Récit de la course : Marathon de Rome 2014, par Knet

L'auteur : Knet

La course : Marathon de Rome

Date : 23/3/2014

Lieu : Rome (Italie)

Affichage : 1416 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Faire un temps

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Je l'a'mo fatta !!

Un an après mon premier marathon, je retourne dans la ville de cœur pour participer de nouveau à cette course. Moins facile que l'an dernier.... Petit récit ;)

Vendredi...
Vol depuis Lyon à 11h20, arrivée "chez moi" une heure quinze plus tard. Le temps de récupérer le bagage et de prendre le train pour Trastevere, je suis dans le centre à 14h.
Je commence à me sentir bizarre, comme si je voyais ce qui se passait de l'extérieur, comme si je n'étais pas vraiment moi ! Étrange sensation... Je pars au Marathon Village récupérer mon dossard. Une petite boulette à l'inscription : mon nom de famille et non mon prénom est inscrit sur le dossard. Je discute avec le dossard 1286, un sicilien qui travaille entre l'Italie et l'Amérique du sud, très sympa. Un petit tour dans le village, le temps de baver devant la dernière innovation textile d'Asics (si je cours en 3h30, je craque et m'achète l'ensemble !!! Je peux être une "vraie fille" shopping pour les fringues de sport ;)) et je
n'ai plus qu'à profiter de ma ville. À 19h, je commence à sentir le coup de barre. Je rentre après quelques courses, me prépare à manger. Je sais que je ne ferai pas long feu ce soir !!!

Samedi
Ouverture d'un œil à 6h : fermeture immédiate ! Trop tôt ! J'ai rêvé du marathon, que j'oubliais mes chaussures et que je m'en rendais compte alors que j'étais déjà dans le sas de départ !!! Le cerveau humain est quelque chose d'incroyable !!!
Je me lève au final vers 8h et le temps de m'étirer un peu et de boire un verre d'eau, je file pour mon footing pré compétition à jeun. Une vingtaine de minutes, pas très agréable entre les voitures, les camions de nettoyage de la ville qui s'activent dans Trastevere. Je rentre, m'étire et déjeune.
Il est temps maintenant d'aller se boire un beau cappuccino ou peut être un expresso et d'aller marcher un peu ! Fontaine de Trevi, un tour à Santal Maria del Popolo pour revoir l'un de mes tableaux préférés du Caravaggio. Et puis d'aller fouiner vers le forum romain voir un peu les préparatifs !!!
À 15h30, je reviens à l'appart pour me faire une petite sieste, je n'ai pas arrêté de marcher depuis le matin. Le vent souffle bien, j'espère qu'il sera plus calme le lendemain matin... Je n'arrive pas à m'endormir, du coup je pense... Ça y est, je commence à avoir peur. La même sensation que pour deux marathons précédents, mais plus forte. Plus que de la peur, c'est du trac... Est ce que je vais être capable de tenir l'objectif que je me suis fixé, c'est la seule question que j'ai en tête... C'est peut être quand même la trouille que j'ai... Celle d'avoir fait une préparation stricte, sans écart, qui s'est bien passée, mais qu'un grain de sable, un foutu pavé ou un vent trop fort pourrait venir gâcher... Ce n'est qu'une course, mais là, aujourd'hui, c'est ce que j'ai de plus important en tête...
Je repars vers 17h me promener, je me sens aspirée encore sur la via dei fori imperiali. Le montage des estrades est fini, c'est celui de la sono qui est en cours. Je repars vers l'appart vers 19h, et je prépare mes affaires. Tenue. Chaussures. Boisson. Gels et barres énergétiques. Je me prépare à manger et me cale devant la télé italienne... Fabio Fazio me fait oublier la course le temps de "Che tempo che fa".
Bientôt l'heure d'aller se coucher... Ça y est, je suis aux portes de mon 3ème marathon...

Dimanche !!!

J'ai eu un peu de mal à m'endormir mais quand le réveil sonne à 6h, j'éjecte du lit. Petit déj, douche, habillement, derniers préparatifs, et il sera temps d'y aller !
Sur le trajet jusqu'à l'accès proche du Colisée, je discute avec un italien de Varese, qui fait le marathon en "touriste" avec son association. Il rejoint ses amis qui sont éparpillés dans plusieurs hôtels de Rome. On se souhaite bonne course devant l'accès réservé aux coureurs. Je laisse mon sac dans le camion correspondant à mon numéro de dossard et entre dans le sas C. Je suis juste à côté d'un français super sympa de St Tropez, on discute pour faire passer les 40 minutes qui restent avant le départ. Le temps est couvert, pas trop de vent, mais rapidement des giboulées nous attaquent !!! Je n'ai pas pris de sac poubelle de protection dont beaucoup de marathoniens s'équipent pour le temps d'attente et je suis rapidement trempée jusqu'aux os. Les pieds trempés aussi. Pas bon pour les ampoules ça... Les averses s'arrêtent 1 minute avant que le départ soit donné et le soleil fait son apparition ! C'est magique, la lumière est fantastique et quand le compte à rebours débute, je me dis que c'est aussi pour vivre des moments comme ça que je cours !
Je mets quasi 2 minutes pour passer la ligne de départ. Devant moi, à moins de 2 mètres, les pacemakers des 3h30, mon objectif. Je décide de les suivre. Erreur, mais ça, je m'en rendrai compte que 35 km plus tard. En effet, les meneurs d'allure se basent sur le temps officiel, et non le temps réel. Ils accélèrent donc l'allure sur les premiers km pour récupérer les 2 minutes perdues du départ.

Les spectateurs nous encouragent, depuis le bord de la route ou des balcons des immeubles. On entend des gars nous lancer "è quasi finita" au 5eme km ;) Au 12eme, on récupère le lungotevere, tout se passe bien pour le moment. Les jambes répondent bien, je suis un peu haut en cardio : je voulais tenir à 155bpm, mais je tourne sur du 160, ce qui est un peu limite pour la gestion de ma course, mais pas étonnant vu la vitesse. Je tourne entre 4´40 et 4'50 sur les 10 premiers km. Trop vite. Je voulais tabler sur du 4'55 pour ne pas me cramer, mais je suis dans ce flot de coureurs, et je me sens bien.
Après le ravitaillement du 15eme, je sens que je risque d'avoir du mal pour suivre les meneurs (ce qui voudrait dire finir en 3h28 en temps réel, et je ne me sens pas assez joueuse pour tenter le coup). Je garde le contact visuel avec les meneurs mais je les laisse filer. Décision prise un peu tard probablement.
Au 17eme, on arrive face à San Pietro. Superbe... Les encouragements sont nombreux, et cette image de milliers de coureurs qui arrivent devant la place est impressionnante.
Je passe le semi marathon en 1h46. Je suis dans les temps et tout se passe bien. L'an dernier, la portion Nord du marathon, vers i campi sportivi, ne m'avait pas affectée. Mais là, la longue montée du 31eme me fait mal. Je sens mes cuisses lourdes. J'attends la fin de cette côte avec impatience pour me détendre les bras et laisser dérouler. Un œil à la montre quand le bip du km retentit : Le temps affiché me plombe le moral : c'est donc ça le mur ?
J'arrive à relancer sur le km suivant mais à partir du 33eme, impossible de passer sous les 5 min au km, je tourne sur du 5'05 jusqu'au 37eme. Je sais alors que je ne réussirai pas à tenir les 3h30, j'ai trop de mal. Mes cuisses se sont durcies, impossible de relancer. Je m'arrête aux ravitos pour boire; le fait d'arrêter de courir sur quelques dizaines de mètres me permet de repartir plus facilement.
Mais ça ne dure pas longtemps, je me mets même à marcher sur le Corso Vittorio Emanuele sur le faux plat montant. Je repense à l'an dernier et vois la différence entre un premier marathon avec l'intention de finir, et un autre sur lequel l'objectif frise avec ses limites. Je pense aussi à mon coach et l'imagine en train de me hurler "ne lâche rien, serre les dents mais lâche rien". Je pense aussi à tous mes amis qui pensent à moi, au "même si t'as mal, ça passe !" reçu par SMS la veille. J'ai ma fierté, et aussi l'envie de ne pas décevoir. Alors Je me remets à courir. J'arrive à ré accélérer un peu mais sans parvenir à retrouver les 5 min au km.


La section du 40 au 41 eme est un calvaire (pas seulement pour moi, du coup je me sens moins seule!) : la montée depuis Piazza di Spagna (je n'ai pas jeté un œil sur les escaliers !!) jusqu'à la Via Nazionale n'en finit pas, la partie dans le tunnel Umberto 1er est terrible. Je sais qu'après, c'est la descente, jusqu'à l'arrivée. Je serre les dents, les poings, j'avance comme je peux. Et oui, Enfin la descente, jusqu'à la Piazza Venezia. Je relance (un bien grand mot, je suis sur du 5'09 entre le 41eme et 42eme!) et je me souviens alors que ça va remonter jusqu'à l'arrivée. Ces 200 derniers mètres me paraissent une éternité ! J'essaye d'accélérer, difficilement dans cette dernière côte, et je vois l'arche d'arrivée, j'y suis, j'entends les coureurs (romains vu l'accent !) autour de moi "je l'a'mo fatta!", le public encourage, pousse sur ces derniers mètres. J'ai mal, mais je ne veux rien lâcher, je cours comme je peux!
Je passe l'arche en 3h33'51. J'ai les cuisses quasiment tétanisée et j'ai un mal fou à marcher droit ! Je récupère la médaille, et revoilà enfin le bonheur. J'ai eu mal, j'ai encore mal d'ailleurs, mais je suis heureuse ! J'ai à peine le temps de récupérer mon sac qu'une belle averse bien dense nous arrose. À l'exception du départ, de deux belles giboulées pendant la course et cette pluie d'arrivée, le temps n'était pas exécrable, les températures idéales pour la course et un vent modéré ! Une petite déception, les animations le long du parcours étaient assez limitées par rapport à l'an dernier, mais heureusement, le public a su encourager comme il se doit : il a fait son boulot !!!
De retour à l'appart, je sens la fatigue arriver doucement... Je fais le bilan de cette course. Comme nous criait l'un des spectateurs sur le bord de la toute "questa non è una gara, è una legenda!" . Un décor exceptionnel. Une légende difficile, mais exigeante.

Être marathonien, ça n'est jamais acquis, loin de là, et je m'en suis rendue compte ce dimanche. Mais malgré la difficulté, j'aime cette course, la préparation qu'elle implique, et les limites physiques mais surtout psychologiques que l'on approche en se confrontant à cette distance.


Encore une fois, merci à tous les amis pour leur nombreux messages de soutien ! Merci à mes coachs. Merci à mes parents et mon p´tit frère qui n'ont malheureusement pas pu venir mais m'ont encouragée et pensé à moi pendant la course, je le sais bien ! Et encore une fois, merci à la ville éternelle que j'aime tellement !

Classement général : 2489/ 14874 arrivés
Classement féminin : 124/ 2861 arrivées
Classement par catégorie (over 35F ... Ben oui...) : 29/416

Sanpietrini


 

7 commentaires

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 25-03-2014 à 13:43:06

Ah mais tu es italienne ??
Merci Knet pour ce récit ! Pour être aller passer un looooong week-end à Rome, ça m'a rappelé de très bons souvenirs ! D'ailleurs je le ferai ce marathon un jour... Surement !
Et bravo pour le chrono !

Commentaire de Knet posté le 26-03-2014 à 14:01:43

Non non, je ne suis pas italienne, mais amoureuse de Rome par contre ! J'espère que tu auras l'occasion de courir ce marathon, le parcours est vraiment un musée à ciel ouvert !

Commentaire de Berty09 posté le 25-03-2014 à 23:02:07

Un mur que t'as finalement bien géré en ne perdant "que" 4 minutes sur ton objectif. Mais bon quand on fait une telle course c'est la réussite qu'on espère tous. Alors bonne chance pour la prochaine, avec de l'expérience en plus.

Commentaire de Knet posté le 26-03-2014 à 14:03:51

Merci Berty ! Après, c'est pas non plus un échec, parce que j'ai gagné 20 min par rapport à l'an dernier ! Mais cette course va m'avoir appris énormément c'est clair !

Commentaire de Happy Lactique posté le 27-03-2014 à 12:16:21

Ah, j'avais hésité entre Rome et Barcelone pour on premier marathon ... je risque de me laisser convaincre l'année prochaine pour une escapade Italienne ;-)
En tout cas bravo pour ta course, la gestion de ton effort et ton mental d'acier :)

Commentaire de CROCS-MAN posté le 29-03-2014 à 11:32:07

un beau chrono, 30 ou 33 c'est pareil :) oui il est à faire ce marathon, à refaire pour nous aussi. Mais c'est avant tout un marathon touristique, il faut y aller je pense pour profiter du parcours et de la ville, il y a tant de choses à voir, dommage de regarder sa montre ;)

Commentaire de Knet posté le 30-03-2014 à 10:26:52

C'est vrai que le parcours est splendide. L'an dernier, avec la première messe de Francesco, on n'avait pas eu la Via della Conciliazione, face à Saint Pierre. C'est un passage extra, tu ne le vois pas arriver, tu tournes quasi à angle droit, et il est là !!! Malgré mon envie de faire un temps, j'ai profité du parcours ;) et je pense que ce marathon fera partie de mon "rituel" maintenant ! Donc vivement 2015 :)

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