L'auteur : marmotte_parano
La course : Courchevel Xtrail - 54 km
Date : 7/8/2016
Lieu : Courchevel (Savoie)
Affichage : 2180 vues
Distance : 53km
Objectif : Pas d'objectif
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X trail de Courchevel – le 07/08/2016 – 54km et 4400mD+
Autant commencer par là directement : je ne suis pas adepte des trails de plus de 6h. Même j’aime bien l’idée que c’est en sortant de sa zone de confort qu’on réalise de belles expériences.
Alors quand Ludo m’a proposé de participer aux 54km de l’X-Trail de Courchevel, j’ai accepté le défi !
Après une petite étude du parcours, il est prévu que je mette en 8h50 et 10h00. Passer sous les 9h serait exceptionnel, être sous les 10h serait déjà une réussite.
Le profil
Au final, c’est une grosse partie de la famille qui était présente pour l’événement, soit pour participer (la copine et le beau-frère sur le 33km et donc le cousin sur le 54km) soit pour encourager (les parents, la sœur et la femme du cousin).
Lever à 2h45 (ouch !) pour un départ à 4h en bas des tremplins de Courchevel.
On est 150 au départ et c’est avec surprise que je tombe sur Lionel. Il vient pas tout à fait avec les mêmes objectifs, la preuve, il finira 3ème au général !
Bien réveillés sur la ligne de départ !
Après une montée aux flambeaux, on attaque une longue ascension dans la forêt. Je mets un peu de temps à être dans mon rythme, mais rien de bien méchant.
Je suis avec Ludo dans la montée du Col de la Loze. On discute tranquillement et je garde l’œil rivé sur le cardio pour contrôler l’allure. On distingue les sommets alentours dans la pénombre de la nuit.
On passe l’altitude 2000m, on ne repassera pas dessous avant la dernière descente sur l’arrivée !
Col de la Loze : 9km / 1150mD+ / 1h34 / 46ème
Même en contrôlant l’ascension, on a pris 6min d’avance sur le meilleur temps prévu.
Devant nous le Rocher de la Loze (2526m) et ses frontales qui illumine le sentier.
Ce premier 2500m passera tout seul. Au sommet, le soleil commence à éclairer les sommets et c’est simplement magnifique.
La descente est roulante avant d’attaquer le sommet suivant à 2690m, la Saulire. C’est un sentier assez large qui monte régulièrement à flanc de montagne avant de déboucher sur une piste de ski alpin. Avec Ludo, on continue de monter ensemble. On profite des paysages exceptionnels, notamment quand on débouche sur l’antécime.
Saulire (2680m) : 16.5km / 2000mD+ / 3h00 / 40ème
On passe tout pile poil sur le meilleur temps prévu.
Je supporte encore bien mes manchons car sur la crête qui nous mène au Col de Fruit, l’air reste frais. Cette crête est un peu technique et on peut voir en contrebas sur notre droite le vallon du Saut où nous allons descendre.
Du Col de Fruit, la descente est facile, en grands lacets, mais qu’est ce que c’est long ! Avec Ludo, on envoie pas mal et les premiers pas sur le plat en bas sont un peu difficiles.
Il est 7h45, il nous reste 33km, au même moment au Praz, Emilie et Cyril partent pour leurs 33km !
Le vallon du Saut est plongé dans la pénombre et on court jusqu’au Refuge du Saut.
Refuge du Saut (2130m) : 24km / 2300mD+ / 4h05
Je note mentalement au passage du refuge que je me suis un peu planté sur les estimations de cette section (+5min par rapport au temps le + pessimiste).
Nous débutons l’ascension du Col de Chanrouge (2531m). Ludo est un peu à la peine dans cette section, je lui propose de passer devant et de faire le rythme. Ni lui, ni moi avions prévu que ce serait si difficile. Ce col n’en finit pas, mais le paysage est toujours aussi époustouflant.
Enfin, on débouche un peu entamés. Une (très) courte descente avant d’enchaîner sur l’ascension du Col du Rateau (2689m). Pas de sentier ici, mais un grand pierrier où chaque pas doit être calculé. C’est fatigant, ça avance pas ! On s’arrête pour vider nos chaussures des graviers accumulés depuis le départ et pour les resserrer. Cette pause fait du bien et on termine (presque) correctement ce nouveau passage à plus de 2600m !
La bascule de l’autre côté est raide au départ avec notamment un névé qu’on fait sur les fesses. La descente est franchement pas roulante, c’est un sentier étroit où il faut faire constamment attention. Ludo prend quelques mètres d’avance.
Enfin, on arrive au ravito. Je suis un peu écoeuré.
Petite Val (2235m) : 32km / 3000mD+ / 05h35 / 39ème
On aura mis 1h30 pour cette section, soit le même temps que ma prévision pessimiste. Je remplis ma poche et prend un morceau de fromage. Je repars en même que Ludo. Finalement, je regrette de ne pas avoir pris plus de fromage, car ça passe franchement bien !
Je dis à Ludo qu’il ne m’attende pas, je ne suis pas en pleine forme et je ne veux pas me cramer dans l’ascension du Col des Saulces (2456m). Je sais que le Passage de Plassa sera difficile.
Sur cette piste, je le vois prendre quelques dizaines de mètres d’avance en trottinant. Moi, je marche vite derrière. Au fur et à mesure de cette ascension, ça va un peu mieux, l’effet du fromage !
Finalement, je vois Ludo s’arrêter et m’attendre. « ça ne sert à rien que je sois 20m devant toi, autant faire la montée ensemble ! » Moi, ça me va bien !
Nous ferons ensemble l’ascension du Passage de Plassa à 2760m. Plus nous prenons de l’altitude, plus c’est difficile. J’ai la tête qui tourne et je n’ai plus d’énergie. Nous avançons comme 2 vieillards. A 150m de D+ du Passage, Ludo prend le relais, mais je n’ai pas la force de l’accrocher. Je lutte vraiment pour ne pas m’arrêter. Je sais que c’est l’altitude qui me joue des tours, il faut que je monte et surtout, il faut que je redescende !
Ludo me fait signe que le sommet est juste là. Et effectivement, nous débouchons.
Passage de la Plassa – point culminant
Nous repassons à l’ombre des montagnes et débutons une section extrêmement technique. C’est caillouteux, les névés sont en glace vive, heureusement, les bénévoles ont disposés des écorces de bois. Il y a même une section avec une corde. Vu mon état, je trouve que je m’en sors pas si mal.
Dernier selfie avant de faire course à part
Je suis encore bien lucide, mais sans trop d’énergie. Je vois Ludo qui prend peu à peu de l’avance, je sais que je ne reverrais pas. C’est déjà énorme d’avoir pu partager autant de km ensemble !
Je vois en bas l’alpage à traverser avant le Col de la Grande Pierre. Je sais ma famille est quelque part par là pour m’encourager mais à chaque pas, à chaque réception, j’ai le crâne qui explose. Il faut que je perde de l’altitude !
C’est quelque part dans ces cailloux que la descente s’est faite.
Enfin la fin de cette descente, le mal au crane est quelque peu réduit mais je n’en peux plus du technique, la traversée de l’alpage est hors sentier, il m’est impossible de courir, je peste même si je sais que ça ne durera pas. Je croise d’abord Nicole, puis Pauline et Maman. Elles m’encouragent, je n’arrive pas à esquisser un sourire, et pourtant ça me fait du bien de les voir !
Mon père est juste après, il va m’accompagner de cette nouvelle ascension, le col de la Grande Pierre (2403m).
Ascension du Col de la Grande Pierre
Col de la Grande Pierre (2403m) : 38.6km / 3700mD+ / 7h30mn
Devant moi, les crêtes du Mont Charvet, qui s’étendent jusqu’à l’ultime ascension de la journée : la Dent du Villard.
Les Crêtes du Mont Charvet et au fond à gauche, la Dent du Villard - Photo de L.Pommeret
Je me suis assis pour ranger les bâtons et manger une barre. Je regarde mes temps de passage, ça y est, j’ai atteint la limite, je suis exactement sur mes temps les plus pessimistes. Au fond de moi, je n’envisageais pas de finir en plus de 10h, et pourtant là, je me fais une raison, je vais peut-être avoir besoin de tout ce temps là ! La Dent du Villard me parait très loin.
Je m’élance sur ces crêtes, cette section est toujours aussi magique, le sentier est joueur, tout en relance, et je ne parle pas de la vue incroyable que nous avons. Je fais cette section sans forcer, je cherche à m’économiser pour la dernière montée.
Col de la Chal (2069m) : 42km / 3700mD+ / 8h02mn
Je refais le plein et j’attaque cette dernière ascension en en ayant plein les jambes. Je continue de m’économiser, je sais qu’après ce sommet, il me faudra avoir des jambes pour la longue redescente vers le dernier ravito.
J’arrive enfin au sommet, je profite une dernière fois du paysage et je m’élance sur le boulevard qu’est ce sentier. Je savais cette descente longue et roulante, donc je ne m’en étonne pas. Je me contente de me satisfaire des km qui défilent sur ma montre et me rapprochent du dernier ravitaillement.
Tout le long de la descente, j’essaye de calculer à quelle vitesse il faut que je cours pour finir en moins de 10h. ça va le faire ! Moi, je vous le dis, ça va le faire !
Lac de la Rosière (1534m) : 48km / 4000mD+ / 9h00 / 51ème
Je juge avoir suffisamment d’eau. Je prends 4 morceaux de fromage de chèvre et je pars en marchant. J’appelle ma sœur pour la prévenir d’où je suis. Je ne dois pas avoir une bonne voix car elle me demande si tout va bien. Entre le fromage dans la bouche, l’émotion et la fatigue, je la comprends ! Elle me dit de finir tranquille, mais j’ai un autre programme en tête.
L’effet magique du fromage réopère en moi et vient aiguiller mon égo. Je vais faire moins de 10h ! Et puis je ne veux pas finir trop loin de Ludo, donc en avant !
Comme nous sommes de nouveau sur un parcours commun avec les 33km et les 20km, je double régulièrement des coureurs, sans trop savoir dans quelle course ils sont. Qu’importe, c’est le chrono qui compte !
Plus j’accélère, plus l’adrénaline me pousse. Mon père est venu me chercher. Il court à mes côtés. Il trouve que j’avance bien. Il m’indique 3 petits km. Dans les relances, il n’arrive pas à me suivre. Il revient sur moi dans les petites côtes.
Je donne tout, quand je cours, je me sens bien. Où était toute cette belle énergie quand ça n’allait pas à 2500m ? Les tremplins ! Je les vois ! Comme à chaque grande course, où ma famille est là, je ne peux pas retenir des hoquets de pleurs d’émotions. Emilie est à fond pour m’encourager dans les derniers mètres.
A fond dans les derniers mètres !
Arrivée : 53km / 4100mD+ / 9h32 / 48ème
Je passe la ligne. Ludo est là à m’attendre. Je vais m’asseoir sur une marche. Je n’arrive pas à y croire, 9h32mn. Faire un final comme celui-ci après 9h d’effort ! Après ce gros passage à vide causé par l’altitude, j’ai fini brillamment cette course. Je suis fier de mon temps et de ma course. Je n’ai pas eu de grosses douleurs physiques, un peu ma tendinite au tendon d’achille dans les premières heures et puis aux fessiers dans la seconde partie de course.
Surtout, je suis heureux (et le mot est faible) d’avoir pu partager cette course avec mon cousin.
Les encouragements de la famille ont aussi une saveur particulière !
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1 commentaire
Commentaire de Overnight posté le 16-08-2016 à 10:29:02
Bravo! Belle allure et beau finish!:). Ça me laisse rêveur question chrono ;).
Je vois qu'on a les mêmes portions de sentiers(si on peu dire) étroits qui nous a un peu pesé sur le parcours:D
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