L'auteur : HOMERGUILHEM
La course : Le Grand Trail du Saint Jacques - 77 km
Date : 9/6/2018
Lieu : Saugues (Haute-Loire)
Affichage : 3105 vues
Distance : 77km
Objectif : Terminer
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Fraichement inscris sur le Forum, j'ai longtemps hésité à faire ce compte rendu, tellement de bouleversement cérébral, tellement d’émotion que je pensais difficilement pouvoir le partager.
Je ne partagerai pas tout, mais il me paraissait important d’en partager le fil conducteur.
Déjà le commencement pourquoi le trail de st Jacques ????C’est bien simple ma belle-famille étant Alt ligérienne, c’est l’occasion idéale pour satisfaire moi-même et madame… Je débute donc la course à pied en 2014, les premières envies de compétitions arrivent, je m’inscris à l’époque sur le 15 km, beaucoup de personnes de mon entourage me dise que le 15 km est roulant , que je vais m’ennuyer, bref à une semaine de la course je m’inscris sur le 32 que je finis…Les 2 années suivantes je m’inscris sur le format supérieur (48km) que je finis aussi avec plaisir…Par contre , les années passant je me rend compte que d’un trail à réputation roulante on est en train de s’orienter vers un trail plus exigeant…
Bref revenons à nos coquilles, Départ de Saugues à 8h00…Sur place à 07h30, je ne ressens pas d’appréhension particulière, je me dis que je dois prendre cela comme une grosse randonnée et advienne que pourra. Je ne m’échauffe même pas estimant partir assez doucement pour zapper l’échauffement…8 h00 Top départ, je pars tranquille me fait pas mal doubler, 1 ére cote dans le village, je m’étais dit, tu vas marcher dans toutes les montées, problème tout le monde court, je me transforme donc en mouton et fait de même. Au bout d’une ligne droite, je voie ma Céline (pas Dion, ma compagne), un bisou d’encouragement et c’est reparti. Premier bouchon, traversée de rivière en crue à l’aide de corde. 1ére grosse difficulté du jour, la montée de notre dame d’estours, il fait chaud, le cardio commence à bien monté, j’essaye de me faire la cerise en accélérant dans la descente et j’arrive au 1er ravitaillement de Prades, déjà bien trop entamé, et dire qu’il reste encore plus de 60km…Je reste longtemps, très longtemps, trop longtemps à ce ravito.
Je repars, grosse montée qui confirme la médiocrité de mon état de forme, le cardio monte exagérément et première crampe à la cuisse droite qui m’oblige à stopper mon ascension, et dire qu’il me reste autant de chemin, le moral est bas et la température continue à monter. En haut un point d’eau est bienvenu, et me permet d’entamer la descente sur Monistrol tambour battant (Grosse erreur).
J’arrive au ravito de Monistrol bien fatigué, et je sais ce qu’il me reste encore à parcourir (Etant parti les 2 dernières éditions d’ici), Céline est là, elle parait anxieuse et me demande plusieurs fois si ça va, je lui mens et la rassure mais dans ma tête c’est évident que je suis au bout du rouleau et que ça va être compliqué…
Je repars et attaque la montée du pierrier, nouvelle crampe à la cuisse droite, je patiente, j’attends que ça passe et continue, le moral est au plus bas.
J’arrive au pied de la montée de Rochegude, Céline m’attend, elle parait encore inquiète, je m’attarde pas, lui demande de rentrer chez ses parents et lui promet de lui donner des nouvelles. Sitôt le dos tourné, je ne peux m’empêcher de pleurer, je suis au bout du rouleau et je ne veux pas abandonner devant elle. Je décide de continuer jusqu’à St Privat d’allier et d’abandonner au ravitaillement. J’attaque la montée de Rochegude, nouvelle crampe à la cuisse droite, je m’assoie au milieu du chemin, désespéré, m’alimente, je suis sorti de ma torpeur par une concurrente qui me demande de me pousser pour pouvoir passer, je me rends compte que je déraille complet et me ressaisi.
Je repars et arrive au ravito de st Privat où j’avais décidé de jeter l’éponge, je m’alimente, ça va mieux, je décide quand même de continuer, advienne que pourra.
Je repars en sachant que le plus gros du dénivelé reste à faire, longue portion descendante où je trottine puis 4 km de montée, où les crampes (toujours à la cuisse droite) sont omniprésente, je suis obligé de faire des pause tous les 100m,je suis essoufflé et mon cardio ne veut plus monter… je mettrais plus de 02h00 pour faire ces 4 km de chemin de croix, un autre concurrent est dans le même état que moi et me suis à la culotte, nous sommes tellement au fond du trou que nous nous adressons même pas la parole.
Nous parvenons malgré tout au ravitaillement de St Jean Lachalm où je réussis à communiquer avec mon compagnon d’infortune, il se prénomme Jocelyn, celui-ci veut abandonner et décide de ne pas repartir. Et là c’est le déclic dans ma tête, non ce n’est pas possible, comme disait ma grand-mère, quand on veut on peut, tout est possible. Allez Jocelyn, t’as pas le droit d’abandonner, même en marchant on va y arriver il reste 30 km, à 5 km/h ça fait 6h, on arrive avant 00h00, bref je mets en route tous mes talents de commerciaux pour le persuader et ca marche…
Nous repartons mais je sais que nous n’arriverons pas avant 17h30 à la Glutonnerie lieu d’une barrière horaire, tant pis je dis rien et nous avançons, mes jambes reviennent et j’ai envie de trottiner, Jocelyn me dit en être incapable, je décide de l’accompagner en marchant d’un bon pas et m’interdit de courir malgré mon envie, le parcours devient agréable et nous discutons.
Se joint par intermittence un coureur, qui n’a de cesse de se mettre à courir chaque fois que nous le rattrapons, ce dernier finira par abandonner peu avant le ravitaillement de st Christophe de Dolaizon, à priori sa stratégie n’était pas la bonne.
Nous arrivons à la Gloutonnerie à 17h40, je pensais que nous allions être mis hors course mais devant le nombre conséquent de coureurs hors délais, l’organisation a prévu de nous faire passer par le parcours du 39 km, à priori cela aura peu d’incidence sur notre kilométrage mais cela nous évite le Devés (400md+), je trouve que c’est sympa, cela nous laisse l’opportunité d’arriver au pied de la cathédrale et d’être finisher.
Nous descendons d’un bon pas vers l’avant dernier ravitaillement ( st Christophe de Dolaizon) , Jocelyn ne veut toujours pas courir, un 3eme comparse se joint rapidement à nous, Cyril, qui lui fait l’ultra (110km), les chemins transformé en rivière par les orages de la veille n’affecte pas notre bonne humeur et notre super randonnée sur les chemins de st Jacques se poursuit.
Ravitaillement de st Christophe, j’ai les pieds qui chauffent, je change de chaussette, je suis prêt à repartir, Jocelyn ne veut toujours pas courir et cyril s’en estime incapable, ce n’est pas grave, à la vie à la mort on va au bout.
Nous poursuivons notre bonhomme de chemin et arrivons dans l’avant dernière difficulté du jour, le mont Eycenac, et à notre grande surprise, nous voyons Jocelyn qui se met à trottiner, nous pensons qu’il va nous attendre en haut, nous ne le reverrons plus jamais…
Descente sur les Chibottes où nous allumons la frontale, nous zappons le dernier ravitaillement et entamons notre descente d’un bon pas sur la préfecture, nous arrivons au pied de la cathédrale et malgré l’heure tardive la foule est présente et nous applaudit, l’émotion me submerge quand je pense à tous les états par lequel je suis passé pendant cette dure et belle journée, nous passons la ligne main dans la main et cyril me donne l’accolade me remerciant de l’avoir accompagné, ce fut sincèrement un plaisir et c’est aussi ça l’esprit trail…N’est-ce pas Jocelyn !!!!
Céline me rejoint et me félicite chaleureusement, elle m’avouera plus tard que quand elle a vu ma tête à Monistrol, elle n’avait de cesse de consulter son téléphone s’attendant à le voir sonner pour lui annoncer mon abandon.
Bilan : 77.5 km , 2800 m de d+ et 3000m de d-, entre 7 et 8 l d’eau consommé.
Merci d’avoir lu ce long compte rendu.
Ci joint le movescount, vos conseils sont les bienvenues...(Même si je sais que je suis part trop vite et pas assez bu)..
http://www.movescount.com/fr/moves/move222973642
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3 commentaires
Commentaire de loiseau posté le 23-06-2018 à 20:46:17
Merci pour le récit, et bravo d'avoir fini malgré les crampes !! On a dû se croiser, nos temps de passage ne sont pas très loin (non, je ne m'appelle pas Jocelyn ;-) ). J'ai eu la chance de passer à la Glutonnerie à 17H15 (je ne savais pas qu'il y avait une barrière) donc j'ai pu faire le Devès...
Pour les crampes, il ne suffit pas de boire mais il faut surtout des sels/minéraux quand il fait chaud comme au début de la course.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 04-06-2019 à 05:28:39
Un bon bizutage d'ultra donc... Bravo d'avoir tenu car pas évident quand les pb arrivent si tôt
Commentaire de TomTrailRunner posté le 04-06-2019 à 05:28:40
Un bon bizutage d'ultra donc... Bravo d'avoir tenu car pas évident quand les pb arrivent si tôt
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