L'auteur : scrouss
La course : Marathon de Sénart
Date : 1/5/2014
Lieu : Tigery (Essonne)
Affichage : 1790 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Terminer
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En l'espace de quelques mois je suis passé de : "je ne participerai jamais à un marathon" à "Je me ferai un marathon avant mes cinquante ans". Ayant passé la barre des quarante-neuf ans en avril, j'ai sauté sur la première occasion a proximité de chez moi et c'est comme ça que je me suis inscrit à celui de Sénart.
J'ai trouvé leur site internet très bien fait, les renseignements pertinents et leurs animations sur les réseaux sociaux très sympathiques.
En flashback très rapide, je me suis mis sérieusement sérieusement à la course à pieds il y a 3 ans. En 2011 mon premier semi-marathon m'a pris 1h59m29s et j'étais hyper fier. En trois ans je suis descendu à 1h36m10s. C'est cette progression qui m'a fait me décider de me lancer un plus grand défi.
Un descriptif rapide et subjectif de l'épreuve serait :
• Un nombre de participants modeste qui donne un caractère intime à l'épreuve (et permet d'aller pisser avant)
• Un parcours varié qui permet de découvrir des lieux où on ne se rendrait pas. Sénart réussi bien sa promotion ainsi
• Des villages très propres et très mignons
• Des volontaires souriants et encourageants
• Un logistique bien organisée : parking, navettes, retrait des dossarts, zone d'arrivée...
• Ses petits cadeaux chouettes : médaille artisanale, muguet ( c'est le 1er mai !) jus de pomme local.
• Et... 42km195
Venons-en maintenant à ma course. Après quelques foulées d'échauffement je me place dans le sas entre les zones d'objectif 3h30 et 3h45, ne sachant pas trop me situer. Moment stressant et exaltant : émotion maximale, grand moment de solitude : j'ai rendez-vous avec moi-même... et c'est parti ! J'aurais aimé qu'on me parle mais j'avais fait le choix d'y aller tout seul. J'assume.
Le plus difficile est de ne pas courir trop vite. J'ai calibré mon Runkeeper sur un rythme moyen de 5:30 au km mais je suis sous les 5 minutes systématiquement.
Dans les premiers kilomètres j'ai mal partout mais ça doit être psychologique. J'ai un peu chaud car j'ai gardé le buff, le deuxième Tshirt à manches longue ; j'avais laissé la veste de pluie à la consigne. Une bonne idée en fait.
Je reste environs 500m derrière la flamme du meneur d'allure des 3h30. Ça déroule bien, je garde mon rythme et découvre le parcours. Il me semble que le rythme est un peu rapide pour 3h30 et je me dis que je pourrais le rattrapper. Pour le moment, je préfère ne pas prendre de risque : je n'ai qu'un objectif qui est de terminer. Quelques personnes le long du parcours pour encourager, je n'ai pas l'habitude de ça et j'apprécie.
J'avais lu sur un blog que pour un premier marathon il fallait surtout ne pas tomber dans le piège de sauter les ravitaillements. Je m'applique donc à boire de l'eau, une boissons énergisante et je précède tout ceci d'un gel énergétique. Au deuxième ou troisième j'ai pris une banane, erreur grossière, je le regrette, il vaut mieux se contenter de gels.
Franchement tout se passe très bien et je fais le premier semi en 1h45. A ce stade, plutôt que de me dire qu'il m'en reste autant à parcourir je me persuade que je suis déjà sur le chemin du retour.
A 27km j'ai trop chaud. Je retire une épaisseur tout en courant ce qui n'est pas trop évident avec les lunettes et leurs attaches, le buff, les écouteurs. Bref je manque de me planter - erreur de débutant. Je roule le Tshirt autour de la taille. S'il me gêne, il passera en pertes et profits et sera utile à quelqu'un d'autre. On verra. Les cuisses commencent à être douloureuses. Certains coureurs semblent souffrir et peiner. Moi, je commence à y croire. Je serai peut-être marathonien sous peu mais je crains encore un accident, la panne, le mur, la crampe etc...
En approchant du trentième, j'ai toujours aussi mal aux cuisses mais la douleur n'augmente pas, je la supporte bien et ça me rassure. On va enfin voir à quoi ressemble ce fameux mur des 30km. Je ne suis pas inquiet, lors de l'Ecotrail de Paris je suis arrivé au bout des 31km donc j'ai la conviction que je peux aller jusque-là. Mon corps a mémorisé la distance, je m'en souviens et je la maîtrise. Je reste serein. Nous sommes dans la plein campagne, le soleil est là et je suis content.
31km. Rien ne se passe. Pas de mur, pas de stress, pas de dégâts. Runkeeper me confirme que mon rythme est bon et constant. Un rapide calcul mental me confirme que je peux être marathonien dans moins d'une heure. L'effort qu'il me reste à fournir paraît dérisoire. Pas de mur. Inventaire rapide de la situation: pas de nouvelle douleurs, pas d'irritation cutanée, les pieds sont impeccables. Le souffle est bon : je peux encore lancer un merci à mes supporteurs et féliciter la petite famille qui réussit à se poster 4 fois pour encourager leur papa. Fort de tout ça: je me dis que maintenant je vais chercher un chrono. Je ne vise plus de terminer, je vise un temps et j'accélère.
J'accélère mais je commence aussi à avoir peur : je suis en zone inconnue, terra incognita. Vais-je tenir. Comment viennent les crampes, suis-je en train de me précipiter vers ma propre humiliation? J'aurais mieux fait de ne rien dire à personne. Ma foulée se raccourcit inconsciemment. Je l'allonge dès que j'y pense mais ma vigilance se relâche. Je calcule et calcule encore. Je trouve le temps long, je m'ennuye, j'en ai assez. Je pense aux amis qui ont échoué.
Au 36 (je crois) un collégue est là qui m'encourage. Je suis encore loin du meneur d'allure. Dès qu'il me reconnait, hurle litterallement "Raccroche Stéphane!" Je comprends ce qu'il veut dire et j'entreprends avec succès de remonter vers cette flamme bleue estampillée 3h30.
37,38, 40. Ma gorge se noue d'émotion. Est-il possible que ça se passe si bien ? Tellement mieux que prévu ? J'accélére. Je suis un peu triste pour ces participants, plus jeunes et plus musclés que moi qui peinent au bord de la route. Je coure, je donne tout.
Une descente bien venue pour arriver. La piste du stade Mimoun. La foule qui crie. J'allonge la foulée tout à ma surprise d'avoir encore des ressources.
42km195. 3h3010sec. Je n'en reviens pas. C'est comme un rêve. Je suis en léger split négatif. On me l'expliquera plus tard. Je prends déjà du recul sur ma course pour me projeter sur mon prochain marathon. Un coup de fil, un SMS, tweet et Facebook me fond prendre conscience que j'y suis arrivé. Je suis devenu marathonien, dans un temps bien meilleur que je ne l'espérais et dans un état physique finalement décent.
Je suis heureux et reconnaissant envers les organisateurs, les volontaires qui m'ont permis de jouir de ce moment, reconnaissant aussi en ceux qui ont cru en moi. Impatient de recommencer.
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7 commentaires
Commentaire de dajosport posté le 09-05-2014 à 07:01:21
Belle première expérience qui en appelle d'autres ! Bravo !!
Commentaire de scrouss posté le 09-05-2014 à 17:55:31
Merci d'avoir lu mon récit et pour le commentaire. J'ai hâte de recommencer.
Commentaire de Berty09 posté le 09-05-2014 à 08:41:38
La plupart des "premières" sur un marathon finissent effectivement avec le nez collé au mur. Tu as tout fait pour que ça se passe autrement et tu as très bien réussi. Bravo. Pour le prochain je te souhaite autant de sagesse et d'application. Vivement le prochain.
Commentaire de scrouss posté le 09-05-2014 à 17:55:56
Merci pour ce retour. Je dois faire mieux maintenant !
Commentaire de dg2 posté le 10-05-2014 à 14:03:30
On a dû se croiser fugitivement dans la portion où on parcourait une rue dans les deux sens. J'y suis arrivé quand le meneur des 3h30 en sortait. J'enviais ces gens qui filaient si vite ! Un jour peut-être je saurai faire pareil.
Commentaire de arnauddetroyes posté le 08-06-2014 à 16:31:50
Felicitations tu es Marathonien et dans le bon sens du therme avec une tres grande lucidite !
Je retiens le conseil de ne pas prendre de bananes aux ravitaillements et de prefere les gels .
Commentaire de scrouss posté le 09-06-2014 à 21:45:17
Merci pour ce commentaire très sympa. J'espère renouveler l'expérience avant la fin de l'année !
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