Récit de la course : Triathlon LD de l'Alpe d'Huez 2015, par La Tortue

L'auteur : La Tortue

La course : Triathlon LD de l'Alpe d'Huez

Date : 31/7/2015

Lieu : L'Alpe D'Huez (Isère)

Affichage : 2888 vues

Distance : 139.2km

Objectif : Pas d'objectif

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l'alpe d'huez, c'est pas un course pour les p'tits joueurs !!

Jamais je n’aurais pensé traverser toute la France pour aller faire ce que je considérais comme un « petit » half, en l’occurrence le triathlon LD de l’Alpe d’Huez. Mais une soirée avec Stef et Jeff, deux supers potes du club qui m’ont  vendu l’affaire, une date plutôt bien placée dans mon planning pro et familial et une organisation déjà toute prévue par les copains du club m’ont finalement décidé à m’inscrire. Et même si ma performance purement sportive ne restera pas dans les annales, je ne regrette absolument d’y être allé car j’ai passé un super week end en Oisans, non pas tant par la course elle-même mais par toute l’ambiance hyper sympa qui a régné tout le week end. Merci à tous ceux qui ont participé à cette organisation sur laquelle je me suis greffé en dernière minute et où tout était parfait.


Le TCN en goguette



Arrivé le mercredi soir après un voyage idéal car c’était les copains qui ont tout conduit, on retrouve les autres TCNistes déjà installés depuis plusieurs jours  dans un super chalet situé en plein cœur de l’alpe d’huez, situé juste sur la ligne d’arrivée du chronométrage de la montée de l’alpe (le chalet « étoile des neiges », je recommande l’adresse). Le jeudi matin, je descends au lac du Verney et je remonte à l’alpe d’huez par la Possession, fastoche, les jambes sont excellentes. Petit enchainement CAP et là aussi, je me sens très bien. Tout ça est de bon augure, et je pars sur une stratégie « agressive » pour le lendemain, en me disant que pour 115 bornes, je ne prens pas trop de risque.  Erreur, l’avenir me montrera que j’ai très largement sous-estimée cette course et que c’est un tri beaucoup plus difficile que les distances le laissent penser : 2.2 de natation, 115 km de vélo, 22 km de CAP.

En ce vendredi matin, le soleil est au rdv, c’est en fait la seule chose qui m’inquiétait au départ car j’en ai marre d’avoir du mauvais temps sur mes courses. On rejoint le départ au lac du Verney en vélo : 20 km de descente tranquillou mais bien couvert car le soleil est encore timide. La zone de départ est très exiguë, coincée entre la montagne et la centrale EDF, c’est un peu le binz, et les deux bénévoles au marquage sont débordées. On est une quinzaine du club à prendre le départ sur le LD, il ne manque que David et Léna qui devaient le faire en relais, mais David s’est blessé sérieusement quelques jours avant le départ.

Toujours à cause de l’exiguïté du site, la mise à l’eau n’est pas simple. L’accès au lac est très étroit et faire descendre plus de 1000 gugusses par la petite rampe d’accès prend beaucoup de temps. Comme l’eau est annoncée à 14°, je reste un peu derrière en rentrant le plus tard possible. En effet, les premiers à l’eau ont dû poireauter immobile pendant de longues minutes à se les cailler. L’eau est fraiche, mais au bout de qq minutes, j’arrive à garder la tête immergée  et le départ est donné. Tout de suite, je me sens bien, pas de baston, l’orientation est très facile car la première bouée est bien visible : 2.2 km sur 2 boucles, ça fait une bouée au maximum à 400 m environ, c’est très facile à suivre. L’eau est un peu laiteuse, car c’est de l’eau de fonte. Les deux ou trois tasses que j’ai bues  car il y a pas mal de vent qui soulève le clapot me permettent de constater qu’elle est très pure. Au bout de quelques minutes, je n’ai absolument plus froid. Les beaux jours de juin et juillet ont du bien chauffer l’eau du lac que je trouve beaucoup moins fraiche que ce qu’on m’avait annoncé, ou alors, c’est la légendaire exagération des triathlètes qui voient toujours tout en grand ou en difficile.

43’ plus tard, à ma montre, je sors frais comme un gardon ou plutôt comme une truite fario de ce joli lac où pour une fois, je n’ai pas trouvé le temps trop long sur la partie natation. Il faut dire aussi que 2.2 km, c’est bien court. Ceci confirme mes progrès natatoires depuis 2 ans et je constate que presque tous les vélos du club sont encore au parc. Je suis avec Sébastien qui est pourtant un bien meilleur nageur que moi à la piscine. T1 express car vu le beau temps, j’ai mis la trifonction et les manchettes directement sous la combi, et  j’enfile quand même une veste de vélo et un coupe-vent léger car le parcours annonce 25km de descente pour commencer et le soleil ne descend pas encore tout au fond de la vallée. Il faut quand même bien prendre le temps de ranger toutes ses affaires dans un grand sac poubelle fourni par l’organisation. En effet, on ne reviendra pas ici et ce sont les militaires du 93ème RAM (régiment d’artillerie de montagne) qui se chargent à la perfection de toute la logistique matériel qui rapatrieront les affaires sur l’alpe d’huez.

D'ailleurs il est à signaler l'organisation parfaite de cette course, et qui n'est pourtant pas facile à gérer pour les organisateurs avec 2 parcs à vélo différents, et une arrivée et un départ à 2 edroits différents.

C’est partie pour 115 km de vélo avec 2 cols en apéritif et la montée de l’alpe d’huez en dessert.  Je pars hyper confiant, surtout vues mes bonnes jambes de la veille, surement bien entrainées et prêtes pour la montagne après mon Altriman d’il y a 3 semaines.

Je trouve la descente de la vallée de la Romanche bien pénible, sur la route nationale qui mène à Grenoble, avec des passages parfois sur des tronçons de 4 voies avec les 38T qui nous doublent. On a le vent de face, et malgré le profil très largement descendant dans sa globalité, il faut quand même bien pédaler et mon 50/13 s’avère un poil trop court. Le passage du rocher de la « tête de Louis XVI » est une curiosité que je n’avais jamais remarquée en voiture, mais je ne suis pas venu très souvent dans cette vallée. Enfin, on quitte la nationale, on rentre dans un petit village, on tourne à gauche direction le sud et le col de l’alpe du grand serre.

A ce stade, il faut préciser que je n’ai absolument pas reconnu et encore moins étudié le parcours. J’ai cru comprendre qu’il y a 2 « petits cols » et qu’ensuite c’est l’alpe d’huez, et franchement 115 bornes, c’est de la rigolade, non ? Erreur, colossale erreur ! Je vais bien plus souffrir sur ces 115 km que sur la plupart de mes IM.

Mais en cette belle matinée ensoleillée, je pars insouciant et plein d’élan, porté par des jambes qui me semblent bien répondre, et j’attaque le premier col sur le 50/23, tout est souplesse, alternant danseuse et position assise avec une certaine facilité et je double un nombre incalculable de concurrents qui moulinent déjà sur le petit plateau et que je trouve bien timides sur ces pentes pas très difficiles (6 à 7% environ je pense). Alors que cela fait déjà plusieurs km que je monte facile, que j’ai Sébastien, un très bon cycliste du club, en point de mire et que j’espère même pouvoir rattraper et que je pense le sommet plus très loin, je vois un panneau « sommet 10 km » !!! Oufti comme disent les belges, mais c’est que ce n’est pas un petit col du tout ! Encore 10 bornes ! Bon, va falloir se calmer, parce que je ne vais pas tenir jusqu’au sommet à ce rythme-là. A 1 ou 2 km du sommet, je sens même mes forces qui commencent à m’abandonner. Je n’ai pas mangé grand-chose depuis le petit déjeuner et je pense que c’est juste un petit coup de pompe. Au sommet, il y a un long replat et j’en profite pour bien m’alimenter et je ne suis pas spécialement inquiet de ce coup de barre, même si je peste contre moi-même de ne pas avoir étudié le parcours pour mieux gérer ma montée.

La descente est très facile et on bascule dans un paysage magnifique, désertique qui me fait penser par moment à certains passages de l’altriman.

Quelques lacets qui remontent vont me faire pense à un moment qu’on attaque le deuxième col, mais c’est beaucoup trop tôt car je sais qu’entre les deux cols il y a le ravitaillement avec ses affaires perso qui se situe environ à mi-course. Entre les deux cols, en fait, c’est beaucoup plus long que je le pensais avec une succession de faux plats montants et descendants sur lesquels je trouve que mes jambes fringantes du matin commencent à s’étioler.


descente sous le soleil


Au pied du col d’Ornon, je me fais enrhumer par Loic, un p’tit jeune du club, piètre nageur, qui est en train de déposer tout le monde et qui finira en 7h13, respect pour son premier LD, mais je rattrape patoche qui est bien plus fort que moi normalement et avec qui je fais un peu de route jusqu’au sommet du col d’Ornon qui est en fait très facile et que j’aurais dû monter en rigolant, mais mes cuisses commencent à durcir et je passe le sommet un peu émoussé.

J’essaie de mettre à profit la longue et superbe descente sur Bourg d’Oisan pour me refaire la cerise, et les quelques kilomètres dans la vallée avec le vent dans le dos me font croire de façon illusoire que la forme est revenue.

Me voilà au pied de cette mythique montée de l’alpe d’huez. Je reconnais très bien la route, on l’a tellement vu à la tv lors du tour de France. Le petit pont au-dessus du ruisseau, le virage à gauche et pan, c’est le premier lacet, le plus raide, le plus long qui est face à moi. Devant le bestiau, je ne fais pas le malin, je mets tout à gauche tout de suite (36/29) et là, catastrophe, j’ai les deux adducteurs qui crampent en même temps. Je pense m’arrêter tellement ça fait mal, mais mettre pied à terre là serait casse gueule et il serait difficile de repartir tant la pente est forte. Je gigote dans tous les sens sur mon vélo et au bout de quelques secondes, la crampe disparait doucement. Ouf, l’alerte est passée et j’atteins la première épingle. Je tente une relance en danseuse après le replat, mais vlan, la crampe me prend dans les quadri. Ce sera comme ça tout au long de la montée, dès que j’essaierai de relancer un tout petit peu, ça recrampera. Je vais donc monter comme un escargot, voyant passer un nombre incalculable de concurrents que j’avais dépassé avant. Le moral à zéro, les cuisses et les mollets tétanisés il me faudra presque 1h30 pour faire les 12.5 km jusqu’au parc à vélo, un calvaire !




 

la fin de la montée de l'alpe


Quand je pose le vélo, les crampes gagnent toutes les jambes et je n’arrive pas à mettre mes chaussures de CAP. Denis qui m’a rattrapé dans la dernière ligne droite de vélo est déjà parti depuis un bon moment, quand j’arrive enfin à enfiler mes chaussures et commencer la CAP. Je me demande bien comment je vais pouvoir courir 21 km avec des jambes pareilles. Il y a 3 boucles de 7 km à faire sur un terrain pas facile du tout. Au bout d’à peine 2 km, une crampe dans un ischio m’immobilise. Je m’arrête à tous les ravitos pour ingurgiter du salé (tuc, cacahuètes) et de grands verres d’eau. J’arrive ainsi à gérer tant bien que mal. Les km passent bien lentement, et seule la vue des copains régulièrement sur la boucle me donne un peu de baume au cœur.

Il me faut plus de 50’ pour faire ka première boucle, mais ma stratégie eau+salé commence à porter ses fruits. Si je ne force pas, les crampes me fichent la paix.

A 4 km de l’arrivée à l’attaque de la dernière bosse, je vois que passer sous les 8h30 est encore possible. J’avais fait une estimation entre 8h30 et 9h. Passer sous les 8h30 me permettrait de me consoler un peu de cette mauvaise gestion de l’effort. J’essaie d’allonger pour passer la bosse et là, recrampe dans les deux cannes qui m’immobilisent à nouveau. J’arrive à les faire passer et dans la descente, pas de problème, je peux allonger la foulée et je vais au plus vite que je puisse jusqu’à la ligne franchie en 8h29’28’’.




Ouf !!!


Cela fait un chrono honorable, mais dans sa globalité, je suis déçu de ma course car j’ai fait une montée de l’alpe catastrophique alors que j’espérais m’y amuser et la CAP a été une longue agonie (2h15 pour faire le semi !).

Je vais garder des courbatures, jusqu’à aujourd’hui, 4 jours après la course. A mes débuts en CAP, j’étais très souvent sujet aux crampes. Voilà des années que je ne connaissais pratiquement plus ce problème : mauvaise hydratation (j’ai pourtant bu comme d’habitude), mauvaise alimentation, mauvaise gestion avec un départ trop rapide, ou tout simplement la fatigue accumulée depuis des mois d’insomnie qui m’a rattrapé ? Je ne sais pas, mais il va falloir que j’aborde l’Evergreen 228 beaucoup plus reposé et en ayant mieux étudier le parcours car c’est un niveau très largement au-dessus qui m’attend à Chamonix dans quelques semaines.

AU sujet de l’Evrgreen je rappelle que ceux qui le souhaitent peuvent faire une promesse de don sur le site de la course pour collecter des fonds pour l’écosystème de la vallée de Chamonix !

pour faire un don, même très modeste, c'est là (le petits ruisseaux font les grandes rivières)

http://www.evergreen-endurance.com/athlete/i/96387658e7



Dans 2 jours,  les vacances familiales, elles vont me requinquer et je vais tout casser ! l’espoir fait vivre, non ????  ;-)



La soirée après la course fut longue pour certains !



Bien amicalement,

La Tortue

 

 

4 commentaires

Commentaire de Berty09 posté le 05-08-2015 à 22:17:07

Merci pour le cr très sympa et sans concession. Petite piqûre de rappel pour certaines règles de base, ça fait pas de mal. La forme va revenir vite, bonne continuation.

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 05-08-2015 à 23:04:03

Salut la tortue encore un chouette cr pour un coin que je connais bien !!
Et quelle étrangeté de lire que c'est du "court" pour toi là où le M me parait déjà bien long... Et vu que la forme n'était pas là j'ai souffert avec toi à la lecture du récit.
Merci en tout cas pour ce retour d'expérience, ça fait rêver... comme souvent !!

Commentaire de philkikou posté le 14-08-2015 à 10:13:50

Apprendre de ses erreurs, récup. (surtout avec les années qui défilent au copmpteur ;-) )
.. et du plus "court" (à l'échelle tortuesque !!!) tu envoies plus, donc pas forcément plus facile, une autre gestion.. Bonne récup. et préparation de cette nouvelle épreuve

Commentaire de philkikou posté le 14-08-2015 à 10:32:57

Je viens de regarder le menu l'Evergreen !!! Du costaud et du magnifique si la météo est de la partie !!!
J'ai fait une partie du parcours vélo il y a qqs jours
http://www.kikourou.net/entrainement/ficheseance.php?id=283282
et bien c'est du costaud avec de bons % à10-11% voire + !!! Chapeau La Tortue pour t'attaquer à un truc pareil !!!

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