Récit de la course : Courchevel Xtrail - 54 km 2016, par Overnight

L'auteur : Overnight

La course : Courchevel Xtrail - 54 km

Date : 7/8/2016

Lieu : Courchevel (Savoie)

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Distance : 54km

Objectif : Terminer

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Courchevel X-Trail - 54kms d'escapade en montagne

Courchevel X-Trail 54kms 4400m de dénivelé

 

9 semaines après la Transju'trail, 2ème et dernier gros objectif pour cette année 2016.

 

La préparation n'a pas été top côté sensation :

Après la Transju'trail, je me sens vraiment bien pendant 15 jours si ce n'est que je traîne toujours ce foutu rhume que j'avais choppé un peu avant la course, puis ça se dégrade franchement. Le rhume au bout d'un mois fini par me lâcher, mais j'ai pas mal de douleurs qui viennent me gêner : tendinite sous le pied gauche qui persiste et genou guère mieux.

Visite chez le podologue : ça semble un peu mieux ensuite avec des semelles refaites sans être exceptionnel, le nerf sciatique aussi me travaille ce qui me demande pas mal d'étirements. Avec tout ça, la chaleur qui fini par arriver mais que j'affectionne guère. Au final, je garde du volume d'entraînement mais je réduis les allures (juste du rythme en côtes et quelques descentes quand même pour travailler les cuisses mais plus aucune activité sur piste).

 

Avec tout ça je réussi à me vriller une cheville à S-4, heureusement sans trop de mal et j'arrive à reprendre 3-4 jours après, je me fais encore une frayeur sur la même cheville le week-end suivant à S-3 mais ça tient...

 

Je suis pas trop anxieux du coup pour la durée de l'effort mais plus par l'altitude : jamais dépassé 2200m en course et une seule fois à la Montagn'Hard (MH) 40, la longueur des descentes, la technicité, l'état des chevilles (et du bonhomme) et aussi le fait d'enchaîner finalement pas si longtemps après la Transju'trail.

 

Inscription à la course.

A la base, je ne prévoyais pas du tout de faire cette course... ça me semblait bien trop alpin ! Mais voilà, j'ai un ami qui aime les défis dans ce genre : l'année dernière il avait tenté de m'emmener sur la MH60, j'avais joué petit bras mais cette année OK je sens que la caisse sera au rendez-vous. Il s'inscrit avec un copain et je suis donc le mouvement (avantage pour eux question connaissance de la montagne et pour moi pour l'entraînement course à pied). Malheureusement, un gros pépin va le clouer au lit puis sans sport pendant tout le 1er trimestre et une reprise légère ensuite. Il tentera bien une très grosse fin de préparation là où en général on commence à lever le pied, mais il arrive le jour J en forme mais pas avec l'entraînement adéquate.

Pas question de renoncer et comme prévu on se retrouve donc tous les 3 au départ à 4h le jour J, prêt à en découdre ou presque chacun avec un petit loupé technique : mon pote d'enfance a eu un soucis pour charger sa frontale qui risque de pas tenir et ça sera le cas, son binôme de MH60 a un bâton télescopique qui veut pas s'ouvrir et moi j'ai oublié les pastilles de boisson isotonique (vu ce que je transpire, j'ai intérêt à bien compenser sur le solide!)

 

Objectif

Sur un dénivelé jamais fait, sur la 2ème + grosse distance parcourue, pas fou il s'agit de rester humble !

La bonne nouvelle c'est que la météo sera de la partie avec un ciel dégagé du début à la fin (même si le soleil après 12h personnellement je m'en passerai bien:D)

 

J'ai quand même regarder quelques chronos de personnes ayant fait la Transju'trail et le Courchevel. X-Trail. A priori les meilleurs vont un peu + vite à Courchevel pour boucler le tour. Je reprends pour faire simple un objectif de 11h restant prudent me demandant un peu à quoi va ressembler le parcours.

 

Mon pote me file un roadbook à J-1, qu'il a trouvé car je n'avais pas pris le temps d'en faire un et surprise il est basé sur 11h. Bon, je croyais retenir les temps de passage mais en fait j'aurai surtout en tête les barrières horaires.

 

Départ

 

Levé à 2h45, histoire de prendre un petit déjeuné alors que j'ai encore le repas de la veille sur l'estomac. Je rejoins le départ à pied (500m du lieu de résidence pas trop dur:D), prends un thé et retrouve mes 2 compères avant de me faire biper.

 

On voit pas grand chose, la frontale est de rigueur. A droite, les lumières du tremplin de saut à ski et à gauche les flambeaux balisant les premiers hectomètres.

 

On se place en fond de peloton et c'est parti... ça part assez fort devant, en tout cas je suis dans le rythme que je veux et ça laisse pas grand monde derrière moi !

J'allume la frontale en mode light car on est à la queue leu leu pour le moment. Rapidement le rythme baisse un peu, ce qui me rassure. Je laisse mon pote devant et suis sagement dans cette ascension qui serpente pas mal mais sans grande difficulté. On finit par atteindre un passage plus plat. J'en profite pour dérouler les jambes et prendre la tête de notre trio et revenir un peu sur quelques coureurs devant : le peloton s'est déjà pas mal disloqué et je suis un petit groupe de 5/6 coureurs mais plus personne devant. A ce moment là, je me dis que le balisage est quand même pas de trop. J'ai pas encore trop fait gaffe, mais je me dis que j'aimerai pas ouvrir la route. Ça remonte avant de nouveau de revenir sur une partie plate voir descendante qui permet d'envoyer un peu (les 2kms les + rapides sûrement du parcours avec du 5'50 au kms de moyenne). Sur cette portion je perds un peu le contact avec mes potes. J'appelle un coup et pas de réponse de l'arrière... je ralenti et laisse passer quelques concurrents que je venais de dépasser. Ils sont finalement quelques dizaines de mètres derrière. Je calme un peu le rythme et au gré de la pente qui revient je veille à ne pas trop m'éloigner. Il me dit d'y aller de faire ma course, mais je pense que le rythme est globalement pas si mal (le cardio est d'ailleurs assez haut vers les 150 pulses souvent et parfois même plus) et que mieux vaut un départ un peu en dedans que de payer cash plus loin.

 

On atteint l'heure de course et mon pote nous alerte que sa frontale vient de lâcher... Bon, bah un derrière et un devant et on va se faire la montée comme ça. Heureusement ça craint pas grand chose ça monte régulièrement avec pas mal de lacets et quelques rares passages où on peut accélérer donc ça le fait bien. Sur la fin du col, j'ai un peu de mal à me retenir de ne pas accélérer un peu : il faut dire qu'il fait un peu frais sur le haut (d'ailleurs le sol est localement un peu gelé vers le 1er ravito). Je profite de la luminosité naissante pour deviner la vallée que l'on surplombe et on recolle l'air de rien un petit groupe de coureur. La frontale devient presque accessoire donc mon ami va pouvoir retrouver un peu de sérénité, et l'autre copain arrive à débloquer son bâton sûrement à la faveur du froid par contre sent quelques débuts d'échauffements avec ses chaussures.

  

Ravito 1: La Loze – 1h50

116ème - 5min de retard sur le roadbook – 25min d'avance sur la BH

 

Je pensais que le roadbook de 11h tablait sur un passage de 1h55 mais en fait c'était 1h45... donc je pensais être tranquillement en avance alors que non:D. Au ravito, je fais le plein de la poche à eau sans hésiter me disant que j'ai le temps surtout que le pote doit se déchausser pour strapper.

Je vais les voir, retourne prendre 2/3 trucs à manger au ravito, prends une photo, retourne les voir et là mon ami me dit d'y aller de ne pas attendre...

 

Vu du ravitaillement avec le jour qui commence à se lever

 

Je repars donc, hésitant, une pause toilette encore mais non ils ne repartent toujours pas donc finalement je continue seul.

 

Une bonne pause de 5min, qui a permis à quelques personnes de passer et que je reprends rapidement dans le raidillon final vers le rocher de la Loze. Finalement, je profite de l'aspiration d'un jeune de 28 ans qui monte à un rythme qui me convient bien... Il me demande si je veux passer, mais non, je suis bien là et du coup on commence à papoter. On passe le somment ensemble et je vois rapidement qu'il n'est pas plus à l'aise que moi en descente (voir moins). Il me propose de passer mais je reste sagement derrière et par contre on laisse passer 2/3 coureur dont une suédoise que je reverrai souvent ensuite et qui file à une belle allure avec une très belle foulée (Ok je suis un peu jaloux:D). Une descente finalement pas bien compliquée : des lacets encore et encore... bon autant en côte ça me parle bien mais là bof c'est surtout pour casser de la fibre quoi.

On arrive en bas presque soulagé et paf faut remonter. J'en profite pour manger et naturellement je prends le relai de notre binôme. Tout 2 on se retourne voir si nos acolytes respectifs ne sont pas loin, mais le trou semble être fait.

 

Montée de la Saulire à 2680m

 

On s'entend bien question allure et on remonte petit à petit nos prédécesseurs sur un sentier type 4x4 avec quelques caillasses quand même localement. On repasse la suédoise à mi-pente, moment où notre binôme se met à battre de l'aile. Je regarde le cardio, a priori je suis toujours dans le même rythme mais mon compagnon lâche peu à peu. J'attends un peu, puis finalement prend doucement le large.

 

Petite pause photo dans la montée

 

Je reprends un breton que je retrouverai + tard et rejoins un « couple » de runner qui ont l'air de gérer tranquillement leur affaire en discutant pas mal.

On arrive au ravito 2, tout va bien, même si je sens que le souffle est + compliqué à ces altitudes. Le point de vue est superbe et je profite pour une pause photo.

 


ça valait bien un petit effort

 

Ravito 2 : La Saulire - 3h32 

110ème (+6 places) – 18min de retard sur le roadbook – 58min d'avance sur la BH

 

Je prends le temps de remplir la poche à eau et de manger un peu. Mon nouveau binôme arrive mais me semble un peu marqué, j'hésite du chemin à prendre pour repartir : je m'avance vers l'arrière du ravito mais non il faut passer sous le ravito. La suédoise bien + rapide au ravito en profite pour me repasser : enfin surtout ça descend et elle prend quelques mètres d'avance sauf que rapidement on remonte et donc je recolle et cette fois c'est moi qui prends quelques mètres et puis... 1er passage vraiment technique avec des gros blocs de rochers. Ce passage est vraiment superbe. Ce qui l'est moins c'est que je devine que la petite rivière qui coule au fond est le point bas à atteindre désormais ce qui ne m'enchante pas vraiment.

 

Je sens que derrière, la suédoise revient doucement et d'un coup bien + vite quand je comprends que je me suis un peu éloigné du balisage et que je décide de faire un tout droit pour revenir dessus alors qu'elle choisit de revenir plus progressivement sur la trace. Devant ça progresse aussi difficilement car on revient sur 2/3 coureurs. Les blocs de pierre se font + espacés et ma suédoise passe devant et disparaît rapidement. De mon côté, je me retrouve coincé au milieu du « couple » de runner (eux aussi + rapides au ravito). La dame me propose de passer mais sur le coup, je me dis que ça va être long et donc je lui dis que ça me va bien comme allure. Sur un petit passage technique, j'hésite quand même car elle ne semble vraiment pas à l'aise mais finalement cette descente du col du fruit est ensuite assez régulière, et un peu + roulante ce qu'elle « maîtrise » finalement comme moi.

 

Du coup, on fait la descente à papoter et je suis assez bluffé par ces 3 diagonales des fous ! Un autre monde encore:D. Cette descente est vraiment longue, on arrive quand même à reprendre un coureur et arrivé en bas j'ai les cuisses un peu fracassées (et a priori je suis pas le seul car quasi tout ceux qui ont doublés dans la descente sont là à s'étirer ou se ravitailler).

2/3 étirements et je me retrouve à courir avec le couple devenu un trio qui sont en fait du même coin/club. J'alterne course & marche avec eux et puis petit à petit sur cette portion roulante en fond de vallée je finis quasi que par courir en remontant le ruisseau ce qui me permet de reprendre quelques places.

 

Y a le temps de faire un petit pacman avant la prochaine descente:)

 

 

On attaque ensuite une bonne montée en lacet, à l'aise, je reprends pas mal de monde sur cette portion dont mon breton croisé + tôt ainsi que ma suédoise qui semble avoir un petit coup de moins bien (ou alors c'est moi qui suis en pleine forme... il faut dire que je ne l'apercevais pas du tout avant elle a dû faire une sacré descente).

Je me fais interpeller à un moment par un kikou qui remarque mon buff, charlie27700, il m'emboîte le pas et je lève un peu le pied tout en discutant... la pente est un peu moins marquée, il me dit qu'il rentre dans le dur et me prévient que la fin du col est bien technique (me voilà au moins prévenu ! Merci de l'info).

 

Finalement, je m'éloigne, cherche un peu le chemin devant moi (parc de la Vanoise donc balisage minimal) notamment dans un petit vallon fleuri très joli où je me retrouve à prendre l'extérieur avant d'apercevoir un point orange une dizaine de mètre sur ma droite ainsi qu'un trailer au bout du petit vallon (ok fallait rester à la corde mais bon ça change pas grand chose).

J'adore ce passage, on se sent vraiment seul, privilégié d'être là... et puis tiens le fameux passage en pierrier.

 

Début du pierrier, le temps d'une pause photo et ravito

 

La vitesse baisse forcément, on passe également sur quelques petites portions enneigées.

 

Dernier petit passage dans la neige avant d'atteindre le sommet

 

Je reprends 2 coureurs encore juste avant de faire face à un ultime mur. Ouch ! je me dis qu'il va faire mal celui-là, j'avance près à en découdre quand le dernier dépassé (sauf erreur un grec que je reverrai) m'interpelle d'un « this way » en me montrant un passage à gauche avec le marquage orange au sol... ah bah d'un coup c'est vachement + facile (enfin ça monte en serpentant quoi) ! Du coup, je repasse en remerciant celui qui m'a évité un tout droit sûrement moins évident:D

 

Fin de l'ascension du col du Rateau, derrière on a le droit à une grosse pente en descente. Je prends quelques secondes pour m'arrêter et demander aux bénévoles où on doit aller car je ne vois absolument personne devant et pourtant la vue est dégagée. Il me dit en bas c'est au milieu entre les 2 névés... Ok donc je dévale tranquillement la descente et manque d'ailleurs de tomber. J'arrive sur la partie enneigée et souri d'avance des prochains mètres : j'ai bien remarqué la petite partie centrale parfaitement tracée pour un peu de luge:).

Après la luge, on rigole moins : de nouveau du pierrier, derrière le gars qui m'avait remis sur le bon chemin me reprend et me double sur la fin du pierrier, suit un chemin qui descend vers le lac du ravito 3. La pente est moins marquée mais j'ai du mal sur cette portion en single étroite avec des petits obstacles qui peuvent vite déstabiliser. D'ailleurs, sortie de nulle part, la suédoise me passe à toute vitesse... j'essaie même pas d'accrocher, je sais que j'irai à la faute.

On arrive sur le bas près du joli lac qu'on aperçoit depuis un moment.

 

Lac du Rateau

 

Un pêcheur est tranquillement installé et on retrouve un peu de monde avec le parcours du 33kms qui nous rejoint et finalement je garde ma suédoise à proximité au gré de l'approche du ravito (fin de descente moins technique)

 

Ravito 3 : Petite Val – 6h31

84ème (+26 places) – 14min de retard sur le roadbook – 44min d'avance sur la BH)

 

Je me fais bipé et retrouve au ravito la suédoise qui repart aussi vite qu'elle est arrivée. Je garde ma petite habitude de remplir ma poche à eau (enfin on m'aide gentiment:) et prend un mix fromage, abricot sec + 3 rondelles de saucissons qui vont m'occuper pour le prochain kilomètre et je repars.

Je regarde le chrono, je me dis que je dois être trop juste pour les 11h désormais car je crois me souvenir qu'il fallait être là en 6h15 (6h17 d'aprés le roadbook en fait)... Je croyais être dans les temps au ravito 2 et je n'ai pas eu l'impression de faiblir donc je suis un peu surpris mais n'y prête pas trop attention... Je me dis surtout qu'en général c'est dans ces temps d'effort que je baisse de régime, mais pour le moment ça se passe bien.

 

La sortie du ravito est moyenne : ça monte sur un chemin large, je fais route avec une personne du 33kms qui a l'air de mettre un point d'honneur à rester devant moi et une féminine qui me suit mais qui perd un peu de terrain. Je mange tranquillement, et une fois terminé réappuie un peu sur les bâtons et passe cette fois mon coureur du 33kms et le distance assez rapidement. Je trottine même sur une portion + plane et vois ma suédoise un peu + haut devant 3 coureurs du 33kms qui courent ensemble. Je les rattrape avant qu'on se mette à couper un pré qui a dû voir des vaches récemment, je les passe ainsi que la suédoise qui a l'air cependant de monter + vite que dans le col précédent.

 

On arrive à la bifurcation 33/54 kms. Pour le 33, la pente semble s'adoucir tandis que pour le 54kms, on m'indique de prendre à droite avec des promesses de grimpette. Gloups !

D'un coup, plus personne devant, derrière je me retourne au bout de quelques instants et hormis la suédoise je distingue 2 autres coureurs + loin. En face le paysage est superbe, même si un petit brouillard semble venir du fond et vient toucher le passage de Plassa. On doit passer à 2 reprises des cables, sûrement électrique, depuis que je me suis pris un coup de jus à la Trans'ju je suis méfiant:D. Ceux-ci délimitent des prés et je prend la peine de bien me baisser pour ne pas les toucher. On continue dans une sorte de petit chemin qui va serpenter jusqu'au passage de Plassa.

 

Une vue bien dégagée me permet de voir une seule personne au loin devant. Derrière, la suédoise perd petit à petit un peu de terrain mais pas très vite et derrière j'ai l'impression que c'est pareil.

 

Fin de l'ascension avec le grand Cairn du passage de Plassa

 

On arrive au grand Cairn où je constate que j'ai bouché une grande partie de mon retard sur la personne qui me précède (en fait une féminine). Sur la partie technique du haut, je continue mon rapproché : quelques névés et blocs rocheux et je recolle et dépasse avant d'attaquer réellement la descente. J'alerte la féminine de ne pas tenter de suivre la demoiselle qui arrive car c'est un vrai avion en descente. Elle a pas l'air de bien comprendre (bah oui c'est une espagnole:D), mais je sens qu'elle tente un peu de m'accrocher.

 

Pas franchement du chemin de 4x4 ici:). Difficile de garder les yeux sur le paysage et sur le sol!

 

Un peu d'éboulis que je descend assez sur les talons : j'avais jamais eu l'occasion de descendre sur ce type de terrain mais ce mode de descente me semble pas mal pour se laisser déraper surtout que j'ai personne en dessous : enfin je fais gaffe quand même à pas déplacer de la caillasse que je pourrai me reprendre en passant plus bas dessous.

On arrive devant un bénévole qui sécurise une grosse dalle partiellement humide et glissante et un photographe qui nous prend en photo alors qu'on dévale la dalle en se tenant à la corde fixe (bien fait de prendre les gants ça me permet de m'assurer en gardant un peu de vitesse et sans me brûler les mains).

J'entends qu'ils annoncent l'espagnole comme la 5ème féminine et je jette un coup d'oeil : pas de suédoise encore derrière. On continue une partie technique qui me permet de prendre un peu de distance sur l'espagnole et puis j'entends la suédoise arrivée alors qu'on reprend un single qui me fait penser au précédent où elle m'avait doublé sauf que là il reste encore pas mal de descente.

Elle arrive en me disant « Encore » en souriant et « à toute à l'heure », mais je lui dis que c'est sûrement la dernière fois. La descente est un peu longue à mon goût, je coince un coup un bâton dans un trou, puis c'est la chaussure entre 2 blocs rocheux, si bien que quand on reprend l'ascension que l'on voit quasiment en intégralité je suis bien loin de la suédoise qui est d'ailleurs pas loin de reprendre un autre concurrent.

Dans la montée, je suis toujours pas trop mal, mais je gagne pas grand chose sur la suédoise, derrière pareil l'espagnole a pas mal reculé et je distingue une autre personne derrière qui est sûrement toujours le même qui suivait dans la montée de Plassa (sûrement le grec que j'ai dû redoubler au ravito en fait). Des jolis fleurs, une belle vue dégagée, on va pas se mentir même si on monte en plein soleil c'est vraiment très sympa de passer ici.

 

Au sommet, je sens que je cherche un peu mon souffle, le bénévole me demande si ça va : on va attaquer les crêtes du mont Charvet et j'imagine qu'ils veulent éviter d'y envoyer des zombies:D.

Je dis que oui, il me dit que dans 10min il y a un ravito en eau (je traduis par : il y a 10min de crêtes) et que c'est fini pour les montées ce qui me laisse 2 sentiments contradictoires. L'incompréhension car dans mon dénombrement il doit manquer une bonne bosse et un soulagement car je me dis que s'il dit vrai je vais peut-être finir pas si mal que ça question chrono et ressenti. Ma montre me donne en + 1,5kms de + que la distance annoncée à cet endroit là du coup je me dis qu'il reste peut-être effectivement plus qu'une grosse dizaine de kms de descente et le replat de fin... sauf que... non.

 

Petite pause photo avant de prendre les crêtes.

 

Point de vue du sommet. On voit même le lac de la Rosière où on va ensuite en bas à gauche.



Sur les crêtes, c'est un mélange de :

Sympa trop beau ce coin avec une vue dégagée sur les montagnes de part et d'autre , des crêtes assez impressionnantes avec des amas de neige dans des trous, des formations rocheuses variées, du bonheur pour les yeux...

Et en même temps, ce n'est pas évident car c'est quand même plein de petites relances, de tournicotis, d'attention car même si c'est moins engagé que je craignais il faut faire gaffe où on met les pieds et il faut aussi composer avec les randonneurs assez nombreux (même si franchement, ils ont été top en se mettant toujours bien de côté avec un petit mot que j'essayais de rendre au passage).

Je reprends 3 personnes du 33kms sur ces arêtes mais je ne vois plus du tout personne devant ou derrière du 54kms. Le temps passe, il doit y avoir en fait 2kms de crêtes et pas de ravito... Bon, je continue, on quitte les crêtes et on retrouve du single + traditionnel, je finis par tomber sur une bifurcation avec une bénévole qui me dit de prendre à droite et que le ravito est à 600m (ça doit faire bien 30 minutes que j'ai quitté le bénévole précédent... hum, je lui dis et elle me propose de boire à sa bouteille:D. Je la rassure que j'ai ce qu'il faut et de garder son eau pour elle:) ).

J'arrive enfin à ce fameux ravito composé de 2 bénévoles avec des bouteilles à eau. J'accuse un peu le coup à ce moment là surtout quand ils me disent :

  • Il y a 250 d+ en 1km... euh... on m'aurait menti:D.

  • Ensuite, quand ils m'expliquent que je dois vider la bouteille d'eau... ça me prend un peu au dépourvu. Je bois un peu et je dis que j'ai sûrement encore assez dans la poche à eau car j'ai pas l'intention de boire ½ litre d'un trait.

    Ils me proposent de regarder ma poche à eau pour en être sûr et ils me confirment que c'est OK. Je repars à peine que j'entends que quelqu'un arrive derrière.

     

La montée démarre sous les arbres avec un bon pourcentage, je pousse pas trop mal quelques minutes et puis d'un coup je me sens moins bien alors que j'aperçois au loin le coureur que la suédoise avait doublée dans la bosse précédente et derrière je distingue aussi le coureur qui me suit de loin depuis un moment et qui s'est manifestement rapproché avec les crêtes et mon stop ravito.

Je mange un peu, je regarde ma montre pour me dire que j'ai repoussé le coup de mou cette fois car on en est à 9h20 de course déjà (les fois précédentes c'était autour des 6h).

Cette fin d'ascension de la dent du Villard nécessite aussi quelques relances et est en plein soleil. Dur dur... je suis content quand même en arrivant au sommet car derrière mon suiveur n'est pas revenu (donc jamais doublé dans les côtes : la petite satisfaction de la journée:) ) et en plus un gars fait une pause au sommet ce qui me permet de regagner une place facilement:D. Il ne me souhaite pas une bonne descente si je suis dans son état... je lui dis que là je suis déjà un peu dans le mur...

Le début de la descente, j'avance guère : les cuisses tapent, je suis un peu dans le dur et je sais que ça va être long quand je vois le trou en dessous... Et puis ça revient un peu, je reprend un peu de vitesse, je finis aussi par me souvenir que les bâtons ça peut aussi m'aider à amortir la descente... Donc ça n'a rien d'aérien, mais je trottine de façon régulière et continue surtout que le terrain s'y prête plutôt bien.... les kilomètres passent... un peu doucement à mon goût mais toujours personne n'est revenu. Je me tord un peu la cheville ce qui m'arrache un petit râle mais je devine que ça va tenir quand même... Courchevel 1650 est en visuel et me permet de voir la progression de la descente. On voit parfois aussi le lac de la Rosière dans le creux où nous attends le ravito.

On passe sous le niveau de Courchevel 1650 donc il ne reste plus grand chose et là je me fais copieusement encouragé par des personnes positionnées dans un virage. Ils applaudissent sans discontinuer ce qui fait très plaisir, par contre j'entends que ça continue même une fois parti donc mon suiveur n'est vraiment plus loin et effectivement il me recolle au moment où j'arrive au lac où ma femme, mon fils et ma fille attendent.

Je cours au ravito avec mon fils avec mon suiveur sur les talons qui est mon grec qui m'avait remis sur le bon chemin en haut du col du Rateau et m'avait doublé dans la descente sur Petite Val juste avant le ravito 3.

 

Ravito 5 : Lac de la Rosière 10h16

Sûrement 79ème (+5 places)- 3min de retard sur le roadbook - 1h44 d'avance sur la BH

 

Je prends le temps de poser pour une petite photo, les bénévoles très sympa et dispos proposent à mon fils de se servir et qui ne se laisse pas prier. Je lui prends un verre de jus de fruit pendant que je prend un verre d'ice tea et ma femme qui me file une petite bouteille d'eau... du coup je me dis que je vais pas m'embêter à remplir la poche et que je vais partir avec.

Les bénévoles me disent qu'il reste 6 bornes... ouch... mais peut-être plutôt 5...ah !!:D

Mon grec repart, je finis de manger un truc ou 2, je repars en courant avec mon fils jusqu'au bout du lac et qui ne comprend pas pourquoi il doit s'arrêter là au pied d'une petite bosse. Il dira d'ailleurs à ma femme qu'il peut me suivre que c'est pas dangereux pour lui et que je marche...

 

Après le petit passage de marche, je recolle mon grec qui marche depuis le ravito mais se remet immédiatement à courir au moment où je fais la jonction... On parle un peu, je crois qu'il hésite à faire un stop photo de la chute d'eau derrière le lac mais reprend la course voyant que j'attaque bien la descente. Bon, pas de surprise, il descend bien, mais je tente de m'accrocher et j'y parviens pas trop mal... j'ai les cuisses qui râlent, les pieds aussi et je regarde d'ailleurs comment il est chaussé... je suis pas expert mais on dirait des Hoka et il me semble que ma suédoise était chaussée aussi d'un modèle comme ça... je me dis que c'est pas possible ils doivent pas sentir le sol sous leurs pieds(ouais je me cherche des excuses en fait pour me laisser décrocher).

Je fini par le laisser partir, je reprends quand même un gars qui fini en marchant, et puis surprise je lui reviens dessus une fois la descente passée.

Au début, c'est un peu du mode, si tu cours, je cours:)... donc en gros on est désormais ensemble se séparant au plus de quelques mètres. Je me dis que cette situation est plutôt positive pour finir, ça permet de garder un certain rythme et on revient d'ailleurs sur une coureuse du 33kms qu'on passe assez rapidement. Je rengage la discussion, lui disant que je ne chercherais pas à sprinter, que ma famille attend à l'arrivée donc qu'il ne s'inquiète pas trop et que je tente surtout de l'accrocher car je trouve + facile de se motiver sur cette fin de parcours ainsi.

En toute honnêteté, je pense qu'en cas de sprint j'aurai ma chance car je trouve qu'il ventile pas mal mais là il n'en est clairement pas question et plus envie de me battre pour une place:).. c'est donc 3 derniers kms parcourus en profitant, sachant que sur ce rythme on tiendra réciproquement... on ne lambine pas non plus même si on discute un peu et on reprends une dame du 33kms qui dit que pour elle le kilométrage n'y est pas... je lui répond que sur le 54, il doit bien y être car même si ma montre a lâché au lac de la Rosière j'étais déjà en avance sur le kilométrage officiel du ravito.

 

On passe sous la route histoire de bien éviter de courir sur une route bitumée (0% de route tenu), on longe le lac du Praz et je dis à mon grec d'y aller de finir devant voyant ma famille... il me dit de passer mais j'insiste. Une superbe fin sous les encouragements de mon ami d'enfance (ils ont finalement pris la bifurcation car limite de barrière horaire au 3ème ravito et plus l'envie), sa famille et la mienne. Un passage sur la ligne d'arrivée avec mon fils, ma femme et la poussette avec la petite dedans lol.

Très content de l'arrivée. Je suis finalement pas si mal à la fin (le métier qui rentre?). Je félicite mon grec, part chercher un truc à manger au ravito avec le fiston qui commence à prendre ces habitudes et m'enquière de savoir où sont les kinés car j'ai les cuisses bien explosées quand même !

Bon au final, je me contenterai du repas, car je n'ai pas de quoi me laver/changer donc tant pis pour moi (pas pensé à laisser un sac d'arrivée à ma femme:) ).

 

Et au final, 79ème en 11h05 et donc 5min de retard sur le roadbook, mais pas trop surpris à l'arrivée car j'aurai passé en fait la journée en retard:D. L'essentiel étant là : finir, profiter des paysages du début à la fin et une course avec peu de moments dans le dur.

 

Conclusion

 

Des paysages superbes, une météo géniale, un faible nombre de participants, une organisation bien rodée avec des bénévoles juste là où il faut et une course avec des passages assez techniques. Bref une superbe journée de trail !

 

Pour qui se poserait la question, il ne faut pas hésiter, ça vaut le coup ! Par météo compliquée, j'imagine que la course aurait été autrement + dure, notamment le balisage qui est quand même assez lâche par endroit même si généralement il suffit de rester logique et sur les intersections pas évidentes, en général, un bénévole est présent, et les dalles rocheuses par temps humide qui doivent pas être évidentes à négocier.

 

Je craignais un peu

  • L'altitude mais finalement hormis quelques moments où j'avais une sensation de souffle court, ça ne m'a pas affecté plus que ça

  • Et les passages aériens mais idem je m'attendais à pire. Le dénivelé négatif en revanche nécessite quand même de bonnes cuisses car l'air de rien 4400m ça laisse quelques traces:)...

  • Les barrières horaires ne sont pas si évidentes surtout la 3ème qui heureusement n'est a priori pas appliquée à la lettre (une 20aine de personnes au-delà des 7h15 sur 146).. cela dit, j'avoue ne pas bien la comprendre... j'ai d'ailleurs perdu pas mal de mon avance sur la BH sur ce tronçon et pourtant c'était celui où j'étais sûrement le mieux. Pour moi, il y a un petit soucis sur cette BH par rapport aux autres.

 

Une bien belle expérience alpine en tout cas. La suite est floue pour le moment... pourquoi pas un peu de route pour tenter d'aller chercher quelques records sur 10kms et semi, pourquoi pas du trail parisien (Origole, Ecotrail80) histoire de revenir sur des formats plus roulant mais des courses inédites pour moi... Les 2 ne sont pas bien compatibles, mais ce qui est sûr c'est que ce sont les trails + accidentés qui m'attirent désormais (difficile d'en être différemment après avoir couru ce genre de course j'imagine)... Un 80kms du mont blanc ou une CCC à long terme... à voir:)

4 commentaires

Commentaire de bubulle posté le 14-08-2016 à 12:28:15

Un bien beau début sur de la longue course en montagne ! Comme tu dis à la fin, on y prend goût, hein.....et ce ne sont pas les possibilités qui manquent. Peut-être une MH60 ou, comme tu le dis un 80 du MB ou une CCC (je caserais bien, toutefois, une MH60 ou un format équivalent, avant).

Course de nuit aussi : pourquoi pas Origole, effectivement, pour prendre la mesure de "je cours tout seul la nuit".

En tout cas, tu as tout ce qu'il faut pour réussir ce type de challenge, sans nul doute. A bientôt sur nos chemins mordoriens : tu vas bien trouver une occasion..:-)

Commentaire de Overnight posté le 14-08-2016 à 22:35:39

Oui je me disais qu'un trail de 15/16h serait pas mal avant :). Merci pour le conseil en tout cas. Pour l'Origole je vais voir pour la négociation, ce qui est sûr c'est que j'ai + de chance de caser un semi ou un trail de la grande ferme pour faire local :D (celà dit le fait de savoir que la boucle du 50 bornes comporte le gros du dénivelé me tente vraiment :))

Commentaire de Lécureuil posté le 15-08-2016 à 17:33:58

Bravo pour cette première
Je te conseille le TGV en juillet juste en face 73 K / 3800 D+
C'est une bonne étape intermédiaire avant de passer à 100 K
Et c'est l'un des plus beaux trails alpins

Commentaire de Overnight posté le 16-08-2016 à 10:47:17

Merci! Je vais voir ça... Je sens que les choix de courses vont être le résultat d'un mix complexe de négo, dispo et aussi de voir ce que vont faire 2/3 copains:).

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