Juin/Juillet 2006, je me morfonds sur mon lit d’hôpital, et je m’accroche à un objectif : le marathon de la Baule pour le 5 octobre. J’ai couru toutes les éditions et je compte bien, même en me trainant, courir l’édition 2006. Aout, je récupère bien, je reprends même à courir et fais une ch’tit 9 km avec le blueb. La foulée est poussive, mais les sensations sont encourageantes. Mais voilà, fin aout, retour de manivelles et coup de barre à retardement phénoménal. Impossible de me bouger, fatigué, incapable de rien faire. J’en parle à mon chirurgien le 22/09, cela ne le surprends pas, ce sont des réactions assez fréquentes d’après lui. Il me prolonge mon arrêt de travail d’1.5 mois et dans la foulée, je me résigne à ne pas aller à la Baule. Mais qu’à cela ne tienne, le Chamois m’ayant invité en passant me voir au mois d’Aout, je m’inscrits pour le marathon du beaujolais. En plus, j’y reverrais des zanimos et rien que pour ça (et le pinard), je ne peux pas louper ça. J’arrive à m’entrainer un peu mais sans plus, car la moindre sortie de plus de 30’ m’esquinte. 17 jours avant le marathon, je tente une SL de 1h30 qui me laissera sur les rotules. Et cerise sur le gâteau, je me fêle une cote 15 jours avant le départ. Je réussi à faire 90 km de vélo à j-6, les jambes sont pas mal mais vraiment sans plus et ma côtelette me gêne pour respirer à fond. C’est donc pas fier du tout et pour la première fois depuis 2002 et mes premiers marathons que je me retrouve au départ d’une telle course avec une grosse pointe d’appréhension et une légère tension que j’essaierai de dissimuler auprès de mes camarades.
Au fait, oui, faut quand même que je vous en parle de mes petits camarades de jeu. Parce que ça a été encore un grand week-end, riche en amitiés et en festivités ! Tout d’abord, un immense merci à Isa et au Chamois pour leur accueil. Le chamois a une cave à la hauteur de sa réputation et Isa m’a impressionné par son activité, avant mais aussi après son marathon qui n’a pas semblé lui avoir laissé la moindre trace ! Chapeau ! Le chamois nous récupère vendredi soir à la gare avec l’écrevisse. Il pleut comme vache qui pisse, si c’est comme ça demain, au moins j’aurais une bonne excuse pour ne pas y aller ! Heureusement, le soleil nous attend au Chamois’s home. En effet, en plus d’Isa et les enfants, nous attendent les montagnards : Ray et Gé, et Pat et Toutou. Ça fait plaisir de se revoir. Embrassades, présentation de Claire, apéro, et vient le moment où ce grand couillon de Gé trouve le moyen de me faire monter quelques larmes aux yeux (que je retiendrais, rassurez vous, un peu de pudeur !). Il me sort d’un carton (de vin de Savoie d’ailleurs), une…..tortue qu’il a entièrement sculptée et peinte lui-même pendant, j’imagine, de longues heures de travail. L’objet est tout à la fois beau, parfaitement proportionné, humoristique et représentatif d’une tortue à la langue pendante portant sur son dos un cubi de rouge avec le dossard que je portais au raid IGN en 2004 (les photos sont sur yahoo album « chamois’s lady ») ! Géant. Les mots me manquent pour dire merci. Heureusement une deuxième tournée d’apéro vient me remettre de mes émotions.
Heureusement qu’on a pas attendu le bourrin et l’antilope pour manger quelques pâtes car ils ne nous rejoindrons que tard dans la soirée. Je regarde le ciel avant de me coucher, ça se dégage et on voit quelques étoiles. Bon, on verra demain. Ces quelques heures de franches camaraderies m’ont fait oublier mon appréhension mais en me couchant je fais part de mon inquiétude à Claire qui parait surprise qu’un p’tit marathon puisse m’inquiéter. Bon dodo maintenant et arrête de cogiter vieux ronchon.
Samedi matin, il fait grand soleil. Tout le monde est de joyeuse humeur. Le lapinos et le blueb arrivent. Je sais que le Blueb est venu pour m’aider et le savoir là me rassure vachement car je sais qu’en qu’à de coup de mou je pourrais compter sur lui.
Dans la voiture du lapinos, je découvre la région, qui m’a l’air vallonnée et sous ce beau soleil, c très joli. On est pas en retard, mais juste dans les temps. Tout juste le temps de saluer Nono l’escargot, une kikoureuse que je ne connaissais pas mais qui m’a envoyé de gentils messages d’encouragement ces derniers mois. Et nous voilà dans le sas de départ avec : Isa (qui va faire son premier marathon), le toutou, Gé, l’antilope, le bourrin et le blueb. A la question que me pose l’antilope, je crois : « comment ça va ? », je réponds : « pas terrible ! » Mon appréhension que j’avais oubliée depuis quelques heures en raison des festivités me reprend à quelques secondes du départ. Ma grande question est : comment va répondre mon corps après 1 à 2 heures d’effort. Départ trèèèèèèès prudent donc, avec un premier kilo en 8’. Isa, gé et le toutou sont partis devant et le blueb, l’antilope et le bourrin m’attendent patiemment. Heureusement le début est globalement en descente, ce qui me permet de me mettre en route tranquillement. Mais les sensations ne sont pas terribles, je fais le moins possible d’effort pour pas solliciter ma cotelette et le temps me parait bien long à cette vitesse…de tortue. Vers le km 8, je commence à être chaud, et la vue de l’écrevisse au km 10 va définitivement me réveiller. C’est le moment que choisit l’antilope pour mettre le clignotant. On va continuer pendant une dizaine de km avec le blueb et le bourrin. Le rythme n’est guerre plus rapide mais je me sens beaucoup mieux. Régulièrement, nous sommes encouragés par ray, patou, le lapinos, le chamois et l’écrevisse qui font des sauts de puce en bagnoles. Au semi (2h16), le bourrin qui a accéléré dans les 2 derniers km et le toutou nous attendent sur le bord de la route. Pour eux, la ballade du week-end est terminée, ils préfèrent se réserver pour des échéances futures. Un peu avant le semi, le passage au pied du mont Brouilly me fait mal aux pâtes et ce mal aux guiboles ne va faire que s’accentuer jusqu’à l’arrivée.
Le parcours est toujours aussi agréable et pas monotone du tout. Pas de longue ligne droite, des passages en sous-bois, dans les vignes, dans les châteaux, des petites bosses. Sympa quoi ! Du 20 au 30, le rythme s’est sensiblement accéléré et je suis bien content d’être là, même si les guiboles commencent à trouver le temps long ! Du km 32 au km 35, il y a une bien longue côte, pendant laquelle je vais marcher quelques centaines de mètres car malgré le strap aux côtes que m’a fait Ray, les respirations profondes me font de plus en plus mal. Le blueb m’encourage de la voix et du geste en restant toujours juste devant moi ou à mes côtés pour mieux me tracter. Il n’y a que les arrêts dégustations qu’il fait mais que je zappe volontairement pendant lesquels je me retrouve seul quelques instants. En bas d’une belle descente au km 36, on rejoint Mister G qui est tout content de trouver de la compagnie et qui commence une discussion à battons rompus. A mon souffle haletant, il comprend vite que j’ai du mal à soutenir cette conversation que l’on remettra après l’arrivée ! km 39, le sommet de la dernière bosse et de nouveau les encouragements des zanimos. Depuis le départ malgré mon appréhension, j’ai jamais douté que j’irais au bout, mais l’arrivée tout proche maintenant me fait mieux réaliser que je vais y arriver ! j’ai maintenant les cannes en bois, mais j’avance toujours à un rythme correct malgré un terrain décidemment plus accidenté sur le deuxième semi que sur le premier. Passe alors dans ma tête tout le film de ces derniers mois. Je revois le visage bienveillant de l’écrevisse à l’hosto, ceux de mes enfant me sautant au coup après 1 mois d’absence, j’entends la voix de Karine (mon infirmière préférée) qui m’encourage pendant ma méningite, je revois les copains passer dans ma chambre d’hosto, et notamment ces deux couillons de big et d’ourson arrivant main dans la main avec le même t-shirt de finisher « raid du golfe » m’apportant la tortue en peluche qui les avait accompagné pendant la course. Je me revois aussi vomissant tripes et boyaux pendant les premiers jours après l’opération et puis aussi faisant mes premiers pas à l’aide d’une cane sur la plage de la Baule. Bref, j’ai quelques bouffées d’émotion qui me montent aux yeux, et au diable la pudeur ! Ce n’est « qu’un » marathon certes, mais qu’est ce que je suis heureux de le finir. Sans m’en rendre compte, j’ai parcouru ainsi les 3 ou 4 derniers km et c’est tout étonné que je me retrouve « déjà » dans la dernière ligne droite ! Pétard, c’est tout en montée ! J’entends comme dans un état second la petite voix fluette de Fleurdor qui m’encourage. J’attrape mon Blueb par la main ou par la taille, je sais plus, et nous franchissons la ligne ensemble, décidément, ça va devenir une manie ! Passé la ligne, je ne peux retenir un cri venu du fond des tripes dans lequel il y a tout : de la joie, de la rage, de la force, des remerciements. Et puis, une fois la bouteille d’eau et la « médaille » (un teste vin) récupérées, tout redevient « normal », comme après une coursette classique. Je retrouve l’écrevisse, ray, gé, fleurdor (qui est venu spécialement de Lyon) et on discute tranquillement. Gé est arrivé depuis quelques minutes avant avec Isa qui termine super fraiche pour un premier marathon et qui a à mon avis un beau potentiel sur le long. Je suis fatigué mais pas cassé du tout, au point de rentrer chez le Chamois à pied avec Claire, Fleurdor et son chevalier servant. Nous discutons tranquillement, faisons deux ou trois courses dans la ville où la fête bat son plein. Après avoir pris congé de Fleurdor, nous rentrons chez le chamois où là encore ces couillons de zanimos m’attendent avec une haie d’honneur et une salve d’applaudissement. Re-émotion !
A parti de là, ce sera AAB non stop jusqu’à minuit, pendant laquelle vous vous en doutez, on a pas bu que de l’eau. Mister G nous a rejoint, non sans avoir fait une ratounade pour trouver la maison du chamois. On a fêté les 6 ans de Tom et les 40 ans de l’antilope à qui chacun avait (sous les conseils d’un bourrin rigolard) ramené un cadeau bien gras, bien lourd. Je me souviens notamment : d’une poubelle offerte par le lapinos, d’un t-shirt « femme de caractère » offerte par le blueb, d’une inscription gratuite aux 24 h de st Fons offerte par le zèbre (qui nous a rejoint entre temps avec sa petite famille). Quant à moi, je lui ai offert un protège-dent, mais ce sera plus au bourrin de s’en servir ;-)
Encore une grande et belle soirée, malgré la nouvelle rouste subit par les Français en rugby, même si les all blacks ont eu la gentillesse de pas nous ridiculiser comme la semaine dernière le soir du centenaire. Le lendemain matin, tout le monde est encore là. Le zèbre et les plus ingénieux s’attellent au montage du circuit 24 offert à Tom pour ces 6 ans. Après 2 heures de cafouillages, la zébrette prend les choses en main et tout est bouclé pour midi.
C’est l’heure des séparations. RV est pris pour le TGV et peut être le marathon de la Baule un de ces jours, parce que des we comme ça, ça fait quand même vachement de bien au moralomètre !
Merci à tous et en plus de ma culture viticole (chiroubles, brouilly, julienas, etc… ne sont plus que des noms sur des étiquettes), j’ai encore enrichi mon capital amitié !
Bien amicalement,
La tortue
5 commentaires
Commentaire de L'Castor Junior posté le 20-11-2006 à 16:32:00
Salut la tortue !
J'ai lu ton récit sur la ML, et je crois ne pas être le seul à en avoir eu les larmes à l'oeil...
Même avec une préparation en béton, je crois que je n'aurais pas pris le départ avec une côte félée..
Tu es réellement impressionnant, et tu finis d'ailleurs dans un temps très correct pour un "revenant" ;-))
L'Castor Junior_clap_clap_la_Tortue_et_bravo_Gé_pour_ce_chef_d'oeuvre_de_tortue_en_bois...
Commentaire de akunamatata posté le 20-11-2006 à 17:44:00
Hello La Tortue,
je savais pas pour tes pépins de santé! Mais je me doutais bien que le meilleur des remèdes fut de remettre le couvert sur un bon ptit marathon. Rassure toi en tant que kikoureur kiecrit tu as largement retrouvé le niveau.
Akuna
PS: la tortue statufiée kilucru ?
Commentaire de raideur69 posté le 21-11-2006 à 11:03:00
Salut la tortue,je te connais pas,mais je te dis Bravo!!!ton CR ma ému,que de courage de ténacité,voila l'exemple que nous avons besoin dans nos vie de tout les jours,respect bonhomme, et merci à tes potes les zanimos que je saluts, bien bas, chapeau à vous tous..
Je te souhaite un tres bon rétablissement ainsi que bcp d'autre courses avec des CRs qui nous font vibrer.
A bientôt sur un trail pour faire plus ample connaissance
Super ta tortue!!!!!!
Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 21-11-2006 à 12:18:00
Qu'il est beau ce récit, que d'émotion aussi...
Bravo pour avoir osé prendre le départ.
Bravo pour avoir terminé.
Bravo pour cette belle leçon à méditer...
NoNo_contente_de_t'avoir_rencontré
Commentaire de Kiki14 posté le 01-12-2006 à 16:00:00
oui un grand bravo La Tortue pour ton courage et toute la bonté qui transpire de ton Cr et je crois que ton cri est très émouvant et je l'ai entendu très fort.....
remet toi bien...
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