L'auteur : ecover
La course : Trail Aquaterra - Les Manants de Port-Dieu - 40 km
Date : 12/7/2014
Lieu : Bort Les Orgues (Corrèze)
Affichage : 3020 vues
Distance : 42km
Matos : kanadia
Objectif : Terminer
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9 autres récits :
Mon Trail des Manants de Port Dieu
Avant même le début des « hostilités » sur les 32 km des « Gendarmes et Voleurs de Temps », nos petites surenchères et bravades lors de nos entraînements bi ou tri hebdomadaires avec Matthieu nous avez poussé a envisager de faire le « tour du cadran »(65km) lors de l'Aquaterra 2014,puisque à l'époque ( 3 mois avant), dans un futur lointain..voire très lointain ;) .
Un fois les Gendarmes terminés, dans un temps et une place au delà de nos espérances, le fantasme de l'Aquaterra a refait son apparition, de plus en plus précis, de part sa relative proximité ( 2H de route) , un hébergement possible dans la belle famille de Matthieu, la baignade assurée en cas de canicule, un moment sympa a crapahuter par monts et par vaux comme on aime ...mais plus nous lisions les récits des kikoureurs, plus on se renseignait sur la particularité de courir toujours en devers dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, plus on regardait le dénivelé et le profil « déchiqueté » sans temps morts ni plats, et plus la sagesse nous poussait a réduire la voilure pour cette première expérience en terre corrézienne, et de laisser le « tour du cadran » et ses 65 km a une vraie préparation spécifique en 2015 ( comme Alex le viking qui prépare sa montée en puissance sur ce tour du lac pour le GRR en 2015), et goûter au mystique trail « des manants de Port dieu », à la bande annonce plutôt alléchante :
Fièrement dressés sur leur piton rocheux, l'église des Manants et son presbytère sont les seuls vestiges du village de Port-Dieu noyé sous les eaux du barrage, il y a 61 ans.
40 km de crapahutage aux confins du Cantal, du Puy de Dôme et de la Corrèze pour un dénivelé de 1948 m + et de 1938m -.
Port-Dieu se mérite...
Ravitaillements tous les 5/8kms.
A l'arrivée, vous pouvez prendre du temps pour vous baigner ou profiter de la plage... Nous portons vos affaires de rechange à l'arrivée.
Snack d'après course offert (centre ville de Bort les Orgues) et possibilité de réservation de repas pour la soirée festive.
Les vedettes panoramiques "tournent" environ toutes les heures.
Des navettes bus vous ramènent du Château de Val à Bort les Orgues, en continu (départ environ toutes les 15 mn).
Vu comme çà, le joli ¾ tour du lac de Bort les Orgues a l'air mignon tout plein , mais la dure réalité est tout autre !!!
Arrivé le Vendredi soir après la débauche, l'intimité du village départ au cœur de la ville nous a tout de suite frappé, en comparaison de la démesure de celui du marathon de Paris ( effectué par Matthieu) ou de la profusion de stands « aguichants » de la GVT : La star ici, c'est l'AQUATERRA et toutes ses courses, ou près de 2400 personnes portent un dossard lors de ce week end festif et sportif. Après l'accueil sympa et tout plein de sourires, le retrait des dossards et du t-shirt de rigueur (violet , j'ai presque regretté de ne pas être une fille pour avoir du rose) direction le cantal a quelques kilomètres pour faire la pasta party « maison » et essayer de trouver le sommeil sans trop faire la course dans sa tête par avance.
Levé a 6h, habillage et petit dej avalé, le stress fait que je suis incapable de mettre correctement les lentilles de contact que je devais tester en course : qu'importe, on annonce pas de pluie, les lunettes çà le fait aussi et c'est pas elles qui vont devoir courir pendant 6 h...
les navettes sont à l'heure et nous montent dans la brume matinale sur le barrage hydraulique ou seront donnés presque tous les départs des différents formats de course et de randonnées, et Stéphanie la « zumbatteuse » essaie de faire grimper la température en proposant sur des airs latinos de s’échauffer en musique..sans un grand succès auprès de la gente masculine un peu réfractaire a sortir de sa bulle de concentration, mais avec enthousiasme chez la gente féminine toujours prête et disponible pour ce qui reste une fête, une course contre soi-même avant d'être une course contre les autres.
8H, départ pour les 130 inscrits, et après les 300m de bitume ( qu'on reverra plus beaucoup) du barrage, on glisse dans des chemins « single tracks » ou des petits groupes se forment déjà a la queue leu leu.Avec Matthieu, ayant fait la GVT ensemble en 3H23, on se dit qu'on va faire un bout de chemins tout les 2 et voir en fonction de la forme pour aller au bout. L'organisation, lors du briefing d'avant départ, mentionnait a juste titre que seuls 7 km de chemins étaient annuellement balisés et qu'ils ouvraient spécifiquement pour ce WE des sentiers sur des propriétés privées rien que pour nous, et que les 5 ou 6 premiers Kilomètres jusqu'au Château de Val étaient les plus « roulants » !!
Roulant, ce n'est pas le premier sentiment que j'ai eu au passage du château sauvegardé de la montée des eaux du barrage pour quelques mètres, mais une légère appréhension a la pensée de la suite..Mais nous avions toujours un œil sur celui qu'on a fini par appelé « bleu », qui nous précédait depuis le départ d'une centaine de mètres sans jamais défaillir ni nous de pouvoir le rattraper.
Mon sac hydro remplit de 2 litres de boisson isotonique, de gels et de petits remèdes miracles me permet de ne m'arrêter que quelques secondes sur les 3 premiers ravitaillements ( 5 et 13 et 20 km ) pour chiper une orange ou un abricot sec pour avoir quelques choses de solide dans l'estomac...Jusqu'au 21ème, le tempo a été plutôt bon, on a discuter tranquillement en se relayant et en alternant course et marche dans les cotes, jamais très longues au début mais terriblement casse pattes par leurs répétitions : jamais de repos, toujours dans la relance, et c'est après le ravito du 20 km, ( ou nous avons enfin vu « bleu » en chair et en sueur) au début d'une des innombrables(?) montées très sèches de la fin du parcours que j'ai senti un gros coup de moins bien, barbouillement gastrique et jambes dures, petites crampes sur le devant de la cuisse...rien de rédhibitoire au premier abord, ce n'est pas la première fois et ne m'empêche pas en général de continuer. Matthieu prend quelques mètres, cinquantaine de mètres, m'attend, repart, il a de bonnes sensations et je le sens fort et déterminé la ou moi je prend mon premier coup de bambou ; çà tombe mal !! je lui dis 2 ou 3 fois de filer et de faire sa course, qu'on se reverra ( en théorie) a l'arrivée pour prendre la navette fluviale ( et la bière fraîche a l'arrivée finale), il lui faut un certain temps pour se mettre en mode commando et gérer sa propre course, se montrer « égoïste » dans l'effort..c'est au moment ou je le vois disparaître au loin, résolu et enfin libéré, autour 23éme kilomètre, que mon estomac se libère aussi et ne fait plus barrage au flot de liquide qui remonte allègrement de mes entrailles...on se sent bien après un bon petit vomi, on se remet a boire gentiment pour ne pas ulcérer le système digestif, on mange avec parcimonie et on essaie tant bien que mal de retrouver une foulée dynamique au vue des échéances prochaines. La côte très raide et mes ennuis m'ont isolé, plus personne derrière et aucun espoir de revoir avant l'arrivée ceux qui m'ont doublé, lorsque au détour d'un virage dans une descente je tombe nez a truffe avec un croisé labrador- « gros chien bien trapu », stoïque et presque « hilare » qui me regarde passé en faisant en grand détour ( ce chien on apprendra plus tard qu'il nous « suivait » depuis le Château de Val...17 km et même pas fatigué). « Petite » frayeur donc et après une légère accalmie, les montées abruptes reprennent, et mes problèmes gastriques aussi..merci a tous ceux ( pas si nombreux , heureusement) qui m'ont taper dans le dos autour du 24ème km, pour me réconforter lors de mon second passage « la tête entre mes genoux » en me demandant si çà aller, tandis que je recrachais « tripes et boyaux » les maigres gels et denrées alimentaires que j'avais pu absorber ...belle solidarité des trailers mais je vous jure qu'il y a des moments ou la solitude est vraiment notre amie ou on aimerait être seul avec sa détresse.
Reparti blanc comme un linge, l'idée d'abandonner de plus en plus forte, c'est le passage au ravito du 26 ème au sommet d'une énième montée qui m'a un peu relancé par les encouragements des bénévoles toujours souriants et quelques verres de boissons a bulles au cola. Les 14 kilomètres suivant me promettaient un long calvaire sans pouvoir vraiment m'alimenter, j'ai donc oublié le GPS un moment pour continuer à avancer tranquillement, à mon rythme et je me suis aperçu au fur et a mesure que plus personne ne me doublait, et que au contraire je retrouvais petit a petit des coureurs partis plus tôt sur le 107 et le 68 km. Certes, ils avaient galéré plus que moi, oui ils étaient exténués ou avait pris un rythme lent pour arriver dans les délais, mais le fait de pouvoir (légèrement hein ) accélérer et les « décrocher » avait quelque chose de grisant sur le moment : avec le recul évidemment je ne suis pas fier de moi, mais chaque petite victoire et bonne a prendre et on se remotive comme on peut ( que celui a qui ce n'est jamais arrivé ...)
Ayant pu arrivé au 30ème tant bien que mal, je me suis dit au vue du profil que je pouvais terminer et peut être même en moins de 6H, objectif un peu surréaliste qu'on avait fantasmé dans nos délires d'avant course, et profiter du spectacle, des traversées de rivières et des points de vue sur le lac. De ravitaillements en ravitaillements, de kilomètres en kilomètres, souvent seul, toujours ou presque sur des monotraces pierreuses et boueuses jamais plates, j'ai vu s'afficher 40 km effectué sur mon GPS...et j’étais seul au milieu des bois, sans l'ombre d'un presbytère ou de sono hurlante annonçant une arrivée proche. Bon en trail, les kilométrages sont souvent aléatoires, mais j'avoue j'ai craqué, j'ai crié, j'ai trépigné, j'ai hurlé j'ai grimpé l'avant dernière côte à 4 pattes, ma fierté oubliée mais encore heureusement seul (je crois). Puis, alors qu'on y croit plus, on tombe sur une arche posée au milieu des bois, au bout de 42 km d'efforts, des gens avec du matériel informatique qui comptabilise votre arrivée devant un petit édifice religieux, des coureurs couchés, assis, souriants et contents d'en avoir fini, des bénévoles toujours disponibles et aux petits soins pour vous, et Matthieu qui désespérait presque de te voir apparaître un jour, lui qui n'a pas eu de coup de mou et fini 35 mn devant toi.
Un peu d'attente avant de prendre la navette en musique ( le guitariste anglophone, merci pour l'animation) du temps pour discuter et comparer nos courses, d'encourager ceux qui repartent après le ravito pour finir les 28 derniers km des 2 autres trails (oui Alex m'a confirmé que son trail en un peu plus de 11h faisait bien 68km) retour au château de val , puis la navette bus pour rentrer sur Bort les Orgues et profiter enfin d'une bonne bière fraîche et du sandwich américain plein de frites grasses qu'on peut engloutir avec bonne conscience...Pour l'année prochaine, voire les futures, c'est pas encore gagné pour le tour du cadran mais il ne faut jamais dire jamais .
Matthieu : 33ème 5h20
moi : 67ème 5h55
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4 commentaires
Commentaire de snail69 posté le 16-07-2014 à 18:26:35
Bravo pour ce chrono malgré tes problèmes gastriques. J'ai moi aussi longtemps lorgné sur le 65 avt de me rabattre sur ce maratrail faute d'entraînement suffisant. Et je vois bien de quoi tu veux parler, qd à la fin, dans le silence de ces bois sombres, tu te demandes vraiment où se trouve cette foutue arche d'arrivée !
Commentaire de ecover posté le 16-07-2014 à 21:11:07
merci ...je crois qu'on partage tous plus ou moins les mêmes galères et qu'on doit monter sur les distances progressivement..l'année prochaine le tour du cadran..félicitations a toi si tu as terminé également
Commentaire de Fa² posté le 16-07-2014 à 18:45:22
Bravo pour ta course et pour ton mental qui t'as permis de ne pas lâcher.
Commentaire de ecover posté le 16-07-2014 à 21:12:04
merci..le mental me fait souvent défaut, mais je n'ai jamais abandonné sur aucun des trails que j'ai fait ^^
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