Récit de la course : Marathon de Metz 2017, par crocodile

L'auteur : crocodile

La course : Marathon de Metz

Date : 8/10/2017

Lieu : Metz (Moselle)

Affichage : 1159 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Battre un record

2 commentaires

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C’était donc mon troisième marathon...

C’était donc mon troisième marathon...

Avant de vous raconter ma course je vais revenir sur le contexte.
Je sortais d’un début d’année plus que compliqué sur le plan sportif avec des blessures assez grave (pouce cassé le 14 janvier, entorse de la cheville avec tendon arraché le 11 mars) et pas mieux sur le plan perso.

J’étais d’autant plus frustré que mon entorse est arrivée juste 2 semaines après le début de ma préparation pour le marathon du Lac d’Annecy. Lequel je serais donc forfait !

Pour sortir la tête de l’eau et retrouver une grande motivation, rien de mieux que de se lancer un nouveau défi. Dans la même journée d’avril, je pris donc la décision de m’inscrire aux marathons de Metz et celui de Paris, qui auront lieu respectivement les 8 octobre 2017 et 9 avril 2018.

J’ai repris l’activité sportive en juin (après 2 mois d’arrêt) en commençant par le vélo elliptique sur route (Elliptigo 11R et Arc8 ) afin de limiter au maximum les impacts.
Le but étant d’arrivé à peu près en forme avant de démarrer la préparation marathon de 9 semaine début aout.
A noter que certains m’ont déconseillé de reprendre la CAP (course à pied) d’emblée par un marathon… Je sais bien que c’est de la bienveillance de leur part, mais bon, j’ai un côté un peu dingue qui ne changera jamais.

La préparation ! Début août je décide de me lancer dans un plan d’entrainement revisité.
En effet, après avoir demandé conseil à Fab de Run Go Fit, j’intégrerai des séances d’Elliptigo à hauteur de 30% dans le plan initial.
Ce qui a pour but de préserver mon organisme du traumatisme des impacts, tout en ajoutant un côté fun et ludique.
Il est essentiellement constitué de séances d’endurance fondamentale, de la résistance douce et dure (tout est basé sur des pourcentages de la fréquence cardiaque maxi, cher à Serge Cottereau) Soit 4-5 séances par semaine (5 h à 5h45) comprenant très exactement 17% de GO et 13% d'ARC sur un total de 39 séances.

Le plan se déroulera sans problème jusqu’à la dernière dizaine ou j’ai eu un gros coup de fatigue avec un quadri contracturé, j’ai donc allégé le programme (Merci Gaëtan pour ton aide)
L’organisation personnelle sera différente de l’an passé, je n’ai pas envie de revivre le stress d’avoir à prendre la voiture le jour de la course, je me suis donc pris un hôtel à 500 m de la ligne de départ, juste à côté de la gare : l’Ibis Style.

Le trajet s’effectuera en TGV à l’aller puis en TER pour le retour (je vous passe les complications du billet de TER lorsqu’on a une carte grand voyageur…)
Les réservations se feront par internet, et c’est Valerie qui s’est proposée pour m’organiser tout cela.
Les deux autres copains du club Free Runners, Fred et Emilie, se rendront en voiture sur place et seront à l’hôtel Ibis d’à côté.
Ma soeur nous retrouvera à la gare de Strasbourg pour aller au retrait des dossards tous ensemble et pour partager la « pasta-party » dans un excellent restaurant italien place Saint-Louis : Maison Baci. L’apéro se prendra au Berthom (Perrier pour moi, bière pour Fred et Emilie…)
Tout le monde sera couché pour 21H30

5H45, réveil des aviateurs !
Je m’habille et file prendre mon petit déjeuner à 6H00 pétante (en principe il faut avoir pris son dernier repas 3 à 4 heures avant une épreuve, pour éviter les problèmes gastriques pendant la course)
Au menu : pain, beurre, confiture d’abricot et la poudre d’amande d’Alain Roche (Endur’activ) mélangée à de l’eau.
Dans la salle nous sommes trois, un autre coureur déjeune avec sa maman, je lui souhaite une bonne course. En remontant dans ma chambre je croise d’autres marathoniens (déjà en tenue) qui se rendent dans la salle de restauration.
Le départ étant à 9H00, les Daouts passeront me prendre pour 8H30… En attendant je tente de répondre à la grande question existentielle du coureur : Qu’est-ce que je mets ???
La météo annonce 13°C, il ne s’agit ni d’avoir froid ; ni d’avoir trop chaud.

Avec Emilie nous nous envoyons moulte message pour tenter d’analyser ensemble la situation et essayer de savoir quoi mettre. Et bien entendu à chaque message on change d’avis comme de teeshirt… Du long en haut ; non du court ; une couche ; non deux, et puis non on rechange… Finalement ce sera short CeramiQ en bas, petit teeshirt fin Odlo + maillot manche longue Free Runners en haut et mon traditionnel bandana plié en bandeau de pirate sur la tête. Ainsi que ma ceinture Flipbelt dans laquelle je glisse des mouchoirs,
des tic-tacs à la menthe (en cas de maux de ventre) du sel pour les crampes et mon iPhone.
Mais surtout !!! je n’oublie pas de mettre du sparadrap sur mes tétons. Car il n’y a pas pire que le frottement d’un teeshirt pour terminer en sang !

Au final, à 8H15 je n’étais toujours pas prêts… Et Emilie venait de m’envoyer un texto pour me dire « on arrive ». Euhhh on avait dit 8H30… LA préparation du matériel sur une course c’est sacré et me voilà donc un peu bousculé.
Pire, au moment d’enfiler mon short je constate qu’il y a à l’intérieur comme une grosse chiure d’oiseau juste au niveau de l’entrejambe. Et merde ; je suis bon pour me lancer dans une lessive d’urgence pour tenter d’enlever cela. Pas question d’être gêné par un truc qui frotte pendant 42,195 km. Heureusement, en lavant la partie souillée je m’aperçois qu’il ne s’agit que des résidus d’une capsule soluble de lessive qui n’a pas fondu. Ça s’enlève facilement mais je devrais démarrer la course avec les couilles mouillées !

Enfin, je retrouve Emilie devant l’entrée de l’hôtel, elle m’attend depuis 5 minutes, Fred n’est pas là, il a oublié sa montre GPS et est reparti la chercher.
Elle a opté pour un teeshirt manche courte jaune fluo, une seule couche. Pas frileuse la vosgienne, faut dire aussi qu’elle cavale bien plus vite que moi aussi.
Nous voilà donc parti à la consigne des sacs pour retrouver ma soeur et rejoindre ensuite la ligne de départ.

On se souhaite bonne course et chacun va rejoindre ses SAS respectifs. Avec ma licence j’ai le « droit » d’être à l’avant post, ce qui me permet de retrouver mon pote de lycée Alexis (qui terminera en 3H10, quel athlète, dire qu’à l’époque on avait fait de bonnes soirées arrosées !) Son épouse Christelle est là également, mais en tant que supportrice, elle vient de retrouver ma soeur, et nous font des coucous derrière la grille.
Le speaker annonce : départ dans 2 minutes ! Purée j’ai déjà chaud… Trop ?... Oui trop, je prends donc la décision de retirer la première couche. Striptease vite fait pour me mettre à l’aise, je lance le teeshirt à ma soeur, remets le haut, rattache la montre mais je n’arrive pas à remettre le bracelet, les ballons sont lâchés, le compte à rebours lancé… Chaud chaud chaud, Pan ! coup de pistolet, heureusement je suis prêt. C’est parti.

Houlà, ça part vite 5’35’’/km, c’est bien trop rapide, il faut vitre ralentir sous peine de le payer très cher les 10 derniers km. Je me reconcentre sur ma course et compte appliquer à la lettre la stratégie suivante :
Les 3 premiers kilomètres en 6’00 – 6’10 puis ensuite se caler entre 5’45- 5’50, jusqu’à ce que j’en puisse plus. Ensuite ce sera au mental.

Il faut se méfier le parcours n’est pas roulant, il est casse pattes avec des petites bosses et des faux plats. Certaines portions sont même exposées en plein vent. Donc prudence.
Au niveau des ravitos, je m’arrêterais quelques secondes à chacun d’eux pour prendre deux sucres et boire une bouteille de 33cl. Ces secondes d’arrêts, c’est comme si on mettait à chaque fois une petite poignée de sable dans le sablier, pour faire reculer le plus possible l’arrivée du mur.

Tout se passe bien les 10 premiers km. Je décide tout de même de manger un peu de sel au ravito dans le but de prévenir l’apparition de crampes. J’espère que cela va fonctionner, je n’ai testé qu’en curatif, ça m’a sauvé à deux reprises. En préventif j’innove.

J’arrive enfin à courir dans ma « bulle » à tel point que je ne vois plus grand-chose autour de moi, mais je suis protégé de toutes pensées négatives, je suis 100% concentré sur ma course.
J’attends le moment sur le parcours où je rêverais ma soeur, la pauvre doit surement galérer pour circuler et se trouver une place.

C’est à mi-parcours, à Fleury que je l’apercevrais, juste après la zone relais. Le temps d’une tape dans la main je lui dis que ça va, je n’entends rien de ce qu’elle me dit (la bulle est épaisse)
Arrive le 21ème, je pense à mon papa, lui qui s’était entrainé à l’époque pour faire un semi et qui suite à une tendinite n’en a finalement jamais fait un. Il s’est bien rattrapé dans une autre discipline : le vélo. Moi j’en fait aussi, mais sans selle. Tout va toujours bien, je ne suis pas trop attaqué, juste un peu déçu du chrono, car il indique à ce moment-là 2H12, je me dis que c’est râpé pour boucler le marathon en 4H15 et que ça va être compliquer en 4H30. Tant pis, après tout ce sera toujours mieux que mon chrono de l’an passé en 5H08, mais faut-il encore arriver au bout…

Je repense alors au conseil de course de Gaëtan : jusqu’au 27ème ensuite la cabessa, un marathon c’est 27 km puis 15 X 1km !
En attendant me voilà devant le panneau du 23ème km, distance maudite pour moi au marathon de Paris, j’avais pris la foudre à ce moment-là de la course (insolation) Cette fois-ci tout va bien, le Croc a encore fière allure.

La ligne bleue (le parcours est tracé par une bande de peinture sur la chaussée) traverse Cuvry, c’est là que l’an passé j’avais eu la très grande joie de voir venir à ma rencontre mon ami Croucrou. Il m’avait accompagné jusqu’après la base aérienne (BA-128) ça m’avait bien boosté, car l’animal sur son vélo avait mis pas mal d’animation en racontant des conneries sur les 10 km d’escorte. Cette année je ferais sans, il est parti dans les Vosges fêter l’anniversaire de sa belle-soeur Aurélie.

Le kilomètre 27 !!! nous y voilà, les jambes commencent à bien se gorger en acide lactique, elles deviennent moins souples et endolories. Je repense alors à la « Cabessa » … Ce mot va tourner en boucle tel un mantra sur une bonne partie du reste du parcours.

Entre le 29ème et le 30ème juste avant le faux plat qui mène à Augny, je fais mes premiers pas en marchant pour récupérer un peu car la douleur est vive au niveau des jambes et du bas du dos. La cabessa, la cabessa, la cabessa !!!… J’arrive à relancer. Il faut atteindre le ravito des 30 pour essayer de me retaper un peu la cerise (en mangeant une banane !) une petite voix me dit : t’as qu’à abandonner… Ah non ! Pas question, on m’attend à l’arrivée
et ma petite femme me suit depuis Strasbourg sur sa tablette numérique, jusqu’au bout maintenant, La cabessa, la cabessa, la cabessa !!!

Le ravito des 30 est enfin là, je bois et mange un bout de banane. L’eau et le sucre commencent sérieusement à m’écoeurer. Je ne m’attarde pas trop, je relance, je double pas mal d’éclopés qui sont déjà bien dans le dur. Les cotes de la BA-128 vont être bien raides.

Effectivement je souffre énormément en longeant mon ancienne base aérienne, j’essaie de me booster en m’y rappelant tous les bons moments passés avec mes amis.
Un coureur me double en m’encourageant, je décide de le suivre, le pauvre craquera à son tour 2 km plus loin, c’est cruel un marathon.

Me voilà passant devant l’entrée de la base, juste à ce moment-là, le meneur d’allure des 4H30 accompagné de deux coureuses me passe devant… Gros coup au moral, il faut que j’embraie avec eu, et là, pas moyen, je n’arrive pas à aller plus vite, je suis comme collé, englué dans le bitume. Le mur est bien là et il reste encore 9 km. Je me raccroche au souvenir de la SDSA22950 (mon unité de défense sol-air) en repensant au SchmittF dans sa 104, la roulée au bec, écoutant Daft Punk « Arround the world » à fond la caisse. Cette vision m’amuse beaucoup, j’esquisse un sourire, ça redonne un peu de jus.
J’alterne maintenant entre marche rapide et course à pied en fonction du relief. Mais globalement je cours plus que je ne marche, c’est un énorme progrès par rapport aux deux autres marathons.

Le ravito des 35 est là, avec encore une zone relais, font bien les fiérots ceux qui me double comme des fusées, on ne lutte pas à armes égales. Deux sucres ; de l’eau ; et c’est reparti, mais c’est toujours aussi écoeurant, cette fois ci j’emmène la bouteille avec moi.

Les « flocs flocs » de l’eau rythme mes lourdes foulés, la zone artisanale de Montigny est d’un ennui mortel, j’aurai tellement besoin d’encouragement à ce moment-là…
J’arrive au niveau de la piscine, un coureur me dit, il ne reste plus « que » 5 km. Oui, mais à ce stade de la course, c’est court et long à la fois 5km. Heureusement le parcours commence à descendre, ça devrait plutôt être une bonne nouvelle (en temps normal), seulement ça fait encore plus mal que de courir dans une montée, l’acide porte bien son nom, ça brule, ça pique, ça attaque mes jambes.

Voici enfin les bords de la Moselle, c’est une grand ligne droite interminable du 39 au 41 ème km ; où je double des coureurs qui me redoublent à leur tour dès que je marche un peu pour soulager les douleurs. On est tous dans la même galère (sauf les relayeurs, Grrrr ) Je me demande si Fred et Emilie s’en sont bien sortis.

41 ! Plus que cette satanée côte à monter, pourvu que je n’attrape pas de crampe dans cette partie, pourvu que je ne tourne pas de l’oeil comme j’en ai déjà vu faire à 300m de l’arrivée à Paris. Prudence, on va marcher et assurer le coup.
Reste 900 m, le soleil perce pour la première fois de la journée (l’an passé j’avais eu droit à des trombes d’eau) je déroule ma foulé, je rattrape du monde, je profite, je savoure, mon coeur est joyeux, je pense à ma famille, surtout à ma petite femme qui lutte depuis un an et demi, je sais que j’ai réussi.

J’entre sur l’aire d’arrivée, je lève les bras et j’aperçois ma soeur, Camille, Sandrine et Manon et qui crient « Rainrain ! Rainrain ! » Je franchis la ligne en brayant « yes ! » ponctué d’un bras rageur. 4 heures 45 minutes et 5 secondes !
Une gentille mamie accroche la médaille à mon coup, me drape d’une couverture de survie, me propose de m’assoir et m’apporte de l’eau. Chapeau à tous les bénévoles, Metz sait accueillir ses marathoniens.

Le temps de retrouver mes esprits, de prendre une banane et un carré de chocolat au ravito des héros du jour, je file rejoindre mes fidèles supportrices.

Merci à tous ceux qui m’ont soutenu dans cette aventure (famille, amis, Run Go Fit,Free Runners)

Voici ce que je retiendrais de ce 3 -ème marathon.

Les points négatifs :
- Mur trop tôt
- Chrono pas au rendez-vous
- Mode zombie par moment et tête qui tourne
- Manque de puissance dans les montées
- Les relais qui te doublent
- Doublé au 30 par le meneur des 4H30, juste devant la BA128
- Pas de Croucrou
- Pas de Valérie

Et les points positifs :
- La bonne gestion des ravitos
- Record battu de 23 minutes par rapport à l’an dernier
- La « Cabessa » (merci Getget)
- Pas de crampes
- Pas de blessures
- Moins de parties marchées
- Une bulle dense et épaisse (à la Magic Margi)
- Un plan d’entrainement ludique avec l’Elliptigo
- Une meilleure récupération (que 3 jours de courbature) sans problème articulaire
- La sympathie des bénévoles
- La présence des Daouts (4H23 pour Fred et 3H45 pour Emilie)
- Ma petite sœur sur le parcours, avant et après
- Avoir revu la Jeanette,Christelle et Belkhir
- L’arrivée avec la surprise de Camille, Sandrine et Manon
- Les groupes de musique pour la pluspart Rock (mention spéciale à Gigi Animation et son medley Patrick Sebastien ! )

Je suis globalement très satisfait de cette course, ça reste à ce jour la plus aboutie.

Suite des aventures le 9 avril pour le Marathon de Paris !

« La juste souffrance pour la meilleure performance » – Crocodile 2015

2 commentaires

Commentaire de freddo90 posté le 20-10-2017 à 00:08:14

Bravo pour le record battu... Et ça s'écrit cabeza ;-)

Commentaire de crocodile posté le 21-10-2017 à 22:28:20

Merci Freddo. Je prends note de la cabeza ;-)

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