Récit de la course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - 50 km 2021, par shef

L'auteur : shef

La course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - 50 km

Date : 10/7/2021

Lieu : St Martin Vesubie (Alpes-Maritimes)

Affichage : 2673 vues

Distance : 50km

Objectif : Objectif majeur

5 commentaires

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UTCAM - 50 kilomètres, et le reste

L'UTCAM est une course qui me tient à cœur, pour plusieurs raisons. C'est "à domicile", la plupart sur des chemins que j'ai déjà beaucoup parcouru à l'entrainement.

C'est aussi là-bas que j'ai fait mes débuts, ma toute première course en 2015. J'avais alors assiste à l'arrivée de Vincent, réalisant là un top 10 de toute beauté sur le 145km. Ce fut l'étincelle. A ce moment-là une telle performance me paraissait surhumaine : sans parler du gros résultat, mais déjà arriver au bout d'une telle épreuve. J'avais fait moins de 40 kilomètres et il m'avait fallu 3 jours pour m'en remettre.

Les années ont passé, j'ai progressé.

Je suis revenu une première fois en 2019 pour faire le relais à 4, avec les copains du boulot que j'ai réussi à embarquer dans une aventure de partage exceptionnelle, au long de la saison hivernale, puis via des reconnaissances, et qui s'est concrétisée par une jolie course ou chacun a donné le meilleur de soi pour l'équipe. Assurément un souvenir qui restera longtemps en moi.

Il me restait tout de même à faire la course des grands (l'Ultra Brice de Nice comme dit Vincent), et c'est chose faite en 2020 sur le 135 où l'organisation m'offre un dossard via le TASK (Tirage Au Sort Kikourou). Je boucle la course mais dans des conditions pas terribles. Je n'ai pas bien su profiter, un peu trop focalisé sur une recherche de performance, gêné par de grosses douleurs aux pieds.

Bien sûr tout ceci parait dérisoire quand le 2 octobre la tempête Alex dévaste la vallée et ses voisines.

En juin je fais quelques entraînements autour de Saint Martin. Neuf mois après les inondations, les cicatrices sont encore très importantes. Le lit de la Vésubie, et pire encore, celui du Boréon en amont du village sont énormes, remplis de rochers. Çà et là, des carcasses de voitures, des maisons éventrées ou remplies de graviers. C'est difficilement descriptible, et bouleversant. La route du Boréon ouvre la veille de la course. Malgré tout, les locaux gardent le sourire, les commerçants sont confiants pour la saison estivale. C'est bien, et cette jolie vallée le mérite. On pense également à la Roya, très touchée (plus peut-être) et qui me semble être moins "sous les feux de la rampe" des attentions politiques.

 

Cette année encore, l'organisation UTCAM et les amis de Kikourou organisent un TASK, et je remporte à nouveau un dossard. Initialement prévu sur le 75k, un itinéraire magnifique et exigeant, je demande à basculer sur le 50 car le parcours du premier change à cause d'éboulements de terrain, et à mon sens le rend moins intéressant. Je fais de ce 50k mon objectif "performance" de la saison, je sais que le parcours convient bien à mon profil. En regardant la liste des inscrits, le top 15 me semble raisonnable, et le top 10 serait une belle performance. Je vais surtout essayer de soigner mon début de course, en évitant de reproduire mon départ débile au Var Verdon Canyon, 3 semaines avant, qui m'avait valu une seconde moitié de course compliquée.

 

Benman est le seul autre gagnant : il y a eu peu de candidats et certains se sont désistés. C'est un peu dommage pour cette course qui mérite vraiment le déplacement (même si "c'est beau mais c'est loin").

Je monte à Saint Martin le Vendredi soir assister au départ d'un copain (Yan) sur le 115km. C'est mon tour d'être de l'autre cote des barrières et d'encourager les valeureux qui partent pour... longtemps ! La musique résonne à 22h, avec fumigènes et lance-flammes, on sent l'émotion, ça met les poils.

Je retourne au camion essayer de passer une nuit à peu près correcte.

Au matin (la course part à 9h, pas de réveil aux aurores !), Yan a avancé et laissé quelques messages qui montrent que ça se passe bien, je suis content ! J'envoie quelques encouragements, puis petit-déj et préparation.

 

Je retrouve Benman et sa femme dans la zone des dossards, et en tant que "local" de l'étape je vais essayer de lui expliquer un peu le parcours qui nous attend, les bons coins du village etc. (tant pis, je sacrifie mon échauffement). On va faire un coucou à l'organisation, puis on se place dans l'aire de départ, pas trop loin des premières positions. On papote encore un peu, on se souhaite bonne course, et ça part!

Cette fois, raisonnablement tranquille. Au bout de quelques centaines de mètres, j'entends des jeux de mots foireux derrière moi. Je me retourne et un éclair de chaussettes jaunes fluo me provoque une fracture de la rétine. Je dois me rendre à l'évidence, Benman m'a emboité le pas. J'essaye encore de l'abreuver de descriptions de parcours, mais il ne rend pas la main, damned! Ça doit être la casquette rouge (j'ai pour ma part opté pour la blanche, plus élégante et racée - stylée comme dirait mon filleul de 6 ans).

La pente commence à se redresser pour emprunter le chemin du facteur, qui nous emmène à la Colmiane. Benman finit par laisser partir. J'espère qu'il ne payera pas ce départ rapide, et lui souhaite encore une bonne course.

Je fais cette première montée à allure correcte, un peu en dedans. Le temps que les rythmes se calent, je trouve un collègue pour papoter un peu. Arrivée à la Colmiane, "Kikourou! Kikourou! Kikourou!", un bob, ah, Nath est là, elle a sorti la banderole et les encouragements. Je lui fais un rapide coucou, lui indique que "Benman fait un super début de course", plein d'eau et c'est reparti (16e place).

 

On continue la longue montée vers Pépoiri, on entre petit à petit dans l'étage alpin, les vues se dégagent. Je connais bien le coin, mais ça reste magnifique. Je rattrape quelques coureurs, chacun est plutôt concentré dans sa bulle. J'ai 3 gars en ligne de mire à environ 3 minutes, que je remonte lentement mais sans les rejoindre, je reste en chasse-patate. Passage rapide au sommet du Pépoiri (10e place): j'ai donné correctement dans la montée sans puiser dans les réserves, je sais que le juge de paix arrive. La crête entre Pépoiri et Pétoumier est superbe en temps normal, ici un peu bouchée par le plafond nuageux. La descente vers la croix d'Anduebis se passe sans trop d'histoire. Il y a une petite rallonge, au lieu de filer direct a l'Archas, on descend encore histoire de se rajouter 200m de dénivelée. A l'attaque de la montée, je reprends rapidement 2 coureurs qui m'ont l'air d'en baver un peu. Pour ma part sans être flamboyant, j'effectue une montée correcte, et je récupère encore un concurrent vers le sommet. J'y arrive un peu émoussé (7e place), et la Ô surprise, je retrouve Nath qui est montée sur son sommet préféré nous faire un coucou. Et ce n'est pas tout, elle a joué les deliveroo en apportant un petit stock de makis dont elle me fait cadeau! Voilà qui fait grandement plaisir et surtout ça glisse tout seul, c'est rafraichissant et salé, je vais reproduire sur mes prochaines courses. Merci encore, Nath !

Descente de l'Archas joueuse, pendant laquelle je gobe consciencieusement les délicieux makis. En bas de la dite descente, je récupère encore un coureur qui m'annonce lutter avec des crampes. On en profite pour papoter un tout le long de la route qui ramène au Boréon (ou les dégâts sont immenses).Il me détaille en long et en large ses exploits des semaines passées. Ravito du Boréon (6e), je prends la poudre d'escampette pour un peu de tranquillité. Il reste une bonne montée un peu raide, puis un grand balcon, encore un peu de montée, et on atteint la crête de la Mairis, encore avec une superbe vue. Puis c'est la montée finale vers la cime de Piagu. Il ne reste plus qu'à dégringoler vers Saint Martin. J'en **i* un peu dans le bas de la descente avec de bons points de coté, mais je me mobilise pour sauver ma belle place. Et c'est l'entrée dans le village et l'arche d'arrivée (6e place).

Je suis super content de ma place, contrat plus que rempli, j'ai fait une belle course sauf les 3 derniers kilomètres.

La famille de Yan est sur la ligne d'arrivée. Je prends les dernières nouvelles (pieds en mauvais état mais super moral), on se prend tous une bonne glace.

Ensuite je vais profiter de la méga aire d'arrivée à Vesubia Park:

- accès à la piscine avec bain a bouillons

- accès à la salle de musculation (pour ceux qui n'en auraient pas assez ;)

- douches, kinés et podos

- terrasse privatisée avec transats, et tables pour les repas

- bière du Comte à la tireuse

- buffet de fruits, chocolat, madeleines, etc., mais aussi: pizzas, pissaladières, tourte aux blettes

- l'équipe du Rifugio Dahu présente h24 en fabricant sur place des pâtes fraiches (sauce à la sauge), gnocchis (pesto d'ortie) et lasagnes. Un pur délice.

Un seul point à améliorer: les accès accompagnants (payant) ne sont pas bien indiques, et la femme de Benman devra rester à la porte faute d'avoir pu acheter un ticket.

 

 

Je profite donc de tout ça, puis petit tour podo/kiné, et je remonte vers la ligne, juste après l'arrivée de Benman, le timing était presque parfait. Je le retrouve sur une chaise (et non pas en PLS comme certaines mauvaises langues auraient pu le laisser sous-entendre).

On débriefe tranquillement, puis je lui fais la visite de l'espace d'arrivée (re-passage au stand du Dahu), on échange encore (trop court!) et c'est l'heure du dodo.

Je rejoins le camion, prise de nouvelles et encouragements à Yan qui est dans la nuit vers la Valette de Prals.

 

Le lendemain je me réveille vers 6h, branle-bas de combat, il est passé au dernier pointage il y a 1h30, ça devrait arriver bientôt ! Je monte vers la ligne, café/croissant à la boulangerie, et il finit par arriver. Félicitations et compagnie.

 

Ce fut donc un grand week-end de partage, c'était plutôt chouette d'être à la fois spectateur et acteur de l'évènement, assistant aux départs et arrivées des copains, dans un super cadre et une organisation aux petits oignons. Et la petite cerise sur la gâteau: le podium master ou j'ai enfin pu trouver une utilité à mon autocollant Kikourou!

 

 

Un grand merci à Kikourou pour le TASK, et à l'orga UTCAM qui est bien rodée maintenant, tout le monde aux petits soins et surtout cette aire d'arrivée qui est démente. C'est une course à découvrir sans tarder!

5 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 29-07-2021 à 22:34:38

Cette course fait vraiment envie, le coin est superbe (bien que sévèrement meurtri), l'organisation semble vraiment impressionnante. Un jour peut être...
Merci pour le récit.
Les makis et la casquette blanche vont bientôt faire leur apparition sur la liste des produits dopants. Tu as également bénéficié du besoin impératif de lâcher Benman et ses jeux de mots pourris. Mais, en dehors de ces aides, tu as fait une superbe course, bravo.

Commentaire de Vince88 posté le 30-07-2021 à 14:35:18

Vu comme ça, ça à l'air simple ! Ca ne doit pas être le même Archas et Pepoiri ?! Bravo pour ta jolie perf en tout cas.

Commentaire de shef posté le 30-07-2021 à 14:38:01

Non ce ne sont pas les memes -> on les a pris a la retourne, et surtout, la descente de Pepoiri s'est faite du meme cote que toi, nous n'avons pas emprunte l'abominable hors-sentier du vallon d'Anduebis (on l'a pris en descente lan dernier sur l'ultra et c'etait deja une belle punition).

Commentaire de Benman posté le 01-08-2021 à 08:59:35

Parce qu'en plus on a pris l'Archas par la face facile? Moi je l'ai pris en plein dans la tronche...

Commentaire de Benman posté le 01-08-2021 à 09:01:17

Merci pour ce CR. Cette course était effectivement magnifique et superbement organisée. Tu as très bien joué ton rôle de guide et de coach!
C'étais un plaisir en tous les cas de faire ta connaissance. Vive les tasks!

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