Récit de la course : Transgrancanaria - 128 2019, par cedric42

L'auteur : cedric42

La course : Transgrancanaria - 128

Date : 22/2/2019

Lieu : Gran Canaria (Espagne)

Affichage : 2092 vues

Distance : 128km

Objectif : Objectif majeur

11 commentaires

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transgrancanaria 2019 et 19eme

Et voici le compte rendu de mon 1er ultra du world-tour😎

Transgrancanaria : ou courir après le plaisir.

L'hiver stéphanois est bien présent cette année avec de fortes chutes de neige en ce début d'année. Cela a fortement perturbé ma prépa, mais peu importe. Car le voyage et la course sont déjà et depuis longtemps bouclés. Maintenant y'a plus cas... Et pour cette première, car oui c'est la première fois que je vais faire une course à titre individuel à l'étranger et de plus en emmenant 4 membres de ma famille. Autant dire que le voyage en avion (qui pour certains est un baptême) m’a fortement inquiété. Je voulais vraiment que tous aient un bon souvenir de ce voyage.
De mon côté beaucoup d'interrogations sont présentes dans ma tête au moment de me poser sur l'ile. La prépa n'a pas été celle que j'espérais. Où se situe mon niveau sur un ultra du world tour ? Comment sera le terrain (très caillouteux, technique) et comment vais-je m’adapter ?
Après 2 jours complets sur l'ile avec diverses activités (voir post précédent sur ma page FB), arrive le vendredi jour de la course. Mais l'heure du départ (23h) fait que la journée est longue voir trop longue. Mais bizarrement je me sens détendu, voir même détaché. Mais je me demande quand-même pourquoi je fais ce type de course alors que je pourrais dormir tranquillement.
J'arrive 1h avant le départ à Las Palmas après 20min de voiture depuis ma location. Je traverse la ville pour rejoindre la plage lieu du départ où l'ambiance est déjà montée. Je patiente à proximité du départ et fait constater à ma famille que c’est plus sympa d’attendre le départ à Las Palmas que à Saint Etienne la nuit de la Saintélyon. A environ 25 minutes du départ je me place sur la ligne de départ juste derrière les favoris.
23h et une petite vingtaine de degrés, le départ est donné sous un feu d’artifice. C’est parti pour 2km sur la plage. Qui fera le hotshot ? Pas moi en tout cas !!!
1er kilomètre ma montre bip. 4min 30s et je suis environ 70eme. Les premiers sont partis comme pour faire un semi-marathon !!!! Mais je ne m’affole pas. La course sera longue voir très longue alors j’en garde. Je ne me fis qu’a mon cardio, et je me force à rester en dessous de 160 puls max en côte. La sortie de la plage annonce le début des difficultés. Une première montée sur route me permet de voir qu’il y a beaucoup de monde devant mais aussi derrière… Beaucoup de « vamos » viennent troubler le calme. Car presque aucun participant ne parle. Qui a dit pression ? Nous entrons dans l’obscurité et cela pendant environ 8h30 et le levé du jour. La nuit sera longue ! Mais magique ?
Après quelques kilomètres vallonnés et peu techniques arrive la première partie usante… 3-4 kilomètres dans une rivière asséchée sur des galets en faux plat montant. Je perds quelque place et j’espère qu’il n’y aura pas trop de partis de ce type. Mais une fois de plus je reste dans ma course et je ne force pas le rythme.
16eme kilomètre : premier ravitaillement je passe en 58eme position (je précise que je ne connais mon classement à ce moment-là). Je ne m’arrête pas car j’ai assez de boisson pour atteindre le prochain ravito où m’attend ma famille.
Entre le 16eme et le 23eme kilomètre cela ne fait que monter. Et pas qu’un peu pour atteindre l’altitude de 900m environ. Je commence à doubler des concurrents dans ces montées où j’alterne marche rapide et petite foulée. Le terrain est peu technique et cela me donne du baume au cœur. En plein milieu de la montée un petit panneau nous indique qu’il reste 105 kilomètres à parcourir. Une paille quoi.
3 kilomètres de descente très sympa m’emmènent au deuxième ravito dans la commune de TEROR !!!!
Kilomètre 27 j’arrive au ravito où l’ambiance est festive et où surtout ma famille m’attend. Je change mes bidons, mange ¼ de banane et repart très rapidement. Je suis maintenant 46eme. C’est à peu près le classement que m’annonce mon père.
Maintenant la transgrancanaria rentre vraiment dans le dur. A la sortie de TEROR le parcours sort des zones habitées pour rentrer dans la forêt. Il est environ 2h du matin, je suis seul ou presque avec moi-même et dans la nature. Le kif !!! Je continue à remonter les concurrents dont la première féminine !!! (Elle est vraiment partie comme une balle… et quand je l’ai doublé, elle était déjà bien entamée.)
Kilomètre 39 : ravito je le zappe car j’ai de tout sur moi et pas de coup de mou. A la sortie du ravito une belle montée se présente, suivi d’un début de descente sympa avec même une portion de route. La fin de la descente est très technique et je me fais doubler par des concurrents que j’avais doublé dans la montée précédente…
Au bas de la descente, directement se dresse une montée de 7-8 kilomètres avec un D+ d’environ 850m. Seul le ravito placé au milieu de cette côte permet de récupérer. Je redouble les concurrents… et ne les reverrai plus.
Au ravito kilomètre 50 où aucune assistance est autorisée je recharge mes bidons, prends de la banane et repart rapidement.A partir de maintenant j’arrive dans la partie où je me suis senti le mieux de la course et cela a duré environ 30km.
La nuit est encore bien noire, mais je suis dans mon élément, le terrain est très souvent recouvert d’épines tombées des arbres et pas trop technique. Je suis comme un globicéphale dans les eaux canariennes. Je sens que j’avance et cela me donne le moral.
63eme kilomètre Artenara : ma famille m’attend…mais pas tout de suite !!! Mon père est surpris de me voir arriver. Je le fais courir, car les bidons sont encore dans le Berlingo de location (et oui ça ne fait pas rêver). Il me dit que j’en ai doublé un paquet et que je suis 20eme !!!! Je lui réponds que oui j’ai doublé pas mal de gars, mais que 20eme je n’y crois pas. Il a pourtant raison. Je prends 2 gels dans ma poche, car j’en ai consommé 2 entre les ravitaillements où était présent ma famille.
A la sortie du village je passe sur une borne électronique et demande ma place au gars qui contrôle cette borne. Et effectivement je suis 20eme. Pour la première fois de la course je connais mon classement exact. Je me dis que maintenant je dois finir dans le top 20. Je suis gonflé à bloc. Je passe devant un panneau qui indique qu’il reste 65km. Je me dis « qu’il ne me reste plus » qu’une Saintelyon à faire
Le chemin continue de monter pour atteindre l’altitude de 1700m environ. Le jour pointe son nez et l’emblème de l’ile le Roque Nublo est en vue. Il parait loin et pourtant il va bien falloir y aller….Suit une descente longue de 7 km pour aller chercher le ravito dans la commune de TEJEDA, sous un jour bien clair. Il n’y a pas un nuage. A celui-ci je recharge mes bidons et me fait demander ma nationalité par une bénévole. Je réponds « France » (oui je ne parle pas un mot d’espagnol) et elle me fait un signe que oui je suis bien français car j’ai le visage pale…
J’arrive au pieds de la montée du Roqué Nublo. 6km d’ascension la pente est raide. Au niveau des places je suis avec un petit groupe de 4 et nous nous doublons les uns les autres en fonction des parties où chacun se sent le plus à l’aise. J’arrive enfin au Roque Nublo où il faut aller faire un aller/retour pour pointer pile poil au pied du piton rocheux. Je fais demi-tour et croise quelques concurrents pas loin derrière moi en pleine fin d’ascension.
4 kilomètres plus loin j’arrive au ravitaillement où m’attend ma famille. Celui-ci se trouve dans un camping et il est aussi le lieu du départ du maratrail de la veille. Il me reste donc « plus que » 42km. Mais je commence à sentir la fatigue. Le chemin va être plus long maintenant. Je repars après avoir mangé de la banane, des dates et aussi 3 bonbons. En les prenant je fais signe à une bénévole que c’est pour la tête (le moral) cela la fait sourire. Ce ravito est le dernier où ma famille sera présente, maintenant ils vont chercher ma femme et mon petit pour aller rejoindre l’arrivée.
La suite du parcours est vraiment avec un profil descendant. Et je me dis que je vais pouvoir aller un peu plus vite…. Mais pour l’instant cela monte dans la forêt. Enfin j’arrive à basculer de l’autre côté de la montagne.
Et là gros changement de décor et de terrain. Tout devient aride sans végétation, le terrain est très caillouteux. Dans la descente qui suit je subis. Elle est tout en lacet sur une route de type « romaine » faite de gros galets. Je ne suis pas à l’aise. Je commence à trouver le temps long.
J’arrive enfin au ravito suivant où la musique est à fond et le tout au milieu de nulle part. Je suis en pleine rave party. Je viens de passer le kilomètre 100. Il y a 11 km pour rejoindre le prochain ravito, le tout en quasi descente. La chaleur commence à être très présente…
Juste avant d’arriver à ce ravito il y a une partie très très technique, voir dangereuse (qui est indiquée par des panneaux). C’est une galère pour moi.
Au ravito du kilomètre 111 je recharge mes bidons, je mange comme d’habitude. Je me force à écourter mon stop à quelques secondes. J’ai peur que si je m’arrête, je ne puisse plus repartir en laissant refroidir les muscles.
A la sortie du ravito, après avoir passé sur le barrage, une montée qui à l’entrainement est facile devient un examen de conscience. Une partie de ton cerveau te dit de marcher, alors que l’autre te dit que tu dois courir. Je monte donc en alternant la rando -course. C’est la dernière montée.
La descente est facile je me dis que je vais pouvoir rejoindre l’arrivée facilement maintenant… C’est sans compter sur les 7-8 Km de chemins dans une rivière asséchée avec de gros galets. Une catastrophe pour les chevilles et le moral. J’arrive à courir quand même à 10km/h. Mais la fatigue est là et je trébuche et tombe comme une M….
Ouf rien de cassé je repars aussi sec. J’arrive à un ravito où juste de l’eau est dispo. Je remplis 1 bidon (au cas où) et demande en montrant un galet que je viens de récupérer à mes pieds, combien de kilomètre il reste sur ce terrain. Il me répond 1-2 kilomètres…
Enfin je sors de cette galère. Je commence à voir les premières maisons de Maspalomas. Le lieu d’arrivée. Mais les organisateurs sont des vicieux…Je pensais que j’allais courir le long de la route !!!! Et non ils nous font passer au fond de lit de rivière en béton créer pour éviter les crues. Ok c’est plat, mais le sol peut être piégeux et surtout il fait 28° sur du béton… et le tout sous le regard des piétons. Que pensent - ils en nous regardant ? Je dois ressembler à un mort vivant…
Les 3 derniers km sont faciles, et je pense avoir conservé une pace dans le top 20, mais sans en être certain. Devant, le concurrent est un peu trop loin, je ne cherche donc pas à le récupérer, et derrière personne.
J’arrive à 50 m de la ligne et vois mon père avec mon coin-coin. Je le prends par la main et franchi la ligne en courant à côté de lui.

Je suis 19eme et il est un peu plus de 15H ce samedi 23 février 2019. J’ai donc mis 16h 04min 05s pour faire 128,6 Km soit 8km/h de moyenne.

Je tiens à remercier ma famille, mon entraineur, mes partenaires, vous qui me suivez, ainsi que la vie (pouvoir faire tout cela est un cadeau)
Je ferai un autre post pour vous préciser le matériel utilisé et l’alimentation consommée avant, pendant et après la course.
Vitanutrition Saucony Terre de Running Saint Etienne RH5 Punch Power Courirpassion

11 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 03-03-2019 à 20:10:31

J'ai reconnu toute la course....:-). Juste que pour moi, le jour s'était levé en bas de la descente de El Sao (avant le ravito du 50ème kilomètre), c'est dire la différence...:-)

Et je vois que je ne suis pas le seul à avoir galéré dans les cailloux de mierda, sauf que je ne galérais pas à 10km/h! Quand je cours à 10km/h, môôôssieur, je dis que je "vole".....:-)

Bravo en tout cas, j'avais de bonnes raisons d'être confiant.

Sainté forever!

Commentaire de cedric42 posté le 05-03-2019 à 20:23:17

merci. Au moins tu peux confirmer que je ne raconte pas de conneries… Et pense alors a pau capell; il a eu le levé du jour au roque nublo...

Commentaire de keaky posté le 03-03-2019 à 22:24:15

Bravo Cédric !!! Encore une sacrée perf'.
Ça doit quand-même changer des 100 bornes route ;)
Bonne recup'

Commentaire de cedric42 posté le 05-03-2019 à 20:24:11

merci ou cela change,mais n'oubli pas que je viens du trail...

Commentaire de keaky posté le 05-03-2019 à 20:46:56

Non t'inquiètes, je le sais bien. Notamment ton bel UTPMA... Tu vas adorer le Lavaredo.

Commentaire de torchure posté le 04-03-2019 à 11:44:50

Bravo Cédric !
Il va falloir revenir au trail des chevreuils pour profiter de ce petit entrainement de 128km ;-)

Commentaire de cedric42 posté le 05-03-2019 à 20:25:10

et pourquoi pas, si cela tombe bien en prépa ou récup

Commentaire de LaBalle Rine posté le 04-03-2019 à 17:37:21

Yeaaah ! Top 20, ça commence à causer
Comme quoi on fait de beaux champions dans notre belle région ;-)
Bravo à toi !!!!

Commentaire de cedric42 posté le 05-03-2019 à 20:26:01

merci. a confirmer au lavaredo maintenant

Commentaire de BastienN posté le 05-03-2019 à 13:31:19

Bravo pour ta course, et merci pour ce récit!
J'y retrouve certaines impressions, ambiances et atmosphères que j'ai moi-même trouvées sur cette magnifique course... Même si à vrai dire nous ne sommes pas vraiment passés aux mêmes endroits aux mêmes moments, puisque je termine 155ème en 22h!
Encore bravo!
Bastien N.

Commentaire de cedric42 posté le 05-03-2019 à 20:35:24

bravo. déjà être finisher et avoir la médaille est une belle performance. Pour le récit j'essaye d'avoir une écriture le plus proche de mes sensations, sans chichi.
merci

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