Récit de la course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - Solo 2016, par Vlag

L'auteur : Vlag

La course : Ultra Trail Côte d'Azur Mercantour - Solo

Date : 2/9/2016

Lieu : Nice (Alpes-Maritimes)

Affichage : 3140 vues

Distance : 145km

Objectif : Terminer

Partager :

Promenade niçoise

 La pratique de l ultra  est quelque chose d extraordinaire. Comme le disent beaucoup, chaque course est une tranche de vie,de part sa richesse en emotions ( Souffrance, joie, rencontres).

Tous les récits sont beaux même lorsque le coureur a abandonné car cet échec révèle une richesse de données qu on appelle expérience et qui nous permettront de surmonter l obstacle la course suivante.J ai toujours appris beaucoup de ces récits de course qui nous plongent dans l intimité du coureur.

A mon tour de prendre la plume pour vous relater cette magnifique course.

L avant course s est passée dans de bonnes conditions, malgré la distance qui sépare Nice et Amiens. Arrivé la veille par les airs, j avais la chance de pouvoir être hébergé au centre ville de Nice.Cela me permit de recuperer facilement mon dossard le matin et donc de faire une petit sieste avant le départ.

N ayant pas la chance d avoir ma famille avec moi ( semaine de la rentrée des classes) et ayant été lâché par deux potes,je le retrouvais seul pour la course,ce qui était une première pour moi sur ce genre de format ultra.

Ceci a pour conséquence d être obligé de penser à tout pour remplir son sac de délestage avec le stress d avoir oublié quelque chose et de ne pas laisser la possibilte d une adaptation en cas de problème d autant que ce sac d allègement est limité en contenance 

Devais je prendre des chaussures,du matériel ... Même la petite serviette pour la douche à Roquebiere me posait problème.

Apres avoir choper le tramway puis une navette qui m'amène à l'air St Michel, me voilà à quelques mètre de la ligne de départ.

Il est 16h 30 et il fait très chaud. Je cherche l ombre mais cela m oblige à sortir de la marée humaine qui patiente pendant les commentaires politicotechniques des organisateurs...

Coup de pétard, ça y est c'est parti pour la petit balade...d ailleurs ca commence comme une balade car ça bouchonne grave, pas possible de courir et ce quasiment jusqu au mont Chauve. Par contre quelle étuve 

j ai prévu de partir cool car j ai une fâcheuse  habitude de m enerver dès le début et de le payer rapidement.

l expérience des 3 derniers années avec Ut4m et l echappée belle m a permis de comprendre certaines problématiques de l ultra et j est axé mes courses cette année sur la gestion de course ( ou pacing) avec des départs calmes pour pouvoir finir bien et profiter...

j ai compris que le temps perdu au début est vite rentabilisé et le niveau de performance est meilleur avec surtout des fins de courses non compliquées ce qui change tout en ultra.

je n ai par contre toujours trouver les clefs de la chaleur qui s abat sur mon organisme dés là premiere montée. Je m hydrate le plus possible m'arrose regulierement. j ai opté pour une hydratation mixte, une gourde d eau pure et une avec des électrolytes sans apports glucosés.

Heurement Apres le premier ravitaillement de Tourrette levens nous progressons plus abrités et le soleil baisse petit à petit. Cette portion est très agréable avec une montée sur les ruines de Chateau neuf dans une forêt de résineux. Mon rythme est correcte sans attaquer le cardio  je arrive bien au deuxieme ravitaillement du 18 eme km.

je me force à m alimenter car je sais que je vais vite avoir quelques difficultés à le faire ( comme dans les autres courses) et j attaque la montée vers le mont Ferion 

Je me sens bien et la machine commence à monter en puissance j avale beaucoup de coureurs et coureuses. J en double une qui monte bien et qui filme le soleil se couchant sur la côte; je lui propose de la filmer un peu pendant qu elle court puis je reviens sur la première féminine au sommet du mont Ferion. Elle n à plus d eau depuis 30 min.(grosse erreur qu elle va payer très rapidement !)

Un ravitaillement sauvage est organisé la haut par monsieur très sympa qui nous propose de la pâte de figue et du thé très concentré du sucre du sel, un connaisseur des ultra fondeurs. la nuit est tombée et j ai suivi le pas d un concurrent jusqu au bout,profitant de la lueur de ma frontale pour économiser la mienne...

La descente est très agréable sans grosse difficulté, le marquage de nuit est de qualité. les quadri repondent bien à cette premiere grande descente et j arrive frais à Levens.

j aperçois déjà des traces de fatigue sur certains concurrents. Je suis un peu frustré d être tout seul et de pas pouvoir debriefer avec un ami ou ma famille...

je commence à avoir par contre un petit écœurement. le bol de pâtes  commandé finira a moitié à la poubelle. Un petit café expresso s il vous plait et c est reparti pour la nuit après avoir pris le temps de changer de T shirt.

je repars avec un bon rythme continuant à récupérer quelques couleurs par ci par là et d un coup je sens quelqu un derrière moi qui revient à ma hauteur. C est la jeune fem à la caméra  elle vient de passer la seconde et elle attaque la pente avec une aisance !

je lui embraye le pas et nous partons pour un petit run dont une course en balcon qui devait probablement être magnifique de jour.

le rythme est élevé et je me laisse probablement griser; nous avalons encore des coureurs d autant qu'elle remet une couche dans la deuxième partie de l ascension grisés que nous sommes par l ambiance de fête qu il semble exister au sanctuaire.

Effectivement une haie d honneur nous attend et je ne vous raconte pas lorsqu'ils aperçoivent la première féminine !

je n ai jamais vu ça à une telle altitude et de nuit. S il y avait des loups, ils ont dû avoir peur...

Toujours est il que passé l'excitation, je sens mon corps se redégonfler comme un soufflet. Je laisse partir la gentille et belle coureuse. Je ne la reverrai quasiment plus.

La descente vers Utelle se fait gentiment. les cuisses sont au RDV, pour l instant. J arrive au ravito, un peu fatigué, il est tard et le programme est consistant pour le reste de la nuit. Il y a une bonne ambiance avec  musique DJ. Je n ai plus envie de rien avaler. Je sais que c est peut être définitif, et heureusement les liquides passent encore. Je choisie alors le plan B (le fameux) et je remplis ma troisième gourde d une mélange coca eau gazeuse que sera mon apporrt partiel en sucre avec quelques gels par ci par là. 

 J'attaque la portion qui sera la pire de la course mais je ne le sais pas encore. Pendant cette ascension je commence à être pris de bourdonnements puis de vertiges. Je n'arrive pas à monter droit. Je  m'arrête tous les 50 m et je vois les lampes arrières revenir inéluctablement sur moi et me dépasser au son d un "ça va ?". fière je  réponds  oui mais en fait je ne suis pas bien. Je décide de m´arrêter dormir quelques instants. Le plus dur dans cette montée est de trouver un endroit plat non exposé pour pouvoir s allonger. Heureusement il fait doux. J en repère un en bord de chemin je m'allonge et essaye de récupérer mais à chaque passage d un coureur, celui-ci me réveille pour vérifier que tout va bien ( normal). Je prends la décision de me cacher et je peux alors dormir 15 min , qui vont me faire le plus grand bien.

Cela me permet d atteindre la brèche du Brec d´Utelle et donc d entamer une portion moins difficile avant la dure montée vers le col d Andrion. Je suis en marche automatique pendant cette partie pendant laquelle je ferai une deuxième micro sieste de 15 min. Heureusement je maîtrise la technique et ne dors que 15 min chaque fois.

 L´arrivee au col d Andrion a épuisé les organismes je vois beaucoup de mines fatigués. j'essaye de m alimenter en vain...

jé décide de refaire une autre sieste et me couche dans l herbe à côté d'un pompier volontaire emmitouflé dans son duvet qui a son tour de repos.j aimerai à ce moment etre à sa place.

je ne sais combien de temps j ai dormi mais je sais que une minute après le réveil  j ai vomi dans la poubelle du ravito. Je repars et l expérience des précédents ultra fait que je ne m'affole pas, je continue la montée du mont Tounairet difficile puis une descente très longue et peu carrossable. Heureusement, je peux toujours compter sur mes cuisses et le jour qui se lève. ouf j arrive à roquebil'ère j accelere le rythme en arrivant sur le bitume. Moi qui pensait pouvoir m´assoir tout de suite, je n'avais pas anticipé le tour de ville que nous réservait les organisateurs pour rejoindre la base de vie. C est dans ces cas là que deux km représentent une éternité !

Autre petit désagrément, mon cardiogps s éteint  dans la descente par manque de batterie alors que je pensais pouvoir atteindre la base vie pour le recharger.

Ce ravito  representait tout d abord la douche et le changement complet de vêtements. C'est peut être un luxe pour certain mais pour moi ça me donne l impression de commencer une nouvelle course.En plus il y avait une chaise handicapé et une douchette ce qui m a permis de me faire une petite douche écossaise sur les cuisses : cool !

la dessus un petit massage avec une Kine super sympa 

Nouvelle tentative d alimentation qui se terminera par une nouvelle gerbe dans la poubelle...

je rencontre un collègue médecin d Amiens qui a abandonné sur entorse.

Allez ça fait plus d une heure que je suis là je ne dois pas trop traîner pour ne pas avoir trop chaud dans la montée.

je repars avec un petit groupe atablé à côté de moi au ravito. Une bande sympa avec une intendance béton.  je monte à lpeur rythme mais je vois vite que je n y suis pas et au bout des quelques minutes je decide de décrocher.

Pourtant il y a des portions roulantes sur du bitume et je ne suis même pas capable trottiner.  Le dénivelé et la chaleur arrive les concurrents du relais bien frais qui vous depose sans que vous les ayez vu arriver...Les mauvaises pensées commencent à monter vite calmées parla perception de l´ investissement financier et en temps personnel engagé  dans ce genre de course...

De l ombre à la lumière 

Il commence à faire vraiment chaud et je ressors ma casquette et mes lunettes. Je sens depuis quelques mn  quelques chose qui s est débloqué  comme si j avais remis du carburant dans le moteur. Cette sensation se traduit rapidement par une accelération de ma vitesse ascensionnelle. Je dépose le concurrent du relais qui avait fondu sur moi auparavant et qui je vois apparaître, mon ami Kine qui semble à son tour à la peine. Cette sensation se poursuit dans la fin de montée puis dans la descente vers relai des merveilles puisque je ne ressent aucune douleur. Je suis précis sur les appuis  et je récupères les coureurs qui m avaient dépassé depuis Roquebière. Je cours de nouveau sur le plat et même en faux plat montant. C est top !

le ravito est sympa surtout le restaurant pour les non coureurs. J envie presque ce concurrent qui rend son dossard passe de l autre côté et nous nargue avec sa bière bien fraîche.

La fraîcheur c est ce qui va me manquer à l attaque de la cime de la Valette de Prales. Pas la fraîcheur physique mais la fraîcheur atmosphérique car il fait très très chaud dans cette montée. Je connais ma faiblesse pour ces température et je décide de m'arrêter à chaque arbre pour reprendre un peu de fraîcheur. Heureusement dieux Eole est avec nous et une légère brise nous refroidit bien à l ombre. C est l heure de la sieste (14h) et donc je m' octrois de nouveau une petite pose qui va me redonner du peps pour la fin de montée... Un léger voile nuageux s'installe couplet à ce léger vent d altitude me mettent dans les meilleurs conditions pour terminer cette ascension. Je reprends alors ma marche  puis la course sur le plateau et enfin je fais une super descente tres technique mais tres ludique vers le vallon de la Madone de Fenestre. Je prends vraiment mon pied !

Ne nous emballons pas ! Au ravito j ai définitivement abandonné l idée de manger quelque chose , je prends un gel et du coca ... 

Ca repart direction la cime du pisset  avec une belle montée. La chaleur retombe, je suis bien, le paysage est magnifique. j avale  le massif sans problème et la descente dans le même tempo je grappille des places  j entends la musique  à la zone de vie du Boreon,puis j atterris sur la route  après une fin de descente pleine justesse. Je n'ai jamais descendu comme dans le relachement sans coincer... Je m'offre même le luxe de faire la petite montée pour rentrer dans la base en courant alors que d autres peine à marcher 

tout va bien j arrive à plaisanter avec les bénévoles aux petit soins et j arrive même à manger des pates ! Et oui même l estomac est dans le bon sens... Une part de gâteau et un expressôet c est reparti car j aimerais arriver au sommet du Archas avant la tombée de la nuit pour faire la descente réputée si difficile de jour.

Je suis en mode finisher !

En partant je double l´autre partie du groupe rencontrée le matin à Roquebiere. Les jambes paraissent et les descente douloureuses .J attaque dans la montée et reprend encore 3 coureurs. Pari gagné, je fais le câlin au lapin avant la tombée du jour ce qui me permets d attaquer le début de la descente tranquillement car elle est aussi pourrie qu on le dit. Pas de chemin, pleine pente avec des mottes de terre. Tout pour définitivement  broyer les quadriceps. Et bien les tiennent le coup ce qui me permet de doubler encore quelques couleurs en souffrance. Avant dernier ravitaillement, une part de gâteau un café du coca et c'est parti la montée est  longue pleine pente. Les lumières des frontales  dessine le contour de la montagne. Il y a plus de vent et pour la première fois de la course je vais bâcher avec une veste légère coupe.tout va bien si ce n est les pieds qui ont pâti d une changement de chaussettes plus fines au Boreon alors que le crémage ne retrouvait à ce moment aucune ampoule !

J enlève mes chaussures et constate les dégâts : 3 ampoules sur le pied droit je ressors mon NOK et mes anciennes chaussettes et je remets les gaz. Le bonheur plus de douleur. Comme quoi la situation peut vite changer...

j arrive au sommet et longe la crête jusqu a entamer cette dernière descente. Ma frontale donne des signe de faiblesse.Un des accu de ma NAO est mort l'autre est déchargé de la veille. Heuresement j avais pris l option d emmener une deuxième frontale qui va me sauver d une fin de course compliquée.

Direction le col de la Colmiane. J ai rejoint au groupe de 4. Nous rejoignons une piste et tout le monde commence à courir. Je. M'arrête pour débacher et je mets le turbo pour revenir sur le groupe. J ai la patate et je me suis remis en mode course. Hors de question que je ne finisse pas devant. J allonge la foulée et je creuse l écart. Je suis à plus de 15 km/h. Personne ne suit.

je vois les Lumières de la ville et la je suis persuadé que nous arrivons à St Martin. Je maintiens mon allure, la fin est proche.Le sentier finit sur une route avec un virage en épingle. Je me penche pour anticiper la courbe mais je n ai pas vu les graviers sur la route. Je m écroulé sur le bitume m ouvrant correctement le genou gauche alors que je me faisais justement la réflexion que c était le premier ultra où je n étais pas tombé.

Je me relève immédiatement, le genou en sang mais  qui fonctionne. Je repars après m'être essuyer avec mon buff, l essentiel pour moi étant de maintenir l'écart avec mes poursuivants. J arrive comme une balle, mais je ne reconnais pas l arrivée. Je tombe sur un ravitaillement. Je demande où je suis, on me répond Colmiane et la Vérité éclate : non seulement je ne suis pas arrivé mais il me reste encore 9 km à  l'arrivée.

 j encaisse durement le coup mais la colère couplée au stress de ma chute a décuplé mes force je repars de plus belle sur cette portion montante. Je cours quasiment tout le temps en regardant derrière moi de temps en temps.

la fin est interminable j en profite pour revenir sur une concurrente qui s énerve de ne pas encore arriver. je viens de doubler la deuxieme féminine. Je rentre dans St Martin, j en profite pour doubler un dernier concurrent. Cette fois je reconnais la ruelle d arrivée en montée. Je courrai jusqu au bout. J arrive il esr 2 h du mat,il n y a personne sauf un courageux speaker.

La balade est terminée 

33 h 50 de course , 32 eme 

Chaque course  a son histoire et ses vérités. Celle ci m aura montré plusieurs choses :

-la theorie de pacing est une bonne technique et la capacité de se freiner dans le premier quart de course est porteur de solidité dans la deuxième partie. Quel bonheur de finir un ultra en pleine possession de ses moyens, on en oublie les moments difficiles !

-il faut toujours prendre son temps pour abandonner car l expérience que j ai eu dans d autres ultras ou j ai abandonné ou bien continué pour finir finalement m ont montré les caprices de notre corps qui est une machine capable de se relever quand on pense que plus rien ne fonctionne. Cette fois encore Apres avoir fait le dos rond mon corps a repris le dessus.

-Enfin ma préparation pour cette année a été modifiée avec  un travail couplé au vélo et surtout un travail excentrique spécifique qui est pour moi la pierre angulaire de la réussite en ultra. Habitant  un pays plat ( somme) j ai opté pour un travail vélo et surtout un programme spécifique excentrique en electrostimulation qui me permettant sur des séances de 45 min de faire l équivalent d´une heure et demi de descente (programme compex) aucunne douleur à trois jours apres  9000 m de D-. À méditer. 

Magnifique course que je vous recommande !

Aucun commentaire

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.05 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !