L'auteur : jedaf
La course : Trail du Cassoulet - 21 km
Date : 2/10/2016
Lieu : Verfeil (Haute-Garonne)
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Distance : 21km
Objectif : Terminer
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Le trail du Cassoulet (2 octobre 2016)
Ou la satisfaction de dépasser les Shtroumpfs et la frustration de se faire gratter par les mousquetaires.
Il est 9 heures 30 quand nous partons à près de 400 pour un trail champêtre et convivial de 22 km à travers la belle campagne verfeilloise.
Déjà en arrivant vers huit heures pour retirer mon dossard et celui de mon fils qui m’aide à transporter mon déambulateur et avec qui j’aime beaucoup partager ces moments, je suis dans l’ambiance.
Quand on s’inscrit, il est de tradition de recevoir quelques cadeaux (tee shirt, objets publicitaires). Ici, après avoir reçu mon dossard équipé de sa puce, on me remet une terrine et une boîte de cassoulet. Les calories contenues dans cette conserve compenseront largement celles que je perdrai dans les heures qui viennent, cela s’appelle la loi de la conservation de l’énergie. Il faut signaler aussi que tout coureur effectuant le trajet déguisé reçoit une bouteille de vin de Fronton.
Et la course ?
C’est parti après les consignes d’usage. Je pense que les organisateurs pourraient ajouter l’interdiction de jeter les emballages vides, cela fait partie du respect de l’environnement si cher aux adeptes du trail.
Nous quittons En Solomiac et grimpons vers la cité qui domine la région. Nous entrons dans le village proprement dit, typique avec ses ruelles moyenâgeuses sous les flonflons d’un orchestre puis nous plongeons à travers champs. Le parcours est composé d’une majorité de chemins et de passages ménagés dans les champs agricoles actuellement libérés de leurs cultures en attente des semis d’hiver, de chemins forestiers et de sentes tracées par les organiseurs à travers bois.
Le temps est très sec depuis de nombreuses semaines ce qui rend le parcours très confortables. Un temps pluvieux sur ces terres très argileuses auraient rendu ce trail très compliqué. Je n’ai jamais fait ce genre de parcours sur 21 km. Je connais cette distance sur route. J’ai fait quelques trails de 10 à 13 km mais je ne sais pas me caler sur un groupe sur cette distance. Ce sera une initiation.
Je décide de partir tranquillement surtout de ne pas me laisser entraîner par l’effet peloton.
Quand on court seul on adopte un rythme typique (on pourrait dire routinier) mais quand on s’intègre à un groupe on a tendance à adopter le rythme du groupe et celui-ci s’il est plus élevé que le vôtre vous conduit en zone rouge et à l’effet contraire à celui recherché. En vérité je m’apercevrai après coup que je me suis sous estimé.
Le dénivelé du parcours est très faible (400 mètres) et les quelques raidillons que nous rencontrons ne présentent pas de réelle difficulté. La marche ne s’impose quasiment jamais. Le rythme de la course est plus élevé que ce à quoi je m’attendais. J’en étais resté, à mon faible niveau, à la ronde forestière de Brassac où les chemins étaient autrement plus pentus.
Jusqu’au kilomètre 6 la course se déroule paisiblement. Je suis un vieux diesel même si je pollue nettement moins et je m’échauffe lentement. Je me sens bien. Mon fils à mes côtés caracole filmant la course pour ensuite la diffuser sur le net. Je ne me formalise plus de le voir parcourir deux fois la distance que j’arpente avec peine. Quand on a fini le GRP on peut sereinement aborder le trail du cassoulet.
Au kilomètre 6 nous arrivons au lac du Laragou. Un premier ravito est proposé. Je choisis de ne pas m’arrêter. Vous savez les vieux diesels il est prudent de ne pas les arrêter quand ils tournent t à peu près rond. Et puis J’ai prévu dans mon sac à dos des barres chocolatées et de l’eau. J’ai oublié ma boîte de cassoulet et mon camping gaz.
Quelques badauds nous encouragent et nous passons sur la digue avant de grimper à travers champs en direction de Montpitol point culminant au kilomètre 8 où une autre pause eau nous attend.
Je me sens très bien. J’augmente ma vitesse. Une sorcière, son balai à la main, nous précède. Nous lui précisons que la voiture balai se doit d’être à la fin du convoi elle nous explique que tenant son balai à l’horizontale et non à la verticale la règle ne s’applique pas. Elle disparaît sans nous jeter un sort. Un clown nous double. Un nombre appréciable de trailers en tutu déroulent leurs entrechats. Une concurrente s’est concoctée une coiffure composée de deux longues nattes horizontales sans doute armées lui donnant une envergure bien supérieure à sa carrure. On peut se demander si à l’instar des personnages de BD égyptien elle devra courir de côté pour suivre les monotraces forestières. Je ne saurai vous répondre ceci ne l’a pas empêchée de disparaître à l’horizon nous laissant non déguisés et dépités. Que ne feraient tous ces beaux sportifs pour une bouteille de Fronton ?
Nous quittons Montpitol sur des sentiers descendants puis nous pénétrons vers le kilomètre 12 dans une partie boisée où un sentier monotrace a été aménagé. Il n’est pas très long et il suit le ruisseau venant du Laragou. Ici il est heureux que la terre ne soit pas gorgée d’eau sinon nous glisserions inexorablement dans le cours d’eau.
A la sortie du bois et après une montée en bordure de champ nous atteignons une route et replongeons dans les chemins en direction du parc du château de Bonrepos-Riquet. Là, nous mêlons nos pas à ceux des randonneurs. On se croirait dans une galerie marchande le jour où l’on débute les soldes.
Et le plaisir de doubler.
Depuis maintenant plus d’une heure que je vois disparaître à l’horizon des clowns, des ballerines en tutu, des sorcières en balai, des bagnards égarés, des travestis loufoques je peux enfin laisser derrière moi des participants à cette belle journée.
Vers le kilomètre 15 nous entrons dans le parc du château où Pierre-Paul Riquet a séjourné et conçu les prémices du canal du midi et où, sous forme de maquettes, il en a testé certains des aspects. Ce lieu est peu visité et c’est toujours un privilège que de s’y trouver.
Chose peu commune, le parcours balisé traverse une grande salle dans laquelle se trouve le dernier ravitaillement avant le retours vers Verfeil, c’est l’Orangerie du château. On y trouve des organisateurs en habits d’époque, une fanfare, celle qui nous a accompagnés lors de la traversée de Verfeil, des chevaux, un copieux buffet auquel je ne fais pas trop honneur de crainte que l’appétit aidant je ne me démotive avant l’ascension finale (80 m de dénivelé, c’est du sérieux).
Mon fils me dit de regarder ce coureur qui à grandes enjambées traverse le parc et plonge dans les bois. Courant le 32 km, parti 15 minutes avant nous il se permettra de boucler son parcours en 1 heure 36 en tête. D’autres coureurs du 32 km nous dépasseront avant l’arrivée.
Mon fils et moi posons pour un selfie avant de reprendre la course vers le point d’arrivée. Je me sens toujours bien, mieux que je l’aurais cru. Si j’avais connu mon classement à ce moment-là, j’aurais davantage puisé dans mes ressources pour regagner quelques places. La gestion de la course est tout une maîtrise que je n’ai pas ni pour le trail ni pour cette distance. J’apprendrai. Un jour où l’on n’apprend rien est un jour perdu.
A l’issue de la course et après visionnage des vidéos, vu mon état de fatigue à l’arrivée, je saurai qu’il convient de corriger la posture de course, d’allonger la foulée (faire de plus grandes enjambées permet de couvrir une plus grande distance sans fatigue supplémentaire ; parcourt-on 50 km en voiture en 1ère ? ) Je sais que je pourrai me permettre de lâcher davantage sans me mettre dans le rouge car j’étais encore frais à l’arrivée.
Le seul petit problème physique, outre quelques douleurs musculaires légères et normales dans les cuisses, c’est le heurt de l’orteil dans les chaussures en descente. Je ne sais comment le gérer mais la douleur occasionne à la longue une énorme baisse des performances dans les descentes. Cette douleur est inexistante sur le plat et dans les montées. Chaussure, laçage, chaussettes, position de course, greffe de nouveaux orteils ? A voir.
L’affluence se fait dans les 2 derniers kilomètres. L’encadrement est très sympathique. A chaque traversée de route un bénévole est là pour prodiguer des encouragements, pour préciser la distance à parcourir, la difficulté suivante et la proximité de l’arrivée.
Athos, Portos et Aramis (je n’ai pas vu d’Artagnan) nous saluent. Je me permets de doubler les Shtroumps. Enfin nous atteignons le point culminant au-delà duquel une descente de quelques centaines de mères nous propulse vers l’arrivée en passant sous la route départementale. Le passage sous l’arche gonflable du chronométreur est toujours un moment de grande joie. Je l’ai fait. J’ai envie de reculer pour repasser une nouvelle fois.
C’est vrai que le classement n’importe pas, que le plaisir est l’accomplissement de son objectif personnel mais quand même on guette sa position dans le groupe et l’on ne peut s’empêcher d’éprouver une haine farouche et amicale envers les coureurs qui ont eu l’outrecuidance d’arriver avant vous sans considération aucune envers votre exploit magnifique et votre grand âge et un soulagement non dissimulé au vu des coureurs qui n’ont pu vous précéder.
J’ai mis 2 heures 20 pour parcourir cette distance de 21 km et j’ai éprouvé un immense plaisir à le faire.
Je remercie les organisateurs surtout que je n’avais encore jamais dépassé les Shtroumps.
Il me reste à fêter ça devant une boîte de cassoulet mais sans bouteille de Fronton.
Un dernier mot aux organisateurs, s’il vous plaît l’année prochaine prévoyez deux préposés à la distribution des bières .
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