Communauté des sports d'endurance

Swiss Iron trail 28 juillet 2017 

215km - 11500d+

Récit de course… à l’instar de plusieurs amis auparavant, je m’essaie à un petit récit de course ( c'est mon premier, soyez indugents ! ;-) ) qui me permettra de garder un souvenir plus précis de ce fabuleux we, et d’essayer de partager les émotions ressenties tout au long de ce périple…

Novembre 2016 : Olivier alias Couss, Benoît alias Ben et moi ( Quentin ), on avait formé une super équipe lors de la TDS en août. L’idée de repartir ensemble semblait naturelle…

Et si on faisait un peu plus que l’UTMB et ses 170km 10000d+ parcourus en 2015… ??  ;-) Le choix se porte assez vite sur le Swiss Iron trail à Davos… 215 km et 11500 d+ pour Couss et moi, le 133km 7000d+ pour Ben ( son parcours consiste en fait à partir de St Moritz et de rallier Davos par le même chemin que nos 133 derniers km. )

La date fin juillet nous laissera un peu moins de temps de préparation… mais nos dames seront heureuses de nous avoir plus « paisibles » tout le mois d’août !  ;-) On dit merci qui mesdames ??  ;-)

La préparation à partir de janvier, ce sera : 
* les entrainements de groupe du mercredi Chez Pascal  ( parce qu’être en groupe et passer du bon temps avec des amis, c’est plus motivant, surtout l’hiver quand il fait mauvais ). 
* Les acrhos ( challenge de courses sur route dans la région de Tournai en Belgique ) à bon rythme ( toutes proportions gardées car je ne suis pas ce qu’on peut appeler un « rapide » ! ) 
* Quelques trails entre 20km et 30km ( trail de l’ourthe, trail des hérissons, trail du Mont Saint Aubert, Urban trail, trail des senses, enfer des collines, transcollines et trail du caroux ) 
* On rajoute à ça quelques séances spécifiques dénivelés dans la montée des pèlerins au Mont saint Aubert ( record personnel à 30 montées/descentes… bon pour le mental !  ;-) ) C'est plat chez moi... Donc faut faire le hamster dans une petite côte de 65d+ pour essayer d'accumuler quelques mètres de dénivelé !
* Quelques blocs de charge plus conséquents comme l’ultra de Barcelone ( magnifique ! ) fin mars ( 103km 4700d+ en 15h10 ) ,le trail des lacs et châteaux fin mai ( 64km 1800d+ 9h15 sous la canicule ) et le trail de Samoens mi-juin ( arrêt au km 50 et 3500d+ en 10h30 sur les 85 prévus au départ, pour se préserver à 6 semaines de l’objectif )
* la préparation des pieds ( surtout la plante devant ) les 3 dernières semaines ! Très important pour moi qui ai une peau de bébé !  ;-)Application tous les jours de produit tannant vétérinaire pour coussinets de chien ( Randopatt ) … véridique… ca marche du tonnerre !  ;-) et Crème anti frottements Nok pour assouplir la peau ( devenue plus épaisse grâce au randopatt ). Cette partie de la préparation n’a l’air de rien… mais une bête ampoule, qui forcément s’aggravera avec les km… ça peut vous ruiner le we… 
* De la récup les 15 derniers jours où je ne fais pratiquement plus rien… car la fraicheur est une des clés ! Sur ce genre d’épreuve, s’entrainer trop tard, ce n’est pas récupérer le temps perdu…, c’est se mettre une balle dans le pied !

Nous voilà donc partis vers la Suisse non pas à 3 mais à 4 car Nicolas (alias Nico) a accepté de nous accompagner afin de faire notre assistance. C’est la première fois qu’on a un assistant sur une course. Son rôle : aller de point de ravitaillement en point de ravitaillement avec la voiture, nous donner un soutien logistique ( vêtements de rechange, pharmacie, nourriture autres que celle des ravitos officiels, etc ) et aussi psychologique ! Et cette aide va s’avérer très précieuse !

Vendredi 28 juillet, 3h15 du mat. La nuit a été courte… Nico nous conduit au départ situé sur la piste d’athlé de Davos. Il pleut légèrement mais les prévisions pour le we sont bonnes ! Nous sommes assez relax malgré tout… Les dés sont jetés, reste à profiter du voyage !  ;-)

KM 0 : 4h du Mat, départ ! On est 115 inscrits sur cette Course… Ca change des 2600 de l’UTMB… ! Mais surtout ça veut dire qu’on sera souvent seuls. Personnellement, ça ne me dérange pas trop. J’aime assez être dans ma bulle, penser, à tout, à rien, aux choses importantes… ca fait partie du trip. Le peloton part vite ! On trottine à bonne allure et on est quand même dans le dernier quart ! La première côte arrive, Couss marche, je fais de même. Une longue montée régulière , d’abord sur un chemin 4x4 puis sur un sentier single pas trop technique, qui nous fera passer de 1500m d’altitude à 2600m. Le soleil se lève, c’est magnifique ! La Suisse en général d’ailleurs, c’est superbe ! Paysages grandioses, un urbanisme cohérent, tout est hyper propre et moderne, ça respire la qualité de vie ici !  ;-) Arrivée au sommet , première petite descente facile, 400d- puis remontée directe à 2620 pour le premier ravito à Keschhütte ( refuge en pleine montagne, impossible pour Nico de venir ici en bagnole, il nous attendra au suivant ). On croise des marmottes, elles sont à peine à 10 mètres de nous, elles nous regardent passer en sifflant. On a presque l’impression qu’elles sont apprivoisées ( mais je n'en ai vu aucune emballer du chocolat !  ;-) )

KM 28 ravito de Keschhütte, Couss et moi, on est toujours ensemble, on a plus ou moins le même rythme ( lui un peu plus rapide en montée, moi en descente ). On ne s’attarde pas, un peu de boisson, un morceau de banane et on repart pour une très longue descente de 12km. Chemin très technique, on avance pas très vite pour éviter la chute. La fin de la descente est plus douce, on avance bien, on peut courir en essayant d’économiser les cuisses. Arrivée en bas, petite remontée de 250d+ et nous voilà au premier point de contrôle à NAZ.

KM 45 ravito de NAZ, 7h03 de course… quoi ??? 7h03 pour 45 bornes en montagne ?? 7km/h de moyenne ?? c’est pas un peu rapide ?? on est pointé 57ème, c’est-à-dire milieu de classement… de là 3 possibilités :

1/ Suis parti trop vite et je vais le payer cash plus tard !

2/ Suis parti trop vite et je vais le payer cash plus tard !

3/ Suis parti trop vite et je vais le payer cash plus tard !  ;-) 

On verra laquelle de ces trois possibilités se vérifiera…  ;-)Bref, Nico et Ben sont là ( départ de Ben à 22h le 29 juillet donc il nous suit avec Nico avant ), ils sont au petits soins ! Tel un team de formule 1 !  ;-) en Fait non… on prend le temps… un coca, un biscuit, je change de chaussettes, je remets un peu de crème sur les pieds, et c’est reparti ! Une belle montée de 750 mètres, sur un superbe sentier, assez raide, mais les paysages sont magnifiques et les km passent… la fatigue pointe le bout de son nez mais globalement, à ce moment, on est encore tous les 2 très bien. Arrivée au sommet à 2500m et grosse descente très raide sur 3km ! De la grosse caillasse et des gros blocs ! Ca pique les cuisses ! Prudence ! il ne s’agit pas de chuter maintenant ! On continue avec une portion assez plate, on relance, on trottine quand on peut, belle allure, les km défilent, tous les voyants sont aux vert ! Ca roule et pourvu que ça dure !

KM 65 checkpoint de SAMEDAN, 2900 d+ avalés, presque 11h que nous sommes partis. On est aux alentours de la 50 ème place. La moyenne a chutée à cause de la très grosse montée et aussi la descente tellement casse gueule qu’il ne valait mieux pas essayer de courir ! Il est 15h, il fait chaud dans la vallée. Nico et Ben sont fidèles au rdv, on se fait chouchouter ( ils vont nous chercher des pâtes, remplissent nos bidons, etc… ) Quelle équipe ! On s’hydrate bien, on regarde le profil… on est pas encore au tiers et les gros morceaux arrivent seulement. Mais nous sommes confiants car on a 3h d’avance sur la barrière horaire éliminatoire. Ca nous laisse de la marge pour gérer pendant la nuit plus tard ou en cas de coup de mou ( qui arrivera c’est sûr ! ) Je consulte un peu mon tel, wouaw ! Que de messages d’encouragements ! ca booste ! J’étains mon téléphone pour préserver la batterie, question de sécurité si j’en ai besoin pour une urgence !

MAMAN si tu lis ce message, tu vois, je suis prudent !!!  ;-)  ;-)

Même pas 10 minutes de pause et je repars un peu avant Couss, il me rattrapera dans la montée suivante. 2km de plat, je ne cours pas, je digère un peu le ravito, puis belle ascension de 700d+, petite descente de 150d- puis remontée directe de 400d+ pour arriver à 2650 mètres. C’est beau !!! Vue sur la vallée, les lacs, les glaciers… ça fait partie du plaisir qu’on a d’être là. Couss ne m’a pas rattrapé mais n’est pas loin. J’entame la descente ( 800d-) , je croise Nico venu à pieds à ma rencontre. On fait les 300 derniers d- ensemble en parlant pour arriver à Pontresina

KM 78 Ravito de Pontresina, 14h30 de course. 40ème place. On gagne des places et pourtant on a quasiment pas doublé… il y a sans doute déjà eu des abandons… La fatigue est bien présente. Je commence à être nauséeux… ce n’est pas bon signe. Je me force à manger un peu mais sans envie… Nico et Ben m’encouragent, Couss arrive 5 minutes après. On discute un peu, je repars lentement… mais avec un petit objectif qui est de passer le sommet suivant avant la tombée de la nuit pour aborder la descente encore de jour… mais j’ai du mal à m’alimenter… plus possible pour l’instant de trottiner sur les portions roulantes… j’ai l’expérience, je sais que ça va passer… je marche, j’avance, pas vite mais j’avance… pilote automatique ! On passe de 1800m à 2750m sur un chemin rocailleux à souhait pour le point culminant de la course. La nuit tombe juste avant que j’arrive au sommet… merde… je mets la frontale, je vais devoir descendre de nuit…
KM 92 au sommet, ravito de Murtel, c’est désert, quasi personne ( 2 ou 3 zombies… ), un vrai mouroir… faut pas trainer là, c’est pas bon pour le moral ! La descente qui suit, je la fais cool, pas envie de prendre des risques de nuit pour gagner 10 minutes...

MAMAN si tu lis à nouveau, tu vois, je suis prudent ! 2ème fois !!!  ;-)

Les 4 derniers km avant le ravito sont plats le long d’un lac. Je me fais doubler par tous les premiers du 133km qui foncent comme des malades ! Des machines ! Même pas la peine d’essayer de suivre !

KM 106 ravito de Maloja 21h15 de course ( on est samedi 1h15 du mat j’ai 6h d’avance sur la barrière, génial ! ). J’ai mis quasi 7h pour effectuer les 28 derniers km, 4km/h sur cette portion, je limite la casse mais j’arrive dans un sale état… Nico est là ( entretemps il a déposé Ben à son départ à St Moritz ), lui non plus ne dormira pas beaucoup sur le WE avec tous les trajets à faire sur les routes de montagne pour aller d’un point à l’autre… Ca fait un petit temps que je n’ai pas vu Couss mais il n’est pas loin derrière. Ma puce gps déconne et en fait les amis qui me suivent sur le net me pensent en train de faire la perf de ma vie… car pointé 5ème de la course à ce moment… on comprendra plus tard que c’était un autre gars ( bien plus fort ) qui avait mon traceur ! on signale ce problème à l’organisation et ce sera réglé ( seulement ) quelques heures plus tard… Suis donc pas 5ème mais 37 ème à ce moment là… je vous dis ça parce que j’ai les statistiques devant moi en écrivant ce récit… mais sur le moment même et pendant toute la durée de la course, je m’en fous… le but, c’est finir dans les délais, même dernier, rien à cirer !  ;-) Je décide de faire ma première micro sieste de 20 minutes ( physiquement, on ne récupère rien sur 20 min, mais mentalement, ce petit « reset » permet au cerveau de retrouver de la lucidité et un semblant de fraicheur ! ) Je demande à Nico de me réveiller, C’est super de pouvoir compter là-dessus ! je m’allonge dans l’auto ( c’est plus confortable que assis le tête dans les bras ! ) Endormissement quasi instantané ! Nico me réveille… Quoi ? Déjà ? j’ai l’impression que ca a duré 20 secondes !! Je change de chaussettes, je rechausse les baskets. Je croise Couss, il n’est pas mieux que moi mais lui, c’est son genou qui l’inquiète. Ca sent pas bon malheureusement… il décide de dormir aussi un peu, puis il repartira . De mon coté, les nausées sont de plus en plus présentes… plus moyen de m’alimenter correctement…

MAMAN, tu passes ce passage et tu vas au km 148 directement, Merci !

La portion suivante est un calvaire… Vous vous souvenez des 3 possibilités suite au départ rapide ??? Il est temps de passer à la caisse et ça va coûter cher ! Toujours vivant, toujours debout… mais PLUS la banane ! Et comme Renaud… je titube… il fait encore nuit, je lutte… je vomis tous les 200 mètres mais j’ai plus rien dans l’estomac… je me force à au moins boire par petite quantité toutes les 10 minutes pour ne pas me déshydrater… Mais je n’ai plus de jus, plus d’essence dans le moteur… On le sait que le système digestif est mis à rude épreuve sur ce genre d’effort… surtout avec l’altitude… Beaucoup de coureurs connaissent ces problèmes gastriques sur du long… faut faire avec… réduire l’allure et le cardio pour soulager l’estomac qui a besoin d’afflux sanguins pour se remettre… C’est là que la traditionnelle discussion entre le petit démon et le petit ange s’installe… c’est véridique, ce dialogue intérieur, je le vis souvent ! 
Petit démon : « C’est foutu, t’as plus de jus, arrête ! Tu te rends compte, t’es même pas à la moitié du parcours… pfff ! Pas possible de finir ! »
Petit ange : « T’as déjà vécu ça sur l’Utmb et sur d’autres trails ! Ca va passer ! Prends le temps, t’as de l’avance sur la barrière, pas de stress ! »
Le petit ange gagne ! je continue tant bien que mal, j’avance doucement, je pense aux copains qui suivent sur internet, à la famille, à ceux qui n’ont pas la chance que j’ai d’être là, je suis un privilégié… faut en profiter ! 2 grosses montées dégueulasses 800d+ et 450 d+ ( en fait pas tellement mais vu mon état elle me paraissent comme ça ! ) une descente encore pire… pour couronner le tout, je me perds… j’ai dû louper une balise… ( faut dire que honnêtement le balisage était vraiment léger et on hésite très souvent surtout avec la fatigue.. ) Je jardine pour retrouver ma route, quelques centaines de mètres en plus, pff !!! fais chier ! ( y’en a un peu plus, je vous le mets ? ) Ben oui, pourquoi pas ! LA suite est très floue et franchement , j’ai des trous de mémoire… pas grand souvenir de cette partie... mais j’ai un souvenir très précis : J’allume mon tél, message d’encouragement de ma fille qui est en Australie ! Incroyable, elle est à 20000 bornes et je reçois ça ! C’est un signe ! Ca me booste ! Aux forceps je gagne le ravito suivant !

KM 126 Bivio 28h10 de course, 7h pour faire 20 bornes !!! NUL ! Et pourtant 34ème Je gagne 3 places sur cette portion… sans avoir doublé qui que ce soit… depuis le départ je suis seul quasi tout le temps sur le parcours ! Nico est là, Il m’encourage, il dit que je suis bien ( menteur !!!!!! ) , il reste positif ! C’est un sportif lui-même, il sait ce qu’il faut dire et pas dire ! j’essaie de manger un peu, sans goût, une patate du ravito officiel… ( elle fera un aller-retour même pas 10 minutes après… ) Ben est là aussi, il est dans sa course 133 ( devant moi ) mais pas bien non plus, grosse déshydratation… il dort dans l’auto… on se motive, on se dit qu’on va repartir ensemble. On repart ensemble ! C’est bien ! Nico a eu des nouvelles de Couss, son genou empire, ca va pas… merde…
Le secteur suivant ne semble pas trop compliqué… mais c’est toujours la galère avec mon estomac…
Petit démon : « tu vois, ça ne passe pas, pourquoi tu forces, t’as rien à gagner, personne va t’en vouloir si t’arrêtes ! T’as plus rien dans le sac ! C’est mort ! Il reste 90 bornes et 4000 d+, plus possible ! »
Petit ange : « rien n’est perdu, t’avances pas vite, certes, mais t’avances ! Et tu as 7h d’avance sur la barrière ! Au pire, au prochain checkpoint, tu peux te permettre de dormir 3 ou 4h ! Ne lâche rien ! »
Petit ange gagne, 2-0 dans les dents !

Km 148 Savognin, 34h40 de course, 6h30 d’avance sur la barrière horaire, 31 ème au classement… incroyable… je me dis vraiment que beaucoup de gens ont du arrêter… je rêvais d’une glace quelques km avant ce ravito… tiens ??? L’appétit revient ??? J’appelle Nico… un mot, un geste, Nico fait le reste ! A peine arrivé, j’ai un frisko dans les mains ! Quel bonheur cet assistant ! Je n’en fais qu’une bouchée ! Je tente même quelques pâtes sauce tomates et un biscuit ! Je remplis ma poche à eau… Couss est là, il a abandonné au ravito précédent, Nico l’a amené voir un médecin… épanchement de synovie… pas possible de continuer… Ben aussi est là… toujours très mal et aussi déshydraté qu’avant… il urine marron foncé ! Il ne prendra pas le risque de continuer… c’est plus sage ! Parmi les copains, je me retrouve donc seul en course et ça me fait chier ! Pas cool ! Je me dirige vers le gymnase où sont installés quelques matelas. 20 minutes de sommeil ! 
Je repars plein d’énergie ! Ca va mieux ! Il reste 66 km et 3650 d+ ! Le mental est au top !
Petit ange : « je te l’avais dit »
Petit démon : « ……. »
Sur cette portion, je vole ! Enfin, soyons raisonnable… 5h40 pour 24 km,  ;-)

KM 172 Ravito de Lenzerheide, 41h20 de course, toujours 31ème et toujours une belle marge sur la barrière. Les pieds chauffent mais ça tient le coup ! Pas d’ampoule ! Miraculeux ce Randopapatte  ;-) ! Nico m’attend à l’entrée du village,il a été reconduire Ben et Couss à l’appart, je lui dis que je vais encore faire une 3ème sieste de 20 min ( ce sera la dernière ). Je me ravitaille en eau, je mange un peu, L’estomac redevient fragile… je le sens… je ne dois pas exagérer… ce sera quelques petits morceaux de biscuits par ci par là… Je regarde de nouveau mon téléphone, il y a des dizaines de messages… je ne sais pas tout lire… ca fait chaud au cœur, ca donne un boost pas possible ! Je repars dans le début de la nuit et l’orage gronde ! Il pleut ! Ca tonne ! Mais l’orage s’éloigne, ouf ! Du bol ! Mais c’est de nouveau le coup de mou… je n’en peux plus, je pourrais dormir comme une masse !  ;-) De nouveau en grosse galère… c’est ça l’ultra, une alternance de passage bien et nettement moins bien… faut que ca passe… continuer à avancer… AU MENTAL ! 2 grosses ascensions juste 2500 et 2650 mètres, la dernière droit dans la pente d’une piste de ski !!! Je fais du 2 ! D’où l’expression…  ;-) 22km vraiment très dur pour moi dans la nuit avec une nouvelle perte de balise… encore un détour…. 2ème jardinage pour retrouver mon chemin, je ne suis plus lucide… J’en ai marre !!
Petit démon : « allez c’est bon, t’as déjà battu ton ancien record ! tu peux arrêter, t’es au bout là ! physiquement et mentalement ! »
Petit ange : « ta gueule ! »
Oui le petit ange sait être vulgaire… 3-0 !!! Jeu-set-Match !

KM194 ravito d’Aroza, presque 49h que j’ai quitté Davos ! Je suis 27ème… Il faut boucler la boucle !!!!! Maintenant, c’est la dernière ligne droite ! Je retrouve du peps, j’envoie quelques messages aux amis ! Ca sent l’écurie ! Plus envie de dormir ! Ravito express genre 5 minutes… désolé Nico, tu t’es tapé 3h de route de montagne pour me voir passer 5 min et suis passé en coup de vent… mais là faut que je file ! Ca a assez duré cette histoire ! Reste 20 bornes… une grosse difficulté que j’avale avec peine mais avec tellement de moral que ça m’a paru aller vite ! Dernière descente… reste 5km…On pense à ceux de notre entourage qui n’ont pas la chance d’être en bonne santé… qui luttent contre cette saloperie de maladie….puis 4km …puis 3… je Braie !!! Je pense à mes amis partis trop tôt… j’ai toujours leurs photos dans mon sac à dos sur mes ultras trails! Je sors ces images du sac et je les regarde… je pointe le ciel, elle est pour vous celle là les mecs !!!!! Reste 1km ! J’appelle Eglantine… Séquence émotion… 
Benoit est quelques centaines de mètres avant l’arrivée, il court avec moi… à ce moment j’aurais pu courir à 15 à l’heure tellement j’étais bien ! Nico fait les photos, Couss acclame ! Merci les copains ! Et merci à tous d'avoir suivi ! franchement, sentir le soutien derrière ,ça aide ! Et un dernier merci en particulier à Nico, t'as géré comme pas possible cette assistance ! Génial !
La ligne est franchie… putain c’est bon !

C’est pour moi la quintessence du sport et des émotions que ça peut engendrer… il n’ y a vraiment que dans le très long que l’on peut aller chercher ça, si loin… beaucoup me demandent pourquoi je cours… une bonne partie de la réponse est là…

Km 215 , 11500d+, 11500d-, 54h40, 27eme ( 45 arrivants seulement sur les 115 partants ) C’est fini. Est-ce que je recommencerai ? … pas demain…