L'auteur : +David+
La course : Trail du Tour des Fiz
Date : 27/7/2014
Lieu : Passy (Haute-Savoie)
Affichage : 2616 vues
Distance : 61km
Objectif : Terminer
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4h45, ça y est nous y sommes, dans 15 minutes, le départ du quechua tour des fiz (8 refuges) 2014 sera donné et nous nous élancerons pour 61 kms et 5000 m de D+.
J'échange quelques mots avec mon ami Jérôme, nous plaisantons, nous observons les autres concurrents, mais l'un comme l'autre nous appréhendons ce trail. Nous allons effectivement accumuler les premières sur cette course : premier trail alpin, première sur cette distance (nous n'avons jamais dépassé les 50 kms) et sutout une première sur un tel dénivelé, qui déjà, sur le papier, nous impressionne (bon, ça c'est pour faire normal, mais en fait on a peur de rien).
Peu importe, nous nous sommes préparé du mieux possible et si bien sûr, nous savons que nous passerons certainement par des moments difficiles, nous savons aussi que nous allons prendre énormément de plaisir à évoluer dans ces paysages magnifiques. Nous avons décidé de faire ce parcours ensemble. Aujourd'hui il s'agit juste de profiter, sans pression, le chrono n'est pas notre soucis. La seule "contrainte" du jour sera de terminer, en passant les deux barrières horaires et en trainant nos carcasses jusqu'à l'arrivée, si possible, dans un délai avoisinant les 14h d'efforts.
5h00, c'est parti à la lueur des frontales. Si bien sûr la tête de course s'en va tambour battant, la grosse majorité du peloton adopte un rythme plutôt tranquille qui nous convient parfaitement. Je crois que tout le monde a bien en tête l'ampleur de la tâche à accomplir et qu'il faut ménager sa monture.
Les premiers kilomètres sont plutôt faciles, descendant, assez roulant avec une alternance de chemins et de petits sentiers en sous bois. Tout passe en courant tranquillement, les jambes tournent bien, les sensations sont bonnes.
Le jour se lève doucement, le Mont Blanc et les montagnes alentours se dévoilent, cette fois c'est sûr, nous allons en prendre plein les yeux. Bon, si nos yeux sont contents, nos jambes, elles attaquent la montée vers le refuge de Varan. Pas de difficulté, la montée est régulière, assez douce et c'est en discutant avec d'autres coureurs que nous débouchons sur ce premier ravitaillement.
Quelque chose cloche. Je m'aperçois que non seulement rien de ce qui est proposé ne m'attire (même pas un big mac sur la table, pfff...), mais mon estomac se révolte à l'idée d'avaler queqlue chose. Je me rend compte aussi, qu'en ce début de course, j'ai assez peu bu et ne me suis pas alimenté. C'est pourtant quelque chose que j'avais bien intégré dans ma routine d'entrainement. Etrange. J'avale un coca et nous repartons.
Descente sur un petit sentier jusqu'au pied de la prochaine et première grosse difficulté du jour, le col de Portette. C'est au début de l'ascension que nous rejoignons le parcours et la tête de course du 30 kms. Beaucoup de monde, le mélange entre les coureurs du 30 et du 60 crée un joyeux bordel. Manifestement, nous n'évoluons pas à la même vitesse et sur ce sentier étroit et ayant tendance à pencher méchamment vers le haut, c'est un peu la foire.
Jérôme se laisse un peu happer par le flux et c'est sur un rythme pas très raisonnable que nous nous hissons jusqu'au second ravitaillement, le refuge de Platé. Durant cette première partie de l'ascension, ma drôle "d'impression" se confirme, mon estomac n'est pas à la fête et mes intestins ont décidés qu'ils seraient solidaires. Je me force malgré tout à boire régulièrement. Au refuge, je refais le niveau des gourdes et tente d'avaler quelque chose ce qui a pour effet de m'envoyer illico dans une visite non guidée des toilettes du refuge. Si cette "purge" n'est pas pour me rassurer sur la suite, elle à pour effet de gommer en partie les mauvaises sensations que je trainaient depuis quelques kilomètres.
Nous attaquons la seconde partie de la montée vers le col, un gros morceau, difficile, très pentu. Le rythme est très lent. Si mon appareil digestif me laisse tranquille, les jambes rentrent en plein dans le vif du sujet du tour des fiz et c'est tout proche du sommet qu'elles m'alertent que, très vite, il va falloir apporter du carburant pour continuer. 200m du sommet, j'ai faim, je vais mieux, j'ai les cuisses qui brulent, je suis content.
Petite pause au sommet pour avaler du sucre (enfin) et c'est parti pour une descente assez ludique vers le refuge de Sales dans un décor absolument grandiose. Rythme prudent sur un terrain parfois glissant, les bonnes sensations reviennent, le plaisir avec. Arrêt tranquille au refuge pour manger (encore) et c'est reparti toujours en descente jusqu'à Salvagny. A plusieurs reprises nous croiserons des randonneurs, qui, chaque fois, glisserons un petit mot d'encouragement bien sympathique. Se sera d'ailleurs une constante sur le parcours, merci à eux.
10H30, arrivée à Salvagny ou est situé la première barrière horaire fixée à 11H30, 1h d'avance, pas de soucis. Nathalie et Nathan, la femme et le fils de Jérôme sont là pour nous soutenir. Jérôme en a pris un petit coup au moral dans le descente, un genou récalcitrant l'empêche d'envisager le D- dans de bonnes conditions et si la course compte 5000 m de dénivelé positif, il ne faut pas oublier qu'il y à la même chose dans l'autre sens.
Nous nous posons 15 minutes et repartons pour attaquer directement la seconde grosse difficulté, la montée de Grenairon. Cette montée débute par un chemin rocailleux qui trace de manière plutôt directe dans la pente. Elle évolue rapidement en sentier qui serpentent en lacets serrés . La partie supérieure est très boueuse, mais comme c'est bon pour la peau, on s'en fout. Nous gérons l'effort et mettons presque 2 heures pour rallier le sommet. Cette difficulté que je redoutais se passe plutôt bien. Ce n'est pas le cas pour tout le monde, nous doublerons quelques concurrents dont le physique est déjà très entamé.
Arrivée au refuge de Grenairon, contrôle des sacs par l'organisation, pause ravitaillement, remplissage des gourdes, c'est une routine qui se met en place. On nous apprend qu'en bas, une trentaine de coureurs viennent de buter sur la barrière horaire de Salvagny. D'ailleurs, il est l'heure de repartir, la seconde barrière est à 14H30 en bas de Grenairon, il faut entre 45 min et 1h15 pour y parvenir. Il est 13h, nous avons une petite marge.
Dès le début de la descente qui se fait par un large chemin caillouteux, Jérôme rencontre de grosse difficulté avec son genou. Il ne peut pas courir. Il me dit de partir devant. Dans un premier temps, je refuse. Je craint qu'une fois seul, il perde le moral et se laisse aller à buter contre la barrière horaire. Le rythme est lent, trop lent, notre marge de temps ne suffira pas. Tant pis, je part seul en trottinant. J'arrive en bas, bifurcation à gauche un peu de plat et montée en pente douce jusqu'au refuge des Fonts. Je prends mon temps, je ravitaille, je m'assois et je surveille le chemin. A ma grande surprise, assez vite, je vois Jérôme arriver. Il m'explique que la seconde partie de la descente, moins pentue lui à permis de trottiner et qu'il s'est fait violence sur le plat pour revenir. Je suis content. Je sais que maintenant, nous terminerons à deux.
Nous allons passer un peu de temps à ce refuge. Jérôme se fait poser un strap. Quoiqu'il en soit, une pause est la bienvenue car la montée au col d'Anterne sera très, très, difficile, mais à ce moment là, nous n'en avons pas encore pris toute la mesure.
Dès les premiers mètres dans la montée, je sais que physiquement se sera compliqué. Pour nous remonter le moral, un panneau d'info pour les randonneurs annonce le col à 2h45, bordel ça va être long...et nous montons encore et encore, à plusieurs reprises nous pensons être au sommet, un virage et finalement non, ça monte encore. C'est interminable.
Enfin, nous arrivons au bout du premier palier, légère descente et arrêt au refuge Alfred Wills. Ce ravitaillement m'apparait comme un havre de paix. Mais de la place ou je suis assis en sirotant le meilleur bouillon de pâtes de ma vie, se dresse devant moi le reste de l'ascension pour arriver au col. Rien à voir avec ce que nous avons déjà franchi, il doit rester dans les 3/400 m de dénivelé, mais la pente rude, faites de roches formant de grosses marches, est visible dans son intégralité. Elle fait mal au moral avant même d'y avoir posé les pieds. C'est au mental que nous nous hisserons là haut.
Le col est enfin franchi, mais notre périple terminé n'est pas (en language Yoda). Nous débouchons au dessus du lac d'Anterne, le site est absolument sublime et la traversée de ce petit plateau ou s'écoule de nombreux ruisseaux permet de relacher un peu l'effort. Au bout du plateau, une dernière montée, pas très longue, pas très méchante, mais à ce stade de la course, nous avons l'impression de franchir l'Everest.
Enfin...fini les montée, dorénavant le retour se fera en descente. Stop, ne pas s'emballer, l'arrivée est encore lointaine. Se relâcher maintenant c'est signé pour que le temps qui parait déjà bien long devienne carrement interminable.D'ailleurs la première partie jusqu'au refuge de Moede est mauvaise, faites de grosses pierres glissantes et de boue. La fatigue, le manque de lucidité m'amènent au bord de la chute à plusieurs reprises. Je m'énerve, je peste contre le terrain et contre moi même devenu aussi stable qu'un culbuto.
Au refuge, il restera 8 kms. De nouveau le genou de Jérôme le contraint à adopter un rythme de confort qui ne me convient pas. J'en ai assez et je souhaite en finir au plus vite. Nous nous quittons donc au refuge pour finir chacun en fonction de nos envies (enfin surtout de nos possibilités très limités).
Le sentier, sur une petite crète est tout d'abord très propre et très sympa. Je tente même de trottiner (vous remarquerez que depuis quelques temps, je ne cours plus, je trottine...on fait avec les moyens qu'on a !) heureusement personne n'est là pour voir car la note artistique ne serait pas fameuse. Tout d'un coup les choses se gâtent, la descente devient ultra chaotique, de grosses marches, des passages équipés de chaines ou de petit marche-pied plantés dans la roche, rien d'extrème, mais avec la fatigue c'est un peu le parcours du combattant. Je prend mon mal en patiente, je sais que la délivrance approche.
Enfin, j'arrive sur un chemin large et propre (reposant). Nathalie et Nathan sont là. Ils ont remontés les derniers kilomètres du parcours pour venir à notre rencontre. Je m'arrête quelques secondes (pas plus, le chrono tourne, faut pas déconner ) pour la rassurer sur l'arrivée imminente de Jérôme. Pendant ce temps, un autre concurrents arrive, je repart derrière lui. Sur ce chemin carrossable, il court je tente de le suivre. Jamais il ne m'aura fallu un tel effort de volonté pour courir. Je m'accroche, je me dis qu'il n'est certainement pas en meilleur état que moi et que je DOIS y arriver. C'est dur, je serre les dents, nous alternons course et marche. Durant ces 4 derniers kms, nous allons récupérer 2 traileurs qui prendront le train en marche. Nous nous présenteront donc à 4 sur l'aire d'arrivée. L'arche, la voie du speaker, tout cela sonne comme une délivrance. Nous franchirons la ligne en courant (question de standing).
Voilà, J'en fini en 14h08. Jérôme arrivera 25 minutes plus tard. Je suis heureux et fier d'avoir réussi ce qui pour moi se révelait être un défi.
Ce trail difficile est un très belle organisation et pour ma part, les paysages absolument magnifiques que nous avons traversés, m'ont largement aidés à supporter les efforts consentis.
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4 commentaires
Commentaire de nicou2000 posté le 31-07-2014 à 13:09:24
Bravo à vous 2 pour cette belle course solidaire!
Commentaire de +David+ posté le 01-08-2014 à 10:13:21
merci
Commentaire de Romainlétu posté le 01-08-2014 à 10:40:57
Quand je lis ton résumé je me dis que c'est avec toi que j'ai marché jusqu'au refuge des Fonts :-) Je pense que je vous ai surnommé les "hommes en bleu" pendant le trail :-)
En tout cas super résumé, merci et bien joué pour la course!!!
Commentaire de +David+ posté le 01-08-2014 à 18:39:05
oui Romain, il est bien possible qu'on soit monté au refuge des Fonts ensemble, on se posait d'ailleurs la question d'ou se situait exactement la barrière horaire. Tu es reparti du refuge pendant que j'attendais Jérôme.
J'espère que tu as bien terminé.
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