons échappé à la pluie.
Bon entraînement pour ton UTTN !

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