Récit de la course : Marathon Métropole 2016, par RemY 34

L'auteur : RemY 34

La course : Marathon Métropole

Date : 20/3/2016

Lieu : Montpellier (Hérault)

Affichage : 1181 vues

Distance : 42.195km

Matos : Des chaussures

Objectif : Faire un temps

5 commentaires

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3 autres récits :

Mon premier marathon

Après avoir lu le récit de Warriorette31 qui m'a beaucoup touché, je vous livre le mien, un peu différent...

Mon objectif :

Au départ aucune idée de temps. Je ne connais pas ma VMA. Mes autres courses de référence sont toutes avec du dénivelé donc pas facile d'estimer un temps sur marathon.

J'avais fait l'année dernière un 10km à 14km/h. J'ai lu sur internet la formule suivante « on enlève 1km/h à chaque fois qu'on double la distance». Donc 12km/h pour un marathon. Je pourrais alors prétendre à un objectif de 3h30. OK.

C'est plutôt flatteur comme temps.Mais je sais que je ne tiendrai jamais cette allure !!

Alors je me suis donné pour objectif :

Faire au moins 30km à 12km/h. Me prendre un mur. Puis passer à 10km/h les 12 derniers km.


Ma préparation :

ça a été plutôt n'importe quoi. Je ne suis dans aucun club. J'ai beau lire les plans de préparation qu'on propose sur internet: courir à telle allure, puis courir lentement, se gratter 4 fois et reprendre, etc. Je n'y arrive pas, je ne suis pas assez rigoureux. Sans doute ai-je tord...

Je cours en moyenne 3-4 fois par semaine depuis 2-3 ans: une course longue d'1h30-2h; une séance de fractionnés 10 x 1km à 14-15km/h (oui je sais c'est bizarre mais j'aime bien) et du dénivelé (j'habite sur une colline). Sauf que le mois précédant ce marathon: je n'ai couru que 4 fois en tout et pour tout (grippe , voyage à l'étranger et douleurs au genou).

Je savais donc que ça allait être très chaud pour moi.


La course :

Les 5 premiers km

Je me mets dans le SAS 3h30. Quel prétentieux je suis ! J'ai vraiment l'impression de ne pas être à ma place. Serait-ce le mur du km zéro ?

Bon, mais il n'est pas question de changer mes plans, fussent-ils farfelus !

Ça y est le départ est lancé. J’aperçois le meneur d'allure 3h30 qui part comme un fou. J'hallucine. Il part comme un fou ! Je le rattrape et réalise le rythme que je dois tenir pendant au moins 2h30.ça va être chaud. N'importe quoi !! Alors je suis super concentré ; je m'économise. Des coureurs tapent la discute « oui j'ai fait le 60km de machin » « moi j'ai fait le 100km de bidule ». .. Qu'est ce que je fous là !!



Du 5 au 25 km

Je suis super concentré. Je n'oublie pas de boire (je me suis fait une menthe à l'eau avec du sel) et n'hésite pas à manger de la pâte d'amande( de chez Auchan!). Les km et le temps passent super vite !!! Je n'en reviens pas.

Je tiens l'allure et ne ressens pas de signes de fatigue. Au fait, je remarque à partir du km20 qu''il n'y a plus un bruit dans le « peloton 3h30 »...

 

Du km25 au km34 :Tiens, je commence à être fatigué !

Au km25 je prends de l'eau au ravitaillement. Le temps pour moi de boire 2-3 gorgées, le groupe 3h30 me gratte 30mètres. C'est vraiment des machines ces gens là ! Attendez moi les gars ! Ils s'en fichent. Alors j’accélère pour les rattraper et ressens que ça n'a pas été simple de me raccrocher au groupe. Je repère une femme dans le peloton. J'ai beaucoup d'admiration pour les femmes qui courent : des vrais métronomes. Je décide alors de ne pas la lâcher. Après une minute je réalise qu'en fait c'était un homme. Ça m'apprendra à tirer des conclusions hâtives sur les gens habillés en rose... Mais tout de même il se pourrait bien que je commence à manquer de lucidité. D'autant qu'à partir du km 30 je commence une petite partie de yo-yo avec le groupe 3h30 . J'ai de plus en plus de mal à les suivre. Fait inquiétant : de petites fourmis dans les bras commencent à se faire sentir. Alors dernière tentative . je mets un coup d'accélérateur pour regagner de nouveau ce groupe et me place bien au milieu dans l’espoir d'être poussé par ceux qui sont derrière.

30 secondes. C'est environ le temps qu'il m'a fallu pour être de nouveau éjecté. Et là je comprends que ça va être chaud.

Du km34 au km38 : mon mur, mon amour

Ben voilà on y est ! Il était tant attendu. Et bizarrement, je suis presque content de me le prendre. Je sens alors très clairement que mon corps ne m'obéit plus. C'est sa rébellion. Alors je l'écoute, afin d'entamer une négociation avec lui.. Et il m'ordonne de marcher. Sans discuter je m’exécute à la tâche. Tu parles d'une négociation, pas la moindre once de courage. Quelle dégringolade. Et je vois le peloton 3h30 qui part au loin.

C'est beau la solitude. D'ailleurs il n'y a vraiment personne autour de moi, sur cette ligne droite. Une rivière sur le côté. Tiens si j'allais me baigner...

30 secondes de flottement, de marche bucolique. Je reprends un peu mes esprits et me remets à courir. Enfin courir... trottiner. Comme à l'échauffement mais avec un pas clairement plus lourd.

J'arrive au ravitaillement du km35. Je marque une seconde pause. Les bénévoles m'envoient leur énergie par des encouragements très chaleureux. Ça réchauffe et je repars. Mes esprits repris je tente progressivement d'atteindre une allure de 10km/h. Petit à petit j'y arrive. Mais se profile alors devant moi une montée qui m'oblige à stopper net ; je marche. Il faut absolument que je me remette à courir au bout de 30 sec sinon ça va être très chaud pour moi. Je me fais violence et trottine de nouveau pour finir très laborieusement par atteindre un rythme de 10km/h. Je crois que ça sera mon nouveau rythme jusqu'à la fin. Il faut que je m'y tienne.



Km38 à l'arrivée :

Les encouragements des passants et bénévols me boostent. Ils m'appellent par mon prénom (c'est marqué sur mon dossard). C'est bête mais ça booste encore plus.

Mais en me retournant j'aperçois le groupe 3h45 à 500 mètres derrière. Merde.

J'avais calculé qu'en terminant à 10km/h il ne devait pas me rattraper. J'ai les boules.

Je me mets à accélérer et reprends du rythme. Je double un coureur qui marche ; il semble cuit. Je tente de l' entraîner avec moi en l' encourageant. Il décline poliment.

Le groupe 3h45 s'approche de plus en plus. Il faut se rendre à l'évidence, il va me rattraper. A vouloir aller trop vite je risque un second mur. Je dois rester à mon allure. Qu'il me rattrape donc.

Il ne reste environ que 2 km et déjà il semble qu'on soit dans Montpellier.

Le groupe 3h45 me rejoint. Je suis surpris de voir qu'ils ne sont pas très nombreux. Ils ont un super rythme. Allez! je m’agrippe à eux mais ça va être chaud. Ça dure environ 1km. A un moment le meneur d'allure dit un truc du genre « on se détend » ou « on récupère ». J'obéis sans me faire prier et me fais larguer par le groupe ! C'est pas grave car j'arrive sur la dernière ligne droite. Je sais qu'elle fait un petit km. Je me détends et commence à réaliser que c'est bientôt la fin. De plus en plus de monde sur les côtés. Je cherche ma femme et mes enfants que je ne trouve pas. Un coureur à côté de moi me dit que c'est dur. Il a l'air vraiment sympa ce type. Et j''aperçois enfin le banderole « Arrivée ». Euh non ... C'est marqué « Arribo »... Je sais plus. Et je me méfie. Finalement je vois un gros chrono qui me rassure. C'est bien la fin. Et contre toute attente, il marque 3h38 45'. J'en reviens pas !! Je suis super content, vraiment ému. Je passe la ligne d'arrivée en 3h39.

Ma femme et mes enfants m'accueillent avec enthousiasme. Je ne sais plus où je suis. Si ! Sur un nuage. Mon corps reprend ses droits et me voici pris de fourmis aux bras et de tiraillements au visage. Ça me le fait à chaque fois ! Je ressemble à rien. Ma femme en profite alors pour me prendre en photo en se marrant.

Bilan :

J'ai adoré. C'est passé à une vitesse incroyable ; je n'en reviens toujours pas.

Seul bémol : cette interruption d'un mois dans ma préparation.

Aujourd'hui je me demande si ma stratégie « partir ambitieux et me prendre un mur » est une stratégie efficace.

Peut-être aurais-je dû partir dans le sas 3h45 afin de gérer avec plus de régularité cette course ?

Ou au contraire, ne pas chercher à éviter le mur et apprendre à bien le négocier...

Quoi qu'il en soit j'ai hâte de refaire un prochain marathon !



5 commentaires

Commentaire de heidi posté le 23-03-2016 à 10:23:26

Non, non, ne change rien... Ton récit est hilarant et ton chrono plus que respectable. Bravo et pour le récit et pour le marathon :)

Commentaire de RemY 34 posté le 24-03-2016 à 20:07:25

merci pour vos commentaires sympas
A+

Commentaire de Japhy posté le 23-03-2016 à 11:04:19

Ha oui elle a raison heidi, c'est vraiment très drôle. On a tous plus ou moins ressenti ce que tu dis mais sans le formuler aussi bien, bref on s'y croît, ou on s'y retrouve ! :D
(Partir trop ambitieux et se prendre un petit muret, j'ai fait ça deux fois et les deux fois j'ai amélioré mon chrono. On fait comme on veut et puis c'est tout)

Commentaire de Warriorette31 posté le 25-03-2016 à 21:13:23

Un autre style tout aussi sympathique ... Nous avons dû passer la ligne d arrivée quasiment ensemble 😀. C'est toujours très étonnant de voir combien chaque personne peut vivre une course différemment.

Commentaire de fosergio posté le 07-04-2016 à 18:35:43

et oui, le meneur d'allure des 3h45 est parti trop vite.
Il m'a laché vers le 35ème et j'ai fini en 3h45. D'où ta bonne surprise.
très bon récit, bon courage pour le prochain marathon

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